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 Life can be all yours so, don't look down » Hank

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Adele B. Atkins
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Adele B. Atkins

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________________________________________ 2018-08-20, 20:34


Dance like a flame in the fire
Don't let your heart turn into stone

« Mademoiselle Atkins ? Est-ce que tout va bien ? »

Adèle papillonna du regard en semblant reprendre conscience dans la réalité. L’air un peu pâle, la lèvre douloureuse de l’avoir mordue, elle fixa l’homme qui lui faisait face et avait l’air inquiet. Est-ce que c’était à cause d’elle ? Est-ce qu’elle avait dit quelque chose de méchant ?! Instinctivement son cœur s’accéléra et la jeune femme porta sa paume à son niveau, luttant contre la sensation nauséeuse qui s’empara rapidement de ses sens. Elle cru bien que son estomac allait rendre son contenu, bien qu’elle ne se souvienne pas avoir mangé quelque chose récemment, et cela aurait été d’une profonde honte que de faire cela en publique. Adèle avait des manières et une distinction propre, se montrer malade n’allait sûrement pas mettre ce monsieur très à l’aise !

Elle lu son nom sur sa blouse : Caine. Docteur Caine. Vassili Caine. Oui, maintenant elle remettait un peu le contexte dans la situation et reconnaissait le médecin. Mais alors, pourquoi est-ce qu’il était là ?! S’était-elle blessée ? Ses yeux regardèrent la petite pièce où ils se trouvaient, le cabinet de ville lui vint à l’esprit et elle se rappela où elle était. Assise sur le fauteuil, l’une des mains crispée à l’accoudoir, elle retrouvait son sac posé un peu plus loin et la lumière du jour lui indiqua qu’ils étaient l’après-midi. Déclinant soleil. Forte chaleur. Ou bien était-ce à l’intérieur qu’il faisait chaud ? Elle s’éventa, soudain prise d’une sueur impropre.

« Je… Oui ? Je suis navrée, je… Il fait très chaud, j’ai dû avoir un instant d’égarement à cause de ça. Est-ce que tout va bien ? »

Il venait de se lever pour attraper un gobelet, qu’il remplit d’eau, avant de le lui tendre. Adèle le prit volontiers et pris une grande inspiration une fois quelques gorgées salvatrices avalées.

« C’est moi qui vous ai posé la question en premier. » Il avait un petit sourire attendrissant.

« Je crois ?... Je ne me sens pas très bien depuis… Quelques jours. J’ai des vertiges, des maux de ventre et je me sens lourde… Enfin, plus que d’habitude. Je suis aussi plus fatiguée. » Elle venait de remarquer le post-it dans sa main et le lisait en même temps que les souvenirs lui revenaient. « Miss Kennedy compte sur moi et mon efficacité, je ne peux pas rester dans cet état trop longtemps ou cela va nuire à son travail. Est-ce que vous pouvez m’aider, docteur Caine ? »

Elle lui lança un regard suppliant qui lui tira un autre sourire. Il tendit la main pour tapoter gentiment le bras d’Adele, avant de pousser à son tour un soupir. Il avait l’air un peu inquiet. Mais patient, et c’était le principal sans doute.

« Vous m’avez déjà rapporté tout cela quand on s’est vu, il y a deux jours. »

Adèle eut l’air surprise, se mordant la lèvre de ne pas y avoir songé.

« Donc je vous ai proposé de faire une prise de sang et de revenir me voir. J’ai vos résultats, Adèle, et je viens de vous les dire. Mais vous avez eu l’air de vous sentir mal, est-ce que vous vous souvenez de ce que nous venons de nous dire ? »

Est-ce que c’était grave ? Parce que si c’était grave, ça allait être la catastrophe ! Son cœur s’emballa à nouveau et elle du faire tous les efforts du monde pour ne pas perdre les pédales. Elle n’aimait pas vraiment ne pas savoir ; elle avait réussi à s’habituer à ses pertes de mémoires et ses répétitions à gogo, mais de là à ne pas comprendre quelque chose qui la concernait… Elle se sentait souvent blessé par sa propre mémoire.

Si seulement elle trouvait un jour le moyen de se rappeler un peu plus que de vagues brides ou sans avoir à se les répéter une centaine de fois à voix haute. Les post-it ne seraient pas éternels et ne lui sauveraient pas tout le temps la vie, même s’ils étaient des plus utiles et que ses proches semblaient avoir pris le pli maintenant.

Adèle eu beau tenter de se souvenir, rien ne lui revenait vraiment en mémoire. Elle ne se rappelait même pas avoir fait une prise de sang, si ce n’était cette petite marque au creux de son bras que le Docteur Caine lui désigna. Elle eu un sourire un peu désabusé, sincèrement navrée de devoir lui demander des efforts supplémentaires pour se faire comprendre. Elle-même comprenait vite, mais il fallait parfois lui expliquer longtemps !

« Allez-y, reprenez. Quoi que ce soit, je pourrais encaisser… Enfin, rassurez-moi, je ne vais pas mourir n’est-ce pas ? »

Cette fois, Vassili Caine eu un éclat de rire.

« Non, rassurez-vous ! Vous n’allez pas mourir, vous êtes même en très bonen santé et il va falloir continuer comme ça. Même si je ne serais pas contre que vous leviez un peu le pied sur vos voyages et vos nombreux aller-retours. Je sais que vous aimez votre travail, mais il faut aussi prendre soin de vous. »

Il était gentil.

« Si je vais bien, pourquoi est-ce que je me sens toute flagada alors ? »

Il eut un silence un peu crispé, mais décida de ne pas faire durer le suspens plus longtemps.

« Vous êtes enceinte, Adèle. »


* * *

Son téléphone vibrait dans sa main mais elle ne parvenait pas à décrocher ce dernier. C’était comme si son cerveau avait déconnecté une bonne fois pour toute et qu’il refusait désormais d’envoyer le moindre ordre au reste de ses muscles pour paraître un tantinet normal. Adèle fixait l’écran sans le voir, perdue dans des pensées qui n’avaient de cohérence que l’ordre dans lequel elles apparaissaient. C’était étrange qu’elles ne se soient pas encore évaporées mais à chaque fois qu’elle se mettait à penser à autre chose, ses yeux retombaient sur les petits carrés noirs et blancs qui étaient posés sur la table. Alors elle se rappelait. Elle se souvenait de se que lui avait dit le Docteur Caine. Elle se remémorait sa surprise et elle entendait résonner dans son crâne les battements réguliers qu’il lui avait fait entendre.

Enceinte. Elle était enceinte.
Mais… De qui ?!

En se posant pour la énième fois cette question, Adèle prit sa tête entre ses mains et poussa un long soupir désemparé. Ce n’était pas possible. Absolument pas possible. Elle ne se rappelait même pas être en couple avec quelqu’un alors… Ça ?! Aurait-elle offert sa vertu au premier venu dans un moment d’égarement ? Non. Non, ça n’était jamais arrivé et ça n’était sûrement pas la vérité. Ce n’était pas son genre ni ses manières, encore moins son éducation ! Elle n’était pas comme ça. Elle n’était pas… Oh bon sang, qu’allait dire Chris ? Ou James ?! Et Miss Joanne ? Que feraient-ils quand ils apprendraient quelle dépravée elle pouvait être sans même le savoir ?! Elle sentit son cœur s’affoler au bord de la nausée à nouveau et du fermer les yeux pour ne pas vomir.

Elle avait chaud. Froid. Mal et pas mal. Fatiguée mais excitée. Adèle n’avait aucune idée de comment elle devait se sentir à cet instant parce qu’elle… Ne savait pas pourquoi elle était comme ça. Pourquoi elle était aussi partagée entre une myriade de sensations. De décisions. De choix à faire. De… La jeune femme ne savait absolument pas par où commencer, quand une idée germait une autre la remplaçait et elle devait tout recommencer à zéro. Encore. Et encore. C’était à en devenir dingue ! Et ce téléphone qui ne cessait de vibrer ! A chaque fois qu’elle posait les yeux dessus, elle ne parvenait pas à trouver le courage de répondre. Les vibrations cessèrent tandis que le quatrième appel d’Arthur se terminait, toujours sans réponse de sa part.

Arthur… Mais qu’est-ce qu’il allait penser d’elle, aussi ? Voilà plusieurs mois qu’elle l’avait rencontré et… Et il lui semblait bien qu’il s’agissait de Hank. Oui, c’était Hank. Il lui l’avait dit, sinon elle l’avait deviné. Arthur était Hank. Arthur lui avait manqué. Arthur avait été là depuis ce jour et il avait été vraiment… Pourquoi elle ne se rappelait pas ?! Pourquoi elle ne parvenait pas à se souvenir quelle relation elle avait avec lui ?! Elle eu beau tourner les pages de son agenda et y découvrir plusieurs rendez-vous, elle ne parvint pas à mettre un mot sur ce qui la liait à lui. Un sentiment doucereux mais, gangréné par l’inquiétude, qui se transformait en culpabilité et angoisse profonde. Et si Arthur prenait mal qu’elle lui avoue la vérité ? Et s’il…

Mon dieu, pourvu qu’il n’en sache jamais rien ! S’il y avait bien une personne devant qui elle ne voulait pas avoir l’air indécente ou débauchée, c’était bien lui !

Et voilà qu’elle s’était plongée dans la panade sans même savoir comment.

La sonnerie de sa porte d’entrée la fit sursauter si violemment qu’elle crue que son cœur allait s’arrêter. Haletante, pantelante, elle s’efforça de reprendre contenance tandis que ses yeux parcouraient la dernière page de son agenda : des mails à gérer, un rendez-vous avec le docteur Caine, la préparation du banquet d’halloween, téléphoner à James et… A 19 heures. Un rendez-vous. Avec Arthur.

Coup d’œil au téléphone : 21h13.

La vague de panique qui l’envahie fut telle qu’elle couru aux toilettes pour bel et bien reverser son estomac à l’intérieur. Le souffle court, la nausée la rendant vacillante, Adèle se redressa prestement en entendant de nouveau sonner. Qui cela pouvait-il être ? Est-ce que Bono allait encore mal ? Est-ce que Donatella avait besoin d’elle ? Miss Joanne était en voyage à l’étranger, alors… Elle se lava rapidement les dents et s’essuya le visage, tentant de récupérer son téléphone au passage pour rappeler Arthur. Il fallait qu’elle s’excuse de son retard. Qu’elle s’excuse de l’avoir oublié. Qu’elle s’excuse… pour tout.

Elle entendit les sonneries quand elle porta l’appareil à son oreille et se pencha pour ouvrir la serrure. Un. Deux. Trois tours.

Et ce fut avec lui qu’elle tomba nez-à-nez. Venait-il lui faire payer de lui avoir posé un lapin ?
Grand dieu, pourvu que non !


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________________________________________ 2018-09-05, 19:37


« I see your true colors, shining through »
Quelques mois en arrière, Arthur n'aurait pas reconnu celui qu'il était aujourd'hui. Non, celui qu'il essayait d'être aujourd'hui. Même au bout de quelques mois, il était sans cesse face au doute. Agissait-il bien, prenait-il soin d'elle, n'était-il pas trop... Arthur ? Etre lui même avait commencé à l'angoisser, lui qui n'avait jamais eu une estime très haute de sa personne. Paradoxal, puisqu'il était bon d'être soi avec elle. L'existence d'Arthur allait mieux, il faisait face à ses sentiments amoureux comme s'il était plongé dans un monde aux lois complètement différentes, et devait vivre avec toutes ses étranges angoisses de mal faire, et ça lui allait bien. Il en était le premier surpris.

Il était d'autant plus perdu, puisque dans ce nouveau chapitre, il y avait également son lot de peines. Il avait pris l'habitude des oublis fréquents, et avait pris lui aussi ses habitudes. Les messages à envoyer fréquemment, les petites notes parfois, prenant exemple sur elle, mais Arthur l'assumait avec ses peines. La peine de ne même pas comprendre quelle était sa relation avec elle, la peine de la voir oublier un moment qui lui avait été important. Mais, pour le reste, il acceptait ses peines. Quelques épreuves qui valaient le coût.

Faire des efforts aussi, c'était nouveau. Avant Adèle, il n'en avait fait que très peu, pour ne pas dire aucun. Pour une véritable première fois, il était maladroit donc. Il estimait cependant qu'il commettait de moins en moins de maladresses. Et, s'il fallait être honnête, il devait admettre qu'il en retirait une certaine fierté. Bien sûr, il avait totalement tort. Des maladresses, il en faisait autant qu'au premier jour. L'illusion avait au moins de quoi le rassurer, et l'intention était là.

Ces derniers mois, les dépenses d'Arthur avaient augmenté. Le banquier l'avait appelé il y a trois semaines, pour lui avertir d'achats louches sur son compte : des vêtements simples mais classes, des chaussures qui l'étaient tout autant, un diamant. La banque craignait un vol. Devoir se justifier, et affirmer que c'est lui qui avait bien dépensé tout ça, fut très gênant. Agaçant aussi, l'échange avait fini par quelques insultes et un changement de banque. Il faisait attention à paraître légèrement plus élégant qu'il ne l'était habituellement, et s'était rendu compte que ça le dérangeait beaucoup qu'on soupçonne une usurpation d'identité quant à ce changement soudain.

Bon. Oui. Peut-être. Il s'était peut-être emporté, et ce n'était pas très étonnant de sa part. Même après toutes ces semaines, il se sentait encore bizarre de paraître comme il paraissait ce soit là, dans cette tenue (que lui avait recommandé une vendeuse un peu trop dragueuse, qu'Arthur s'était juré de ne plus jamais revoir une fois son achat effectué, ce qui commençait à faire déjà beaucoup d'endroits qu'Arthur décidait de bannir de sa vie).

Avoir ce genre de sentiments avait été difficile à admettre. Mais pas aussi dur que de le comprendre. Il ne les comprenait toujours pas, et ne les comprendrait certainement jamais, si on observait comment c'était parti. Comment comprendre ce mélange de plaisir et de peur, mélange lui même associé à cette incroyable confusion dans cette relation tendre mais ambiguë sur laquelle il n'y avait aucun mot ?

Il ne s'en accommodait pas. Enfin, précisément, il ne s'en accommodait pas à cet instant précis, puisque l'émotion qui lui venait tenait plus de l'inquiétude. Si Adèle avait oublié le rendez-vous, Arthur n'était pas surpris. Mais il savait qu'elle avait ses moyens efficaces pour se retrouver dans sa propre mémoire, et lui s'assurait également de lui rafraîchir les quelques détails qui lui échappaient. Il avait d'ailleurs accepté que très récemment de ne plus insister coûte que coûte pour venir la chercher pour éviter qu'elle se perde. Elle voulait s'en sortir, elle avait confiance en elle, et lui avait fini par partager sa confiance, au moins un peu.

Mais ce soir, ce n'était pas habituel. Elle ne répondait à aucun des appels qu'il lui passait, aucun des messages qu'il lui avait envoyé, n'avait manifesté aucun empêchement, elle qui s'assurait toujours de prévenir le moindre détail imprévu. Non, il n'était pas inquiet. Il était terrifié. Finalement, Arthur avait encore beaucoup de mal avec l'imprévu. Beaucoup trop. Et, terrifié, il ne savait même plus quoi faire. Il avait eu des réflexes surprenant qui étaient certainement loin d'être bons, partant d'abord vérifier si elle ne s'était pas trompée en allant le rejoindre à ce restaurant dans lequel il l'avait déjà invité plutôt qu'à l'aquarium comme il le lui avait proposé pour ce soir. Ce n'était pas le cas. Il était reparti à l'aquarium, se disant qu'elle avait eu le temps d'arriver. Ce n'était pas le cas.

En fonçant enfin chez elle (ce qu'il aurait du faire au départ, il n'en prenait conscience que trop tard), il avait prit son téléphone, ouvrant son répertoire pour appeler Chris. Il allait le détester. Arthur n'aurait jamais pensé vouloir plaire à un homme un jour, mais il lui semblait important d'être dans les bonnes grâces de Chris et avoir sa bénédiction pour cette relation qu'il installait avec Adèle. Après ce soir, il allait surement vouloir assassiner l'ancien poulpe. Il sonna à la porte, téléphone en main, hésitant encore à appuyer sur le bouton d'appel, espérant qu'Adèle lui répondrait et qu'il s'inquiétait pour rien. Généralement, Arthur s'inquiétait pour rien, et aurait bien préféré que ce fut le cas pour ce soir.

Adèle ! Ne put-il s'empêcher de crier lorsqu'elle ouvrait enfin la porte. Il s'approcha d'elle, posa ses mains sur ses épaules, et la regarda de haut en bas pour vérifier qu'elle allait bien. Ce ne fut qu'alors qu'il souffla, rassuré, se calmant pour reprendre un air serein. Ne t'excuse pas, d'accord ? Tout va bien, c'est le plus important, et je ne t'en veux pas. Il était important de le préciser, il savait qu'elle voudrait s’embarrasser d'excuses, inquiète de l'avoir fait paniquer. Mais au contraire, c'était Arthur qui s'en voulait d'avoir paniqué à ce point.

Et pourtant... l'étrange lueur de son regard interpella le responsable d'aquarium. Elle était différente. Adèle ? Elle était... paniquée ? Il n'était pas sûr, sinon qu'elle n'allait pas bien, pour sûr. Qu'est-ce qu'il se passe ? Attends, viens.

Arthur ferma la porte derrière lui, et l'accompagna pour l'asseoir sur la chaise la plus proche. Il se permit alors d'entrer dans la cuisine, pour lui remplir un verre d'eau, qu'il donna à Adèle. Quand quelqu'un était bouleversé, c'était... la seule chose qui lui venait en tête pour l'aider. Bois, tu te sentiras mieux. Arthur, lui, prit place sur la chaise d'à côté, le regard ne la lâchant pas une seconde, attendant qu'elle repose son verre.

Adèle, qu'importe ce qu'il se passe, tu peux me le dire, tu le sais, n'est-ce pas ?
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Adele B. Atkins
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________________________________________ 2018-09-16, 12:05


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C’était… A n’y rien comprendre. Pourquoi est-ce qu’Arthur était là, et pas… A leur rendez-vous ? Pourquoi est-ce qu’ils étaient chez elle ? Qu’est-ce que… Adele se mordit la lèvre en retenant ses excuses vu qu’il l’autorisa à ne pas en fournir, pourtant elle se sentait mal à un point innommable. Physiquement. Mentalement. Il y avait quelque chose qui n’allait clairement pas et elle serra la base de son haut sans trop savoir à quoi se raccrocher. Tout tournait un peu trop vite ce soir, tout allait un peu trop rapidement et elle ne parvenait pas complètement à suivre. Sa mémoire semblait lui jouer des tours, encore, et elle aurait adoré avoir de nouveau des post-it devant le nez pour ne pas oublier. Ne pas manquer l’occasion de s’excuser, parce que c’était important de s’excuser, et essayer de comprendre pourquoi il était déjà si tard alors qu’elle n’avait pas l’impression d’avoir bougé d’ici. Grand dieu, que se passait-il pour que tout vire de bord de cette manière ? Elle en eu une nouvelle nausée et posa ses mains à plat sur la table pour inspirer un grand coup.

Il fallait que ça s’arrête. Il fallait qu’elle se remette l’esprit en place. Elle repoussa doucement son agenda ouvert un peu plus loin et referma même soigneusement ce dernier, écartant le stylo à quelques centimètres pour le refermer soigneusement. Il y avait aussi son téléphone, puis un autre éteint un peu plus haut. C’était celui pour Miss Joanne, le professionnel, celui-là. Elle s’en rappelait parce que l’autre était celui qu’elle utilisait pour Storybrooke, et le dernier à côté de sa main, son personnel. Ils étaient tous les trois distincts dans son esprit comme dans ses habitudes. Un sac à main. Des mouchoirs à droite. Un rouge à lèvre de secours et du fard dans la poche adjacente. Une boite d’antalgique, un anti-vomitif et des tampons dans celle d’à côté, au cas où. Des stylos et un calepin à côté d’un carnet, un crayon et des cartes de visites rangées soigneusement. Une tablette professionnelle. Normalement son agenda. Des sachets de thé, celui que Miss Joanne apprécie. Un bloc de post-it rose, un bleu et un vert pour noter les choses. Deux stabilos. Un baume à lèvres. Une poche de couture. Des pansements. Un plan de l’aquarium. Une pochette vide pour les documents importants. Son sac. L’organisation de son sac. L’organisation de base qu’elle se rappelait et qui lui servait à remettre de l’ordre dans les cases de son esprit.

Une chose à la fois. Une chose à sa place.

Retrouver les visages. Retrouver les noms. C’était la seconde chose à faire. Se rappeler qui elle était aussi. Se rappeler comment elle s’appelait. Où elle se trouvait : chez elle. Dans son appartement. Quelle heure il était : tard. Quel jour on était : le 4 octobre. Avec qui elle était : Arthur. Arthur, qui était Arthur ? Hank. C’était Hank et il était venu ce soir. Il était chez elle. Il avait l’air inquiet et il était en train de lui servir un verre d’eau à la cuisine. Pourquoi il lui proposait de l’eau ? Ah, parce qu’elle allait mal. Elle avait mal au ventre. A la tête. A la gorge. Au cœur sans savoir ce qui l’enserrait de cette manière aussi violente. Sans savoir ce qui provoquait un haut le cœur psychologique dans son crâne. Bon sang, est-ce qu’elle était en train elle aussi de devenir folle ? Est-ce qu’elle perdait la tête ? Est-ce qu’on allait la mettre dans un internat avec des médicaments ? Pourvu que non ! Pourvu que cela ne recommence pas !

Un peu plus pâle encore, elle accepta le verre que lui tendit Arthur et baissa les yeux sur l’eau transparente qui s’y trouvait. Le simple clapotis du liquide contre la surface lui donna une légère nausée et elle déglutit, avant d’en boire deux gorgées. Adele déposa le verre sur le bois avant de le faire tomber, ses mains moites ne l’aidant nullement à reprendre un air plus naturel.

« Adèle, qu'importe ce qu'il se passe, tu peux me le dire, tu le sais, n'est-ce pas ? »

Ce qu’il se passe ? Il se passait quelque chose ? Oh mon dieu, quelque chose de grave était arrivé ?! Elle écarquilla les yeux, ouvrit légèrement la bouche pour lui demander ce qu’il se passait… Puis se ravisa en voyant que c’était elle qui semblait avoir un problème. Ou du moins, une information qu’il ne possédait pas. Il attendait, son regard qui aurait pu paraître si dur se révélait étrangement doux quand il croisait le sien, et Adele se sentie encore plus stupide de ne pas savoir pourquoi il lui posait cette question. Se rappeler. Il avait une bonne raison. Il y avait toujours une bonne raison. Ou une mauvaise mais elle espérait que ça n’en soit pas une, ce serait bien trop triste !

Instinctivement, sa main vint prendre celle de l’homme devant lui et Adele se surprit à apprécier grandement le contact de sa paume sous ses doigts. Il avait la peau chaude. Chaleureuse. Il referma ses doigts sur les siens après un instant et son cœur se gonfla d’un amour indéfinissable qui la rassura grandement malgré elle. Elle pouvait lui faire confiance, à lui. Elle pouvait compter sur lui. C’était des bribes de souvenirs, des esquisses d’évidence, pourtant la jeune femme avait la très nette impression qu’il s’était passé plusieurs choses avec lui ; de quoi délier sa langue en tout cas et faire qu’il était à son domicile même à une heure aussi tardive.

A moins que…

« Arthur, rassure-moi… Je ne te paye pas pour venir à mon domicile le soir, nous sommes d’accord ? »

Osa-t-elle, l’air soudain horrifiée à l’idée qu’elle ai pu faire quelque chose comme ça. Non, non, non ! Ce n’était pas son genre et elle ne voulait pas que cela devienne un aspect de sa vie ! Elle avait une certaine ethique et sûrement pas des manières aussi basses ! Elle lu la surprise sur son visage et cela la rassura un instant, attendant cependant qu’il infirme la chose avant de pousser un soupir rassuré. Bon, déjà, ce n’était pas pour ça qu’il était là ! Elle s’en serait atrocement voulu de l’utiliser comme un gigolo ou, tout simplement, de l’utiliser. Artur ne méritait pas ça.

Elle inspira profondément.

« Ca va, ne t’en fais pas. Je suis un peu patraque depuis quelques jours mais… Ca va… Aller… »

Son ton mourut lorsqu’en relevant les yeux vers lui, Adele se rendit compte qu’il ne la fixait plus. Suivant son regard, elle porta son attention sur la table et découvrit ce qui l’avait attiré : les clichés. Des petits carrés noirs et blancs similaires à tant d’autres mais qui, même pour un néophyte, n’étaient pas si mystérieux que cela. On pouvait aisément deviner de quoi il s’agissait. Instantanément, les images de l’après-midi lui revinrent et elle retira sa main de la sienne, une douche froide s’abattant sur ses épaules.

Non.

Non, Arthur ne devait pas voir ça… ! Il ne devait pas… Savoir quel être abominable elle était, ni qu’elle ne se souvenait même pas avoir retiré ses vêtements avec qui que ce soit ! C’était atroce. Horriblement atroce. Inimaginable ! Son cœur se serra avec violence et sa tête passa de droite à gauche sans savoir si elle devait le regarder ou continuer de fixer ces horribles preuves sous leurs yeux. Ça ne pouvait pas être pire comme situation !

« Je… » Bafouilla-t-elle, ne contrôlant plus rien du tout. Livide. Chaude. Froide. Haletante. En apnée. « Arthur, je… Je suis désolée, je… »

Ne comprend pas ce qu’il se passe. Jamais. Mais s’il te plait, reprend des couleurs !

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________________________________________ 2018-09-18, 16:29


« I see your true colors, shining through »
Un courant électrique passa dans le corps d'Arthur quand Adèle vint poser sa main dans la sienne. Ces derniers mois, il avait fait des efforts à propos de ces angoisses du contact physique. Premièrement, avec Adèle, tout semblait plus facile, il se sentait mieux... mais ça n'était pas encore totalement soigné. Sur le coup, le contact le surprenait toujours, il s'y faisait mieux à la seconde suivante. Le plus gros problème était encore les instants où ses émotions étaient les plus fortes.

- L'inquiétude.

Ressentir sa main dans la sienne l'avait saisi sur l'instant, et figé ensuite, surpris alors qu'il était déjà inquiet : il fallait croire qu'il ne gérait que difficilement deux émotions à la fois. Ça n'avait duré que deux secondes, heureusement. Il s'y fit, et surtout : il aimait cette petite proximité, malgré les premiers problèmes. Il referma alors ses doigts sur la main d'Adèle. Elle en avait besoin, n'était-ce pas ce qu'il essayait d'être ces derniers mois ? Un homme bien pour elle. Oui, il n'était pas très doué, et doutait quasiment toujours de ce qu'il était, mais il essayait. Lui tenir la main était la moindre des choses qu'il pouvait faire.

La moindre des choses et... la seule ? Non, surement pas, mais il se demandait toujours quoi faire. Il voulait l'aider, il ne savait pas comment. Il était même rassuré, finalement, qu'elle soit venue lui demander ce contact, qu'il soit guidé comme ça. Il la regarda dans les yeux, tentant un sourire réconfortant pour chasser l'angoisse dont souffrait Adèle.

- La déception.

Ou la tristesse ? Elle n'était pas très grande, c'était simplement ces petis pincement au cœur lorsqu'Adèle oubliait. Oubliait pour eux. Oubliait ce qu'ils avaient ensemble. Peut-être qu'Arthur s'emballait sur eux, sur cette relation, mais se rassurait à croire que non. Il y avait quelque chose d'important, entre elle et lui, il le savait, il ne pouvait pas, plus, se résoudre à croire que non. Il aimerait qu'un jour, ce soit si important pour Adèle pour qu'elle s'en souvienne aussi. Non, il se sentait coupable d'avoir de telles pensées. Ce n'était pas de sa faute. Donc en fait...

- L'espoir.

Ce que cachait cette petite déception. Ce qui faisait parti des nombreuses choses qui changeaient chez lui. Le changement lui était particulier. Inquiétant mais pas si désagréable. Ce qui lui donnait la confiance nécessaire pour pouvoir aider Adèle.

Non, bien sûr que non Adèle, je suis là pour toi. Parce que j'en ai envie. Et que tu le mérite.

Il espérait que ses mots avaient été fidèles à ce qu'il ressentait, il s'inquiétait également un peu de faire passer des messages qu'il n'avait pas. Et que ça l'aide à lui faire comprendre qu'elle méritait ses attentions. Lui rappeler la valeur de leur relation, du moins la valeur que ça avait à ses yeux. Et essayait de lui rappeler qu'elle était une belle personne. Il ne l'avait pas dit explicitement, peut-être devrait-il ? C'était son rôle à lui, l'évitait de se juger aussi mal... comme lui se jugeait assez mal.

- La peur.

En commençant par l'appréhension. La phobie du contact physique était vicieuse, elle concernait même les frissons les plus simples. Un tremblement minime qu'on ressentait comme une désagréable caresse intrusive et angoissante. Lorsque les yeux de l'ancien poulpe s'était baissés vers ces échographies, après les quelques secondes de doute et qu'il comprit qu'elles pouvaient être la cause de l'état d'Adèle, Arthur fut envahit de frissons.

Ce n'était pas les siennes. Bien sûr que non. Il ravala l'incroyable peur qui lui était montée l'espace d'une seconde. Celles d'une amie proche. Assez proche pour inquiéter Adèle. Chris allait-il devenir père, alors qu'il était en couple avec un homme ? Ça pourrait être une nouvelle effrayante. Il ne se rendit pas compte qu'il avait les yeux fixés sur ces images, immobile, en essayant de se rassurer mentalement, sur l'origine de ces échographies.

- L'angoisse.

Mais si ce n'était pas les siennes, pourquoi elle avait retiré sa main de la sienne, dans un élan aussi honteux que paniqué, quand elle vit ce qu'il était en train d'observer. Non... non ce n'était pas possible. Arthur se sentit victime d'une migraine soudaine, de battements de cœurs maladroits et douloureux, il se sentit trébucher alors qu'il était assis, qu'on le frappait alors qu'on ne le touchait même pas.

Combien de temps fallait-il pour une échographie ? Un certain délais, comme le temps entre aujourd'hui et ce mariage, cette soirée où ils... NON. La respiration soudainement affolée, ne se maîtrisant plus du tout, Arthur s'était levé, paniqué à son tour, les yeux passant des images à Adèle. Le pic émotionnel était tel, que son haptophobie était au maximum, si on le touchait à cet instant, il aurait crisé. Il avait... Il allait...

Il allait s'évanouir. Et pourtant, trop d'adrénaline en lui pour que ce soit possible. Ou justement, si ? Il respirait mal, très mal, trop mal. Jamais Arthur n'avait autant paniqué, et lui qui d'ordinaire n'avait jamais travaillé sur la maîtrise de ses émotions, il était plus que perdu.

Il s'était retourné vers l'évier de la cuisine. Se rincer le visage, retrouver la réalité, essayer de faire quelque chose. Dire quelque chose. Avoir une pensée cohérente. Qu'allait-il faire ? Il avait si peur de créer un trop grand chaos dans sa vie compliquée, et voilà qu'il l'avait fait. Venait-il de gâcher la vie d'Adèle. Qu'allait penser Chris ? Il allait le tuer. Arthur passait des semaines à faire attention à elle, et maintenant...

Enceinte... c'était irréel. L'idée ne semblait pas cohérente. Ça n'était pas possible. Il n'allait pas être... Seigneur, il n'allait pas être père ! Il ne prit même pas une seconde pour se l'imaginer, tant c'était fou. Ce n'était pas juste fou. C'était insensé. Dangereux. Il ne pouvait pas se sentir plus horrible et irréfléchi qu'à cet instant.

Puis il entendit la voix d'Adèle. Cette voix qui avait toujours eu le don de l'apaiser, de réchauffer son cœur, mais qui lui fit un choc électrique cette fois-ci. Elle paniquait autant, voire davantage, que lui, elle semblait au bord des larmes, et Dieu savait à quel point elle devait avoir une mauvaise image d'elle à cet instant. Il était tellement égoïstement paniqué qu'il avait oublié l'état d'Adèle. Il se sentit si monstrueux qu'il aurait voulu qu'on le frappe. Il voulait aider Adèle depuis qu'il l'avait trouvé, et finalement, elle finirait pas être bien plus malheureuse que lorsqu'elle ne l'avait pas retrouvé.

Il s'était précipité vers elle, posant un genoux à terre, prenant ses mains, assez bas pour pouvoir lever ses yeux dans les siens. Adèle, tout va bien. Parce que tout devait aller bien. Ils ne pouvaient pas faire autrement. Arthur paniquait... mais devait s'en assurer. Ne t'excuse pas, tu n'es pas seule. Quand tu devras voir le docteur, je viendrai avec toi. Il faisait de son mieux pour articuler des phrases cohérentes, calmer la tempête en lui. Elle en avait besoin, et ses paroles étaient sincères. Il espérait donc que son ton calme pourrait l'aider à se calmer.

Et... un nouveau frisson lui parcourut. Savait-elle ? Non. Elle avait du oublier ce qu'ils avaient partagé cette nuit. Elle n'avait même pas conscience qu'Arthur était le père de l'enfant qu'elle portait. Sa respiration s'accéléra de nouveau, ayant du mal à avoir le contrôle pendant quelques secondes. Devait-il lui dire ?

Oui. Bien sûr qu'il devait lui dire. Ce serait l'abandonner sinon. Il se mordit la langue, refusant cette perspective. Il ne pouvait pas l'abandonner. Pas maintenant. Quand il avait retrouvé Adèle, il s'était juré de ne plus la perdre. Ou lui se perdrait.

Adèle, nous sommes les... Mettre des mots sur une idée semblait être simple parfois. Ça ne l'était pas. Vraiment pas. Même si l'on connaissait les mots à employer. Nous sommes les... les parents de cet enfant.

Sa tête tournait. Le concrétiser à haute voix lui donnait des vertiges, bien plus davantage que de le réaliser dans ses pensées. Je suis là, n'oublies jamais que je suis là. Il voulut lui supplier de ne pas l'oublier, mais supplier lui aurait été trop stressant.

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________________________________________ 2018-09-26, 12:11


Dance like a flame in the fire
Don't let your heart turn into stone

C’était un tourbillon étrange de sensations. Un mélange grotesque de la pire chose du monde avec des papillons qui tentaient de s’enfuir par tous les pores de sa peau. Adele avait l’impression d’imploser littéralement, parcourue de milliers de frissons à contresens et de pensées toutes aussi incohérentes que le reste de la situation. Il se passait tout et rien à la fois. Il se glissait en elle une terreur mêlée de honte, revoyant sans s’en rendre compte le regard de dédain qui lui avait été adressé des années plus tôt. Cette expression aussi dure que froide, cette capacité de l’humain à la juger, créature misérable qu’elle était, comme la dernière des moins que rien. Pire que tout. Destestable existence et poids pour le reste de sa communauté. Et à l’instant où Arthur quitta la pièce, la jeune femme se retrouva aussi misérable et pétrie de remords que ce jour-là.

Son cœur étouffait de douleur, réclamant à sortir de sa poitrine en même temps que les sanglots qu’elle parvenait difficilement à retenir. Il la détestait. Il la détestait et c’était entièrement de sa faute, à elle et à sa mémoire incapable de lui rappeler les évènements. Elle était tombée plus bas que taire, à folatrer avec sans doute le premier venu et voilà qu’elle devait en assumer les conséquences. Horribles. Terribles conséquences que celle d’attendre un enfant. S’en souviendrait-elle demain ? Se rappellerait-elle pourquoi elle se sentait si mal ? Aurait-elle la présence d’esprit de se savoir enceinte et… Sa poitrine la faisait tellement souffrir à cet instant qu’elle fut persuadée que jamais elle ne pourrait l’effacer de sa mémoire. C’était impossible. C’était…

Soudain, il fut de nouveau là. Elle eu un sursaut, le regard voilé de ses larmes qu’elle ne parvenait pas à faire couler, dévisageant cet homme qu’elle aurait aimée ne jamais décevoir. Qu’elle aurait aimé garder à ses côtés. Qu’elle aurait aimé… Dans une vie ou dans l’autre. Peut-être que c’était le cas ? Peut-être que ce grand poulpe grognon avait été le calamar de sa vie ? Peut-être que ces yeux clairs étaient ceux dans lesquels Adele aimait se perdre ? Elle ne s’en souvenait pas. Elle ne s’en souvenait plus. Mais son corps lui hurlait d’aller vers lui quand la raison la retenait de le blesser davantage.

Alors pourquoi avait-il des paroles si douces, une voix si mal assurée, si elle devait le tenir éloigné du choléra qu’elle représentait ? Pourquoi lui prenait-il les mains de la sorte, son visage livide mais les yeux pleins d’un espoir que la jeune femme ne comprenait pas ? Rien ne l’obligeait à faire ça. Rien ne l’obligeait à lui dire ces paroles rassurantes. Rien ne l’obligeait à faire des promesses, comme de l’accompagner, alors qu’il pouvait lui aussi la considérer comme une imbécile. C’était sans doute ce qu’elle était. Chris allait être en colère lui aussi. Ils seraient sidérés de son comportement et Adele était la première à s’en vouloir pour cela. Tant d’années de travail et de distinction… Pour…

Pardon ?

Ses paupières papillonnèrent sont son aveu. Les… Parents ? Ils étaient… Quoi ?! Attendez, PAUSE ! Rembobinage ! Elle avait batifolé avec un inconnu à sa mémoire et cet inconnu, non seulement ne l’était pas tant que ça, mais en plus il s’agissait probablement d’Arthur ?! Mais comment est-ce qu’ils… Oh mon dieu. Oh mon dieu, elle… Ils…. Son visage passa par toutes les couleurs, de livide à rouge, de rose à violacé, de souffle court à souffle coupé. Adele eu du mal à déglutir, le fixant tandis que les rouages de son esprit tentaient de fonctionner malgré le vide qui les maintenaient éloignés entre eux. Il était… Elle porta l’une de ses mains devant sa bouche ouverte, incapable de prononcer quelque chose. Incapable de ne pas marquer l’étonnement et la surprise, ses doigts redescendant lentement sur son menton au fur et à mesure qu’elle comprenait. Qu’elle saisissait.

Il s’était éloigné parce que ça lui avait fait un choc aussi. Pas celui qu’elle puisse avoir été voir ailleurs. Mais parce qu’il venait de réaliser, comme elle, qu’ils allaient (peut-être ?) avoir un enfant ensemble alors qu’ils… Qu’ils ne… La jeune femme était déjà émoustillée quand elle lui tenait la main, alors songer qu’ils avaient pu… Ensemble, dans… Mon dieu. Est-ce qu’elle l’avait déshabillé ? Oui, sinon la chose n’aurait pas été possible. Logique. Mais, il l’avait aussi… Il l’avait vue. Il avait… Et elle…

Se rendant compte du silence qui durait, Adele referma la bouche, la lèvre tremblante. De la peur. De l’angoisse. Du soulagement. De l’inquiétude. De… Autre chose d’indéfinissable. Il fallait trouver quoi dire. Il fallait dire quelque chose, et vite. Rapidement. Maintenant. Cesser de le torturer de la sorte alors qu’Arthur avait l’air aussi mal qu’elle.

« Tu… Nous… Enfin, tu… » Elle ne tint pas, il fallait qu’elle regarde. Qu’elle vérifie. Qu’elle comprenne ! Elle se tourna pour saisir l’agenda et en bougea les pages. Le Docteur Kane avait inscrit deux mois sur la feuille. Deux mois, c’était donc… « Le mariage. » Réalisa Adele, une fois arrivée à la bonne page. « Nous avons, au mariage… »

Elle ne parvenait même pas à le dire, trop rougissante pour admettre qu’elle se trouvait en face de celui qui avait partagé une nuit en sa compagnie. Intimidée. Et puis soudain honteuse d’avoir oublié cela. Encore. Toujours. Sa lèvre se remit à trembler, passant de la tendre chaleur à la froideur de la culpabilité.

« Je suis désolée, Arthur. »

Sa main avait retrouvé la sienne, la serrant comme une bouée de sauvetage. C’était stupide pour un poisson d’avoir besoin de se maintenir la tête au-dessus de l’eau mais… En cet instant, elle ne pensait pas en être capable sans lui. Ignorant si elle devait se voir rassurée de la nouvelle ou au contraire terrifiée de ce que cela impliquait, Adele observa quelques secondes leurs doigts enlacés avant de relever les yeux dans les siens. Presque pouvait-elle entendre leurs cœurs battre dans leurs poitrines à s’en rompre l’âme.

Elle ne se laissait jamais approcher et lui ne supportait pas les autres.

Elle le savait. Elle ne savait pas pourquoi elle s’en rappelait mais, pour l’occasion, elle savait que ce simple contact était déjà beaucoup pour eux.

« Je m’excuse… D’avoir oublié. Je m’excuse de ne pas m’en être souvenu. Je m’excuse de ne pas être venue ce soir. Je m’excuse si… J’oublie de nouveau. Je m’excuse de ne pas pouvoir tenir cette promesse, je… Je vais essayer de ne pas… Oublier. Je… Je suis tellement désolée que tu l’ai appris… de cette manière ! »

Adele releva doucement sa paume entre eux. Prudemment, elle vint la poser sur la joue rugueuse d’Arthur, attendant avec toute la patience du monde qu’il se détende un peu sous ses doigts. Chaque contact était nouveau. Chaque sensation était à accepter. A supporter. Son pouce bougea doucement sur sa pommette. Caresse.

« Je suis là. » En écho à sa promesse, qui résonnait encore dans son esprit. Pour combien de temps ? « Je… Ne serais peut-être pas tout le temps sur la même fréquence que toi mais… Je suis là et… S’il te plait, pardonne-moi. Je… »

Elle avait mal au cœur de le voir dans cet état. Ou bien était-ce lié à cette forme de vie qui grandissait en elle sans qu’elle ne l’ai prévu et lui non plus ? Mystère. Adele était chamboulée des pieds à la tête et, sans pouvoir tenir davantage, elle se pencha en avant pour passer ses bras autour de son cou. Simplement. Spontanément. Peut-être qu’il allait la détester de faire cela. Peut-être pas. Mais elle avait tant besoin de lui… Elle craignait tellement qu’il s’efface de sa vie comme de sa mémoire.

« Je ne t’ai pas oublié, Hank. Alors je… N’oublierai pas Arthur. »

Promesse. Réelle.

Même si cela n’effaçait pas leur problème principal.

« Mon dieu… Mais qu’est-ce qu’on va faire, maintenant ? » Ne put-elle s’empêcher de s’exclamer, reniflant en essuyant une nouvelle larme sous ses yeux. Elle eut envie de rire, nerveusement, mais n’y parvint pas vraiment. « Je veux dire… Est-ce qu’on… On le garde ? Tu es d’accord, ou... Ou est-ce qu'on... ? … »

Ca paraissait si fou. Si invraisemblable. Et pourtant…

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________________________________________ 2018-10-20, 22:49


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Arthur fit un geste qu'il n'osait jamais faire. Le responsable d'aquarium faisait si peu preuve d'affection toute simple dans sa gestuelle. Si la proximité physique l'angoissait, c'était compréhensible. Mais avec Adèle, tout semblait différent. Il n'était plus avec le monde de tous les jours quand il était avec elle. Il était... juste avec elle. Une note spéciale qui se démarquait de l'existence, comme la libératrice d'une vie qu'il n'avait jamais appris à apprécier. Adèle voyait la vie d'un œil que lui aimerait avoir parfois. Alors il posa délicatement la paume de sa main contre sa joue humide.

Cesse de t'excuser. Arthur faisait preuve des plus grands efforts pour maîtriser sa respiration. Angoissé, terrifié, inquiet, il était tout ça à la fois. Mais il ne pouvait pas l'être devant Adèle. Qui serait-il pour encourager sa peur alors qu'elle était en train de s'excuser tristement, ce qu'elle ne devrait jamais avoir à faire ? Pour moi tu es parfaite. Je ne pense pas avoir besoin de plus que de cette perfection, j'en mérite même pas autant. Tu ne peux pas t'excuser pour ça.

Bien sur que l'oubli était encore un peu dur pour Arthur à gérer. Il ne pouvait pas nier que parfois ça le rendait plus triste que d'autre. Mais il n'a jamais été question qu'elle doive s'adapter à lui ou à n'importe qui. Elle est qui est elle est, et Arthur ne ressentait pas le besoin d'exiger quelque changement que ce soit, ni la légitimité de lui en demander.
Lorsqu'Adèle s'approcha pour le prendre dans ses bras, Arthur se crispa par réflexe, mais finit par se raisonner pour se détendre. Ce contact n'était pas oppressant. Non, sa présence lui a toujours été agréable. Alors, bien qu'il mit du temps avant d'oser, il finit par lever les bras et les poser dans son dos pour répondre à son étreinte. Lui faire comprendre qu'il était là, malgré... malgré la panique.

« Je ne t’ai pas oublié, Hank. Alors je… N’oublierai pas Arthur. »


Un léger frisson monta le long de l'échine d'Arthur. Ces mots étaient simple, mais la valeur de cette promesse n'était pas loin de lui faire monter les larmes aux yeux. Ne pas être oublié, était-ce qu'il avait toujours eu besoin de ressentir ? Ou mieux, être souvenu. Etre souvenu dans le cœur d'Adèle qui pourtant oubliait tant de choses. Arthur s'était toujours refusé aux évidences. Sa famille lui avait été arrachée, alors il n'en aurait plus. Il a grandit en étant amer et brusque, alors il n'était pas concevable que son espère puisse posséder trois cœurs. Hank était seul... alors qui était là pour se souvenir de lui ?

Ses mots suivants le sortirent d'un état proche de la torpeur. Qu'allaient-ils faire ? L'ancien poulpe et l'avenir étaient deux choses qui évoluaient totalement séparément. Il avait du mal à concevoir l'avenir. Alors concevoir l'avenir avec quelqu'un encore plus. Mais là, c'était également concevoir un avenir avec l'idée d'être... père. Il avait l'impression que tout ceci était une plaisanterie lorsqu'il pensait à lui même en utilisant ce mot.

Adèle, un enfant dont tu es la mère ne peut pas grandir avec quelqu'un d'autre que toi.

Mais si l'idée d'être père lui semblait si impossible, il lui semblait cependant évident qu'Adèle serait une mère formidable. Pour le moment, c'était bien plus facile en tout cas de penser à Adèle en tant que mère avant d'accepter l'idée qu'il puisse être lui aussi un parent. S'il voulait être là pour elle, il devait chasser ce qui l'angoissait. Ce n'était peut être pas la meilleure des solutions puisque lui aussi devra se résoudre à être à l'aise avec cette idée. Mais en attendant, penser à Adèle était bien mieux.

Il pourrait s'appeler Chris, essaya-t-il, peu à l'aise dans cette situation, afin de la convaincre qu'elle devait garder cet enfant. Après tout, Chris est important pour toi. Mais si c'est une fille... Il songea quelques instants. Une réflexion qui ne lui était pas simple, puisqu'il ne savait même pas qu'il se retrouverait un jour dans cette position. Qu'importe son nom, tu sauras rendre cet enfant heureux comme... Il lui adressa un sourire. Comme tu le fais avec moi.

Il se mordit la lèvre cependant, prenant conscience de la portée de ses mots. Bon sang, il ne se sentait pas, lui, capable de rendre quelqu'un heureux. Alors comment pourrait-il avoir un rôle paternel, s'il n'arrivait pas à assurer là-dessus ? Comment ? Avec elle. Il avait l'impression de trouver toutes ses réponses dans ses yeux.
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________________________________________ 2018-10-25, 11:57


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Adele pouvait sentir la peau d’Arthur sous ses doigts. La chaleur de son cou malgré son visage aussi livide que le sien et la tension qu’il retenait pour tenter de lui parler calmement. Elle n’était peut-être pas très douée en mémoire et autres formes de souvenirs, mais elle se débrouillait en langage corporel. Non pas qu’elle ai expérimenté beaucoup d’hommes, ô dieu que non ! Mais quand il vous était impossible d’utiliser votre cerveau pour vous rappeler, il vous restait à développer de quoi trouver quelques indices et indications quant à la situation.

Même si elle aurait voulu ne pas se rappeler de la dite situation, ni se souvenir de ce nouveau poids qui lui tombait à nouveau sur les épaules à chaque fois qu’elle tournait la tête. Comment de simples petits carrés de papier pouvaient-ils provoquer tant d’émoi et d’incertitudes ? De doutes et de peur ? Littéralement, Adèle était effrayée par ce qu’ils annonçaient et elle était pour l’instant difficilement capable de prévoir quoi que ce soit vis-à-vis d’eux. Qui disait qu’elle s’en souviendrait le lendemain ? Dans quelques heures ? Dans un mois ? Est-ce qu’elle allait l’oublier, ça aussi ? Est-ce qu’elle allait se reposer les questions ? Retrouver les doutes ? Se sentir de nouveau misérable d’avoir batifolé sans aucun respect ? Est-ce qu’elle allait oublier qu’Arthur était le père de cet enfant en devenir ? Est-ce qu’elle voulait d’un enfant, seulement ? … Trop de questions. Trop de retournement de cerveau qui lui donnèrent rapidement mal à la tête. Pas étonnant que les femmes enceinte aient régulièrement la nausée !

Relevant la tête pour fixer Arthur, elle s’extasia un bref instant devant ce visage si beau et… Elle atterri bien vite quant à ses paroles déconcertantes. Est-ce qu’il… Parlait déjà d’un prénom ? Est-ce qu’il se voyait déjà avec ? Décidément, il allait bien plus vite et efficacement qu’elle dans cette perception de l’avenir ! Adele avait déjà du mal à réaliser ce qu’il se passait alors le voir prendre les devants la rassura quelque peu au fond d’elle. Est-ce qu’il acceptait ? Est-ce qu’il s’en contentait ? Est-ce qu’il… Il lui semblait l’avoir entendu dire qu’il serait là mais comme elle ne l’avait pas noté, elle se mit à en douter. Ou presque. Ses yeux révélaient des réponses bien trop évidentes pour se permettre cet écart de confiance.

Son cœur se gonfla un peu plus pour cet homme qui prenait sur lui en cet instant. Elle le savait peu confiant et taciturne. Elle le savait renfermé et solitaire. Alors l’idée même qu’il puisse… Être là et… Ne pas la rejeter. Ne pas s’enfuir en courant. Ne pas… L’avenir était fait de questions encore sans réponses, de projets à monter, de plan à installer et de tout un tas de choses mais… Peut-être qu’ils étaient capables de ne pas le faire seuls chacun de leur côté ? Elle qui n’avait jamais aimé embêter qui que ce soit, même si elle prenait à cœur que tout le monde se porte bien, méritait-elle d’être celle dont on s’occupait ?

Adele se mordit la lèvre. Son pouce caressa la pommette d’Arthur.

« Je t’ai déjà dit que je t’aime, non ? » Elle fronça les sourcils, soucieuse. « Parce que là, je ne sais pas trop quoi dire d’autre et… Je ne sais plus si je te l’ai déjà dit alors… Comme ça au moins, je l’aurais dit au moins une fois. Mais ne prend pas peur s’il te plaît ! Je… Je peux retirer s’il y a besoin mais j’aurais beaucoup de mal à le faire en fait. »

Elle s’embrouilla, baissa les yeux, relâcha son cou mais retrouva ses mains autour des siennes. Un soupir et voilà qu’elle osait de nouveau le regarder.

« C’est mal si j’ai besoin de te le dire ? » Elle prit une moue désolée. « Je sais que tu peux te dire que c’est à cause de ce qu’il se passe mais je suis sûre que non. Que c’était avant. Que c’était depuis… Longtemps. Je ne sais pas quand mais j’avais jamais vraiment trouvé la manière de décrire ça. Maintenant je pense que je sais : je t’aime. Mais tu n’es pas obligé de me le dire aussi ! C’est juste que… Je ne… Je ne veux pas te décevoir encore. Je suis contente que tu sois ici. Je suis… Soulagée que ça soit arrivée avec toi et… Et je sais que c’est beaucoup de pression d’un coup alors… Alors merci, Han… Arthur. »

Adele avait honte de ne pas parvenir à contrôler correctement ses propres paroles. D’habitude elle possédait un discours mesuré, efficace – enfin le pensait-elle – et maintenant tout s’écroulait sous prétexte que son corps lui envoyait d’étranges réflexes et sensations et que tout semblait lui glisser des doigts. Lui échapper. La perdre. Elle posa sa paume sur sa marinière et inspira, attendant presque que cela fasse quelque chose. Mais c’était encore trop tôt. Le post-it indiquait que le Dr Caine le lui avait dit. Et pourtant, tôt ou pas tôt, il était là. Quelque part.

« Par contre… Chris ? C’est qui, Chris ? » Elle marqua une pause, semblant sincèrement réfléchir, avant d’esquisser un léger sourire. « Je plaisante. Pardon, ce n’était pas drôle… ! »

Cela aurait été bien pire de ne pas se souvenir réellement de son beau-frère ! Mais Chris était important. Parfois, pendant quelques secondes, elle ne se souvenait pas l’avoir dans sa vie et l’instant d’après elle culpabilisait plus que de raison d’avoir osé cette perte. Lui. James. Des êtres qu’elle aimait plus que tout au monde. Et maintenant, Arthur. Arthur retrouvé il y a quelques mois dans l’aquarium et aujourd’hui plus lié à elle qu’ils ne l’auraient voulu. Malgré eux. Malgré…

« Désolée. » Rajouta-t-elle à nouveau. « Je m’améliorerai en plaisanterie la prochaine fois et… Oh mais … ! » Elle secoua vivement la tête. « Mais ça, ça n’en est pas une hein ! Enfin, peut-être que ça aurait été mieux mais je n’aurais jamais fait ça. C’est trop… Trop personnel et… Et important que… Rassure moi, ce n’est pas une plaisanterie ? Non ce n’en est pas une. Ca ne peut pas en être une. »

Adele avait l’impression de passer par toutes les sensations du monde en même temps. Un maelström déconcertant de positif et de négatif tandis qu’elle essayait vainement de fouiller sa mémoire. N’y tenant plus, elle se tourna de nouveau vers la table et revit les échographies. A côté, son agenda ouvert annonçait les autres dates de rendez-vous prévus. Une note qu’elle avait dû rédiger sur place. Elle n’aimait pas beaucoup les plaisanteries alors tout ceci ne pouvait qu’être vrai. Qu’être…

Une panique commença à s’emparer de son être.

« Je… Je dois… Je dois appeler le Dr Caine. Je… »

… Dois être sûre. Doit être… Son corps, comme décidant qu’il en avait assez de la voir douter de lui, décida soudain de la faire se sentir plus mal encore. Lorsqu’elle se leva, le monde se mit à tourner et ses jambes se dérobèrent tout comme son estomac. Elle fut prise d’un violent haut-le-cœur et le retint de justesse, pas comme le reste qui commença à s’effondrer pour atterrir… Dans les bras d’Arthur ! Mon dieu mais quelle impotente ! Et quelle écervelée ! Voilà qu’elle n’était même plus capable de quelque chose d’aussi simple que de se lever !

Elle respirait fort et ses doigts se crispèrent sur la veste d’Arthur.
Et, sans qu’elle ne sache pourquoi… Adèle se mit à pleurer. o_O

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________________________________________ 2018-10-29, 13:35


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Si Arthur frémit en sentant les doigts si doux d'Adèle caresser son visage, comme à son habitude, ses frissons résultaient surtout des mots qu'elle venait de prononcer. Elle le disait... si naturellement, si simplement, comme une simple évidence, un simple fait qu'elle énonçait. Malgré tout, Adèle soulignait ses sentiments sans aucun artifice, sans s'encombrer la tête avec davantage de réflexions qu'elle n'en avait déjà. Je t'ai déjà dit que je t'aime, non ? Sa voix était si douce, ses mots aussi innocents que sincères... Si Arthur n'avait pas répondu, ce n'était pas par peur, comme elle le craignait, ou parce que ce n'était pas réciproque, mais parce que le poids des sentiments lui semblait, à lui, nouveau et inconnu, et l'amour si puissant qui le frappait pour cette femme le perturbait, comme si... comme s'il n'était pas destiné, de base, à vivre une telle chose.

Il y avait peut être un peu de peur, qui résultait des pertes qu'il avait subit les rares fois où son cœur était ouvert, mais il voyait dans les yeux d'Adèle, qu'il avait retrouvé en dépit de son abandon de chercher il y a bien longtemps, qu'il pouvait s'accorder à ne plus passer sa vie à avoir peur. Arthur n'arriverait pas à changer en un jour, être ouvert et à l'aise dans ce monde, mais il avait déjà ça à chasser de son cœur comme premier pas.

Il n'eut pas de mal à esquisser un sourire. Adèle était assez maladroite lorsque les émotions la submergeait, et Arthur la trouvait aussi adorable que ravissante. Mais il ne voulait pas qu'elle se perde dans tant d'angoisses ou de culpabilité. Alors, il plongea ses yeux dans les siens avec insistance, prit sur lui pour resserrer doucement ses mains sur les siennes. Adèle, il n'y a rien de mal en toi, ou en ce que tu dis. Ça me touche beaucoup. Tu ne me décevras pas, tu ne m'as pas déçu, ne sois pas hantée par ces idées. Si je dois avoir une famille, c'est avec toi que je la veux.

Même si il ne se considérait toujours pas être prêt ou encore qualifié pour être un bon père, il était sincère. Durant les sept prochains mois, durant les prochaines décennies certainement, Arthur se demandera sans cesse s'il peut réellement être le père que mérite cet enfant, mais avec elle, il voulait bien consentir à essayer. La peur qui flottait autour de cette naissance à venir semblait s'amenuiser au fil des mots.

L'inquiétude d'un nouvel oubli se transforma vite en surprise. Adèle venait de plaisanter, quelque chose... en quoi Arthur ne s'attendait certainement pas. La précipitation dont elle faisait preuve pour se corriger et s'en excuser attendrissait de plus en plus Arthur. Oui, il préférait qu'elle ne s'effraie pas toute seule à ce point mais... elle était si mignonne. Détends-toi, tout va bien, je suis certain que c'est une bonne chose, que tu plaisante répondit-il avec un petit sourire amusé. Il ne savait pas s'il s'y ferait rapidement si cela devenait une habitude, mais il valait mieux ça que des larmes...

... qui ne tardèrent pas à arriver. La panique d'Adèle réveillait une profonde inquiétude en Arthur. Il ne savait pas gérer un tel état, mais pourtant, c'était bien à lui de l'aider, de la rassurer, la convaincre qu'il n'y avait pas besoin de raison pour paniquer ainsi. Adèle, doucement, il n'y a pas besoin de... Il voulut l'arrêter lorsqu'elle se mit debout, dans son état. Un mouvement qu'il fit au bon moment, puisqu'il put rattraper Adèle avant qu'elle ne tombe. Toujours figé par la sensation de tenir quelqu'un dans ses bras, cette fois-ci Arthur semblait plus rassuré à cette idée. Dans ses bras et près de lui, il sentait qu'il pouvait l'aider, plus qu'avec des mots. Sécher ses larmes par sa présence.

Et pourtant, il ne savait pas quoi dire. Refermant ses bras autour d'elle, son regard se perdit au loin, par la fenêtre. Il prenait sur lui pour ne pas paniquer depuis déjà de longs instants, mais il n'a jamais été préparé à ce qu'un changement bouleverse aussi rapidement sa vie, et ce que pouvait être son destin. La fois où c'est arrivé, c'était quand... il avait vu sa famille se faire tuer, et l'un de ses tentacules se faire arracher.

Que pouvait-il bien dire pour montrer à Adèle que tout allait bien, si lui même avait encore un peu de mal à le réaliser ? Plus tôt, il se sentait prêt à ne plus avoir peur... mais c'était une résolution facile à prendre, plus compliquée à mettre en application. Cependant, en s'en rendant compte, il se força à la chasser de nouveau, se rappelant de ce qui l'avait convaincu à avoir confiance.

Elle.

Adèle, je sais que c'est une promesse audacieuse. Même moi, je ne pensais pas pouvoir la faire à quelqu'un avant aujourd'hui, avant toi. Mais je le veux, alors je te promets qu'on sera heureux. Avec cette famille improvisée, et ensemble. On réussira à trouver comment, il le faudra bien. Et on y parviendra.

Il resta encore figé quelques instants, le regard toujours lancé au loin, réfléchissant sur ses propres mots. L'engagement ou les promesses, rien de cela ne ressemblait à ce qu'il avait l'habitude de faire. Adèle le poussait à devenir un homme meilleur, et rien que pour ça, il savait qu'il voulait être avec elle.

Se détachant doucement, mais toujours en la gardant près d'elle, juste assez pour pouvoir la regarder dans les yeux, il lui adressa un regard apaisant. Quand j'étais petit, nous vivions dans les ténèbres. Et on aimait ça, parce qu'on ne connaissait rien de plus que les abysses. J'ai fini par perdre les abysses, et en vivant dans la lumière, je ne voyais pourtant rien de plus que ces mêmes ténèbres. Jusqu'à ce que tu me montres la beauté des couleurs.

Avec un sourire, il leva la main, et sa peau se coloriait soudainement, prenant une teinte rose pastel, grâce aux pouvoirs qu'il avait gardé du poulpe qu'il avait été. Je suis certain que cet enfant apprendra à aimer ces mêmes couleurs que tu m'as fait voir. Il gonfla alors ses joues, qui devinrent bleues ciel, dans une grimace d'enfant, qu'il pourrait tout à faire refaire, au dessus du berceau du bébé qui naitra l'année prochaine.

En retrouvant ses couleurs naturelles, il eut de nouveau cet air tendre en la regardant. Moi aussi, je t'aime, Adèle Atkins.
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YOU'RE JUST A MAN
WITH SOME
BROKEN BONES

Voyageur égaré, j'ai traversé l'orage. Le vent s'est levé j'ai pu tourner la page. Tu m'as dit cette victoire ne s'ra pas la dernière, suis une étoile, un phare, une terre...

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________________________________________ 2018-11-30, 15:10


Dance like a flame in the fire
Don't let your heart turn into stone

Il y avait quelque chose en Arthur, une espèce de petit truc spécial, un indice invisible à l’œil nu mais qu’Adèle avait repéré dès la première fois où ils s’étaient vus. Au-delà du souvenir d’un passé commun, d’une aventure hors du commun, c’était comme une réalité nimbée d’un voile tendre qu’on ne pouvait prétendre à retirer trop facilement. Il était bourru, de mauvaise humeur régulière et piquant dans les rares paroles qui pouvaient sortir de sa bouche… Et pourtant, il n’avait jamais eu un mot plus haut que l’autre à son attention. Jamais manqué d’inquiétude quand à son bien être. Jamais… Fait de mal. Elle en était certaine, même si elle ne s’en souvenait pas complètement : Arthur était une personne en qui elle pouvait avoir confiance. Entière et pleine confiance. C’était inscrit dans ses tripes, dans son cœur et même dans ses yeux quand Adele le regardait.

Alors quand il gonfla ses joues en prenant une couleur bleutée absolument pas naturelle… Ses doutes s’envolèrent comme ils étaient venus et elle eut un hoquet amusé de surprise. Qu’est-ce que c’était que cela ?! Ses yeux passèrent de son visage à la grimace comique à sa main rosée, esquissant progressivement un sourire malgré ses larmes qui ruisselaient encore le long de ses joues. Il lui avait caché ça ! Ou alors il le lui avait déjà montré et elle avait oublié ? Aucune idée ! Mais… Mais c’était… Adèle papillonna du regard, incrédule devant une telle détente de la part de son vis-à-vis, ne pouvant s’empêcher de tendre la main pour toucher sa joue redevenue normale.

Et ses paroles… Des paroles si douces à ses oreilles que la jeune femme aurait aimé graver dans sa mémoire pour que jamais ils ne disparaissent de celle-ci. S’il existait un mode de sauvegarde pour cerveaux défectueux, Adele était preneuse ! Demain serait un autre jour, un autre manque de souvenirs, un autre temps effacé pour toujours ou stocké dans un endroit bien trop lointain pour qu’elle l’atteigne… Mais peut-être que son cœur se gonflerait quand même quand elle verrait Arthur ? Peut-être que son corps se souviendrait, lui, de ces mots qu’il venait de prononcer sans qu’elle ne soit certaine qu’ils aient déjà été dits.

Sa bouche ne put s’empêcher de se relever sur les bords dans un sourire tendre. Infiniment doux. Adorablement sincère tandis qu’elle se remettait un peu à pleurer. Pour une toute autre raison cette fois, même si elle avait déjà oublié la première.

« Tu es quelqu’un de bien Arthur. » Murmura-t-elle, sa main toujours sur sa joue. « Et… Je crois que c’est tout ce que j’ai à dire parce que, parfois, il suffit de trois mots pour combler un gouffre et éviter que tout ne s’effondre. »

Elle voulu ajouter quelque chose mais, comme elle avait dit qu’elle se tairait, elle préféra le faire que de passer pour une menteuse ou une idiote. Le fixant, à l’abri de ces bras qui la tenaient près de lui sans qu’il ne semble disposé à la repousser de trop, elle fini par se hisser sur la pointe de pieds pour venir déposer un baiser doux et chaste sur ses lèvres. Simple contact. Simple sensation, mais délicieuse et douce sensation.

Adele attendit à peine un instant avant de glousser et de se mettre un peu à rire, son cœur baigné dans un océan de paresse onctueuse et de langueur doucereuse soudain. Le monde pouvait s’effondrer qu’elle ne l’aurait même pas remarqué ! Enfin, la réalité se rappela bien vite à eux par la présence inéluctable d’une entité en train de grandir tranquillement en elle pendant qu’ils tentaient de se dépêtrer du nœud fatal qui les attendait. C’était comme marcher sur une corde raide au-dessus du vide… Et se dire qu’il y avait malgré tout un filet. Petit. Plus bas. Mais un filet quand même.

Ca suffisait et ça passerait, sans doute.

« Tu peux le refaire ? » S’amusa Adele, appuyant sur les joues d’Arthur. « Parce que je n’ai pas bien vu la première fois et j’ai peur d’oublier cette… Mémorable image de toi en train de grimacer à en changer de couleurs ! Je ne savais pas que tu pouvais faire ça ! C’est par rapport au fait que tu sois un poulpe ? Tu craches de l’encre aussi ou bien est-ce que ça s’arrête là ? Est-ce que tu es le seul à le faire ? C’est sur commande ? C’est trop adorable ! »

Voilà qu’elle s’emportait de nouveau mais comment lui en vouloir de saisir la moindre opportunité qui apporterait un peu de bonheur, même éphémère, dans sa vie ? Si elle devait oublier tout ce qu’il se passait au fil des heures, Adele était du genre à saisir l’opportunité quand elle se présentait. Peu importaient les risques ou les conséquences, si ça pouvait la rendre heureuse ou profiter à quelqu’un, elle le faisait. Parce qu’on ne devait jamais s’interdire le bonheur par culpabilité, la vie était suffisamment bien cousue pour apporter aussi bien son lot de malheur que sa part de bonnes nouvelles.

Et ce qui leur arrivait n’était peut-être pas la chose la plus désespérée en fin de compte ?

« Tu veux… Voir de plus près ? » Proposa-t-elle timidement, désignant les carrées sombres des échographies. « On ne voit pas encore grand chose mais… Si ça te dit ? Ou bien tu les as assez vues peut-être ? Parce qu’il est tard, tu dois peut-être aller te coucher ? Quelqu’un t’attend ? Ah non, on avait rendez-vous donc c’était moi qui t’attendait... Peut-être que tu ne veux pas rentrer trop tard ? Sinon tu peux rester ici ! Je crois que je serais très contente que tu restes ici, si l’idée t’en dis. N’y voit rien d’obscène, promis, je n’ai d’autre motivation que celle de ta compagnie ! De toute façon, je crois que je vais rendre mon repas si je continue à parler alors je vais… m’asseoir… Un peu. Voilà. »

Elle joignit le geste à la parole, se réinstallant sur la chaise. Elle joignit ses mains sur ses cuisses à défaut de pouvoir les reposer sur la veste d’Arthur. Penchant la tête sur le côté, le teint un peu pâle, Adele sourit cependant de nouveau en le voyant devant elle.

« Quelle… aventure. » Soupira-t-elle, comme si elle réalisait l’exploit qu’ils venaient de faire, mais visualisait aussi celui qui les attendait. « Nous voilà… Parents. Enfin, futurs parents. Je crois que j’ai besoin d’un peu de thé. »

Aussitôt elle se releva, oubliant complètement pourquoi elle s’était reposée précédemment. Malgré le léger tournis qui la pris, elle passa à côté d’Arthur et posa doucement sa main sur son bras, se permettant de le dévisager comme s’il était inscrit sur son visage tout le fond de ses pensées. A nouveau la chaleur dans sa poitrine. A nouveau un débordement émotionnel qui la fit renifler pour retenir des larmes intarissables, s’efforçant de faire bonne figure même si le simple fait de l’avoir en face d’elle lui donnait envie de le serrer et de ne plus le lâcher. Pas de sitôt.

« Je te fais une tasse ? Je dois avoir quelque chose à manger au frigo si tu as faim… Je m’excuserai au restaurant pour notre absence, tu te rappelles auquel on avait prévu d’aller ? »

Elle se tapota le menton de l’index. Une fois la réponse obtenue, elle se dirigea vers la cuisine.

« Je ne sais pas ce que je ferais si tu n’étais pas là. »

Chuchota Adele à l’attention d’Arthur après être revenue quelques pas en arrière.

Ce grand dadais qui partageait son existence dans une vie et désormais dans l’autre. Un homme qu’elle avait, malgré elle, plongé à pieds joints dans sa vie et qui allait devoir faire avec comme elle s’y habituerait. Il pouvait s’enfuir à tout instant. Il pouvait en avoir marre à tout instant. Il pouvait l’engueuler, renverser les meubles de colère, ou bien simplement l’entourer de ses bras pour lui signifier sa présence. Il pouvait être lui-même et en même temps quelqu’un d’autre dans son esprit l’instant d’après. Mais il restait toujours celui qui faisait battre son cœur et sourire son âme. Elle en était convaincue. Même si elle ne savait plus trop pourquoi en cet instant.

Fixant la théière qu’elle venait de mettre à bouillir, la jeune femme était très sincèrement en train de se demander si elle n’avait pas un rendez-vous ce soir, mais dont elle ne se souviendrait pas… L’index sur sa joue et se mordant la lèvre, elle revint au petit salon et paru surprise d’y trouver l’ancien poulpe.

« Arthur ! » Portant la main à son cœur qui tambourinait. « Qu’est-ce… Quelque chose ne va pas ? Qu’est-ce que tu fais là ? Oh ! On avait rendez-vous ?! »

Tout de suite elle se sentit paniquer, levant les yeux vers la petite horloge murale à la recherche d’un post-it ou d’un indice. Puis elle fronça les sourcils, son esprit tournant à vive allure pour tenter de rattraper le temps perdu en cours de sauvegarde.

« Est-ce que… J’ai encore oublié quelque chose, c’est ça ? »

Un soupire plus tard et elle se passait une main dans les cheveux, se mordant l’intérieur de la joue en essayant de se rappeler pourquoi il avait une mine un peu d’enterrement et qu’elle… Elle emblait avoir pleuré. Oh non, ils ne s’étaient pas séparés au moins ? Mais… Est-ce qu’ils étaient seulement ensemble en fait ?!


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________________________________________ 2018-12-30, 13:02


« I see your true colors, shining through »
Arthur esquissa un léger sourire. Je me serai effondré il y a bien longtemps si tu n'étais pas là, tu n'as même pas besoin de parler pour combler ces gouffres. Je ne sais pas si je suis quelqu'un de bien, mais toi tu l'es. Une bien meilleure personne que je ne le serai jamais.

Si ce n'était pour elle, Arthur ne se serait pas imaginé parler ainsi à quelqu'un. D'ailleurs, elle était bien la seule qui parvenait à lui arracher autant de sincérité, à lui ouvrir le cœur avec autant de facilité. La peur de ne pas la rendre heureuse venait principalement de l'étonnante capacité qu'avait Adèle pour rendre heureux quelqu'un d'aussi négatif que l'ancien poulpe. Et pourtant, il ne se croyait même pas éligible au bonheur, alors si c'était possible pour lui, elle le méritait au centuple. Arthur le lui devait bien, et si ça redoublait la pression qu'il avait quant à l'idée de devenir père alors qu'il ne savait pas s'il était prêt, cette simple idée lui donnait au moins un peu de courage.

Il appréciait les frissons qui le parcouraient quand sa main caressait la peau de son visage, quant à la douceur de ces baisers, elle n'avait pas de prix. A présent, chacune des douleurs qu'il ait pu ressentir semblaient valoir le coup pour l'avoir mené jusqu'à elle. Le chemin n'était pas facile, loin de là, mais cette difficulté avait une douceur si agréable qu'il pouvait bien l'affronter. Pas pour lui, surtout pour elle. Et ce petit être qui était le sien, le leur.

Les sourcils levés trahirent la surprise d'Arthur lorsque, amusée, Adèle lui demanda de modifier ses couleurs une seconde fois. Son air amusée et la précipitation de ses questions lui tirèrent un petit rire, et, à deux, ils réussirent à alléger l'instant qui avait démarré avec des larmes et de la panique. Crois-moi, on a toute la vie devant nous pour que tu puisse le revoir, lui répondit-elle simplement en riant. Storybrooke m'a gardé la mélanine de poulpe mais l'encre risquait d'être mal vue. Et... Un nouveau rire, à cause de la déferlante de questions qu'elle venait de lui lancer, fidèle à elle même. Je ne sais pas si d'autres anciens animaux ont des capacités de camouflages. Disons que ça m'a surtout permis de me cacher au lieu de me montrer, précisa-t-il en rendant, l'espace de quelques secondes, sa tête entièrement invisible avant de reprendre ses couleurs.

Arthur prit quelques instants pour plonger ses yeux dans ceux d'Adèle, un sourire fixé sur son visage. Il avait si peu de moments comme celui-ci, ne les partageant d'ailleurs qu'avec elle. Il les appréciait fortement, faisant s'envoler tout ce qui l'angoissait. Il prit la main d'Adèle, d'ailleurs ravi qu'elle prenne le temps de souffler en s'asseyant, serrant affectueusement son emprise. Adèle j'ai tout mon temps pour moi. Littéralement. C'était même l'avantage d'être le responsable de son lieu de travail, il pourrait rester avec Adèle et être en retard, ça ne serait pas reproché. Et son seul responsable hiérarchique, Lily, ne le ferait pas non plus. Ce n'était pas non plus comme s'il avait un meilleur endroit dans lequel aller, ne vivant pas dans le luxe. Si Adèle voulait qu'il soit là, Arthur le voulait aussi.

Alors, il prit une grande inspiration, et prit les échographies pour les observer. Une étrange sensation prit son ventre en parcourant ses yeux sur les feuilles noires et blanches. Du stress, c'était certain. Davantage maintenant d'ailleurs, puisque c'était presque concret, ce qu'il observait. Il observait la silhouette d'un futur être humain dont il serait le père, et si l'idée théorique avait déjà eu de quoi le faire paniquer, ces images toutes simples qui devenaient moins abstraites pouvaient lui en donnait plus de raison. Et pourtant il n'y avait pas que de ça. Une certaine fascination aussi. Peut-être déjà de l'amour et un début de bonheur. Il y avait milles raisons d'avoir peur. De la réaction de Chris, par exemple. Mais ce semblant de bonheur eut l'effet de chasser tout le reste pendant un instant.

Arthur était, à sa propre surprise, content, lui semblait-il.

Il senti la main d'Adèle sur son bras, alors qu'il perdait son regard sur les images qu'il tenait dans sa main. Ne t'inquiète pas pour moi, fais attention, d'accord ? lui dit-il sur une voix douce mais un air distrait par ce qu'il observait.

Les idées se bousculaient en regardant les échographies. Serait-ce une fille ? Si c'était le cas, saurait-il être le père d'une fille alors qu'il n'avait certainement pas l'expérience adéquate pour s'en occuper ? Enfin, le pourrait-il si c'était un garçon ? Lui n'était même pas humain depuis toujours. Adèle ne savait pas si bien dire, quelle aventure, un chapitre entièrement inédit autant pour elle que pour lui, sur tous les plans. Se jeter dans le vide paraissait si effrayant. Mais avoir peur ne semblait plus si grave, pour la première fois.

Il se rendit compte de son erreur maladroite lorsqu'Adèle revint, en ayant oublié. N'aurait-il du pas aller faire le thé à sa place ? Sans paniquer, il se leva pour s'approcher d'elle, et lui prendre sa main. Ce n'est pas grave si tu oublies. Si tu te souviens que je t'aime, alors tout le reste viendra.

Il prit l'échographie qui était sur la table, pour la confier à la main d'Adèle. Puis, il plongea de nouveau ses yeux dans les siens. Tu n'es pas seule. Encore moins maintenant, rajouta-t-il sur un petit rire. Et lui non plus, alors il lui devait cette compagnie.

Il retira le bouton de sa manche gauche, pour y retirer sa montre. Elle était tout simple, très peu chère, et ne faisait rien d'autre qu'affichait l'heure, mais c'était la sienne, et dans ce cas précis, c'est tout ce qui importait. je t'offrirai mieux qu'une montre toute bête, quand je le pourrai. Aujourd'hui, je veux juste que tu la prennes. Quand tu oublies, tu la regarderas, et tu sauras que tu n'es pas seule.

Il n'était pas le plus entreprenant des deux, mais cette fois-ci, ce fut à son tour de se pencher pour l'embrasser.

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