M'opposer à toi rendra le jeu meilleur

Cette île avait quelque chose d’apaisant et d'excitant à la fois. Neverland remplissait tellement de légendes, que j'en avais une certaine fierté à me tenir debout sur celle-ci. D'après les certaines lois qui rentraient en vigueur ici, je n'avais pas le droit de venir là. J'étais un pirate, il y a nombre de choses que j'ai accompli que je n'ai pas le droit de faire en théorie.

Je n'avais pas dirigé mon bateau vers Tortuga, afin d'être davantage discret. Mais cette île était puissante, il était bien évident que l'on avait vent de ma venue depuis que j'étais arrivé sur ces mers. J'en souriais à cette idée. Me voilà dans un nouveau chapitre qui s'annonçait mouvementé. Tant mieux. Je ne vis pas pour la facilité monotone, mais pour les jeux et enjeux que je pouvais trouver toujours par delà l'horizon. En voilà de nouveaux, nombreux.

J'avais indiqué à l'équipage qui m'accompagnait de rester sur le navire, pour le surveiller et le protéger, étant loin d'être le premier bateau de pirates à être arrivé sur cette île. Mais je devais avouer que c'était la perspective de cette odyssée qui me poussait à gouter à son aventure seul.

Me voilà ainsi dans la flore dense de Neverland, en quête du trésor que je venais trouver. J'étais un collectionneur, j'amassais les plus grands joyeux du monde, autant que je le pouvais, principalement pour ma collection déjà grande, parfois pour du commerce. Il ne fallait pas croire, les pirates faisaient vivre une part de la mondialisation et la vie économique des terres des contes.

J'haussais les épaules, cette justification me suffisait. Tant que je respectais le code d'honneur, je n'avais pas de tourments à avoir.

Cette île, fascinante, semblait vivre, respirer, avoir un cœur qui bat, le tout autour de moi, m'observant d'une aura défensive ou protectrice. Il y avait milles et un bruits qui résonnaient autour de moi, témoignant de la vie multiple qu'habitait ce genre de jungle dans n'importe quel monde. Et cela devait me faire redoubler ma vigilance. Concentré sur mes pas, je l'étais aussi sur cette ambiance sonore, triant chaque seconde tous les sons que j'entendais.
Et cela portait ses fruits : j'étais suivi.

Je m'arrêtais donc un instant, attendant le bon moment. Puis enfin, sourire aux lèvres, je dégainais mon épée soudainement pour me retourner et la placer sous le menton de la personne qui était à mes trousses.
Ce que je vis m'avais surpris.
J'aimais les surprises.

Khloe ? Tiens donc, voilà qui est inattendu.

J'attendis quelques secondes avant de baisser mon épée. Je la connaissais depuis Storybrooke. C'était une amie, une amie que j'appréciais mais dont je ne m'attendais certainement pas à voir ici.

Oh, attends. Neverland, toi, tes cheveux sont blonds. Les légendes sont les mêmes presque partout. Tu es la célèbre Fée Clochette ? D'accord, je ne m'y attendais pas. Chapeau, c'est agréable de se faire surprendre de temps en temps.

Je rangeais alors mon épée dans son fourreau, et croisait les bras, la regardant dans les yeux.

Donc notre rencontre n'est pas un hasard, n'est-ce pas ? Tu viens m'arrêter pour ce que je m'apprête à faire ? Je m'attendais à une opposition, mais m'opposer à toi rendra le jeu meilleur, lui fis-je avec un clin d’œil et un sourire espiègle.

M'opposer à toi rendra le jeu meilleur

Ce ton assuré, cette allure forte, je souriais, satisfait d'observer la prestance de Khloe. Je me surpris à constater qu'elle pouvait me plaire. Quel dommage qu'elle soit là pour représenter les autorités venues m'arrêter. Quel dommage... presque, je maintenais une chose : il sera très plaisant de devoir m'opposer à quelqu'un de sa trempe.

Je riais à sa remarque sur les pirates. Tu serais étonnée de voir qu'il y en a de très intelligent alors. Si si, je t'assure, y a quelques lumières dans le domaine, faut pas croire ! Lui fis-je avec un sourire amusé et complice.

Je décroisais alors mes bras à la suite de son discours, écoutant malgré tout attentivement ce qu'elle me disait, sans me départir de cet air satisfait. Que d'honneur tu me fais là, ma belle. J'ai l'habitude de soldats venus m'escorter au roi, mais toi tu veux que je rencontre Pan. Je suis touché.

Et sur sa dernière remarque, je me retournais pour continuer mon chemin, sans prévenir davantage. Tu as raison, rien n'est amusant si nous restons là à se regarder. Alors, ma chère,
qu'est-il prévu ? Un combat où une course poursuite ? Je m'en voudrai de te combattre en te sachant sans épée. Tu en as une ?

Et pour la seconde fois, je lui fis un clin d'oeil en tournant ma tête vers elle. Commençons à s'amuser. Trésor, tu sais qu'à la fin je vais partir avec cette poussière, n'est-ce pas ?

Toujours en sachant qu'elle devait évidemment me suivre, je continuais à marcher sereinement en analysant le chemin. J'observais quelques arbres, avant de bifurquer un peu vers le sud en écartant quelques feuilles, en prenant soin qu'elles ne retomberaient pas sur le visage de mon amie.

Ah, ça sera intéressant comme duel, tu as l'avantage, je n'ai pas la chance de connaître l'endroit. Je me défendrai en découvrant le terrain donc.

En chemin, j'arrachais sur un arbuste une poignée de baie, que je fourrais dans une poche. J'espère que vos fruits sont empoisonnés, ça peut toujours servir, un jour. Alors, quand commençons nous ce duel ?

Oui, j'étais un effronté plein de culot. Et ça m'amusait.

M'opposer à toi rendra le jeu meilleur

Je restais fidèle à moi même, et, décidément, ne m'était toujours pas décidé à abandonner cet air vicieux et amusé, rempli de toute la malice dont je savais faire preuve. J'avais toujours aimé le danger, les duels, faire face à mon ennemi était pour moi bien plus un jeu qu'un réel enjeu de toute une vie. Mais pourtant, c'était légèrement différent avec elle. Bien plus excitant, bien plus tentant.

Ulysse je ne suis pas venu jouer avec toi et je ne te laisserais pas récupérer cette poussière.
C'est pourtant là tout ce qu'il te manque, un peu de jeu dans ta vie. Cesse de te concentrer sur les enjeux, on ne sait jamais ce qu'il se produira demain. J'avais tourné mon visage, pour lui sourire en la regardant droit dans les yeux. Il serait fort dommage que tu viennes à rider ce sublime visage à toujours froncer les sourcils, chérie.

Vicieux, inconscient ou culotté, je continuais tout de même ma marche, en dépit des intentions de la fée. Je préférais attendre qu'elle vienne m'attraper, c'était bien plus divertissant ainsi. A quoi pourrais me servir de la poussière de fée ? Khloe, j'en tombe des nues, tu es une fée, tu devrais le savoir.

Je levai les yeux au ciel, en espérant qu'elle faisait de même. Et alors, du bout du doigt, je caressais du bout de l'index, à distance, les étoiles. Pourquoi vous devriez garder la possibilité de se rapprocher du plus beau des océans ? Je trouve ça légitime de jalouser votre capacité de pouvoir voler dans les infinies du ciel. Je collectionne les trésors Khloe, à défaut de pouvoir capturer les étoiles, je viens chercher ce qui me permettra de me rapprocher d'elles.

Et alors que nos regards étaient rivés vers les étoiles, j'avais baissé le mien vers ses yeux si magnifiques, dont les prunelles brillaient, étincelantes, bijoux dans la nuit. A cet instant, je m'étais senti comme dans l'une de ses étranges séries télévisées, à cet instant où une musique s'élève pour recouvrir la beauté de la scène. J'étais un explorateur et chasseur de trésors. Et soudainement je vis qu'il y en avait un. Juste là.

Mon regard n'était plus amusé. Il était fasciné.

The stars that shined in your eyes
Don't let them go by
Fly on you golden girl...

J'avais alors repris la parole, reprenant contrôle des étranges sensations qui m'avaient hanté, le tout en l'espace d'une seule seconde pendant laquelle j'avais pu voir ses yeux pleins d'étoiles...

Tu me laisserais vraiment tomber d'une falaise ? Je ne te crois pas, tu es une fée. Mais tu as raison, je ne connais pas l'ile. Je lui faisais face, croisant les bras. Je voulais la défier du regard, mais la fascination que j'y avais ne s'en était pas allée. Alors guide moi.

M'opposer à toi rendra le jeu meilleur

J’avais grandit dans un monde des contes si reculé des territoires magiques qu’elle n’y vivait que dans les récits fictifs. On ne savait pas qu’elle existait, nul part ailleurs que dans les histoires que personne n’aimait lire, à part moi. Une terre de sciences où j’avais eu le loisir de les découvrir presques toutes, avec une famille qui se passionnait pour tout ce qui correspondait à ce domaine.

J’étais l’exception du pays, bien que je me gardais de le montrer. Je rêvais quand mes frères restaient rationnels, je regardais l’horizon quand mes parents me disaient de regarder mes livres d’études. Mais parmis toutes les sciences que je pouvais voir dans le pays, il y en a bien une qui m’interessait. Plus, qui me fascinait, me passionnait, et avait toute mon intention. L’astronomie. Quand mon père m’emmenait dans les montagnes (c’était bien là la seule raison qui l'encouragent à faire de la randonnée) afin de pouvoir observer le firmament nocturne, pour pouvoir admirer les joyaux du ciel au-dessus des nuages quand il y en avait afin de ne pas être gêné par ceux-ci, je ne voulais plus descendre en ville.
Je savais que mon père les trouvait belles, les étoiles, mais il ne s’y intéressait que pour l’étude du monde extérieur. Moi, ce n’était pas pareil. C’était certainement la plus belle chose que j’avais pu regarder dans mon existence.

J’étais un pirate qui chassait les plus grandes beautés du monde. Un collectionneur, certainement le seul de mon espèce. C’était la meilleure façon de faire rêver mon esprit : rencontrer et collectionner ce que la vie avait de magnifique à offrir.
Ce soir, je m’étais rapproché de la plus belle beauté que le ciel pouvait m’offrir. Et j’en avais découverte une autre que je n’avais pas soupçonné jusque là.

Bien plus tard, je m’étais dit que j’étais ridicule, et que mon honneur et ma dignité s’en étaient retrouvés abimés, avec l’expression émerveillée qui me ramenait à l’enfance, les yeux rivés vers le ciel. Tout en moi chantait un millier de mélodies toutes ensemble. Pendant un instant, je n’étais plus un pirate. Je n’étais plus que Ulysse.

J’ose à peine croire que les fées se surprennent encore de toutes les tentatives de vol de ta poussière. N’avez-vous donc pas conscience du rêve qu’est votre existence ?

Un air moqueur et amusé se dirigea vers elle. Et tu t’inquiétais pour quelques rides ? Vous êtes vraiment un mystère, Khloe Bell.

Je m’étais surpris à ne plus observer les étoiles. Mon regard était fixé sur elle, juste elle, ses cheveux blonds qui flottaient au gré du vent, son aura illuminée par la poussière de fée. La suite ? Tu as prévu tout un safari céleste ma parole. Sache que je suis toujours prêt, jour et nuit, sur la mer ou dans les cieux. Et, avec un sourire toujours amusé et un regard prononce : En compagnie de pirate ou d’un ange.

Je jetais un regard vers l'île bien plus sous nos pieds. Je crois toujours, de toute façon, que si je venais à m’écraser, tu ne pourrais pas le permettre, fis-je, avec, je l’avoue, un ton provocateur.
Rattrape moi si tu peux ! Et sur un dernier rire, le corps agile et habitué de Khloe s’éloigna à toute vitesse, dans une vivacité que j’apprenais propre à son espéce.

Tricher est-il l’un de tes dons ?! M’écriai-je avant d’entreprendre de la poursuivre, sur un timbre de voix outré, bien que la situation me faisait, à moi aussi, rire.

Je ne savais pas que l’espace de quelques instants, on pouvait cesser d’être pirate pour ne être qu’homme.

En voilà une drôle de femme.

J’appris, avec soulagement, que le vol en poussière de fée était plus ou moins instinctif. Les pensées agréables dont elle me parlait en étaient-elles la cause ? Le rêve comme moteur principal, toute sa vie était donc une immense poésie.

J’avais fini par cesser de la poursuivre pour bifurquer à droite en tentant d’anticiper une virage, afin d’enfin me retrouver devant elle. C’est bas de provoquer un homme à la course dans son propre domaine sans équité ni loyauté, très chère, affronte moi sur la mer, et tu comprendras ! Je ne l’avais pas rattrapé, mais la couper dans son élan sera ma victoire. Je pense savoir pourquoi tu n’avais même pas conscience de la valeur de la poussière de fées aux yeux des pirates. Les Indiens d’Amérique n’avaient pas la même attirance pour l’or avant que les Espagnols ne leur impose leur culture.

Je tournais sur moi-même, écartant les bras, indiquant et observer tout ce qui nous observait. Le ciel, l’océan, l'île, les étoiles… Tu vis dans un trésor ! Comment s’importuner de telles pensées matérialistes ? On ne peut pas rêver de quelque chose lorsque l’on se trouve déjà à l’intérieur du rêve.

All I want is to fly with you
If it’s impossible, it’s not impossible !
How do we rewrite the stars ?

Et quel rêve… nous pourrions réécrire les étoiles avec une telle existence.

M'opposer à toi rendra le jeu meilleur

Ah oui ? Fis-je avec un sourire intrigué, tenté et joueur, lorsqu'elle me confessa être à l'aise sur la mer. Tu peux voler, et tu t'y connais sur mer aussi... Khloe, êtes vous la femme parfaite ? Je ne pouvais pas (et ne voulais pas spécialement non plus) nier que Khloe était séduisante. Je n'y pouvais rien, j'étais un explorateur, collectionneur des trésors par amour de la beauté. Et un trésor, c'était ce que cette fée était. Mais pas n'importe quel trésor vulgaire que l'on entreposait, un trésor avec qui on devait vivre. Ce n'était plus voler qui me faisait rêver à cet instant. C'était de pouvoir voler avec elle.

C'est là que j'avais réalisé que toute ma vie désormais, ce sera après son cœur que je m'élancerai. Si l'existence était un jeu comme j'en étais persuadé, elle en sera la récompense. C'était une certitude : cette femme, c'était celle dont j'avais besoin.

Et bien, quelqu'un s'entend très mal avec les pirates ici, fis-je sur un ton moqueur. A juste titre, j'imagine bien. Tu as raison, je dois l'avouer, pour certains d'entre eux. Suis-je un de ces pirates, à tes yeux ? Rajoutai-je alors avec un sourire charmeur et un clin d’œil.

Oui, moi aussi, en rejoignant l'ordre des pirates, j'avais fait des choses peu recommandables. Mais je ne me suis jamais senti comme ces pirates qui préféraient se ranger derrière leur colère ou leur rage. J'avais ma fierté, c'était certain, et la soif des richesses, certes. Mais je savais rêver, moi. Elle aussi. On le voyait facilement à ce sourire qu'elle avait lorsqu'elle avait rejoint le ciel, ou à cet instant précis, alors qu'elle regardait cet île comme sa protégée. Je souriais à cette image. C'était certain, j'allais épouser cette femme, et ne m'arrêterai pas tant que je n'y arriverais pas.

Donc tu me retire le droit de voler, alors que j'étais si content ? J'avais demandé ça sur le ton de la plaisanterie, en feignant la voix d'un enfant qui boudait. Bon, je suppose que je devrais revenir t'embêter souvent, si je veux toucher les étoiles encore longtemps.

J'étais toujours le même. Le même pirate qui continuera de voguer sur les mers à bord de l'Imaginaire, pour connaitre toutes les richesses du monde. Toujours persuadé aussi que les pirates avaient leur place dans l'enjeu économique de ce monde, et toujours persuadé que ce n'était qu'ainsi, pirate libre, que je pourrai vivre que ce que je voudrais vivre. Tomber amoureux d'une ancienne connaissance n'était pas sur mes plans, mais ça m'allait très bien. C'était avec elle que je voulais voguer, et en attendant, c'était vers elle que je voguerai.

Je tournais autour d'elle un instant, regardant d'abord l'ile avec la même attention qu'elle lui portait, et puis la beauté de l'océan qui charmait tous pirates, apréciant l'horizon qui était étendu bien plus loin que je ne pourrais le voir sur n'importe quelle terre. Jusqu'où tes ailes t'ont déjà porté, Khloe ? Et tout en continuant de parler, je levais les yeux vers le ciel. J'avais toujours jalousé les étoiles, pour vivre dans un monde qui n'était pas celui-là, alors que moi, j'étais limité, sans jamais pouvoir toucher les trésors infinis du ciel. Peux-tu toucher les étoiles ?

Je finis par me retourner, face à elle. Parce que j'avoue que ce serait un rêve formidable. Mais je ne peux pas me lancer dans une telle quête. Comment puis-je aller vers les étoiles seul, si je dois rester près de toi pour continuer à gouter à ce trésor ?

Je lui adressais un nouveau sourire charmeur, mais également amusé, tandis que mes yeux se plongeait dans les siens.

Je ne peux pas savoir comment un homme peut-il s'empêcher de tomber amoureux de toi. Et enfin, caressant son visage, j'avais rapproché le mien pour poser mes lèvres sur les siennes, tous deux suspendu dans le ciel nocturne de Neverland, l'embrassant tendrement, avec toute la délicatesse qu'elle méritait.