« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
A mon signal déchaine les enfers. Cette phrase aurait pu résumer à elle toute seule l'état d'esprit dans lequel se trouvait Aster depuis quelques jours. Depuis ce rêve bizarre en fait. Rêver de la fille de son pire ennemie, il fallait le faire quand même. Particulièrement dans des circonstances pareilles : Le Kama Sutra, fifty shades of grey, des sex toys et pourquoi pas un porte jarretelle tant qu'il y était ? Deux choix s'imposaient à lui : soit c'était un sale tour de ce fichu cancrelat des cavernes, soit c'était Sab qui était les responsable. Et en fait, le marchand de sable était l’élément le plus réaliste. La brioche n'aurait jamais inclut sa fille même dans un cauchemar destiné à l'un des gardiens.
Sab n'était pas méchant. Un peu malicieux, mais dans le bon sens du terme. Il représentait toute l'innocence de l'enfance. Ce n'était pas son genre de s'amuser aux dépends des autres. Encore moins l'un de ses amis. Néanmoins, une petite visite s'imposait. Juste pour savoir si son ami était derrière tout ça ou pas. Après quoi, il serait fixé. Et tant qu'il n'aurait pas l'esprit tranquille. Il n'arriverait pas à se concentrer sur une autre tâche. Hors comme l'anniversaire de la rouquine approchait très vite, il s'était mit en tête de lui faire un cadeau. Anna n'était pas uniquement, son ex apprentie. C'était également, comme une petite soeur en quelque sorte. Même s'ils apprenaient encore à "s'apprivoiser". Il savait qu'elle aimait les vieux mangas, et particulièrement "Sailor Moon" aussi avait-il songé à lui commander une figurine de l'une des héroïnes du manga : Sailor Saturne.
Et s'il voulait ne pas faire de bêtises dans sa commande, et se retrouver avec un truc à la con qu'il n'avait pas commandé, et lui ferait à tous les coups s'énerver. Mieux valait régler cette histoire au plus vite. C'est donc avec un soupire d'exaspération, qu'il se décida à sortir de chez lui et de s'installer au volant de sa camionnette. Direction : la boutique de Sab. C'était encore ce qu'il y avait de mieux à faire. Décidant d'allumer la radio afin d'avoir un peu de musique, il tomba malheureusement, sur la station historique de la ville. L'animatrice était en train de leur faire un exposé sur l'empereur Titus. Pas que ça ne l'intéressait pas mais si quand même. Aussi changea-t-il de station sans grand succès, puisque la suivante parlait chiffon : "Les Toges in ou out ?" comme il s'en foutait encore plus que de Titus, il se résigna à mettre un cd.
C'est donc d'une voix rauque, que le chanteur digne d'une B.O de West Ern entamait son premier couplet, pendant que l'ex lapin repensait à ce rêve étrange. Le mieux n'était d'en parler à personne d'autre que Sab. Cet abrutit de Frost serait capable de se foutre de lui à n'en plus finir. Lui faisant regretter d'avoir un boomerang et non un glaive. Il enviait la rouquine et son épée des fois. Elle arrivait mieux que lui à se faire respecter par l'autre congelo sur patte.
Comme il n'avait pas envie de tergiverser pendant trois cent cinquante ans, là-dessus il se décida simplement à se concentrer sur la route. Il n'y avait personne à cette heure ci. Les gens étaient pour la plupart au boulot. Lui il avait accordé un congé aux deux boulettes qui bossaient avec lui. Encore une fois, la faute à ce foutu rêve. Impossible de faire son job correctement ça le travaillait trop. Ce qui l'exaspérait pas mal soit dit en passant.
Toute cette histoire l'agaçait passablement d'ailleurs, à bien y réfléchir. C'était sans doute pour ça, qu'il effectuait un incessant tapotement nerveux sur le volant de sa voiture. Et sans doute également pour ça, que le dit volant était serré comme si la vie d'Aster en dépendait. C'était ridicule. Il s'en faisait sûrement pour rien. Sab avait sûrement voulut lui faire une plaisanterie et n'avait pas pensé à mal. Il en était incapable. Mais disons que mettre les choses à plat serait mieux. Comme par exemple lui dire que c'était très gentil à lui, mais que s'il pouvait à l'avenir éviter d'y inclure Nightmare il ne serait pas contre.
Il roula pendant un moment, pour finir par se garer non loin de la boutique de son ami. Le gardien de l'espoir descendit donc de sa camionnette et se dirigea vers l'entrée pour la trouver...Fermée. Comme quoi le destin avait manifestement décidé de lui pourrir la vie. Il se retint de pousser un chapelet de juron, et se retourna pour apercevoir la silhouette "familière" de Nightmare.
Et merde...Qu'on ne vienne pas lui dire qu'elle aussi elle avait ce rêve. Il avait pas besoin de ça. Pas en ce moment, et pas aujourd'hui.
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Le rêve étrange que j’avais fait quelques nuits plus tôt me perturbait encore. Rêver d’un possible Gardien, m’amuser de la situation, mais pas de la façon habituelle… M’amuser avec un Gardien… Rien que cette phrase me faisait frissonner d’effroi. Pourtant, je ne pouvais nier que ce rêve m’avait donné envie… D’expérimenter de nouvelles choses, de voir jusqu’où ça pouvait me mener… Mais cela resterait une envie secrète. Je ne pouvais pas me permettre de me laisser aller à divaguer vers ce genre de choses. C’était impossible.
Ce qui était plus dans mes possibilités en revanche, c’était d’aller voir le Marchand de Sable. Ce petit nain de jardin lumineux allait apprendre à voir son envie de m’emmerder passer et vite. Il était hors de question que Sable puisse se permettre d’envahir mes nuits. D’ailleurs, depuis tout ce temps, je ne comprenais même pas comment et pourquoi il était venu troubler mon sommeil… Enfin, dans les faits, je savais comment, mais c’était complètement idiot puisqu’il ne s’était jamais intéressé à moi jusqu’à présent.
Plutôt que de me perdre en conjecture, je me décidai enfin. J’enfilai une veste et parti d’un bon pas vers la boutique du Marchand de Sable. Mon pas était si déterminé que mes talons résonnaient avec force sur le pavé. Les gens me regardaient un peu étrangement, mais je m’en fichai pas mal. Ce qui était amusant, c’était de les voir parfois changer de trottoir plutôt que de risquer de me croiser. Je devais dégager une aura assez combattive et cela suffisait pour faire fuir certains habitants de la ville.
Je venais de tourner au coin de la rue qui menait vers la boutique de Sable quand je m’arrêtai net. C’était impossible… Ce qui était un simple rêve commençait à prendre des perspectives que je n’avais pas prévues. Comment pouvait-il être là ? J’étais réveillée et je le savais parfaitement. Alors quoi ? J’hallucinais ? Je ne croyais pas que cela soit le cas pourtant… Je tâchais de reprendre rapidement le contrôle de moi-même et m’approchai, déterminée. Au moins, j’allais sans doute avoir quelques réponses.
- Pinpin ? M’enquis-je rapidement. Comme c’est étrange… Tu n’étais pas qu’un rêve au final. S’en est presque décevant. Ajoutai-je avec une moue déçue.
En réalité, j’étais loin d’être déçue. Surprise, curieuse… Ca je l’étais totalement. J’avais cru que le rêve n’était que cela, un simple rêve… Pourtant, c’était bien cet homme qui était là à présent, en face de moi. Un Gardien… Je le sentais à son aura. Je n’avais pas fait que rêver, j’avais rencontré un homme, un Gardien en rêve. Et je m’étais bien amusée avec ce Gardien. Lui tenir la dragée haute à chaque discussion, le taquiner… J’avais apprécié tout cela… Mais je ne comprenais pas pourquoi. Je n’avais pas été créée pour ressentir des émotions positives. Je n’étais pas quelqu’un de positif. Et pourtant, j’étais limite heureuse de savoir qu’il n’était pas un rêve…
Ok. Apparemment, elle aussi avait fait ce rêve. C'était pas du tout bizarre, voir même pas du tout glauque. Mais non voyons. Pour autant, il ne pouvait nié tout au fond de lui, cette petite pointe de contentement. Oui, malheureusement, c'était le bon mot. Soyons honnête, sa vie était clairement moins merdique que là dedans mais pour autant, il avait l'impression de ne pas s'être amusé comme ça depuis bien longtemps. La dernière fois, c'était quand North s'était fait kidnapé par quelqu'un qui voulait prendre sa place -et que dans toute son amitié et sa charité, Aster s'était fait une joie de se foutre de lui-
C'était étrange, il n'était pas fait pour s'entendre avec l'ex jument. De base ils étaient ennemis naturels. Elle était du côté des méchants, lui des gentil ça s'arrêtait là point final. Et il aurait préféré s'arracher un bras, plutôt que d'admettre à voix haute, que oui clairement il donnerait cher pour pouvoir recomencer. Fallait pas pousser le bouchon trop loin Maurice non plus. Il avait sa fierté et masculine, et de gardien :
- Blacky rétorqua-t-il Alors comme ça, on se fait avoir à son propre jeu ne put-il s'empêcher de rajouter juste pour le plaisir de la narguer
Pourquoi Blacky ? Pas la moindre foutu idée. Parce qu'elle était une jument, qu'elle était noir, et que les chevaux noir va savoir pourquoi on aimait bien les appeler "Black" ou "Blacky". A croire qu'on manquait cruellement d'imagination. Mais, ça c'est pas son job. Les rêves l'imaginaire toussa, toussa c'était le domaine de Sab. Lui, c'était l'espoir et le chocolat. Ne surtout pas oublier le chocolat. C'était très important. Et lui, il était un peu en train de digresser mine de rien. C'était perturbant de la voir ici. Le pire étant que s'il n'était pas persuadé qu'ils se feraient jeter dès qu'ils auraient franchit le seuil de la bibliothèque, il lui aurait bien proposé d'aller retourner y faire un tour. Belle French, n'hésiterait pas. Contrairement à la bibliothèque complètement tarée de leur rêve.
Et puis en plus, c'était pas drôle de refaire deux fois la même chose. Tooth lui aurait très probablement remonté les bretelles pour avoir osé faire ce qu'il avait fait. Bon d'accord, elle faisait clairement deux têtes de moins que lui, mais ça l'éclatait de la voir s'énerver contre lui. Elle n'était pas sa meilleure amie pour des prunes après tout. Ils, s'étaient plutôt bien trouvé. Lui, le grincheux de service, et elle un peu fofolle sur les bords.
Quoi qu'il en soit, ils s'étaient tous les deux retrouvés au même endroit, pour la même raison : Demander des comptes à Sab. Et Sab, n'était pas là. Choux blanc, en quelque sorte. Alors, maintenant qu'est qu'il faisait ? Il restait en compagnie de Nightmare à se regarder dans le blanc des yeux et à se balancer des vacheries ? Ou bien, il retournait dans sa camionnette écouter une émission historique à la noix dont il n'avait somme toute strictement rien à faire en vérité.
- Apparemment, on a tous les deux pensé à Sab, et il est pas là. Se contenta-t-il de répondre. Sûrement un truc pas net dans les glaces de Frost rajouta-t-il avec un rictus
Oui, c'était l'une des cause possibles, à ce rêve totalement bizarre. Que Frost, ai voulut faire des mélanges hasardeux, et que le marchdand de Sable se soit retrouvé à jouer les cobaye. Il lui dirait deux mots, la prochaine fois qu'il rentrerait en trombe dans sa boutique. Et quand on le connaissait, "dire deux mots" c'était surtout faire passer sa mauvaise humeur sur le gardien de la joie. Fallait dire que ce gamin était vraiment insupportable. Il se demandait comment les autres arrivaient à le supporter. Lui, il en avait marre au bout de même pas trente secondes.
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Il était là… Et à voir la façon dont il me regardait, il n’était pas très surpris… Quand je l’appelais Pinpin, je n’eus pas de réaction de surprise. Ce qui me donna bien plus d’information que ce que j’aurais pu penser. Cela n’avait pas été un simple rêve… Nous l’avions partagé… Les implications étaient grandes… Mais surtout, je me demandais pourquoi cela ne me gênait-il pas plus que ça. J’avais apprécié notre conversation… Plus que je ne l’aurais dû ! C’était très perturbant mais dans le même temps, alors que je pouvais m’en aller cette fois, je n’en ressentais pas l’envie. Pas alors que la perspective de vivre l’expérience en vraie n’était pas loin…
- Blacky ? Répétai-je en haussant un sourcil. Moi qui croyais que tu avais de l’imagination… Je suis déçue, vraiment… C’est si commun… Dis-je en le regardant. Mon propre jeu ? Demandai-je.
J’étais véritablement déçue. Et je ne savais même pas pourquoi ! Sans doute parce que je devenais l’un de ses humains idiots que je détestais… Il y avait trop de choses que je ressentais à présent, sans bien comprendre comment et pourquoi. Savoir que j’étais déçue par ce surnom idiot me perturbait énormément. Je n’avais pas été conçue pour cela. J’étais là pour apporter la peur et m’en délecter. Être fidèle à mon créateur était aussi une partie de ma programmation en tant que créature de sable noir. Pourtant… La Malédiction avait changé bien plus de choses que je n’avais pensé de prime abord. Je me retrouvais donc avec ma rancœur envers mon père qui avait bien trop changé et ma déception face à un surnom plus qu’idiot. Le lapin pouvait mieux faire, j’en étais persuadée… Et puis, il me l’avait montré durant le rêve, il avait de l’imagination alors même que ce n’était pas son domaine…
- C’était le plus logique non ? Répliquai-je en croisant les bras avant de secouer la tête. Impossible… Je ne vais pas chez Frost. Je ne l’aime pas et je n’aime pas les glaces. Lui appris-je. Moi je préfère autre chose…
Je me retins de justesse de lui dire que je préférais le chocolat. Ce n’était pas une information à dévoiler à cet homme, j’en étais certaine. Pourtant, cela avait failli m’échapper, tant j’étais à l’aise avec lui. Rien que cette constatation me fit me raidir. Je n’étais pas censée être à l’aise avec les Gardiens. Ce n’était pas mon rôle. Du moins, cela ne l’avait pas été… Aujourd’hui, je me demandais quelle était ma place et mon rôle… J’avais beau avoir mis en place ce projet autour de l’étalon des plaines et de son troupeau, je n’étais pas satisfaite. Si bien que j’avais arrêté de me mêler de la vie de Darshkan… Je voulais autre chose, mais j’aurais été bien incapable de dire quoi précisément.
- Mais si tu penses que c’est l’un de ses tours, on peut aller le voir. Proposai-je finalement en haussant les épaules. De toute façon, même si cette fois ce n’est pas lui, il a sûrement fait un truc à un moment ou à un autre qui mériterait qu’on le remette à sa place…
Je ne supportais pas Frost… De base déjà, il avait été quelqu’un d’inutile et de franchement contrariant. Mais sa façon d’agir et de se ficher de tout, toujours, ça me tapait sur le système. Il n’y avait bien que les Gardiens pour le supporter… Quoi que Pinpin ne semblait pas être si pote que ça avec le Gardien de la joie…
lle aussi avait fait ce rêve, c’était de plus en plus une certitude. A sa manière de lui parler, en plus d’être ici tout clairement lui démontrait qu’ils l’avaient fait à deux. Pourquoi ? Ça c’était la question à un million de dollars.
- Parce que pinpin c’est mieux peut-être ? Demanda-t-il lorsqu’elle parla du surnom
Il était un peu sur la défensive. Parce que clairement, il ne savait pas comment réagir. Il était comme tiraillé en quelque sorte. Entre cette envie d’en savoir un peu plus sur qui était réellement Nightmare. Celle de fuir, et en même temps les souvenirs de ce rêve, cet amusement qu’il n’avait pas ressentis depuis tellement longtemps. Il ne savait pas réellement comment se comporter maintenant. Ils n’étaient pas censés s’amuser ensemble. Ni même être ami. Elle était faite pour les combattre, semer la terreur comme son créateur. Bon sang, ce que c’était chiant les prises de tête
Et ouais effectivement, venir voir si Sab était l’origine du souci était logique. Réaction con. Elle le déstabilisait, et il n’aimait pas ça. Fait chier. C’était quoi ce nouveau comportement ? Et pourquoi est-ce qu’il se prenait autant la tête pour un foutu rêve à la con ? Il avait qu’à retourner chez lui, et puis basta.
- J’ai pas proposé d’aller chez Frost grommela-t-il plutôt crever que de visiter cet enquiquineur
Il soupira ébouriffant sa tignasse foncé. Qu’est qu’il faisait maintenant ? Pas la moindre foutu idée. Ils n’allaient quand même pas rester là à faire le pied de grue devant la boutique de Sab. C’était d’une part totalement con, et de deux il n’était de toute façon pas là.
Tournant le dos, il se dirigea vers sa camionnette, il n’y avait rien à faire ici, autant repartir :
- Il y a pas que dans les bibliothèques qu’on peut s’amuser lâcha-t-il à la cantonade
Est-ce que c’était une invitation ? Peut-être à Nightmare de voir si elle la saisissait ou pas. De ça dépendrait la suite. Ou ils rentraient chacun gentiment chez soi. Ou bien, ils essayaient de pousser plus loin cette espèce d’alchimie de « partners in crime » en quelque sorte. La balle était dans le camp de l’ex jument. Il aurait au moins tenté.
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Toujours aussi déçue, je ne manquais pas de lui adresser un regard hautain quand il me demanda si Pinpin c’était mieux. Devais-je vraiment répondre à la question ? A priori oui puisqu’il semblait vraiment attendre une réponse de ma part. Soupirant légèrement, agacée de devoir me justifier ainsi, je croisai les bras et le fixai.
- Bien sûr que c’est mieux… Rétorquai-je. À moins que tu ne préfères que l’on t’appelle Jeannot ? Ou PanPan tiens… Moi au moins, c’est un peu plus original !
Et… Non, je ne pouvais pas penser un truc pareil. Mais si. C’était mignon Pinpin au moins. Blacky… C’était juste terne. Du moins, ça l’était pour moi. Mais lui semblait avoir une autre sensation avec ce nom… Le bon sens aurait voulu que je ne me préoccupe pas de la façon dont il m’appelait. Et pourtant… J’étais incapable de laisser tomber comme ça, pas tant en tout cas qu’il ne m’aurait pas expliqué pourquoi ce surnom et pas autre chose.
- Excuse-moi d’avoir cru voir une invitation à aller vérifier si le bonhomme de neige avait quelque chose à voir avec ça… Mais à défaut de pouvoir faire quoi que ce soit d’ici, autant vérifier non ? Ou alors… Y a toujours moyen de l’emmerder autrement et lui rendre la monnaie de sa pièce. Ajoutai-je en haussant les épaules.
J’étais douée pour la vengeance. J’étais née de la vengeance à près tout… Je n’étais venue au monde que pour cela même. Sans doute était-ce à cause des conditions de ma création que j’avais autant de mal à trouver ma place ici. Depuis que je n’étais plus en guerre contre les Gardiens, il m’arrivait souvent de me demander qui j’étais et à quoi je pouvais bien servir…
- Vraiment ? Lançai-je alors qu’un sourire en coin naissait sur mes lèvres. Je n’en connais pas… J’attends donc de toi que tu m’instruises à ce niveau-là. Le taquinai-je.
Je ne me serais jamais crue capable de ça. Mais c’était… Vivifiant de ne pas être toujours de mauvais poils et de m’amuser. Surtout qu’il fallait bien l’admettre, j’avais aussi envie de passer un peu plus de temps avec Aster, histoire de voir si je pouvais le supporter ailleurs que dans mes rêves maintenant que la guerre était finie…
Original ? Pinpin ? Frost l’appelait déjà comme ça. Idem Jeannot d’ailleurs. Ce qui lui donnait d’ailleurs très souvent envie de lui tordre le cou à ce sale gosse. Si seulement cette envie pouvait devenir réalité…Malheureusement, ce n’était pas prêt d’arriver. Et on ne lui demandait pas franchement son avis sur le sujet malheureusement. Le fait est que oui, Frost faisait objectivement du bon boulot en tant que gardien. Mais pour le reste c’était un foutu casse pied point. Là-dessus on ne le ferait pas revenir.
Néanmoins, il l’admettait sa proposition de rendre la monnaie de sa pièce à Frost n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. C’était tentant, très tentant, horriblement tentant même. Et pour une fois, il avait le droit de s’amuser un peu non ? Les sales coups n’étaient pas réservé qu’à Jack Frost. La preuve, il avait bien tenue à accompagner les yetis de North, tout ça pour être sûr que ce sale gosse se fasse balancer dans un sac. Douce vengeance…C’était pour Pâques soixante-huit ! Franchement, Frost ne l’avait pas volé. De la gelé à Pâques ! Il l’aurait étranglé tiens. Et il avait été à deux doigts de le faire d’ailleurs.
Alors, c’était sans doute ce qui l’avait poussé à faire cette proposition à Nightmare. Les souvenirs de ce rêve et de ce qu’ils pouvaient faire, en combinant leurs forces et leurs esprits lui donnant la satisfaction du travail bien fait –et d’un Jack Frost s’en mordant les doigts. Aussi, se dirigea-t-il droit vers sa camionnette, dont-il ouvrit la porte d’un geste théâtralement exagéré :
- Dans ce cas-là, si Madame veut bien se donner la peine j’aurais une proposition à lui faire
Il attendit quelques instants, ménageant son effet :
- Peu importe si Sab est le véritable responsable, et si c’est du à un mélange hasardeux de Frost. Le fait-est que tu n’aimes pas ce foutu congélo sur patte, et qu’il me tape sur le système.
Euphémisme quand tu nous tiens…Clairement, il ne lui tapait pas « juste » sur le système. Il le rendait à moitié dingue, et lui collait des envies de meurtre. Sauf qu’il pouvait pas faire une course poursuite dans la boutique parce que ce sale gosse se planquait toujours derrière la rouquine. Et mieux valait éviter de maltraiter son associée. Mauvais pour les affaires tout ça :
- Alors voicit ce que je te propose : on va chez moi, et on agite nos neurones ensemble pour s’occuper du cas Jack Frost. Deal ?
Il tendit la main au cas où afin de sceller la, il l’espérait, futur promesse. Elle ne dirait quand même pas non pour pourrir la vie de son « collègue » gardien pas vrai ?
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Le débat sur les surnoms semblait être terminé, pour lui comme pour moi. J’en étais plutôt ravie. Parce que je n’en revenais pas qu’il se contente de parler de la couleur de ma robe lorsque que j’étais une jument. J’avais été plus qu’un simple cheval noir… Moi au moins, je faisais référence à ce qu’il était. Un lapin. Le Lapin. C’était pas mal non ? Visiblement pas… Mais tant pis. Cela n’allait pas m’empêcher de continuer à l’appeler comme je l’entendais.
Quand il émit l’hypothèse que Jack Frost était derrière le rêve qu’ils avaient partagé, j’y trouvais une certaine logique. Ce Gardien était doué pour nous casser les pieds et quoi de mieux que d’agir ainsi ? Soudainement, le surnom stupide ne comptait plus. Mais l’envie que j’avais d’aller rendre la monnaie de sa pièce à Frost était très grande… Aussi le proposais-je à Pinpin. Mais cela ne lui plaisait pas vraiment apparemment. J’en étais très étonnée, parce qu’il était celui qui supportait le moins Frost dans le camp de l’Homme de la Lune… Pourtant, il devait avoir une autre idée en tête puisqu’il me proposa de le suivre. Par curiosité et dans l’espoir de mettre une raclée à Frost pour une fois, je le suivis jusqu’à sa camionnette. Légèrement méfiante, je le regardais, attendant des explications.
- Tu n’aimes pas Frost ? Oh, ça, personne ne s’en doutait. Ironisai-je légèrement avec un petit sourire. N’empêche que tu commences à être intéressant…
Et c’était vrai. Je me demandais ce qu’il envisageait pour la suite, mais si cela impliquait des plans contre Frost, il y avait de fortes chances que je sois partante. Et ce fut la proposition qu’il me fit. M’allier à un Gardien… C’était inconcevable. Et pourtant… Je n’étais plus dans mon monde d’origine et je n’étais plus seulement Nightmare. J’étais aussi Maara. J’avais d’autres aspirations que celles qui avaient été les miennes depuis le jour de ma création. Même si j’étais incapable de les identifier ces aspirations…
- Deal. Acceptai-je en lui serrant la main qu’il m’avait tendue, faisant fi de l’étrange chaleur bénéfique que cela me procura.
Puis je montais à l’avant de la camionnette et nous allâmes chez lui en silence. Je ne m’étais pas attendue à une maison… Mais après tout, être le chocolatier le plus fréquenté de la ville, ça devait bien payer…
- Joli maison… Cadeau du Père Noël parce que tu as été sage ? Demandai-je avec un petit sourire en coin.
Nous avions beau être alliés sur ce coup, je n’allais pas perdre mon caractère pour autant. Sinon, ça ne serait pas amusant… Alors que je savais qu’il pouvait l’être, il l’avait été dans le rêve…
Oui, d'accord c'était de notoriété publique, qu'il n'aimait pas franchement le gardien de la joie. Mais disons qu'ils avaient en quelque sorte, un passé commun qui l'expliquait. Et des personnalités pour le moins opposé également. Mais, ça c'était une autre histoire. S'il avait finit par reconnaitre du bout des lèvres que ouais ok, il ne prenait pas son rôle de gardien au hasard. Et que oui, il avait été d'une aide précieuse pour bouter la brioche hors du continent qu'il aille s'enterrer dans son trou. Jack Frost était néanmoins doté d'une personnalité des plus horripilantes, que le gardien de l'espoir avait VRAIMENT beaucoup de mal à supporter. Disons que dans quatre vingt dix neuf pourcent des cas il avait envie de lui en coller une. les uns pourcent restants étant les envies de meurtres. Il y avait bien que ses collègues pour le supporter. Lui, il n'avait clairement pas la patience pour
Il fût néanmoins content que l'ex jument accepte sa proposition. Non, il n'avait fondé absolument aucun espoir là-dessus. Ce, n'était pas un moyen de prolonger l'entrevue avec Nightmare. Ni même une envie de retrouver un peu, de cette complicité qu'ils avaient partagé dans ce rêve, pseudo lavage de cerveau. Et le premier qui osait dire le contraire, aurait droit à l'étendue de toute son amabilité. En d'autre terme le malheureux se ferait envoyer sur les roses avant même qu'il n'ai eu le temps de dire "ouf"
De toute façon, personne n'était là, donc personne ne pourrait dire quoi que ce soit. Ainsi, le problème était réglé avant même d'en être un au final. Ce qui au fond n'était pas plus mal. D'ailleurs il préféra ne pas faire de commentaire, sur le léger trouble qu'il ressentis, leur accord scellé. Ce ne devait pas être grand chose, probablement juste la bizarrerie de la situation. Si on lui avait dit, des années en arrière, qu'un jour il s'allierait avec son ennemie, sans doute aurait-il eu le plus gros fou rire de toute son existence.
Il, alluma la radio, laissant le choix à l'ex jument de changer de station si elle le désirait, de toute façon la musique ne servait en réalité qu'à faire bruit de fond, afin d'éviter de laisser ses pensées s'entrechoquer dans sa tête. Lui pendant ce temps là, il faisait mine d'être concentré sur la route de forêt qu'ils empruntaient pour arriver à son logement, et ainsi il n'aurait pas à s'agiter les neurones, sur le pourquoi du comment il semblait rechercher la compagnie de la créature de l'autre cancrelat des cavernes
- Hein, hein très amusant ironisa-t-il à la remarque de Blacky sur sa maison, dès qu'ils furent arrivés. Parce que oui, c'était officiel ça allait être son surnom. Et, le fait qu'elle ne l'aime pas, lui donnait encore plus l'envie de l'utiliser. C'est pas sa faute, c'est à force fréquenter Frost, ça le rends mesquin. Et, non ce n'était pas de la mauvaise foi, l'histoire des yetis et du sac ? Bwarf il l'avait bien mérité hein le sale gosse, on va pas se mentir. J'ai pas été assez sage pour ça rajouta-t-il histoire de...
Sans se presser, il sortie les clés de sa poche, et se présenta sur le perron, afin de les enfoncer dans la serrure avant de s'effacer pour laisser entrer Nightmare rentrer :
- Si madame veut bien se donner la peine dit-il en exécutant une courbette un peu moqueuse
Oui, bah autant la charier un peu sinon c'était pas drôle.
- Fait comme chez toi, embraya-t-il une fois entré à son tour, le salon est par là. C'est sans doute le meilleur endroit pour mettre au point un bon moyen de s'occuper du cas de Frost
C'était spacieux, il y avait tout ce qu'il fallait pour s'asseoir et débattre, bref le meilleur endroit afin de mettre au point leur plan.
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J’avais accepté sa proposition… Si j’étais honnête envers moi-même, j’aurais avoué que c’était parce que sa compagnie me plaisait réellement. Mais je n’étais pas dans cet état d’esprit. J’avais plutôt pour excuse ma curiosité d’étudiante. Après tout, je faisais des études de psychologie pour comprendre les gens mais aller sur le terrain dans cette optique, c’était mieux tout de même…
Il fallait bien avouer cependant que j’étais assez contente de cette invitation. C’était une première, personne ne m’avait jamais invité jusqu’à présent, j’avais plutôt le don de m’incruster là où l’on ne voulait pas de moi… Ces derniers temps, ça avait été chez mon père. J’avais espéré gâcher les moments qu’il passait à sa déesse. Je n’étais pas certaine d’avoir réussi cela dit. Je n’étais même pas certaine que ma présence avait eu un quelconque effet, bon ou mauvais. À ce niveau-là, j’avais encore une place à trouver…
Heureusement, nous arrivâmes chez Pinpin. La maison me plaisait bien. C’était dans le style que j’appréciais, si tant est que je pouvais apprécier réellement quelque chose… Je n’avais pas été faite pour ça. Moi je devais inspirer la peur et m’en délecter. Je devais obéir à mon créateur. Ce n’était pas vraiment ce que j’avais fait ces derniers temps… J’essayais de me trouver, de savoir qui j’étais réellement maintenant que j’étais humaine. Et cette expérience avec Pinpin pourrait peut-être m’aider.
- Ah. Fis-je, faussement déçue. Tu fais partie des mauvais enfants, comme moi… Remarquai-je. C’est grâce à ta chocolaterie alors ? En même temps, vu ce que tu fabriques, ce n’est pas étonnant que tu puisses avoir les moyens de te payer ce genre de maison… Dis-je avant de me reprendre. Je veux dire par là que tu as un certain succès d’après les rumeurs, sans doute à cause du fait que les humains raffolent du chocolat…
Non je n’allais pas dévoiler que j’étais une fervente cliente. J’avais essayé de goûter d’autres chocolats, mais ils n’étaient pas aussi bons que ceux que faisait Aster… Ce qui m’avait prodigieusement agacée durant un temps.
- Plus bas la courbette, je suis une célébrité moi… Répliquai-je à son salut, taquine.
C’était étrange de se comporter ainsi… Je n’avais pas l’habitude. Pourtant, ça me plaisait assez.
- Chouette. Tu nous ramènes du matériel ? Demandai-je avant de me diriger dans la direction qu’il m’avait indiquée.
Je débouchai dans une pièce très agréable et spacieuse. En voyant le canapé qui semblait si accueillant, je n’hésitais qu’une seconde avant d’enlever mon manteau et mes chaussures et de me pelotonner dessus. J’adorais les endroits de ce type ce qui n’était pas franchement normal pour une jument censée incarner la peur, mais bon…
- Tu sais quoi ?! Lançai-je en haussant la voix pour qu’il m’entende. Je fais toujours de meilleurs plan de torture quand je grignote !
S’il ne comprenait pas l’allusion, je me casserais, c’était certain…
