Les fleurs du mal

My voice, can you hear it?
This sign, can you read it?
I'll wait forever if you'll just come to me.

Feat. Grand-mère grognon et son Oppa qui a des problèmes avec son loup intérieur

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Quoi que soit cette chose, elle voulait clairement faire passer un message.

Et j’avais la désagréable impression, que mes deux camarades n’étaient pas les seuls à qui celui-ci était destiné.
Cette chose en face de moi, était ma copie parfaite. En tout point. Une robe hors de prix, moulante aux couleurs et aux motifs changeant au gré de la luminosité (entièrement blanche étrangement), des cheveux bouclés en bataille, pieds nues, tachée de sang…
Elle avait cette profonde entaille qui lui rallongeait le sourire d’un côté, et des blessures, entailles profondes et autres traces de brûlures faite à l’aide d’un tisonnier rougit par la chaleur un peu partout sur les différentes parties visibles de son corps.

Elle était mon passé. Et pour que celui-ci soit correct, il ne manquait plus qu’une toute petite chose.

Mon double torturé me dévisageait en silence. Si j’étais encore capable de ressentir des émotions, j’ignore ce que j’aurais fait. Peut-être aurais-je pris la fuite morte de peur. En revanche, puisque je n’étais pas capable d’avoir peur, je me suis juste contenté de la regarder. Les yeux dans les yeux. Prévenant mes camarades que nous avions de la visite. Pas des plus agréables qui plus est, et que nous devions partir au plus vite.
Si j’avais eu le choix, j’aurais préféré éviter leur rencontre. Car à ce moment précis, le message était clair. Kyle l’avait visiblement deviné et cette fille, confirmait ses soupçons. J’avais été l’une des victimes de Carter. Et si l’effrayante moi voulait rentrer dans les détails, il ne lui rester plus qu’une chose à faire.

Se donner la mort.

Peu de temps s’écoule avant que le reste du groupe ne me rejoigne dans la pièce. La prisonnière entre leurs mains, je sens les regards peser sur moi. Sans doute se demandent-ils pourquoi elle me ressemble tant. Jusqu’à ce qu’en un éclair, elle sorte l’une de ses mains de derrière son dos et qu’elle se tranche la gorge à l’aide d’un scalpel.

Cette fois, tout était dit. Le message était clair.

Pour les autres, ça voulait dire que j’étais morte. Pour moi, seulement ce que je savais déjà. A savoir, que je n’étais pas l’une des leurs et que mon enfer n’aurait jamais de fin.

Tendis que le sang coule à flot de sa blessure, la chose laisse tomber l’instrument par terre pour concentrer toute son attention sur ma personne. Laissant aux personnes qui m’accompagne, tout le loisir de profiter du spectacle. Avant de finalement se jeter sur moi.
Malheureusement pour elle, mes camarades sont réactifs. Surtout Kyle qui pour une raison qui ne m’échappe pas, c’est aussitôt accroché à la créature pour l’obliger à relâcher son emprise sur mon cou, avant de la balancer en arrière pour mettre le plus de distance entre nous. Suite à quoi, nous avons quitté la pièce en compagnie de la nouvelle venue. Portée par Kyle, pour aller plus vite.
Et tendis que les autres membres du groupe s’échappent du QG de Carter par un côté, je décide de partir de l’autre. Silencieusement, j’abandonne le trio pour me retrouver seule, face à cet environnement hostile qui, en vérité, m’est bien plus familier que la vie que j’ai vécue ici jusqu’à présent.

Je marche dans les rues de ce pseudo Storybrooke retravaillée au couteau. Sans surprise, il ne m’a pas fallut longtemps pour tomber sur l’une de ses créatures. En l’occurrence, le double sanglant d’Ioueseni. Qui contrairement à ce que j’avais entendu jusque là, n’avait pas pleuré pour signaler sa présence. Elle était juste là. Devant moi. Son seul œil valide rivé sur moi. Jusqu’à ce qu’elle décide après un long silence, de détourner le regard et de reprendre sa route en sens inverse.
Les autres créatures rencontrées ensuite ne m’attaquèrent pas d’avantage. Les marionnettes du marionnettiste m’avaient toutes laissés passer. Sans doute voyaient-elles mon véritable visage ? Dans tous les cas, même mon double torturé ne semblait pas vouloir s’en prendre une nouvelle fois à moi. Ce qui ne pouvait signifier qu’une chose. Que ce n’était pas moi qu’elle visait. Mais bien eux. Les nouveaux venus.

Le message était bien passé. Félicitation à elle.

J’ignore pendant combien de temps j’ai marché dans ce paysage chaotique. Partagé entre le monde réel et le monde d’où nous venons. Si bien qu’a force, j’ai fini par trouver le temps long. Rien ne se passait. Même les chutes mortelles ne changeaient rien à cette vie sans intérêt. A ce nouvel enfer. Ioueseni me retenait. Elle m’avait toujours retenue. Égoïste jusqu’au bout, incapable de supporter son crime, elle m’avait fait cette… chose et à présent, j’étais liée à elle pour l’éternité. Elle ne semblait pas vouloir mourir. Pourquoi m’avait on enfermée ici ? Ce que j’ai vécue, ce qu’elle à subit… elle le méritait ! Elle méritait tout ! J’ai perdu la vie, C’EST MOI QUI SUIS MORTE ! Pas elle !! MOI !!!

Pourtant, toutes ces certitudes que j’avais, ces pensées abominables. Considérant la jeune femme comme un monstre et ce tourment qui ne semblait pas avoir de fin… tout ça a fini par devenir… futile. Lointain. C’est vrai, j’avais eu ce que je voulais. Mais le méritait-elle vraiment ? N’était-elle pas aussi une victime ? Possible. Mais ça n’avait aucune espèce d’importance à l’époque. A l’heure actuelle non plus d’ailleurs, mais ce n’était pas comme si on m’avait demandé mon avis. J’avais été exilée ici pour avoir détruit Ioueseni. Par cette autre personnalité, ou quoi qu’ait été cette chose. Suite à quoi, j’ai vu. Observé. Les autres. Continuant leur misérable existence comme si de rien était. Mes soi-disant ami(e)s m’oublièrent vite. Mon frère lui, avait fini par perdre la tête. Ce qui, malgré mon incapacité à ressentir de la joie, m’avait arraché un sourire satisfait. Jusqu’à ce que mon « père » décide d’enterrer définitivement certains faits concernant mon frère et son « amour » pour moi sous le tapis. Il avait payé cher pour que Azael oublie. Et petit à petit, tout le monde avait fini par m’oublier moi. C’était comme, si je n’avait jamais existé.

Sauf elle. Elle, elle ne m’avait jamais oublié. Elle ne l’aurait jamais pu. Chacun de ses cauchemars lui rappelait mon existence, ma mort avait laissé une marque. Indélébile. Elle ne tuait pas. Elle s’y refusait. Et pourtant, malgré mon incapacité à éprouver du ressentiment envers elle, je ne pouvais pas simplement lui pardonner. Je ne l’aimais pas. Et même ce monde de regret ne changerait rien.

Et pourtant…

Je n’ai pas ressenti la moindre hésitation lorsque ma main, c’est enfoncé profondément dans la cage thoracique de Logan pour y retirer son cœur. Je n’ai pas ressenti d’hésitation non plus, lorsque j’ai tranché la gorge de son ami Mickey avec une rare violence après qu’il lui ai tranché la sienne. Pour la première fois depuis ma mort, je me sentais étrangement proche d’Ioueseni. Peut-être étais-ce parce que pour la première fois depuis longtemps, nous étions semblables. Nos morts l’étaient elles, en tout cas. Torturée jusqu’à la fin puis égorgée. A la seule différence, que son meurtrier n’avait eu aucune pitié pour elle. Tout comme je n’en avais aucune pour lui.

Néanmoins, il y avait quelque chose d’étrange dans cette scène. Si il n’était pas étonnant de voir Kyle pleurer sur le cadavre de la jeune femme dans ses bras, comme aveugle à tout ce qui pouvait se passer autour – ce qui pouvait largement expliquer son manque de réactions face aux assassins de la jeune femme - il restait toujours ce poignard qui visiblement, n’avait rien à faire là. Il était planté dans son dos.

– C’est ton œuvre ? Je demande à l’étranger à l'autre bout de la pièce. Pourquoi ?

Je me souviens que lorsque nous nous sommes rencontrés, il était le seul à ne pas être perdu. C’était comme… s’il savait des choses. Il savait qui j’étais dans les grandes lignes. Il savait aussi que ce monde n’était pas le monde réel et il savait comme je l’ai compris avec le temps et les changements, qu’Ioueseni avait une influence sur ce monde. Il semblait déterminer à la sauver. Prêt à tout pour la retrouver et la ramener à la raison. Alors pourquoi la tuer maintenant ?

Des bruits de pas se rapprochent de nous. L’inconnu me lance un dernier regard avant de quitter la pièce, me laissant seul avec le damné noyé dans son chagrin.

C’est à ce moment-là que j’ai compris ce qu’il me restait à faire. Comme poussée dans cette direction. Je me suis alors approchée du cadavre de la jeune femme pour me poster à côté d’elle. A ce moment-là, Kyle a enfin remarqué ma présence. Mais avant qu’il n’ait le temps de réagir, je lui ai annoncé que je savais ce qu’il me restait à faire avant de m’exécuter.

Quelques secondes s’écoulent avant que je n’ouvre les yeux dans la peau d’Ioueseni. Puis, comme attirée par une force invisible vers le fond, mes paupières se ferment et une nouvelle fois, je me retrouve plongée dans les ténèbres.

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