« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
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(Et ouais du coup j'en profite pour faire un tour et mâter les profils, z'allez faire quoi pour m'en empêcher hein ?)
| Conte : Les mondes de Ralph. | Dans le monde des contes, je suis : : Vanellope Von Schweetz, ou la princesse d'un royaume de sucreries qui préfère conduire des voitures en gâteaux.
Ma mère avait l'air de savoir cuisiner. Même si j'étais pas du tout fan du salé, sauf dans une plaquette de beurre ou dans un pot de caramel, mon estomac pouvait pas s'empêcher de grogner à la vue des plats posés sur la table et qui sentaient tout particulièrement bons. Pourtant, malgré l'aspect vachement appétissant des pommes de terre dégoulinantes de beurre, je restais renfrognée sur mon siège, les bras croisés. Un peu de la même manière que mon père, en fait. On faisait tout les deux la gueule, mais probablement pas pour les même raisons. Lui avait l'air de vouloir éclater son assiette sur la tête de Jules. Et moi... bah peut être que je voulais la même chose, en fait.
Quand celui-ci remplit mon assiette sous le regard ravi de ma mère, je me contentais de grommeler un "merci" à peine compréhensible, les yeux toujours rivés sur les patates. J'avais faim mais il avait réussi à me couper l'appétit, l'autre abruti. Et le pire, c'était qu'il faisait comme si de rien n'était. Non mais il avait conscience que ce qu'il avait dit était carrément dégueulasse? Si ça se trouvait, c'était juste moi qui me faisait des films. Ses paroles étaient peut être super normales, et je m'offusquais pour que dalle. Mais quand même. Quand même! Genre la fidélité ça sert à rien? C'est cool d'être libertin? Il se foutait de ma gueule ou quoi? Y avait quoi de cool là dedans? Eh bah j'en savais foutrement rien. Mais j'étais sûre de détester ça. Rien que le mot était moche. Ça sonnait même pas bien. Et puis on en parlait ou pas du "je jouerai plus les prétendants"? Ça voulait dire quoi ça aussi? Raaah mais que ce qu'il m'énervait! J'avais qu'une envie: me lever de table et aller m'enfermer dans ma chambre pour tabasser un ours en peluche, en imaginant que c'était le visage bien trop parfait de Monsieur Verne le Libertin.
- Ma Tagada, tu veux de la sauce? Plus de pommes de terre?
Je captais pas tout de suite que c'était moi qu'on appelait. Mais si, Tagada ça avait l'air d'être le petit surnom que me donnait ma mère. De l'autre côté de la table, cette dernière m'adressa un regard un peu inquiet. Je pouvais presque lire dans ses yeux les signaux d'alarme qui devaient être en train de s'afficher dans son cerveau de maman. Je devais avoir l'air un peu trop contrariée, du coup elle était en panique. Et merde.
Me redressant sur ma chaise pour m'accouder à la table et prendre ma fourchette, je me forçais à sourire et secouer la tête pour lui faire comprendre que non, j'avais besoin de rien et surtout qu'elle avait pas besoin de s'inquiéter. Elle me rendit mon sourire, en hochant la tête, sans pour autant cesser de me jeter des petits coups d'oeil en coin comme si elle avait peur qu'il m'arrive quelque chose. Elle devait être une mère surprotectrice. Ou alors toutes les mères étaient comme elle?
Au moment où j'allais faire l'effort de goûter à ces fameuses patates, malgré mon manque d'apétit dû à un élément perturbateur assis à cette table, un nouvel individu débarqua. Je restais la fourchette figée en l'air, le coeur battant, en me rendant compte que c'était sûrement mon frangin. Mon petit frère. Waouh. L'idée d'être grande soeur m'avait fait délirer, mais c'était méga bizarre de se dire que ça allait devenir réel. Est-ce qu'on allait bien s'entendre? Lui aussi il avait un truc carrément Candy?
- Putain de bordel de merde.
C'était sorti tout seul. Heureusement que j'avais murmuré, parce que sûrement que mes parents m'auraient assassinés pour avoir osé parlé comme ça. Mais là, tout de suite, je m'en foutais de la politesse. Parce que c'était bien mon frère, qui venait de rentrer. Mon frère. Qui était en réalité Elliot. Aka le Girafon. Aka le mari de Lily. Aka TU PEUX PAS ÊTRE MON FRERE PUTAIN!
Figée comme une statue de chocolat, je restais sur ma chaise, mon bout de patate toujours piqué sur ma fourchette qui elle était toujours en l'air, bouche bée, à essayer de comprendre pourquoi. Pourquoi Elliot avait rejoint ma famille Candy. Pourquoi il se faisait passer pour mon frère. Pourquoi il arrêtait pas ses conneries. Pourquoi il était habillé comme un chasseur de fantômes. Pourquoi il avait des bonbons et pas moi. Ah et aussi pourquoi il était tout gentil avec moi alors qu'en général il en aurait profité pour me lancer une pique à la con. Que ce qu'il avait ce soir? Il s'était fait percuté par une voiture et ça lui avait déglingué le cerveau?
J'avais très envie de me lever pour le choper par les épaules et le secouer jusqu'à ce qu'il avoue la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Mais voilà que mes parents qui avaient été figés s'étaient remis à vivre. Tant mieux d'ailleurs, parce que les voir bloqués avait été très dérangeants. Je préférais les voir comme mes vrais parents que des espèces de pixels dans un jeu grandeur nature. En fait, on se ressemblait vraiment. On avait tout les trois été créés dans un jeu. Sauf que moi, à la fin, j'allais rester réelle. Et pas eux.
- Alors? Tu t'es bien amusé ? La récolte a été bonne? Personne ne t'as embêté?
"Notre" (Yerk) mère tenta de rester souriante, mais ses sourcils se froncèrent avec une pointe d’appréhension dans le regard. Quoi? Elliot ressemblait à rien et était intéressant, qui prendrait la peine de le faire chier, à part moi? Mais même Jim était sur la défensive, tendu au possible, en attendant sa réponse. Eh oh... C'était moi qui me faisait des films ou c'était lui le préféré? À cause de sa disparition dans les bois?
Avant que Elliot puisse répondre, l'énorme téléphone jaune accroché au mur sonna. Nos parents sursautèrent en même temps et échangèrent des paroles silencieuses, les yeux dans les yeux, en osant pas se lever pour répondre malgré les longues sonneries qui résonnaient et nous vrillaient les tympans. Finalement, notre père se leva pour aller décrocher, non sans une espèce de crainte qui me mit mal à l'aise. On avait l'air d'avoir un problème avec le téléphone.
- Allô?
Même sa voix avait l'air hyper tendue. Sa main s'était instinctivement posée sur sa ceinture, se crispant sur une arme invisible qu'il portait pas. Le geste était exactement le même que celui d'un cow-boy. Mais ses épaules se relâchèrent tout à coup et il se tourna vers nous en soupirant et en roulant les yeux, pour signaler qu'y avait rien de grave. Ma mère soupira de soulagement, en laissant échapper un petit rire nerveux. Eh bah... On était aussi vachement sujets au stress dans la famille, non?
- Hum hum. Ouais. Je m'en occupe. Joyeux Halloween à toi aussi.
Le paternel raccrocha et se pinça l'arête du nez, exaspéré par la conversation qu'il venait d'avoir, avant de revenir vers nous et poser sa main sur l'épaule de Joyce, qui s'empressa de glisser ses doigts tremblants entre les siens.
C'était Callahan. Y a des petits cons qui trouvent très drôle de kidnapper toutes les citrouilles qui ont le malheur de croiser leur chemin. Ce qui veut dire que le devoir m'appelle.
Il soupira, se pencha pour embrasser ma mère sur le front et s'en alla enfiler son blouson décoré d'une enseigne de flic. Ah bah ceci expliquait cela.
- M'attendez pas pour terminer. Je me réchaufferais une assiette en rentrant.
Faisant le tour de la table, il passa une main dans les cheveux d'Elliot pour les ébouriffer et, après une hésitation, passa un bras autour de mes épaules pour me serrer brièvement et un peu maladroitement contre lui. Ça voulait dire qu'il m'en voulait plus? En tout cas, maintenant, j'avais plus du tout envie de lui gueuler dessus et de chercher à le faire rager. Son comportement extrême lui avait été pardonné dès que la surprise était passée et que je m'étais rendue compte que son étreinte était un maladroit "je t'aime quand même, sale môme".
- Et si je venais avec toi?
Ma mère venait de bondir de sa chaise pour se précipiter vers lui, avant qu'il quitte la maison. Elle attrapa son chapeau pour le poser sur le sommet de sa tête, avec un sourire en coin charmeur.
- Je pourrai te tenir compagnie...Dans la voiture... Je garderai ton café pendant que tu sauveras les citrouilles.
Elle caressa son bras, lentement, en faisant des vas et viens du bout des doigts. Ils restèrent plantés là, à se dévorer du regard, avant que finalement notre père se râcle la gorge, toussote un peu et aide sa femme à enfiler son manteau.
- On... hum.... On rentrera sûrement un peu tard. Alors tenez vous à carreau. Surtout toi là bas.
Il plissa les yeux à l'attention de Jules, avant de disparaître, emporté par ma mère qui pouvait pas s'empêcher de glousser. Dès qu'il quitta la maison, elle se pencha par l'encadrement de la porte pour nous envoyer un baiser à moi et Elliot.
- Soyez sages et ne mangez pas trop de bonbons! Robyn, ma chérie, tu fais bien attention à ton frère, d'accord? Elliot, tu évites de te coucher trop tard, même si nous ne sommes pas là pour te dire bonne nuit. Oh et Jules, c'était un plaisir de te rencontrer. Tu reviens à la maison quand tu veux! Bonne soirée!
Elle nous fit un dernier au revoir de la main, envoya encore quelques bisous, claqua la porte derrière elle, fit tourner la clé dans la serrure pour la verouiller et disparue pour aller passer une chouette soirée en tête à tête avec son mari. C'était... carrément dégueulasse, en fait. Je pouvais pas m'empêcher de penser que mes propres parents venaient de se tirer pour aller profiter tout les deux, tranquille la vie, à se faire des mamours à l'arrière d'une voiture comme des ados en chaleur. Beurk. Beurk beurk beurk!
- Putain Elliot que ce que t'as foutu? Que ce qui t'arrives?
À peine le rugissement du moteur de la bagnole emportant nos parents s'était éteint et que la lumière des phares illuminant les fenêtres avaient disparues que j'avais quitté ma chaise pour choper Elliot par les épaules et le secouer, comme j'avais rêvé de le faire un peu plus tôt.
- Tu t'es drogué, c'est ça? T'as pris un gros coup sur la tête? Tu fais une hémorragie cérébrale ou un truc du genre? Non mais parce que t'as pas du tout l'air d'aller bien! T'as créé une famille où on est frère et soeur. On se partage le même sang dans ton monde. Tu te rends compte de ça ou pas?
Il était peut être malade. En tout cas, il lui arrivait quelque chose de très grave. J'avais presque peur pour lui là. C'était flippant, cette façon de me regarder avec de grands yeux pleins d'amour. Je préférais quand il ressemblait à un mollusque qui essayait d'avoir l'air méchant.
- T'es gentil, mais te mêle pas de ça. C'est une affaire de famille qu'on essaie de gérer là.
Jules avait l'air de vouloir poser pleins de questions lui aussi, mais je l'avais coupé dans son élan. Un peu sèchement, d'ailleurs. Peut être un peu trop. Oh et puis c'était pas grave hein. Si on s'entendait plus ni rien, il allait sûrement pas en pleurer. Bah oui. On avait une relation "superflue", de toute façon. Donc sans grande importance, hein. Il allait s'en remettre rapidement. Après tout, y devait avoir des tas de gens libertins tout comme lui dans le monde.
- Elliot. S'te plaît, redeviens comme avant. Et arrête d'essayer de nous tuer dans ton putain de laser game parce que sinon je vais vraiment finir par t'en foutre une, même si t'es supposé être mon frère et que nos parents me tueraient si je levais la main sur toi!
D'ailleurs c'était trop spé, parce que mon reflet dans le verre d'un cadre accroché au mur à côté de nous montrait la moi ado en train de secouer un gamin de douze-treize ans grand max. J'allais avoir des regrets à tabasser un môme, quand même.
- Putain, qui a éteint la lumière? Jules? Tu fous quoi?
L'électricité venait tout à coup de se couper, nous plongeant dans le noir. Je soupçonnais Jules parce que... bah parce que je faisais ce que je voulais. Mais pourquoi il aurait fait ça?
À l'extérieur, il faisait nuit noir. Dans le genre tu sors sans lampe torche, tu te manges un arbre. Alors impossible d'y voir quoi que ce soit. Je tenais toujours fermement les épaules d'Elliot, mais ça allait pas m'aider. J'allais le lâcher pour essayer de trouver un interrupteur ou une lampe, quand les lumières se rallumèrent. Toutes les lumières. Chaque lampe qui servait de déco, chaque petite ampoule, chaque objets électrique. Je sursautais quand dans un coin de la maison The Clash se mit à hurler à pleins poumons "Should I Stay or Should I Go". Le plus étrange, c'était que les lumières arrêtaient pas de vaciller, de clignoter, de s'éteindre pour ensuite s'allumer comme des sales mômes en train de ricaner, mais pourtant la chaîne Hifi s'éteignait jamais et continuait à jouer la chanson sans être coupée.
La musique finit par cesser quand tout la maison s'éteignit de nouveau d'un coup. Il y eut un long silence, comme si personne n'osait parler, attendant que tout reparte en vrille et surtout la suite. Mais que dalle. Il faisait juste tout noir.
- C'est toi qui a fait ça?
La question était pour Elliot. Vu le boulet, ça venait sûrement de lui. Suffisait de se rappeler tout ce qui s'était passé dans les différents univers qu'on avait visité jusqu'ici. Mais ce fut la télé qui me répondit. Celle-ci s'alluma dans le fond de la pièce, illuminant le salon et la salle à manger d'une lueur bleuâtre plutôt flippante.
L'écran affichait rien, à part cette image de neige qui apparaissait quand on arrivait à capter aucune chaîne. Je me détendis très légèrement, en me rendant compte que ça servait à rien d'être autant sur mes gardes vu que c'était probablement qu'un problème d’électricité, rien de plus. La maison avait l'air plutôt vieille, et en plus elle était paumée au milieu de nul part. Pas étonnant qu'on capte que dalle ou que les lumières aient des petits problèmes.
- Darling you got to let me know... Should I stay or should I go.. If you say that you are mine... I'll be here 'till end of time...
Une nouvelle fois, je sursautais quand la musique se remit en marche. Sauf que cette fois, elle venait pas d'une chambre au fond de la maison. Non. Quelqu'un chantait d'une voix aigüe, traînante et enfantine, parasité par des ondes, mais à travers la télé.
Toujours aggripée aux épaules d'Elliot, je lançais un regard un peu effrayé quand même à Jules, un peu comme celui que ma mère avait eu pour Jim quand le téléphone avait sonné. Il le sentait le danger lui aussi?
- Dis moi que t'as casé une batte quelque part dans la maison, histoire qu'on puisse se défendre au cas où.
À la place de mon frère le Girafon, j'en aurais foutu absolument partout, dans toutes les pièces. Mais on devait pas avoir la même notion de la survie. Au pire, si y se passait un truc, on pouvait toujours essayer de s'en sortir en utilisant des pommes de terre comme arme. Si ça se trouvait, on allait être confronté à un monstre allergique à la purée. Vu le cerveau malade d'Elliot, je m'attendais au pire.
Jules Verne
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Les parents de la demoiselle venaient à peine de s'absenter que déjà cette dernière avait pris Elliot par les épaules pour le secouer comme un prunier. Quant à moi, j'étais resté parfaitement serein, à déguster ma tranche de gigot et les pommes de terre en sauce. C'était absolument divin. La viande était tendre, cuite à point, et les féculents fondaient dans la bouche. La gastronomie est une affaire sérieuse que la majorité des gens prend bien trop à la légère. Je ne m'inquiétais pas outre mesure de voir Robyn et Elliot chahuter. De toutes les façons, je les avais à l'oeil si jamais la situation dégénérait. J'étais donc occupé à manger avec distinction et raffinement, tout en écoutant attentivement les propos échangés par les deux individus.
"Calmos !" fit Elliot sans pour autant essayer de se défaire de la poigne de la pâtissière. "Wouah... j'avais jamais vu que tes yeux étaient aussi beaux d'aussi près..."
Je m'éclaircis la gorge et plantai ma fourchette dans la tranche de gigot tout en jetant un coup d'oeil oblique à mon ami. Il ne fallait peut-être pas exagérer non plus. En tous les cas, je comprenais la déroute de la jeune femme : jamais Elliot n'avait tenu des propos aussi charmants la concernant. Quelque chose n'allait pas.
"C'est génial qu'on soit de la même famille ! J'en ai toujours rêvé !" fit-il avec un sourire d'imbécile heureux.
J'attrapai la serviette de table, m'essuyai la bouche et me levai pour les rejoindre. Je voulus dire un mot mais Robyn me coupa dans mon élan. Apparemment, elle voulait régler cette "affaire de famille" seule. Ainsi, elle se considérait vraiment comme la soeur d'Elliot ? Cette information m'arracha un léger sourire attendri. Je savais qu'au fond d'eux, l'animosité qu'ils éprouvaient mutuellement était en réalité un refus d'avouer leur amitié.
Subitement, la lumière vacilla, nous plongeant dans le noir complet. La pâtissière m'accusa aussitôt, ce que je trouvai parfaitement injuste. Ne voyait-elle pas que je me tenais au milieu de la pièce, juste à côté d'eux ? Puis, sans aucune raison, l'électricité refonctionna, mais de façon exagérée. Chaque ampoule était en fonction alors que nul n'y avait touché. Une musique désagréable envahit bientôt les lieux alors que les lumières allaient et venaient, comme sous l'effet d'une mauvaise transmission du courant.
Puis, tout s'éteignit de nouveau. L'obscurité avait quelque chose de glaçant. Robyn posa une question à Elliot à laquelle il resta silencieux, la bouche entrouverte, en pleine réflexion. Le poste de télévision décida de répliquer mais sans rien diffuser de particulier. Les lieux, débarrassés de la présence parentale, avaient désormais l'aura angoissante d'une demeure hantée.
"Oh, la barbe !" grommelai-je lorsque la musique abominable se fit de nouveau entendre.
J'étais plus lassé qu'effrayé par tout ce remue-ménages. Après tout, nous avions l'instigateur de toute cette mascarade auprès de nous. Rien ne pourrait donc nous arriver de dangereux, désormais.
Du coin de l'oeil, je remarquai que Robyn était un peu trop pendue aux épaules d'Elliot. Je croisai son regard anxieux et décidai de prendre les choses en main, à commencer par la détacher de mon ami car cette proximité me plaisait de moins en moins.
"Se défendre contre quoi donc ?" soupirai-je. "Cette vieille demeure subit probablement des court-circuits. Il ne faut pas voir le mal partout."
"Non mais elle a pas tort..." dit Elliot en passant une main dans ses cheveux, l'air nerveux. "J'ai pas configuré la suite comme ça. Normalement, dans mon scénario, les parents s'absentaient, je prétextais un truc pour m'en aller, et comme ça vous pouviez vous retrouver tous les deux... en amoureux."
Il haussa plusieurs fois les sourcils tandis que je fronçai les miens. Ce n'était certainement pas le moment pour ce genre de pensée grivoise. Voyant mon regard sévère, il se racla la gorge et reprit :
"C'est pas censé partir en cacahuète. Pourtant je fais super gaffe, maintenant ! Je teste chaque jeu deux fois pour être sûr que rien ne va déconner ! Je comprends pas..."
Il se gratta la tête, sceptique, alors que le volume de la musique atteignait un niveau insensé, comme pour appuyer le fait qu'il se montrait incompétent. Je soupirai de plus belle en croisant les bras, de plus en plus réprobateur.
"Faut que je sorte d'ici pour vérifier ce qui cloche. Mais restez cools, je reviendrai vous chercher !" lança-t-il en se redressant d'un bond.
"Non ! Ne...!"
Trop tard, il avait déjà disparu. Je fixai l'endroit où il se trouvait quelques secondes plus tôt, les poings serrés.
"Pourquoi ne nous a-t-il pas emmenés avec lui ?" fis-je, excédé, en pivotant vers Robyn.
C'était absurde ! Il avait pu partir, alors pourquoi nous laisser derrière lui ? Son comportement avoisinnait l'imbécilité. Je me faisais beaucoup de souci pour lui. Mais pour le moment, mieux valait parer au plus pressé et faire cesser ce boucan de tous les diables.
Je songeai alors à chercher le disjoncteur pour couper tout le réseau électrique. Comme dans la majorité des demeures, il devait forcément se trouver dans la cave. Cela faisait partie des choses que j'avais retenues depuis que je vivais au XXIème siècle.
"Suivez-moi." dis-je à Robyn tout m'élançant vers la cuisine.
Sans surprise, une porte basse s'y trouvait. Ne me guidant que grâce à la lumière hasardeuse et vacillante, je l'ouvris et descendis l'escalier en bois pour me retrouver face à une boîte à fusibles en très mauvais état.
"Je discerne des bougies, là-bas." indiquai-je à la jeune femme, dans la pénombre de la cave. "Allumez-en quelques unes, s'il vous plaît."
La cacophonie ambiante m'empêchait de réfléchir correctement, car en temps ordinaire, j'aurais mis davantage de prudence et n'aurait pas abaissé tous les fusibles d'un seul coup.
Le point positif fut que la musique et toute l'installation électrique se coupèrent instantanément, mais je n'eus pas le loisir d'en jouir pleinement car je me sentis propulsé en arrière et heurter violemment le mur derrière moi. Des étincelles dansaient encore devant mes yeux alors que je me retrouvais étendu au sol, hébété et tremblant.
"Que...?"
Mon corps me semblait incroyablement lourd et parcouru de millions de petites fourmis. Elles s'agitaient sur ma peau dans une danse désordonnée qui me donnait des frissons désagréables.
"Rob... Robyn ?" appelai-je dans l'obscurité.
J'entendis alors le bruit d'une allumette que l'on craque, mais aucune flamme ne jaillit. J'étais dans l'incapacité de bouger pour le moment, bien que je me démenais pour y parvenir. Mes terminaisons nerveuses étaient comme anesthésiées par l'électrocution que je venais de subir.
Une allumette s'enflamma enfin, dévoilant une silhouette tremblotante. Il ne s'agissait pas de la pâtissière mais d'une sorte de fillette drapée dans une longue chemise blanche et vaporeuse, qui lui donnait l'allure d'un fantôme. Elle porta la petite flamme jusqu'à ses yeux et je ne vis que deux trous béants me fixer. J'eus un mouvement de recul mais mon corps resta tristement immobile, alors que la fillette cauchemardesque avançait sensiblement vers moi, glissant presque sur le sol avec un sourire sournois au coin des lèvres. J'avais la désagréable impression qu'elle comptait me brûler les globes oculaires...
"ROBYN !" criai-je plus fortement. "Je n'aime pas demander assistance, mais... il faudrait que l'on m'aide... je crois !"
Je tentai toujours de bouger, en vain. Les fourmis assaillaient mon corps, le parcourant de picotements douloureux. C'était étrange que seuls les muscles de ma bouche soient en capacité de fonctionner.
"Elliot, je te maudis !" marmonnai-je, les dents serrées.
La fillette émit un petit rire glaçant tout en se penchant vers moi, tendant l'allumette vers mon oeil droit. Je fermai les paupières et priai très fort pour un miracle. Je combattais toujours pour faire entendre raison à mon corps qui demeurait résolument inanimé. La chaleur de la flamme caressait mon orbite, de plus en plus proche...
Subitement, une lumière m'éblouit. Je crispai davantage les paupières avant de les soulever. Les yeux plissés, je découvris une salle en désordre, encombrée de ces étonnantes machines appelées ordinateurs. Elliot se tenait dos à moi, pianotant fiévreusement sur plusieurs claviers à la fois, les yeux rivés sur cinq écrans qui montraient la demeure que je venais de quitter sous différents angles. Une pensée traversa mon esprit court-circuité : comment faisait-il pour s'y retrouver dans tout ce fatras informatique ? C'était une science à laquelle je n'entendais rien.
Je poussai un soupir et tentai de me relever, sans succès. J'étais toujours affalé sur le sol, mais je notai que les sensations revenaient dans mes membres engourdis. Les fourmis chahutaient toujours sur ma peau, très affairées, cependant, en remuant les doigts, je parvins à en chasser certaines.
"Oh mec, t'es là !" s'écria Elliot en se retournant.
Il se releva d'un bond mais se re-focalisa aussitôt sur les écrans. Sans cesser de pianoter, il déclara d'un ton nerveux :
"J'arrivais pas à te faire sortir ! La gamine a bien failli te cramer la rétine ! Mais je suis quand même le plus fort !"
Il avait précisé cela d'un ton expert qui me fit grincer des dents. Bizarrement, j'étais dans l'incapacité de parler, mais je n'en pensais pas moins.
"Je sais pas ce qui s'est passé. C'est comme si le contenu de Bioshock s'était déversé dans la fausse maison de Robyn... Pourtant, c'est pas censé arriver. Je suis en train de colmater tout ça sinon ça va empirer. Heureusement, j'ai fait une sauvegarde !"
Ses explications n'étaient pour moi qu'un immense charabia. Je fermai de nouveau les yeux, essayant de repousser le mal de crâne qui tapait fortement contre mes parois cérébrales. Battant des cils, ma vue s'accoutuma peu à peu à la brusque luminosité et je reconnus la silhouette familière de Robyn. Elle se tenait à seulement quelques mètres, toujours vêtue de son élégante tenue de fermière de l'Ouest sauvage. Elliot pivota brièvement vers elle, les sourcils froncés.
"Il doit y avoir un bug. J'arrive pas à retrouver tes fringues de pom-pom girl. Mais t'es très bien comme ça aussi..."
Il avait bafouillé la dernière phrase en rougissant légèrement, toujours rivé sur les écrans. Au prix d'un terrible effort, je parvins enfin à me tourner sur le ventre et à me redresser légèrement. Mes bras tremblaient. Je me sentais ridicule.
"Voilà, ça y est !" annonça mon ami d'un ton triomphal tout en attrapant un petit objet noir qui ressemblait à un bonhomme et en le débranchant d'un ordinateur.
Il sentit enfin le malaise lorsqu'il nous regarda tout à fait, et esquissa un sourire contrit.
"Je vous laisse, j'ai encore d'autres jeux à gérer. Y a un monde fou ce soir ! Bye bye !"
Et il disparut une fois encore, nous plongeant dans un silence seulement entrecoupé par les moteurs ronronnants des machines infernales. Je marmonnai dans ma barbe et me relevai totalement en m'aidant d'un bureau non loin. J'y restai appuyé tout en adressant un regard incertain à Robyn.
"Eh bien... je crois que cet Halloween restera dans les annales."
En tous cas, c'est ce que j'aurais aimé dire. Hélas, ma verve habituelle avait été court-circuitée aussi, et je venais plutôt de déclarer quelque chose de ce genre :
"Eh ben... hé cro que cé Hallewon tera dans les ânes !"
Je poussai un profond soupir et me massai les tempes. Si je perdais mon éloquence, que me restait-il ? Je me consolai en me disant qu'au moins, nous étions hors de ce jeu beaucoup trop exubérant. Hors de danger. Je lançai un coup d'oeil aux écrans qui montraient les différentes pièces de la demeure, et remarquai que les "parents" de Robyn venaient de rentrer. Ils semblaient chercher leurs enfants, à la fois anxieux et soudés. Cette image me fit tiquer et je posai les yeux sur la jeune femme à mes côtés, qui observait elle aussi les écrans. Je voyais bien ce qu'elle éprouvait. Ce qui se passait était au-delà des mots.
Je posai doucement une main sur son épaule, pour lui faire comprendre que je comprenais et partageais sa peine.
crackle bones
Elliot Sandman
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quand la moustache est fine...
| Conte : Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : Le fils de Hadès et Aphrodite
Le matin d'Halloween, Elliot se trouvait chez sa maman. Il s'y rendait de temps à autre quand il avait un petit creux car il savait qu'il y avait toujours de bonnes choses dans son réfrigérateur (comme chez toutes les mamans). Il aurait pu faire apparaître ce qu'il souhaitait, mais il prétendait que le goût était meilleur quand l'aliment venait de chez Aryana (précisons qu'elle était une piètre cuisinière et que ses plats surgissaient comme par magie, mais ne contrarions pas le dieu de la Renaissance).
Il appela plusieurs fois sa mère mais nul ne lui répondit. Sans doute qu'elle était sortie. Il fit donc comme chez lui et ouvrit le frigo. Il piqua quelques macarons à la pistache, un reste de camembert, quand un flacon attira subitement son attention. Il s'agissait d'une bouteille en verre qui ressemblait à un alambic et contenant un liquide curieux. Il s'en saisit et le plaça devant la lumière : il semblait scintiller. Elliot haussa les épaules, le déboucha et en but une gorgée, puis une deuxième en trouvant cela très bon. Ca avait un goût à la fois sucré et acidulé, comme du bonbon. Il replaça ensuite le flacon dans le frigo et referma ce dernier.
La première chose qu'il vit tout de suite après fut la photo de Robyn et de sa maman, aimantée à la porte du frigo. Aryana la tenait par l'épaule avec un large sourire aux lèvres, alors que la pâtissière grimaçait, intimidée par l'objectif.
Un changement profond et immédiat s'opéra en lui. Il resta figé face à la photographie de longues minutes, stupéfié par ce qu'il voyait, au-delà du papier glacé.
Moins d'une heure après, il élaborait un jeu en immersion totale, à la hauteur de l'attachement qu'il éprouvait pour la pâtissière.
***
Quelques temps plus tard, le même jour...
Aryana ouvrit la porte de son réfrigérateur, s'aperçut aussitôt que quelqu'un avait bu une partie du contenu du flacon expérimental. Elle soupira, se doutant de l'identité du "voleur". N'ayant pas entendu d'écho, elle supposait que la dose qu'elle avait mis dans la bouteille n'était pas trop prononcée. Après tout, elle avait fait très attention à ne mettre que très peu de poudre de saphir issu de sa Ceinture. Elle avait eu l'idée de faire un philtre d'amour à partir de son objet divin, et en testait une infime quantité sur autrui de temps à autre.
"Ca apprendra à Elliot à se servir chez moi sans invitation." se dit-elle avec une moue. "Je me demande pour qui il a eu une inclination. Espérons que ça ne prenne pas une tournure dramatique."
Malgré son hésitation, elle décida de ne pas vérifier l'étendue des dégâts. Certes, il s'agissait de son fils, mais il était grand dorénavant. Il pourrait tirer une leçon de tout ceci. Et dans le pire des cas, le philtre ne durerait que quelques heures. Elle se contenta de lui envoyer un sms en lui demandant si tout allait bien, et elle eut un sourire amusé en recevant sa réponse :
C'est le meilleur Halloween de toute ma vie ! Robyn est tellement géniale ! Elle est ma muse ! Le panard total ! Je crois que je vais lui demander de devenir la mascotte de mon Lasergame !
Aryana laissa échapper un petit rire en secouant la tête. Non décidément, elle n'allait pas s'en mêler. C'était déjà tellement savoureux à distance !
Robyn W. Candy
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(Et ouais du coup j'en profite pour faire un tour et mâter les profils, z'allez faire quoi pour m'en empêcher hein ?)
| Conte : Les mondes de Ralph. | Dans le monde des contes, je suis : : Vanellope Von Schweetz, ou la princesse d'un royaume de sucreries qui préfère conduire des voitures en gâteaux.
C'était décidé. À Noel, j'allais offrir un cerveau à Elliot. Une bonne grosse cervelle rose, à l'aspect gélatineuse et qui lui offrirait le don merveilleux de réfléchir. Ça allait être le cadeau le plus utile de sa vie. Enfin, il allait être capable de se rendre compte de ses erreurs et surtout arrêter d'accumuler conneries sur conneries. Pas la peine de me remercier ou de me faire un câlin, je faisais pas ça pour lui mais plutôt pour le bien du reste de la population. Un jour ou l'autre, il allait finir par tuer quelqu'un. Et je sentais gros comme une maison que ça allait retomber sur moi ou sur une personne que j'aimais bien. Fallait agir avant que ça finisse dans le sang, les larmes et un cimetière.
Il aurait mérité une bonne paire de claques et un coup de pied au cul, mais je me contentais de fermer les yeux et de compter jusqu'à deux mille. J'allais attendre qu'il arrête de fracasser ses gros doigts pas délicats sur les touches des claviers un peu trop nombreux reliés à tout autant d'ordinateurs. Bordel, il avait dû dévaliser tout un magasin type Darty ou Boulanger pour se retrouver avec autant d'écrans et de machines. Comment il faisait pour pas avoir un mal de tête pas possible à force d'avoir les yeux rivés sur des engins pareils probablement toute la journée? J'avais beau être dans mon coin, en gardant une bonne distante entre moi et les ordis, ça empêchait pas que j'avais l'impression d'être assaillie d'ondes en tout genre qui essayaient de me cramer les neurones. C'était peut être pour ça qu'il était aussi idiot, en fait.
- On s'en fout de mon costume.
D'un ton cassant, j'envoyais balader les pseudos inquiétudes d'Elliot concernant ma tenue de pom-pom girl. Il allait vraiment falloir qu'il arrête de me faire des compliments, parce qu'il me mettait de plus en plus mal à l'aise. Et puis je disais vrai. Ma mini jupe et mon haut, je m'en foutais sévère. C'était qu'un déguisement à la con, qui m'avait coûté que dalle en plus. J'étais pas super jouasse de repartir avec sur le dos une tenue de cow-girl vieillotte et poussiéreuse mais j'allais pas en faire tout un cheesecake. Le principal, c'était qu'on soit toujours vivants. Et surtout, qu'on ait quitté le jeu.
- T'es sérieux là? Tu te casses comme ça? Eh! Putain Elliot! Tu fais vraiment chier !
Énervée par sa disparation soudaine, je frappais du pied le sol comme une sale gosse a qui on veut pas acheter des bonbons au supermarché et en laissant échapper un grognement de rage. Quel petit con ! Il se tirait comme ça, sans vraiment s'excuser pour les dangers, les morts potentiels, les dégâts causés, la sécurité plus que faiblarde de son jeu... Non. Que dalle. Nada. Niet. À la place d'un dédommagement, il restait plus que les grognements effrayants des machines et un Jules qui avait du mal à tenir sur ses jambes.
- Euh... Quoi?
Et qui avait aussi du mal à parler, apparemment. On se serait cru dans cette pub à la con pour les forfaits mobiles. Genre "je chuis paché chez Choch". Je fronçais les sourcils en secouant la tête, pas certaine de ce qu'il avait dit. Bonjour le charabia incompréhensible. Ça faisait bizarre de l'entendre s'exprimer comme si il avait les joues gonflées de semoule.
- T'as du mal à te remettre du bug de son jeu? C'est pour ça que tu parles de manière chelou? T'en fais pas, c'est normal d'avoir un peu de mal. T'es pas le seul.
L'air blasé, je levais la main pour qu'il puisse voir les espèces de filaments électriques bleus qui faisaient disparaître mes doigts pour mieux les faire réapparaître après, histoire de bien rappeler au reste de l'univers que de base j'étais une anomalie. C'était génial les bugs, non mais sérieux j'adore. Manquerait plus que ça s'étende et que je me mette à me téléporter un peu partout. Ça serait la cerise sur la Forêt Noire.
Pour ça que j'aimais pas les ordinateurs, d'ailleurs. Être à proximité d'un appareil de ce genre, ça pouvait être un vrai calvaire. Soit je les faisais dérégler, soit c'était eux qui me faisaient partir en vrille. Y avait que les portables qui supportaient ma présence. Et encore. Les miens avaient jamais une très longue durée de vie. Ironiquement, j'étais naze en informatique.
Alors pourquoi je m'étais approchée des écrans d'Elliot pour regarder ce qu'ils montraient? Peut être parce que j'avais reconnu le physique menu de ma "mère". La barbe qui donnait des airs d'ours à mon "père". À ce moment là, je me rendis compte que oui, j'avais bien quitté le jeu. Mais que du coup, j'avais aussi quitté "ma" famille.
- Ils étaient pas vrais. Rien n'était vrai.
Ma gorge était bizarrement serrée par la tristesse. C'était con, pourtant. D'être triste à cause de personnes qui n'en étaient pas réellement. Ces gens n'avaient jamais été mes parents. Ça aurait été con de croire le contraire. Et pourtant.
- De toute façon, Elliot va sûrement les faire disparaître. Ils doivent prendre inutilement de la place sur son disque dur ou un truc du même genre.
J'essayais d'avoir l'air détachée. Mais c'était pas facile. J'avais goûté à ce que ça faisait, d'être la fille de quelqu'un. Et ça avait été encore meilleur que dans mes rêves de petite fille qui croyait qu'un jour elle aurait une famille.
- Bon. On se casse nous aussi? On a plus rien qui nous retient, on est enfin libres. Youpi!
Bah ouais quoi. On allait pas rester plantés là comme des idiots, à attendre que Elliot libère cette fois une armée de paresseux mutants. Je m'écartais de Jules pour m'échapper du contact de sa main sur mon épaule, et je me dirigeais d'un pas déterminé vers la porte de sortie. Je supposais que c'était ça. Y avait un bloc lumineux rouge avec inscrit "SORTIE" en blanc juste au dessus de cette porte. Soit c'était un piège, soit on allait vraiment pouvoir quitter le laser game.
Sans un regard en arrière, j'ouvris la porte et me glissais à l'extérieur. Mon cœur se serra un peu plus douloureusement au moment où je la franchis, mais je réussis à ravaler mes larmes qui menaçaient de venir faire chier en me mordant la lèvre et en faisant la tête qui fait genre que tout va bien.
- Prends ton temps hein. Ça serait dommage que tu te casses la gueule et que tu te blesses. Je suis pas sûre de pouvoir te porter. Je pourrai toujours essayer de te traîner par les pieds, mais je tiens à ce qu'on se quitte en pas trop mauvais terme.
D'une main, je retenais la porte pour que Jules puisse passer. Pressée de sortir, je l'avais pas attendu. Vu qu'il avait eu l'air un peu sonné, je préférai m'assurer qu'il était pas toujours en train de morfler dans un coin. J'avais pas compris pourquoi il était apparu étalé au sol, d'ailleurs. Quand on s'était retrouvé dans la cave, j'étais restée dans le noir tout du long et j'avais juste entendu l'écho de ses cris se répercuter contre les murs sans savoir exactement où il se trouvait et ce qu'il lui arrivait.
- Oh putain, ça fait du bien.
La sortie donnait sur le trottoir. Un léger vent frais glissa sur mon visage et je fermais les yeux pour savourer la sensation. La nuit, le calme, le vent... c'était un parfait retour à la réalité. Et en plus même mon bug s'était calmé. Si seulement la brise avait pu aussi balayer quelques souvenirs qui allaient faire mal...
- Plus jamais. C'est fini. Je remettrai plus les pieds dans son Laser Game. On est d'accord que c'était horrible? Pire expérience de tout les temps ! Entre les cow-boys, les enfants monstrueux, les voitures tueuses et les années 80... je pourrai même pas dire lequel était le pire !
Exagération, bonjour! Je passais une main dans mes cheveux pour les ébourrifier un peu d'un geste distrait, en suivant du regard un groupe d'adolescents déguisés en tueurs de films d'horreur. J'avais presque oublié qu'on était toujours le soir d'Halloween, en 2017. Combien de temps on était parti? Probablement pas si longtemps que ça, vu qu'il faisait toujours nuirs et que les rues étaient toujours hantés par des mômes en costumes.
- ça va aller pour rentrer ? Si tu veux je peux te raccompagner. Juste histoire d'être sûre que tu te feras pas agressé par une bande de gamins surexcités par une sacrée dose de sucre. Je sais, c'est pas la fille qui est supposé ramener le mec chez lui. Mais je m'en fous.
Je levais les yeux au ciel, en imaginant déjà son indignation parce qu'à son époque ça se faisait carrément pas ou un truc du genre. C'était pour être sympa que je disais ça. Et peut être aussi un petit peu parce que j'avais soudain désespérément envie de prolonger la soirée avec lui pour pas me retrouver toute seule. Personne m'attendait chez moi. Plus de Nora, plus de colocs, plus de Candy. J'étais toute seule. Et j'en avais pas envie.
- Ou sinon on peut aller chez moi. Attention, c'est pas une proposition spé, hein. Mais je peux nous préparer un chocolat chaud pour nous remettre de nos émotions. Il me reste plein de bouffe dans le frigo en plus. Y a que l’embarras du choix. Je te dois bien ça, vu que c'est à cause de moi que tu t'es retrouvé embarqué dans cette histoire. Si je t'avais pas choisi pour m'accompagner, t'aurais pas failli crever et t'aurais pas vu ta vie défiler devant tes yeux dans une voiture que je conduisais.
Bordel, j'avais l'impression que ça remontait à deux semaines cette histoire. Mais non, c'était tout récent. J'en avais fait mon partenaire d'aventure. Pas de chance pour lui. J'aurais jamais pu choisir quelqu'un d'autre, de toute façon. Si fallait morfler, autant que ça soit avec lui. Quelqu'un que j'aimais bien un peu beaucoup. Même si on avait clairement pas la même vision des choses. Là, j'avais trop le coeur en peine pour lui faire la gueule par rapport à ça, d'ailleurs. Même si je comptais pas oublier.
- Ou alors tu rentres chez toi tout seul. C'est aussi une option envisageable.
Ah bah tiens, je l'avais presque oublié cette possibilité.
Jules Verne
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Je me sentais parfaitement ridicule, aussi je pris le parti de rester silencieux les minutes qui suivirent. Cela se révéla un exercice particulièrement ardu, car je n'étais pas habitué à demeurer muet. J'étais doué d'une éloquence naturelle qui me faisait briller en société. Etre contraint de garder la bouche fermée se comparait presque à de la torture, surtout que maintes fois, je voulus discuter avec Robyn, rebondir sur ses propos parfois farfelus ou touchants. Hélas, elle n'eut pour toute compagnie qu'un écrivain qui avait perdu ses mots.
Je restai passablement fasciné par les filaments bleu électrique qui avaient parcouru ses doigts, alors que nous étions encore dans l'entrepôt empli de machines informatiques. Cette demoiselle était surprenante. Elle avait un magnétisme naturel qui m'hypnotisait presque, par instants. Comment faisait-elle donc ? Je connaissais la majeure partie des charmes des femmes et la façon dont elles en jouaient pour obtenir des faveurs. Cependant, c'était différent avec Robyn. Son charisme était au-delà de la beauté, il la transfigurait. Sans doute que le fait qu'elle en soit inconsciente ne la rendait que plus magnifique encore. Elle était sublime dans toute sa candeur.
J'aurais aimé lui poser des questions sur le courant électrique qui avait caressé sa peau, mais à la place, je me contentai de mettre un pied devant l'autre pour sortir de l'entrepôt. Cela était déjà suffisamment difficile. Mes jambes me semblaient gantées de plombs. Ma démarche en était sensiblement modifiée, devenant mécanique. Robyn m'ouvrit galamment la porte, ce qui me fit me sentir encore plus étrange. Ce n'était pas dans l'ordre des choses. Jamais encore une femme ne m'avait tenu la porte. Je fronçai les sourcils mais hochai la tête pour la remercier, car ne pas se montrer poli aurait été encore plus malvenu que tout le reste.
La nuit nous enveloppa aussitôt dans son grand manteau obscur et glacial. Je frissonnai mais appréciai de me retrouver à l'air libre. La pâtissière ne manqua pas de montrer également son contentement à grand renfort de vulgarités. Je fermai brièvement les yeux et inspirai profondément. Désormais, je me sentais mieux. Malgré tout, je décidai d'attendre encore un peu avant de m'exprimer à haute voix. Tandis que la demoiselle proposait de me raccompagner, je m'appliquai à délier la langue à l'intérieur de ma bouche, vérifiant que les muscles fonctionnaient de nouveau correctement.
Puis soudain, je saisis entièrement et complètement sa proposition. Je la dévisageai, perplexe et dérouté, alors qu'elle levait les yeux au ciel. Elle m'avait déjà tenu la porte. Voulait-elle vraiment traîner le peu de dignité qu'il me restait et l'accrocher à ma porte d'entrée, à la vue de tous ?
Fort heureusement, elle proposa une idée nettement meilleure dans la minute qui suivit, me prenant ainsi de vitesse. Je remerciai alors toutes les divinités du panthéon grec car si j'avais ouvert la bouche, peut-être n'aurait-elle jamais fait cette proposition. Je clignai des yeux, ébloui par cette déclaration inespérée. Elle dut remarquer mon expression béate car elle s'empressa de préciser que je pouvais très bien rentrer chez moi de mon propre chef. J'esquissai alors une petite moue faussement incertaine.
"Vous laisseriez un ami dans l'incertitude, après tout ce qu'il nous est arrivé ce soir ?" fis-je en usant de mes dons théâtraux pour mieux l'amadouer. "Je doute que je sois en état de marcher seul à travers la ville. Si Tornado était là, j'aurais pu chevaucher jusque chez moi. Hélas, mon fidèle cheval est lui aussi resté à l'intérieur du jeu..."
Je lançai un regard dépité en direction de l'entrepôt avant de le poser de nouveau sur la jeune femme.
"J'ai lu quelque part que le chocolat aide à surmonter les chocs post-traumatiques." déclarai-je d'un ton assuré. "Il me semble que votre seconde proposition serait la mieux indiquée afin de terminer la nuit sous les meilleurs auspices."
A peine avais-je fini ma phrase que je lui tendais mon bras. Elle ne le prit pas, mais je ne m'en formalisai pas car je m'y attendais. Après tout, c'était une vieille habitude, comme le fait d'ôter mon chapeau dès que j'entrais quelque part. Pour le moment, je n'avais réussi qu'à supprimer les révérences dans mon mode de comportement, et cela avait été particulièrement ardu. Il m'arrivait encore parfois de m'incliner machinalement à la venue d'une dame, mais je cachais cet élan en faisant semblant de renouer mon lacet.
"Conduisez-moi chez vous. Il me tarde de découvrir où vous vivez." dis-je avec un sourire sincère.
Nous marchâmes donc à travers la ville illuminée par les réverbères et les citrouilles évidées dans lesquelles des gens avaient placé des bougies. La métropole était en effervescence en ce soir de Halloween. Nous croisâmes bon nombre de monstres et d'affreux jojos. Je me retournai sur une bonne quantité de costumes dont les origines m'étaient totalement inconnues. Pour quelle raison aurait-on eu envie de se déguiser en clown diabolique ? Cela me semblait totalement absurde. La jeunesse d'aujourd'hui demeurait un véritable mystère. Je trouvais beaucoup plus plaisant de porter un costume de cowboy, ou encore la tenue de Zorro qui était, hélas, restée prisonnière du jeu d'Elliot.
Comme les environs étaient envahis de monstres en tous genres -et que certains costumes étaient diablement réussis- je fus plutôt soulagé d'entrer enfin chez Robyn. J'avais eu mon lot d'émotions fortes pour les prochaines semaines.
J'entrai à sa suite et fus surpris de constater qu'elle vivait dans un tout petit logement. Malgré tout, les lieux étaient fort bien agencés et accueillants. Un lit bateau en bois blanc, surmonté d'une sorte de rideau en baldaquin faisait office de sofa, comme pouvaient en témoigner la collection impressionnante de coussins imprimés de gâteaux appétissants. Tout était en ordre, surtout le coin cuisine qui brillait presque de part sa propreté. L'on sentait que c'était l'endroit que Robyn affectionnait tout particulièrement. D'ailleurs, il flottait dans la pièce une charmante odeur sucrée, qui rappelait la framboise et le chocolat. Cet embrum provoqua aussitôt un violent creux dans mon estomac. Sacrebleu, j'avais tellement faim ! Il est vrai que je n'avais pas eu le temps de me sustenter comme il se doit chez les parents de Robyn.
Seuls le lit et la table basse étaient en désordre : l'un croulant sous les vêtements et l'autre sous les livres de pâtisserie. J'esquissai un sourire rêveur en découvrant le foyer de ma chère amie, sourire qui se dissipa brusquement lorsque mes yeux s'arrêtèrent sur la batte de base-ball recouverte de fils barbelés qui trônait près du lit. Pourquoi diable avait-elle besoin d'un tel ustensile juste à côté de son oreiller ? Je chassai cette question beaucoup trop déconcertante de ma tête pour m'avancer davantage dans le petit appartement.
"C'est fort joli." commentai-je. "Ne vous sentez-vous pas trop à l'étroit, parfois ? Je ne pourrais vivre dans un lieu aussi exigu. J'ai besoin d'espace. Cependant, je reconnais que votre petit logement est très accueillant. Cela doit venir du fait que votre personne s'y reflète partout, dans le moindre détail."
J'enveloppai les lieux d'un regard tendre avant de m'attarder sur la demoiselle. Elle tentait de cacher sa peine profonde d'avoir été si injustement arrachée à ses parents imaginaires, avec vaillance et dédain, comme à son habitude. Mais je n'étais pas dupe. Je commençais à la connaître et je savais exactement comment l'aider à surmonter son chagrin silencieux. Aussi je m'approchai d'elle pour poser mes mains sur ses épaules et la faire reculer. Surprise, elle se laissa faire et je la guidai jusqu'au lit. Une lueur d'angoisse et d'attente passa dans ses beaux yeux. Je plissai brièvement des miens. Que pensait-elle que je comptais faire ? Je n'allais certainement pas profiter de sa faiblesse d'une aussi odieuse façon ! Ce n'était pas le moment pour cela.
J'exerçai une légère pression sur ses épaules afin de la faire s'asseoir.
"Vous m'avez conduit dans un endroit sûr. A mon tour de prendre soin de vous." déclarai-je simplement.
Sur un petit sourire mutin, je pivotai sur moi-même pour me diriger vers le coin cuisine.
"Vous ne m'en voudrez pas si j'explore vos placards ?" demandai-je en ouvrant le premier sans attendre.
Je cherchai un certain temps avant de trouver l'objet de mes désirs : une tablette de chocolat noir.
"Parfait." dis-je pour moi-même.
Je cassai une dizaine de carreaux, puis j'ouvris le réfrigérateur pour prendre la brique de lait que je versai dans une casserole. J'y jetai ensuite le chocolat en morceaux avant de mélanger conscienceusement le contenu avec une spatule en bois.
"Je suis persuadé que vous n'avez jamais bu un chocolat chaud comme celui-ci !" dis-je en levant fièrement le menton. "Le chocolat en poudre n'a aucune saveur en comparaison."
Je tournai et retournai la spatule dans la casserole. Cependant, plus les minutes passaient, et moins le chocolat fondait. Il restait obstinément figé en plusieurs carreaux, au fond du récipient. Je marmonnai dans ma barbe sans comprendre, avant de réaliser ce qui manquait à ma superbe démonstration : allumer la cuisinière. Je clignai des yeux et restai stupéfait par ma propre bêtise. Ce n'était plus un oubli, c'était de la stupidité !
Jetant un bref coup d'oeil vers Robyn, je m'empressai d'appuyer sur le bouton pour enflammer le point chaud, me plaçant devant la cuisinière dans l'espoir qu'elle n'ait rien remarqué. Puis, je m'éclaircis la gorge. Au moins, je ne pouvais nier que j'étais un véritable novice en matière de cuisine, même si j'étais plutôt satisfait d'avoir réussi à dompter le feu électrique de cette machine -autrement dit, d'avoir appuyé sur un bouton.
Lorsque la casserole commença à fumer, j'éteignis le tout, versai le contenu dans deux tasses et retournai auprès de Robyn. Je lui tendis la première et m'assis devant elle au bord de la table basse -en prenant soin de ne pas écraser les livres. Je n'avais pas spécialement envie de prendre place dans l'un des poufs colorés qui se trouvaient juste à côté. J'aurais eu l'impression d'être assis par terre. Ce n'était ni élégant, ni convenable.
"Alors, qu'en dites-vous ?" demandai-je, impatient de connaître ses impressions.
Je portai la tasse fumante à mes lèvres, soufflai un peu dessus, et en bus une gorgée.
"Hum... cela manque un peu de sucre, non ?"
Je fis une moue, mécontent de mon oeuvre. Heureusement que j'excellais dans d'autres domaines. Je me relevai donc pour partir en quête de sucre. N'en ayant pas vu dans les précédents tiroirs, j'entrepris d'ouvrir ceux du bas, dans le coin cuisine.
Je n'aurais jamais dû ouvrir celui du milieu en partant vers la gauche. Non, car il soulevait quantité de questions déroutantes et... inquiétantes.
Hélas, il était trop tard. Le tiroir coulissa, dévoilant une collection impressionnante de petits sachets carrés en aluminium. Ils portaient tous la même appelation. Il était donc impossible de se méprendre. Je fixai cet étalage avec des yeux ronds. J'aurais dû refermer le tiroir de suite, car il était question de l'intimité de la jeune femme, mais je ne pouvais m'y résoudre. Pourquoi... en avait-elle autant ? Je savais de quoi il s'agissait et à quoi cela servait -je pouvais en remercier mon ami Elliot. En revanche, je ne saisissais pas pour quelle raison ces petits objets de protection à but récréatif se trouvaient dans l'espace cuisine de Robyn, encore moins en proportions astronomiques.
"Vous... recevez souvent du monde ?" demandai-je, perplexe et déstabilisé.
Cette question était sans doute malvenue, à la limite de l'insolence, mais elle s'était échappée de ma bouche avant même que je ne puisse la retenir. Pourtant, Robyn me semblait être une jeune femme convenable. Elle avait montré à maintes reprises qu'elle n'avait rien d'une débauchée. Exceptée la fois dans le sauna... A ce souvenir, un frémissement parcourut mon échine. Je clignai des yeux et fus de nouveau saisi par la vision de tous ces petits sachets. S'en servait-elle pour la cuisine ? Après tout, peut-être y avait-il une autre utilisation qu'il ne connaissait pas ?
Mon regard s'attarda sur la paire de menottes qui dépassait de cette étonnante collection. Cette fois-ci, je ne voyais absolument pas d'explication.
crackle bones
Robyn W. Candy
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J'aurai peut être du me contenter des propositions #1 et #3. Elles étaient super bien. Pourquoi j'avais voulu y rajouter une autre option ? Pour être sympa ? Ouais bah mon côté "copinons!" avait lui aussi du mal à gérer la situation actuelle. Il avait intérêt à s'en mordre les doigts. Par sa faute, Jules était chez moi. Dans mon minuscule appart' à la déco flashy, girly et plein d'autres trucs finissant par un "y". Et aussi en "e". Comme dans "Putain Robyn tu fous quoi c'est chez toi c'est supposé être intime". J'avais pas du tout à fait saisir le concept. Y avait pleins de trucs qui m'échappaient encore.
Genre, au final, pourquoi je me permettais de chipoter alors que j'avais carrément dormi chez Jules ? Dans son lit, en plus. Son. Lit. On pouvait pas faire plus personnel que ça ! Fallait que j'apprenne à prendre mes gouttes et à arrêter de psychoter pour un rien. Jules était mon ami. On allait juste boire un chocolat chaud, manger un bout et papoter un peu le temps de cracher notre venin sur Elliot. Fin de l'histoire. C'était le genre de truc que j'aurai pu faire avec Nora, par exemple. Y avait pas de quoi en faire tout un cheesecake.
- Je passe pas beaucoup de temps ici. Je suis plus souvent à la pâtisserie que chez moi. Mais j'aime bien vivre dans un aussi petit espace.
Du moins pour l'instant. Ma maison me manquait. La coloc. Avec ses grandes pièces, ses deux étages, sa cave, son fantôme intégré et sa cuisine magnifique qui avait fait briller mes yeux de bonheur la première fois qu'elle et moi nous étions rencontrées. Le coup de foudre immédiat. J'aurai aimé vivre de nouveau dans une grande maison grinçante et bizarre, mais je me sentais toujours pas prête. Alors si je devais vivre seule, je préférai encore que ça soit dans un tout petit nid confortable et tout mignon.
N'empêche, j'aurai du penser à ranger un peu avant de me barrer quelques heures plus tôt. Mon lit et la table basse croulaient sous un bordel monstre qui donnait à Jules un aperçu de mon petit côté bordélique. Et encore, je m'étais améliorée depuis quelques temps. Si il était venu trois ou quatre mois plus tôt, il aurait jamais pu se déplacer dans l'appart' sans risquer de se cogner contre une pile de trucs ayant rien à faire là.
J'étais en train de me demander si fallait que je fasse vite fait un peu de rangement discrétos avant de lui proposer de s'installer quand, pour pas changer, il me prit de court. Je réussi à retenir un mouvement de recul quand ses mains se posèrent sur mes épaules. Il était trop prêt. Je m'attendais pas à ce qu'il soit aussi proche, tout à coup. Surtout qu'il avait prit le contrôle des choses et qu'il me dirigeait doucement mais en même temps fermement vers mon lit. Les battements de mon coeur commencèrent à s’accélérer quand mon cerveau se rendit compte de la situation. Comment ça, mon lit ? Que ce qu'il lui prenait ? C'était normal ? Fallait que je m'inquiète ? Que je me mette à me rappeler avec un peu trop de précision cette nuit passée dans son lit à lui suite à une journée compliquée et brûlante au possible qui... Ah mais attendez. Pour ce point là, c'était trop tard. J'avais des brides de souvenirs qui me revenaient pour bien accentuer le malaise. Merci les gars. Comme si j'avais besoin de ça là tout de suite.
- Euh... D'accord ?
Sagement assise au bord de mon lit pas si mal fait que ça, je réussi à balbutier une réponse qui ressemblait plus à une question, finalement. Hum hum. Fallait que je me reprenne. Que je revienne dans le monde réel. Ça avait servi à rien de paniquer, vu que ce qui était en train de se passer était purement innocent.
- Fais comme chez toi, je t'en prie.
Je réussi à lui adresser un sourire qui se voulait sympa et un minimum maîtrisé, pour donner à 100% mon accord pour qu'il aille s'amuser dans ma cuisine. Pourquoi j'aurai dit non ? Il m'avait bien laissé m'éclater dans la sienne. J'avais aucune raison de lui bloquer l'accès à mes placards.
Surtout si c'était pour qu'il me fasse un chocolat chaud. C'était carrément adorable de sa part. Non mais vraiment en plus. Cette fois, le sourire qui fleurit au coin de mes lèvres ne fut absolument pas forcé. Mais plutôt un peu attendri. Un tout petit peu. Il était surtout reconnaissant. Je trouvais ça gentil comme tout de prendre les choses en main et de préparer une boisson chaude réconfortante à souhait. Rien qu'y penser, je me sentais déjà mieux.
- Tu sais que je t'ai invité pour que ce soit moi qui te fasse un chocolat et pas le contraire ? Là j'ai un peu l'impression de t'exploiter au final.
Mon ton était amusé, tandis que je repoussais Lucille pour la poser au sol, le long du lit et que j'attrapais un coussin à la forme appétissante d'ourson en guimauve enrobé de chocolat pour le poser sur mes jambes croisées. J'avais retiré mes chaussures, je me mettais à mon aise. Après tout, j'étais chez moi hein. L'atmosphère commençait à embaumer doucement le chocolat, apportant un parfum réconfortant à la pièce qui me semblait si triste comparée à la maison où j'avais vécu le temps d'une soirée avec mes "parents".
- Merci !
Ravie, je pris la tasse que me tendait Jules pour la porter à mon visage et sentir l'odeur fumante et chocolatée qui s'en dégageait. Bon, j'allais éviter de lui dire que ça manquait peut être de marshmallows et de crème fouettée. Pas la peine de dénigrer ses efforts. J'avais déjà rien dit quand il avait galéré avec la gazinière. Ce qui comptait, c'était l'attention.
- Ouais, je suis d'accord. Un peu plus de sucre, ça serait carrément pas mal. Bonne chance pour le trouver par contre, je sais jamais où je le range.
Avec une petite moue qui se voulait désolée, je plongeais de nouveau mes lèvres dans ma boisson bien chaude et clairement pas assez sucrée. Ce qui l'empêchait pas d'être bonne, attention. Mais vu que je me shootais au sucre toute la journée, ça me paraissait un peu fade. Et puis même si ça avait été dégueu, j'étais pas sûre que j'aurai réussi à trouver ça vraiment mauvais.
-Quoi ? Comment ça ? Attends, tu racontes quoi là ?
Je fronçais les sourcils à sa question, comprenant que dalle à ce qu'il racontait. Je recevais souvent du monde ? Pourquoi cette question ? Il venait d'ouvrir mon frigo et le nombre de gâteaux que je stockais dedans l'avait fait flipper ?
Mais il avait l'air un peu trop choqué pour répondre à mes interrogations. Bon, très bien. Intriguée et pas vraiment rassurée, je posais ma tasse sur la table basse et quittais le moelleux de mon matelas pour rejoindre Jules dans la cuisine. Je me glissais à ses côtés pour voir ce qui le mettait dans ses états... et je manquais de m'étouffer.
- C'est... ce que je pense ?
J'arrivais pas à arrêter de fixer la quantité monstrueuse de carrés qui auraient pu être des sachets de thé mais qui non, l'étaient pas. Ça servait à rien que je pose la question, en fait. Parce que je savais ce que c'était. J'avais peut être une vie intime ridicule et vide au possible, ça empêchait pas que j'étais pas une bonne soeur non plus. Le truc que je comprenais pas trop, en fait, c'était pourquoi y avait autant de ces machins dans un tiroir de ma cuisine. Ni pourquoi je pouvais aussi trouver dedans des menottes couvertes de fausse fourrure rose.
- Tu crois que c'est à moi ?
Je réussi à tourner la tête vers Jules pour lui lancer un regard abasourdi, la machoîre décrochée. Non mais... non. Je venais de comprendre sa question. Est-ce que je recevais souvent du monde, hein ? En gros, est-ce que j'étais une chaudasse ?
- Non ! Non, non et re-non ! C'est juste... yeurk ! J'arrive pas à croire que tu puisses sérieusement penser que j'ai une réserve de préservatifs dans ma cuisine pour être prête à recevoir mon harem toute la semaine !
Super, j'étais ravie d'apprendre qu'il me prenait pour une fille facile qui s'envoyait en l'air avec n'importe qui. Il avait l'esprit mal placé, c'était un truc de dingue !
- Ça doit être un petit "cadeau" de la part d'Aryana. Elle est venue chez moi m'aider à refaire la déco et faire quelques changements concernant mes fringues. Je l'imagine super bien foutre un paquet de ces machins dans un coin pour me faire une surprise.
Je me passais une main sur le visage, les dents serrées, avec une certaine envie d'aller engueuler une déesse un peu trop investie. Fallait toujours qu'elle actionne le bouton "malaise". Surtout quand y avait Jules. Pourquoi tant de haine ?
- Et c'est pareil pour les menottes ! Va pas t'imaginer que j'ai des délires chelous à la 50 nuances de Blanc ou de Noir !
Manquerait plus qu'il se fasse encore plus de films. Comme si c'était pas déjà assez gênant comme ça. Et là mon côté anomalie aurait pas pu se manifester pour m'envoyer dans un endroit désert sans préservatifs en surnombre ? Ça serait cool que ça fonctionne au bon moment pour changer, merci bien.
- Tu sais quoi ? Je vais juste tout jeter. Et toi, tu vas faire comme si t'avais rien vu. T'as pas le choix, de toute façon. Si tu peux pas zapper ça, alors ça sert à rien qu'on se revoit un jour.
J'étais même plus sûre de ce que j'étais en train de dire. Ma langue s'activait pendant que mon cerveau était comme hypnotisé par le brillant des carrés d'aluminium. Qui allaient bien finir à la poubelle. J'avais commencé à en prendre de grosses poignées dans chaque main pour les balancer dans le sac en plastique noir, parmi des coquilles d'oeufs brisées et des sachets vides de bonbons. Heureusement que les éboueurs étaient pas du genre à fouiller les poubelles, parce que sinon bonjour la gêne.
- Tu comptes rester planté là ? Tu pourrais pas m'aider ? Y en a une tonne, ça serait cool un petit coup de main !
Surtout que ses mains à lui, elles étaient immenses comparées aux miennes. Il pourrait en prendre vachement plus que moi à chaque fois.
- Ou alors t'as qu'à les garder. Je suis sûre qu'ils te seront utiles. Tu vois du monde, non ? Je veux dire, tu dois avoir tout un tas de copines. Fais toi plaisir, prends tout. Comme ça, tu pourras t'éclater sans risquer de te retrouver avec une descendance non désirée. C'est pas cool ? On dit merci qui ? Merci Aryana et Robyn !
Ok. J'étais en train de paniquer. Et comme je paniquais, je stressais. Et comme je stressais, j'essayais de cacher ça avec une bonne dose d'énervement bien furax. J'arrivais plus à me taire, ça sortait tout seul. J'avais un trop plein d'émotions là. Entre le laser game, mes parents perdus, la montagne de préservatifs et leurs copines les menottes... j'avais presque peur d'ouvrir les autres placards maintenant, effrayée à l'idée de trouver bien pire derrière un sachet de farine ou dans le bac à légumes rarement utilisé en bas du frigo.
- Oh et puis tu sais quoi ? Prends aussi les menottes. Je suis sûre que tu trouveras quelqu'un avec qui t'amuser avec.
Du bout des doigts, j'attrapais l'objet recouvert de moumoute couleur barbe à papa pour les lui lancer. Il pouvait faire ce qu'il voulait avec. Les bruler, les jeter, les accrochées aux poignets d'une gonzesse... je m'en foutais.
- En tout cas, je suis ravie de connaître l'image que t'as de moi. C'est chouette que tu puisses t'imaginer que je me tape tout le quartier. Voir même toute la ville, pourquoi pas. C'est tellement moi, oulala. C'est vrai quoi ? J'ai tellement l'air d'une chaudasse. Je vois pas pourquoi je serai le genre de personne fidèle qui se contente d'une seule personne.
J'étais pas énervée. Ou si. Un peu, peut être. Mais j'étais surtout vexée. Terriblement, même. Assez pour même plus pouvoir le regarder en face tellement j'avais envie de lui balancer dessus des nuées de sachets de préservatifs pour me venger de manière puérile et ridicule. Ce qui conviendrait, vu que cette conversation était tout simplement puérile et ridicule elle aussi.
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Cette situation était extrêmement fâcheuse. J'aurais aimé ne pas avoir prononcé la phrase qui avait tout naturellement froissé l'orgueil de la jeune femme. D'ordinaire, je faisais tout pour être irréprochable et flatter l'amour-propre du beau sexe. Cependant, j'avais été si choqué par la vision de ces petits sachets, qui se trouvaient qui plus est dans un endroit nullement approprié pour ce genre de "cuisine", que les mots m'avaient échappé.
Robyn se défendit farouchement, prétextant que ces objets étaient un présent d'Aryana. Oh, voilà qui était plus clair. Comment se faisait-il que l'on venait toujours à la mentionner lorsque je me trouvais en présence de la pâtissière ? C'était curieux. Sans doute un caprice du destin, particulièrement moqueur.
"Je n'imagine absolument rien." déclarai-je un peu tardivement, et avec un manque de conviction certain.
Je n'y pouvais rien si je possédais une imagination florissante. Le moindre petit élément invitait mon esprit à envisager mille possibilités et hypothèses. Je m'efforçai à ralentir mon cerveau qui m'imposait des images plutôt agréables mais déstabilisantes.
La jeune femme décida de tout jeter. Bien. Excellente idée. J'esquissai une moue assurée afin de l'encourager, et sursautai légèrement lorsqu'elle me houspilla de l'aider. Sa nervosité était à la hauteur de l'énervement perceptible dans sa voix. Pourquoi se sentait-elle obligée d'élever le ton ? Je pouvais comprendre son agitation, mais ce n'était pas une raison pour se montrer aussi désagréable. Je décidai donc de ne pas lui prêter assistance, car je n'aimais pas que l'on me parle de cette façon.
Puis, je saisis subitement l'origine de son agacement. Elle me retourna ma question avant de me jeter les menottes. Ce fut si soudain que je n'eus pas le réflexe de les rattraper. Elles me heurtèrent au niveau du bras avant de chuter à mes pieds. Je les observai un bref instant avant de les enjamber pour m'approcher de Robyn qui râlait toujours. Cela devenait épouvantable. Quand les femmes commencent à rouspéter, il faut trouver un moyen drastique pour les faire taire. Heureusement, je connaissais une botte secrète. Il s'agit d'un exercice extrêmement ardu, car au moindre faux pas, la dispute peut prendre des proportions incontrôlables au lieu de s'améliorer.
Pour couronner le tout, Robyn s'empara d'une poignée de préservatifs qu'elle me lança au visage. C'était un peu fort, tout de même. Les petits sachets me piquèrent furtivement la peau avant de choir à leur tour, rejoignant les infortunées menottes. Je plissai des yeux et fixai la jeune femme, nullement amusé.
Je comblai l'espace qui nous séparait en m'avançant vers elle à grands pas. Puis, je la saisis brusquement par les épaules.
"Robyn, ça suffit !" lançai-je d'un ton réprobateur. "Que voulez-vous entendre ? Des excuses parce que les mots ont dépassé mes pensées ? J'ai prononcé une malheureuse phrase et voyez l'état dans lequel cela vous plonge ! Méditez ceci, je vous prie. Je suis sûr qu'elles n'auraient pas eu autant d'impact sur vous si elle avaient été déclarées par quelqu'un d'autre !"
Fichtre ! Je me sentais quelque peu coupable d'être aussi sévère mais tôt ou tard, il fallait bien mettre les sujets qui fâchent au grand jour.
Je la fixai d'un oeil intransigeant, la mettant au défi de prétendre le contraire. Je n'ignorais rien des sentiments qu'elle nourrissait à mon égard, et j'en avais assez qu'elle fasse l'autruche. Ce n'était pas mon animal préféré et quand bien même, je ne supportais plus cette situation.
"Comment devrais-je réagir en entendant de quoi vous me qualifiez, hum ?" repris-je d'un ton plus pondéré. "Je pourrais très bien monter sur mes grands chevaux moi aussi et dans ce cas, la situation s'envenimerait ! Si personne ne met de l'eau dans son vin, il n'y a plus de place à la discussion. Alors, calmez-vous, s'il vous plaît. Ne faites pas l'enfant."
Ma voix était ferme mais calme. Je ne souhaitais pas qu'elle s'énerve de nouveau car le mieux était d'établir un dialogue sérieux qui nous aiderait à mieux définir notre relation. Mes mains étaient toujours posées sur ses épaules et j'avais commencé à les caresser subrepticement, l'incitant à se détendre. Je savais que j'étais doué de mes mains. C'était un avantage certain pour apaiser les tensions... et en provoquer d'autres parfois, mais nettement plus agréables.
"Je ne suis pas un débauché, encore moins un Casanova." précisai-je d'un ton légèrement aigre. "Si c'est ce que vous pensez de moi, alors que c'est ce que vous croyez que c'est ce que je pense de vous, nous sommes bien assortis pour mal interpréter ce qui transparaît de l'autre. Vous êtes une jeune femme respectable, tout comme je suis un gentleman. J'en conclus donc que nous sommes par extension faits l'un pour l'autre. En doutez-vous encore ?"
Je guettai sa réaction et constatai que Robyn semblait déroutée. Oh, avais-je parlé trop vite ? M'étais-je exprimé dans un langage trop soutenu ? Pourtant, je n'avais pas l'impression d'avoir utilisé des mots trop savants. Après la soirée mouvementée que nous avions vécu, ce n'était sans doute pas le meilleur moment pour aborder ce sujet, mais j'avais ouvert le tiroir aux questions fondamentales et il ne pouvait être refermé sans avoir trouvé la bonne réponse à l'interrogation qui se posait.
"Je vous suis entièrement dévoué, j'estime l'avoir suffisamment affirmé ou sous-entendu depuis que nous nous connaissons. Il m'apparaît pourtant que cela vous déplaît ou vous embarrasse. Vous n'avez qu'un mot à dire et je disparais de votre vie. Cependant, vous ne semblez pas encline à le prononcer. Ce tout petit mot qui changerait tout."
Tout en parlant, je m'étais approché davantage, et mes mains avaient glissé de ses épaules à sa nuque avant de caresser ses joues qu'elles n'avaient plus quitté.
"Dites-le, Robyn, ce tout petit mot, et je disparaîtrai. Ce n'est pas compliqué..." chuchotai-je alors que je me penchai vers elle.
Nos souffles se mélangèrent. Le sien, rapide et nerveux, le mien calme et maîtrisé. "Pars", c'était tout ce qu'elle avait à dire. Mais je savais qu'elle n'en ferait rien. Elle l'aurait déjà fait depuis longtemps si elle l'avait vraiment voulu...
Ma bouche n'était plus qu'à quelques centimètres de la sienne. Je fermai les yeux mais n'avançai pas davantage. Je rêvais de l'embrasser, de goûter une nouvelle fois ses lèvres sucrées. Cependant, je devais me montrer fort et surmonter cette envie, afin de la mettre à l'épreuve. Aussi je soulevai les paupières et plongeant mon regard dans le sien, j'ajoutai dans un murmure caressant :
"Ou, si vous ne le voulez pas, dites-moi les trois autres mots que j'aimerais tant entendre de votre bouche..."
Je me contentais d'effleurer ses lèvres avec la promesse d'un baiser, sans jamais la concrétiser. J'attendais les trois petits mots qui changeraient tout entre nous, définitivement. Mon souffle devint légèrement plus haletant. L'anxiété commençait à transparaître car même si je me doutais que la demoiselle ne me congédierait pas, je craignais qu'elle n'invente d'autres mots que ceux que j'espérais. Les femmes ont un talent particulier pour rendre fou. J'étais déjà sous son charme. Qu'allait-il advenir de moi ? J'étais déjà perdu.
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Robyn W. Candy
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(Et ouais du coup j'en profite pour faire un tour et mâter les profils, z'allez faire quoi pour m'en empêcher hein ?)
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J'aurai peut être pas du lui jeter des préservatifs dessus, finalement. J'avais pas pu m'en empêcher, mes mains s'étaient comme animées toutes seules pour envoyer une volée de projectiles des plus glam au visage de Jules. Sûrement que j'avais crû que ça pourrait me détendre. Mais non, au contraire. Ces pauvres gestes quasi innocents alimentaient lentement mais sûrement la colère qui faisait bouillonner mes veines et mes émotions. J'aimais pas vraiment ça, mais je pouvais pas résister à son appel familier et rassurant.
J'avais très envie par contre de le forcer à me lâcher. Ça m'énervait encore plus de sentir ses mains sur mes épaules, me forçant à devoir l'écouter me gueuler dessus comme si j'étais qu'une sale gosse. Alors ouais, peut être que j'agissais comme tel, mais il avait pas le droit de me toucher. Pas quand j'étais à deux doigts de le foutre dehors en lui refourguant au passage des menottes et des préservatifs qu'il pourrait utiliser avec qui il voulait. Ça me regardait pas. J'en avais rien à foutre. Mais alors vraiment que dalle. Par contre si je lui mordais la main pour le forcer à me lâcher, c'était grave ? Ça laisserait sous-entendre tout autre chose ?
- C'est.... C'est même pas vrai !
Ma réplique avait été lâchée de manière un peu trop désespérée. Même à mes propres oreilles elle sonnait drôlement pourrie. J'avais rien de mieux en stock, aussi. Parce que comment renchérir sur ce qu'il venait de dire sans mentir ? Il avait dit la vérité. Si c'était quelqu'un d'autre qui avait sorti une connerie pareil, j'aurai jamais réagit comme ça. Ses paroles auraient jamais eu le même impact.
Je me forçais à baisser le regard pour ne plus croiser le sien, fixant plutôt mes pieds noyés en pleine marée de sachets en alu qui recouvraient le sol innocent de ma cuisine. Quand est-ce que les choses avaient vraiment commencer à dégénérer ? Ça aurait été trop difficile de nous laisser profiter d'une soirée tranquille et d'un chocolat chaud pas super bon mais préparé avec gentillesse ? J'aurai dû apprendre à ranger mon sucre dans un endroit voyant et facilement trouvable. Si j'avais pas été légèrement bordélique sur les bords, on en serait jamais arrivés là.
Ma tête se releva un peu trop rapidement, révélant des yeux écarquillés de surprise, quand il commença à parler de pleins de choses que je ne comprenais pas vraiment . Il avait vraiment dit ce qu'il venait de dire ? Oh merde. Il était quand même pas en train de recommencer ? Je détestais quand il faisait ça. Qu'il disait des choses que j'avais pas envie d'entendre. Mais des mots encore pires que ceux qu'il avait déjà prononcé deux minutes plus tôt. À ce moment là, bien entendu, je sentie le sang quitter mon visage pour aller se loger au niveau de mes joues, histoire de bien me donner un aspect rouge gênant. C'était reparti pour un tour. La question, c'était de savoir comment l'histoire allait se terminer cette fois. Est-ce que j'allais enfin trouver la force de claquer la porte au lieu de me faire avoir comme une conne ?
La suite me fit presque oublier comment on était censé respirer. L'air me manqua au moment où ses mains se déplacèrent sur ma peau et qu'il eut l'air de me poser un ultimatum. J'avais qu'un mot à dire. Un tout petit mot. Pour qu'il s'en aille, qu'il me laisse vivre ma vie tranquille et qu'il vienne plus jamais perturber mes sentiments comme il savait si bien le faire depuis qu'on se connaissait. Ou alors... je disais juste trois mots. Qui pourraient tout changer. Qui bousculeraient tout. Qui enverraient valser ce que je m'interdisais depuis peut être trop longtemps. Ses lèvres qui avaient caressées les miennes promettaient mille et une chose qui me paraissaient irréelles. Impossible à se réaliser. Et pourtant... ça faisait doucement rêver. Mais les rêves ne finissent pas un jour pas devoir prendre fin, ramenant cruellement à la réalité ?
- Je peux pas.
C'était terriblement dur de dire ça. Les trois mots que j'avais timidement soufflés me laissaient un goût amer dans la bouche. Parce que j'aurai aimé dire à Jules tout autre chose. Ce que lui aurait voulu entendre. Mais j'avais préféré être sincère. Ça allait peut être tout gâcher, mais au moins j'avais refusé de lui mentir pour une fois.
- Je sais que tu pensais à trois autres mots. Que t'aurais voulu entendre autre chose que... ça. Mais je peux pas. Je peux vraiment pas.
Doucement, je posais mes mains sur les siennes pour les retirer de mon visage. Le contact fut vite rompu, pour que je puisse croiser les bras et m'écarter de lui. J'allais m'appuyer contre le plan de travail, en évitant de croiser son regard. Savoir ce que ma réponse lui avait fait... ça m'effrayait plus qu'autre chose.
- Parce que... C'est compliqué. Tu seras sûrement pas du même avis que moi, mais je trouve que ça l'est.
Ce qui était compliqué, aussi, c'était de dévoiler les pensées que j'aurai préféré ne jamais avoir à partager avec lui. Si seulement on était jamais arrivé à ce moment là aussi...
- Je veux pas que tu partes. Vraiment pas. J'aurai même du mal à supporter ton départ, si tu décides de t'en aller quand même. Parce que... oui. Je suis d'accord. Y a un truc entre nous. Du moins de mon côté, c'est sûr et certain. Je peux tout nier, je peux gueuler, je peux me mentir à moi et au reste du monde, ça changera à rien... de ce que je peux ressentir... pour toi.
Ah bah ouais, là c'était sûr à 110%. On était arriver à ce moment atroce qui faisait battre mon coeur avec une telle force qu'il avait l'air sur le point d'éclater dans ma poitrine. Et c'était la faute d'une seule personne tout ça.
- Mais je te crois pas. Quand tu dis des trucs comme le fait que tu m'es soit disant dévoué, qu'on soit fait l'un pour l'autre... Toi t'y crois, à tout ça ? Je veux dire pour de vrai ? Ou alors tu dis ça comme ça ?
Mes explications commençaient à partir dans tout les sens. Et c'était normal. Mais je voulais pas qu'il pense que je disais quelque chose qui en réalité ne voulait pas du tout dire ça.
Pour me forcer à me calmer, j'ouvris le placard de cuisine qui se trouvait sur ma gauche pour attraper un paquet d'oréos déjà bien entamé et en sortir une petite pile de biscuits que je déposais sur le plan de travail. J'en pris une bouchée et tout de suite me sentie mieux. Du moins un peu.
- Je suis pas en train de laisser sous entendre que t'es une chaudasse. Enfin pas vraiment. Mais tu l'as dis toi même, Jules. Que tu cherches pas quelque chose de sérieux. Quelque chose de sans engagement. Et que t'étais légèrement libertin sur les bords. Fais pas l'offusqué parce que c'était tes mots !
Je pointais vers lui une main tenant un oréo à moitié mangé pour le mettre au défi de dire le contraire. Il l'avait dit. J'avais rien inventé. Alors qu'il assume ses conneries.
- Et moi, je veux pas de ça. Je suis pas une... gonzesse frivole qui s'éclate de temps en temps avec un type. Ça m'intéresse pas. Si je dois assumer mes sentiments pour quelqu'un, je refuse que ça soit pour rien. Je m'impliquerais pas dans une relation sans lendemain. Ça m'intéresse pas.
Eh bah. C'était la première fois que je disais ça à voix haute. Que j'en avais réellement conscience. Je m'en foutais que ça soit pathétique ou ridicule. Au moins maintenant, les choses étaient clairs. Peut être même un peu trop.
- Alors si toi tu veux juste t'amuser comme n'importe quel type en mode "libertin" des temps modernes, je t'en prie. Pars. On pourra rester potes, y a pas de problème. Et sinon... je sais pas. Mais tu peux rester. Et on pourra discuter. Et... voilà.
Voilà voilà. J'avais tout balancer, je pouvais rien faire de plus maintenant. Il me restait plus qu'à appréhender la suite. Et essayer de noyer tout ça dans des oréos.
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I'd be the father of your child. I'd spend a lifetime with you.
"Je peux pas."
J'avais cligné des yeux, chutant brusquement dans le désert de l'inéluctabilité. Je n'avais pas envisagé cette phrase parmi le champ des possibles. Je croyais m'être préparé à toute éventualité et une fois encore, la jeune femme me surprenait de la plus chafouine des façons. Comment s'y prenait-elle ? C'était à rendre fou. Tout d'abord, je ne compris pas ces trois mots articulés timidement, dans un souffle qui glaça mes lèvres au lieu de les réchauffer. Que signifiaient-ils ? Que ne pouvait-elle pas ? Le raisonnement des femmes étant un mystère à mon époque -que peu de scientifiques étaient enclins à résoudre- je me trouvais bien démuni face à ces paroles nébuleuses. De plus, je n'étais pas certain que la réflexion féminine soit plus compréhensible à l'heure actuelle. L'on parlait de féminisme, d'égalité des sexes, mais cela me semblait fort peu envisageable pour plusieurs raisons évidentes et trop nombreuses à énumérer. J'étais fermement campé sur la position que les femmes cherchent à faire perdre la tête aux hommes et ce, depuis la nuit des temps, à travers diverses méthodes. J'en avais encore l'exemple à l'instant même. Pourquoi déclarer trois mots dépourvus de sens au lieu d'une réponse claire ?
Malgré tout, je restai patient et attentif, espérant naïvement que l'explication qui suivrait serait plus engageante. Hélas, j'eus un très mauvais pressentiment lorsqu'elle éloigna doucement mes mains posées sur son visage. Elle alla s'appuyer contre le plan de travail tout en évitant soigneusement mon regard. Je déglutis avec difficulté tout en essayant de garder contenance. Je ne pouvais pas paraître aussi dérouté par si peu. Pourtant, à mesure qu'elle s'expliquait, je me sentais curieusement d'humeur chagrine. J'aurais voulu que ses mots ne m'atteignent pas autant.
J'aurais souhaité lui couper la parole plusieurs fois afin de contredire ce qu'elle avançait, mais d'un autre côté, l'entendre s'exprimer si ouvertement m'apparaissait comme inespéré. J'ignorais jusqu'où cette discussion allait nous mener, mais je sentais que je ne devais pas l'interrompre. Après tout, chacun a le droit d'avancer ses arguments.
Mon coeur eut un battement chaotique lorsque je l'entendis affirmer qu'elle avait une inclination pour ma personne. Je le savais, bien sûr. Je l'avais compris depuis longtemps, mais l'écouter de sa bouche était une mélodie inattendue. Dans ce cas, pour quelle raison repoussait-elle la cour que je lui faisais ? Se rendait-elle compte à quel point elle se montrait cruelle ?
"Mais je te crois pas. Quand tu dis des trucs comme le fait que tu m'es soit disant dévoué, qu'on soit fait l'un pour l'autre... Toi t'y crois, à tout ça ? Je veux dire pour de vrai ? Ou alors tu dis ça comme ça ?"
Oh. J'étudiai sérieusement la question, ce qui se traduisit par un silence consternant de ma part. Pendant que Robyn se tournait vers le placard afin d'attraper un paquet de biscuits industriels, je baissai brièvement les yeux sur mes pieds.
"Je..."
Non, n'ajoute rien de plus. Que dire d'autre ? Tu n'as aucune certitude, puisque nul ne sait jamais jusqu'où il peut aimer quelqu'un. L'amour est un jeu dangereux auquel on perd très souvent. Mais ce n'est pas pour autant que l'on doit se l'interdire. Il serait tout aussi terrible de vivre comme un automate, le coeur arraché et prenant la poussière dans un grenier.
J'aurais pu tenir un tel discours si mon audace n'avait pas été balayé par l'hésitation. Certes, j'aimais Robyn aujourd'hui, et ce sentiment se renforçait de jour en jour. Mais qu'en serait-il de demain ? Je ne pouvais promettre un avenir florissant car j'étais bien placé pour savoir que la vie vous laisse vieux et usé, en vous arrachant tous vos rêves. J'avais déjà vécu et aimé, et parfois, devoir tout recommencer me semblait insurmontable ainsi qu'épuisant, d'une certaine façon. Robyn était la lumière qui me permettait de croire en une existence meilleure. A quoi bon révéler tout ceci ? Ne le savait-elle pas déjà ? Me croirait-elle seulement ?
J'avais eu le malheur de lui dire que je ne prétendais à rien de plus qu'à des aventures sans lendemain, car j'avais pensé provoquer un déclic dans le mécanisme de son esprit, une sorte d'embrasement qui l'aurait enjointe à se rapprocher de moi, mais j'avais échoué. L'effet était contraire : elle aspirait à une véritable histoire d'amour, et je n'étais pas certain d'être en mesure de la lui offrir. Dans mon existence passée, je n'avais pas été ce qu'on pouvait appeler un mari exemplaire. J'avais toujours eu de l'affection pour Honorine mais cela ne s'était jamais traduit en sentiments plus profonds. J'avais trouvé refuge dans les bras et dentelles d'autres femmes, croyant aimer encore et encore. Et si tout n'avait été que mirage ? Savais-je seulement ce qu'était le véritable amour ? Ce que j'éprouvais pour Robyn était suffisamment fort pour emporter un siècle de déroute ? J'aurais voulu l'affirmer à haute voix, mais je craignais de faire fausse route. Les dieux seuls savaient si je n'allais pas l'oublier en croisant les beaux yeux d'une autre belle jeune femme.
Je déglutis de nouveau, fermant brièvement les yeux. Tout compte fait, les trois mots avaient lancé le fil d'une réflexion interne que je n'étais pas prêt à assumer.
Il y eut un petit silence après les dernières paroles de Robyn. Il me fallait un petit laps de temps pour rassembler mes idées, et choisir correctement les mots à employer. Le plus difficile était de paraître aussi désinvolte que possible. Cependant, ce n'était pas évident puisque je sentais un tic nerveux agiter le coin de ma bouche.
"J'ai des tendances libertines, c'est un fait." déclarai-je. "Je ne nierai pas. Néanmoins, j'aimerais insister sur le point que je..."
Je m'interrompis, inspirant profondément puis exhalant un soupir. Non, je ne pouvais lui promettre que j'allais changer pour elle. En étais-je vraiment capable ? J'avais de sérieux doutes.
"Je vous aime." repris-je brusquement en relevant les yeux vers elle. "Cela fait longtemps que je vous aime. Je pense que cela a débuté à l'instant où j'ai croisé votre regard pour la première fois. Je l'ai su."
Il est des choses qui vous saisissent et vous broient tout à la fois. Robyn en était une incarnation. J'étais à coeur ouvert devant elle. D'ordinaire, faire la cour à une femme se concluait toujours de la façon que j'avais prévu. Pas cette fois. Maudit XXIème siècle... qui vous pousse à tant d'introspection !
"L'amour que je vous porte est une certitude à l'heure d'aujourd'hui. Hélas, je ne sais ce qu'il en sera demain."
J'affichai une moue navrée, tout en la regardant toujours.
"Je ne peux vous promettre un destin radieux à mes côtés car je suis dans l'incapacité de connaître la finalité de notre improbable histoire. Qui le pourrait ? C'est ce qui est si exquis dans l'amour : on ne sait jamais ce qui peut arriver. Mais je comprends et accepte votre hésitation. Je sais que je ne pourrais vous rendre heureuse sur du long terme."
Je me mordis les lèvres pour m'efforcer d'esquisser un pâle sourire. Qu'était-il en train de se passer, exactement ?
"Je ne pense pas que nous parviendrons à devenir amis." réalisai-je avec raison. "Le mieux que nous puissions faire est de se dire adieu. Comprenez, je... je suis capable d'accepter le fait que vous ne soyez jamais à moi, mais... je ne pourrais jamais souffrir de vous voir jour après jour en taisant ce que j'éprouve à votre égard. Ca m'est impossible. Ce sera plus aisé si nous ne nous voyons plus du tout."
S'agissait-il véritablement d'un adieu ? Les paroles avaient franchi mes lèvres avec une aisance presque dérangeante. Je ne cherchais pas à la blesser. Au contraire, je faisais ce qu'elle souhaitait : la préserver. Ne pas jouer avec elle pour ne pas la briser ensuite. C'était l'une des premières fois que j'agissais avec altruisme dans ce genre de situation. A l'époque, je me serais moqué de ce qu'elle aurait pu éprouver. Preuve qu'il est donc toujours possible de mûrir même quand on dépasse deux cent ans.
Désormais, cet endroit devenait trop pesant. Il allait me falloir faire le deuil de cet embryon d'histoire qui ne naîtrait jamais. Je me retournai vers la table basse, me saisis de mon chapeau de cowboy posé dessus et le replaçant sur ma tête, l'inclinai légèrement comme pour saluer la pâtissière.
"C'est donc ici que l'on se quitte." déclarai-je, la mort dans l'âme.
Cette décision ne me convenait pas, mais je ne la prenais pas pour moi. Tout ceci n'était pas très grave. Après tout, l'amour est toujours perdu d'avance. Il faudrait du temps, mais nous finirions par nous en remettre, chacun de notre côté.
Cette perspective m'arracha un soupir résigné.
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Robyn W. Candy
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(Et ouais du coup j'en profite pour faire un tour et mâter les profils, z'allez faire quoi pour m'en empêcher hein ?)
| Conte : Les mondes de Ralph. | Dans le monde des contes, je suis : : Vanellope Von Schweetz, ou la princesse d'un royaume de sucreries qui préfère conduire des voitures en gâteaux.
Peut être que j'étais trop exigeante. Le problème venait sûrement de moi. J'étais incapable de me contenter de peu, me fallait toujours plus. C'était mal ? Je trouvais pas. Par contre, que ce que ça pouvait faire mal. Surtout dans un moment comme celui ci. J'aurai aimé que le dénouement soit tout autre. Si on avait été dans un film, je me serai jeté dans ses bras comme une idiote, pour l'empêcher de s'en aller et lui murmurer à demi-mots que je l'aimais aussi, avant de l'embrasser et de profiter du temps que je passerai avec lui, sans même penser qu'un jour tout pourrait s'arrêter. Mais on était pas dans un de ces films à la con. Non. On était dans la réalité. Et j'étais plus stupide qu'une héroïne de comédie romantique.
Alors, à l'aise dans mon rôle, je ne cherchais pas à le retenir. À tenter de le garder à mes côtés. Je me contentais d'écouter, attentivement. J'avais l'impression que mon cœur avait cessé de battre et que mes poumons ne pompaient plus l'air, mais sinon j'étais étrangement sereine. Après tout, c'était bien moi qui l'avait repoussé avec passion depuis qu'on se connaissait, non ?
- Je comprends.
Les mots étaient clairs, même pas tremblants. J'avais réussi à ne pas bafouiller et j'en étais la première surprise. Mais c'était vrai. Je comprenais. Tout ce qu'il avait dit avait du sens. J'avais posé une question, et pour une fois la réponse était satisfaisante par sa compréhension et sa sincérité. Maintenant, on ne se mentait plus. C'était fini. Balayés les mensonges et les illusions de sentiments qui rendaient doucement dingues.
- Et je suis d'accord. Il vaut mieux que tu partes. Pour de bon, cette fois.
La porte allait finalement se refermer derrière lui. Avec la promesse de plus jamais le revoir. Fini les chamboulements, les montagnes russes émotionnelles et ces envies brûlantes qui me faisaient tourner la tête à chaque fois que mon regard croisait le sien. C'était triste, quand même. Mais en même temps, c'était pour le mieux. Il avait été sincère. Être avec lui, ça ne mènerait finalement à rien. Et je n'étais pas prête à laisser quiconque voler mon cœur si c'était pour le briser cruellement ensuite. Recoller les morceaux avaient toujours été difficile, je me sentais pas capable de devoir recommencer un jour.
- Alors... Au revoir.
J'étais toujours appuyée contre le plan de travail, les bras croisés sous la poitrine, fixant avec de grands yeux Jules une dernière fois. Ils me brûlaient, mais je me rendais même pas compte que j'étais incapable de ciller. J'aurai sûrement du lui dire adieu. Vu qu'on prévoyait de plus jamais se revoir. Mais le mot était resté coincé dans ma gorge serrée, juste avant que je puisse me reprendre de justesse. Un petit sourire amer et triste avait réussi à tordre mes lèvres, dans un essai pour illustrer ce que je lui avais dis. Pars. C'est ce qu'il y a de mieux à faire. Va-t-en, avant que ça fasse trop mal. Tire toi, pour que les regrets ne me rattrapent pas.
Si j'avais été moins conne, j'aurai trouvé la force de le suivre du regard tandis qu'il s'en allait. Mais le long silence pesant qui s'en était suivi avait pesé trop lourd et j'avais commencé à sentir les tremblements désespérés de mes mains que j'avais du cacher dans le creux de mes coudes. Comme l'imbécile que j'étais, j'espérais naïvement qu'il allait rester, finalement. Que c'était qu'une épreuve à la con comme on en avait connu dans le Laser Game. Remporte ce niveau, tu passes à la prochaine étape.
Quand la porte claqua juste assez fort pour me retourner le cœur, j'avais les yeux rivés sur un carnet abîmé de recette posé juste à côté du mixeur, tout au bout du plan de travail, prêt du mur. Je restais concentrée dessus encore de longues minutes, tandis que l'absence et le vide que laissait Jules derrière lui commençait à donner l'impression que le sang battait violemment dans mes tympans.
Parce que voilà. C'était fini. Il était parti. Il avait fait ce qui devait être le bon choix. Et je lui en étais reconnaissante. Ou du moins j'essayais de m'en persuader. Une part de moi était horrifiée, finalement. Preuve encore que j'étais une éternelle insatisfaite. Je voulais pas que Jules se joue de moi. Il avait exprimé ses sentiments, il avait avoué ne pas être la personne qu'il me fallait et il était juste parti. J'avais aucune raison de lui en vouloir. J'avais eu ce que je voulais, en fait. La sincérité, la connaissance de ses véritables sentiments, un aperçu de son ressenti. Alors pourquoi à chaque battement de cœur j'avais l'impression de brûler de l'intérieur ?
Si ça se trouvait, c'était parce que je haïssais chacune de ses paroles. Parce que je lui en voulais. Il avait avoué m'aimer. Mais c'était pas assez. Ça l'était jamais. Il m'aimait. Ouais, super. Mais maintenant, il était plus là. Il me laissait avec une douleur terrible dans la poitrine, un goût d'inachevé et des sentiments qui hurlaient d'avoir été ainsi abandonnés. Et si je lui avais dis que je l'aimais aussi ? Que j'aimais chaque moment passé avec lui même si je prétendais le contraire ? Que j'étais obsédée par ses baisers et que jamais personne ne m'avait jamais mise dans cet état à part lui? Est-ce que ça aurait changé quelque chose ? Probablement que non. On avait pas les même envies. Je croyais pas à l'amour éternel non plus. Mais j'étais pas de celles qui cherchent à profiter sans redouter la chute fatale pouvant survenir à n'importe quel moment.
Il allait falloir se faire une raison. Jules était désormais à rayer de ma vie. Même si ça faisait mal. Même si ça me rendait dingue. Et même si j'en avais tellement pas envie. La fatalité de mes pensées se mit à peser trop lourd pour mes jambes tremblantes et tout à coup si fragiles. Je me laissais glisser par terre, le dos contre une porte de placard, les jambes repliées et la tête rejetée en arrière pour tenter de reprendre mon souffle. Putain. Comment j'étais censée faire pour l'oublier maintenant ?