Oui j’avais peur. Peur de ce qu’il pourrait advenir si Lucy prenait possession de moi, quand c’était elle, je ne contrôlais rien, c’est comme si je dormais tout bonnement, dormir. Oh j’aimais dormir oui, c’est sûr mais dormir quand on sait qu’on peut ne pas se réveiller, c’est quelque chose d’effrayant. Je me trouvais là, face à mon père, faisant les cent pas alors que nous parlions de Lucy et du danger que je pouvais être pour ma famille. Il me parlait du pinceau, de la création d’un nouveau Wastebrooke afin d’enfermer Lucy là-bas. Et si en redevenant toon, elle m’emmenait avec elle ? Après, elle vit à l’intérieur de moi non ? Je restais là, faisant les cent pas dans le bureau, les bras croisés sous la poitrine. Je pose un regard apeuré sur mon père alors qu’il me dit de ne pas avoir peur, après tout, il a raison, quand j’ai peur, je ne contrôle pas ma télékinésie.

« Tu as raison, je ne dois pas avoir peur…mais c’est plus facile à dire qu’à faire papa. » dis-je en finissant par m’asseoir à nouveau alors que les bibelots sur la cheminée commençaient à bouger.

Je n’hésite pas à demander à mon père comment il saura si c’est moi en face de lui ou si c’est Lucy. Il m’énonce le fait qu’il pourra me reconnaître car je suis sa fille et qu’un père reconnaît toujours son enfant. Les bibelots continuaient de bouger dangereusement. Je respirais longuement, il fallait que je me calme, elle ne devait pas venir, il ne fallait pas qu’elle prenne ma place, je ferme les yeux, les serrant fort pour la faire taire. Lorsque je rouvre les yeux, ils virent au vert et les objets commencent à s’envoler alors que je fixe mon père dans les yeux, muette.