J'arrivai à l'église de bon matin pour dealer un peu d'herbe, histoire d'arrondir mes fins de mois. A peine arrivée, une grand-mère toxico commença à négocier le prix, alors que nous étions installées sur un banc, en train de faussement prier le petit Jésus.

"Tu perds ton temps, je suis têtue comme une moule." lui dis-je, intransigeante.

Je remarquai que l'église grouillait de monde, ce jour-là. Bizarre, bizarre...

J'avais aucune idée de pourquoi j'étais venu dans cette église. Il y avait du monde, je les avais suivi. Un type avec une haleine de chien m'avait demandé :

« Ti veux de la coke ? »

« Euh... non merci. » lui avais-je répondu, car je n'avais soif.

C'était étrange ce qui se passait dans cette ville.

Ma parole, je m'étais encore perdue. C'était tout moi, ça. Au lieu de tourner à droite vers la boulangerie, j'avais été trop occupée à chanter My Heart Will Go On et j'avais tourné à gauche - ce que le Titanic n'avait jamais eu le temps de faire. Maintenant je me trouvais devant l'église, à au moins 500m de ma baguette de pain. Un homme louche, voyant bien que j'étais perplexe, demanda quel était mon souci, que je lui expliquais avant qu'il ne réponde, en ouvrant un sachet de poudre blanche :
- T'en veux ? C'est de la farine spéciale !
- Non merci, dis-je en fronçant les sourcils, méfiante. C'est pas au vieux singe qu'on apprend à faire des limaces, ajoutai-je pour lui faire comprendre que je n'étais pas dupe.

Apollon avait décidé de venir à l'église pour voir s'ils avaient enfin commencer à vénérer les divinités grecques qui habitaient dans le coin plutôt que l'autre Dieu qu'ils avaient jamais vu de leur vie.

« Normal, les aigles volent pas avec les pigeons. »

Il s'était fait lui-même cette réflexion en remarquant que la statue de Jésus était toujours là. La déception.
Il avait prit de la farine - enfin il savait pas trop ce que c'était - à un gars qui passait. C'était gratuit. Raison suffisante pour se servir. Il la mangea immédiatement mais c'était franchement pas bon, c'était tout sec et maintenant il avait soif.

Je m'étais arrêtée devant l'église, après avoir déambulé dans toute la cité. Lorsqu'un homme me tendit un paquet de farine, je glapis. Exactement ce qu'il me fallait. « Eurêka! » m'exclamai-je en roulant entre mes mains la poudre blanche pour l'appliquer contre ma chevelure. « Mes cheveux, j'aimerais qu'ils soient tout raides, comme ceux des oiseaux! Et ne me parlez pas de la culotte de l'archiduchesse! » Je lui serrai vivement la main.

C'était vrai qu'elle était vieille cette farce, mais au point de la comparer avec la bataille de cent ans! J'étais outrée. Je couvrais ma bouche grande ouverte de ma paume de main, avant de claquer fortement la joue de ce dernier. « Je t'emmerde avec un grand A, et comme qui dirait le président, j'ai les fesses qui font bravo! » J'étais pas née du dernier coup de soleil, moi.

Le grand blond (mais sans chaussures noires) tirait une drôle de tête alors je m'approchais de lui, bien décidée à l'aider en lui proposant ma bouteille d'eau :
- Tenez, c'est de l'Evian, précisai-je. C'est de l'eau de la montagne. Ca vient d'un endroit où l'eau est tellement transparente qu'on dirait que les bateaux... ils flottent ! Vous vous rendez un peu compte ?!