« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Mardi matin. Un mardi comme tous les autres. Il pleuvait mais Amelia ne s'en formalisait pas spécialement. La pluie, après tout, ça fait plaisir aux grenouilles et ça amène, parfois, de nouveaux clients qui, surpris par l'averse, s'abritent dans votre boutique toute chaude qui sent bon. Comme chaque matin, le réveil avait sonné à l'aurore et Amelia avait bondi hors du lit pour préparer le petit-déjeuner de la famille. Comme chaque matin, Declan n'avait pas eu l'air très réveillé quand Velma avait déjà le nez plongé dans sa lecture. Un matin en tous points ordinaires, donc. Amelia avait enfilé un jean et petit haut en coton confortable ainsi que des chaussures plates dans lesquelles elle serait à l'aise pour courir partout jusqu'à la tombée de la nuit. Elle enfila alors son manteau et noua son écharpe avant de partir d'un pas joyeux en direction de sa boutique. Bizarrement, elle avait envie de marcher sous la pluie ce matin. Wyatt, son mari, avait eu l'air sceptique, mais il l'avait laissé faire avant de s'en retourner à son ordinateur, sans doute. La jeune femme, pour sa part, arriva aux abords de sa boutique aux environs de 7h50. Dans dix minutes, elle pourrait ouvrir et pâtisser toute la journée. Que demander de plus ? Sans doute que la vitre de la porte d'entrée ne soit pas fracturée et que la porte d'entrée ne soit pas non plus à moitié défoncée. Amelia se mordit la lèvre inférieure. Entrer ou ne pas entrer ? Elle n'était pas stupide et avait bien compris ce qui venait de se passer : sa boutique avait été cambriolée. Ce ne serait sans doute pas l'électricien qui aurait maltraité sa porte pour passer sans prévenir, à moins que ce soit lui qui ait fait le coup. Mais c'était peu probable. Amelia n'avait jamais imaginé qu'on puisse forcer la porte de sa boutique. Pourquoi ferait-on ça ? Elle gagnait certes de l'argent mais elle n'en gagnait pas à ce point. Et si vraiment les gens voulaient des échantillons gratuits, elle était ravie d'en donner ! La pâtissière poussa la porte pour l'ouvrir, marchant bientôt sur des bris de verre. Les présentoirs semblaient intactes. Au moins n'avait-on pas dérobé tous ses chocolats. La caisse, en revanche, était renversée par terre, vide. Amelia soupira. Les gens avaient vraiment de drôles de valeurs. Elle dégaina finalement son téléphone pour appeler la police, parce que c'était sans doute la meilleure chose à faire. - Ouiii, bonjour ! C'est Amelia Peters à l'appareil, vous savez, la pâtissière du Amelia's sur..., se présenta la jeune femme quand une standardiste décrocha quelques instants plus tard. Oh vous voyez d'où j'appelle ? Ah pardon, je ne savais pas, c'est vraiment moderne ! Et donc... Oui, voilà... Je vous appelais pour signaler un cambriolage dans ma boutique. Alors, je ne sais pas trop ce que je suis censée faire parce que je vous avoue que c'est mon premier mais je me suis dit que... Oh, vous envoyez quelqu'un ? Alors c'est parfait, je vous attends ! Vous pensez que je dois préparer du café pour vos collègues ? La femme ne répondit pas. Ou plutôt, elle éluda. Amelia haussa les épaules avant d'en conclure qu'elle ferait mieux de demander leur avis aux policiers quand ils seraient là, des fois qu'ils n'aiment pas le café. On ne sait jamais, après tout. Mais il était à peine huit heures, ils voudraient bien un petit-déjeuner, pas vrai ? En attendant, Amelia retourna sur le trottoir pour accueillir la police quand elle arriverait.
Dire que je n’étais pas du matin était un doux euphémisme. J’abhorrais les réveils matins sans doute autant que les endormissements, encore plus lorsque j’ouvrais les yeux et que ce corps de monstre n’avait pas disparu. Je pouvais parfois passer de très longues minutes immobile, à fixer le plafond pour essayer de ne pas me focaliser sur ces pattes énormes ou sur les crocs que je sentais à l’intérieur de ma bouche. Je ne me sentais ni bien, ni mal, juste de plus en plus déçu que rien ne bouge ni ne change sur cet aspect. J’allais bientôt atteindre mes trente-deux ans, l’âge fatidique, et tout était à peu près au point mort… Enfin, non, pas vraiment. Je découvrais enfin de nouvelles facettes de Belle – il fallait avouer que ce séjour en Colombie avait aidé, malgré le dramatique de la situation – et plus les jours avançaient, plus je me sentais bien en sa présence. La petite prisonnière écervelée s’était montrée une femme cultivée, curieuse et prodigieusement intéressée par tout autour d’elle. Nos rapports n’étaient plus voués à l’échec ou à l’engueulade et je devais avouer préférer nettement ce genre d’ambiance ; même si elle m’avait rappelé de la plus cruelle des manières qu’elle était toujours « contrainte » de vivre en ces murs, et non plus libre de ses mouvements.
Sauf que je n’étais pas prêt à la laisser partir. Pas encore. Juste un peu, un petit peu plus… Ce qu’il faut. A peine.
Les transformations étaient de plus en plus douloureuses et difficiles. Alors qu’auparavant elles prenaient moins d’une minute à me rendre mon apparence humaine, elles pouvaient désormais durer plus de cinq fois ce temps. Je pouvais ainsi sentir chaque os se modifier ou se briser, craqueler, raccourcir, rentrer dans un autre et mes muscles se modifier pour s’adapter à la morphologie humaine. Les poils qui disparaissaient semblaient des millions d’aiguilles se plantant dans ma chair et le souffle devenait eratique quand enfin je retrouvais un visage un peu plus normal. Figé, haletant, au bord de ce lit que parfois je détruisais sous un excès de colère sourde. Et puis le réveil sonnait, le second, du téléphone. Le rappel. L’alerte. Se lever pour aller travailler… Quelle étrange habitude.
« Oh, Adam ! » S’exclama la standardiste… Lea ? Aurore ? Je ne m’en rappelai jamais, mais elle se souvenait constamment de mon prénom. « Vous tombez à point nommé ! Un appel pour un cambriolage. »
Je passai ma main sur mon visage, poussant un soupir en passant à côté d’elle pour aller déposer une sacoche sur ce qui était censé me servir de bureau. Mon casque à la main – Belle insistait pour que je le porte, ridicule ! – je pris le temps de lire les post-it que la jeune femme m’avait laissé avant de relever les yeux vers celle qui me regardait derrière son calepin.
« Ce n’est pas moi. » Répondis-je. Elle gloussa. « Je sais que ce n’est pas vous ! Mais vous êtes le seul agent disponible pour vous en charger. »
Je haussai un sourcil dubitatif, balayant le post du regard. Je remarquai bien quelques têtes, mais celles-ci se baissèrent illico derrière leurs papiers pour faire mine de travailler. Vous n’allez pas me dire que personne ne pouvait s’occuper de ça ? J’avais d’autres choses à faire que de prendre des dépositions ou même écouter une ménagère en larmes parce qu’on lui avait volé les bijoux de sa grand-mère… Mon regard du être équivoque puisque la standardiste passa une main sur sa nuque avant de m’aplatir son calepin contre le torse.
« Je vous le demande comme une faveur ! Belle est à la bibliothèque aujourd’hui, sinon je lui aurais bien évidemment demandé. Mais vous êtes son partenaire et je sais tout le bien qu’elle pense de vous… Vous allez parfaitement gérer cette affaire et je vous promets que je vous trouve des excès de vitesses ou des petites frappes pour votre retour ! De quoi vous dégourdir un peu les jambes. » Elle eu un clin d’œil après ses flatteries. « En plus c’est dans une pâtisserie… »
Je me mordis l’intérieur de la joue, n’appréciant rudement pas qu’elle fasse référence à mon… « amie » qui se trouvait être la responsable de ma situation. Belle était la garante pour moi et si je commettais une bavure, elle prenait les responsabilités. Pratique. Mais aussi désagréable car j’avais remarqué que la plupart des personnes ici utilisaient son nom à outrance ; comme une formule magique, j’avais tendance à plus facilement me plier aux basses besognes lorsqu’on miroitait la possibilité qu’elle puisse être au courant. Comment est-ce que j’en étais arrivé là ? Mystère…
Je poussai un autre soupir lorsque j’arrêtai la moto devant la pâtisserie. Et en plus j’avais droit à une roturière gourmande… Peters. Ce nom m’avait dit quelque chose mais impossible de remettre un visage dessus. Enfin, pas tant que je ne vis pas la femme droite comme un i sur le trottoir, bras croisés et l’air songeur, qui semblait être celle qui attendait ma venue. A… A quelque chose. Armelle ? Non. Plus simple. Je jetais un coup d’œil sur la note de la secrétaire : Amelia Peters. Amelia, donc. Mais on se connaissait d’ailleurs… Je fini par couper le moteur et par descendre pour m’avancer à sa rencontre, obligé de revêtir l’uniforme bleu sombre de la police.
Aller, ça pouvait se résoudre très vite cette histoire. Ca me tapait sur le système avant même d’avoir commencé.
« Amelia ? » hasardai-je, la voyant tourner la tête. « Vous avez appelé la police ? »
Pas besoin d’être devin pour le comprendre, surtout quand j’avisai la vitre brisée à l’entrée et les nombreux éclats qui jonchaient le sol de sa boutique. Je haussai un sourcil, passant ma main sur ma barbe blonde.
« Braquer une pâtisserie, j’aurais tout vu. »
Et qu’est-ce qu’ils avaient bien pu voler ? Des gâteaux ? Le sucre était un met rare et goûtu à mon époque, des voleurs de bas étages auraient pu commetre cette chose… Mais ici, le sucre se trouvait dans n’importe quelle épicerie. J’étais donc curieux de savoir ce qu’elle allait pouvoir me sortir pour le coup ; en plus, dans mes souvenirs elle était sacrément bavarde.
Amelia Peters
« La vie c'est pas de la tarte ! »
| Avatar : Alyssa Milano
Propriétaire de La Pelle à Tartes : La vie, c'est pas du gâteau mais la pâtisserie, si !
| Conte : Le Roi Lion | Dans le monde des contes, je suis : : Diku
Amelia regardait ses pieds. Puis le ciel, toujours sombre et incertain. De temps en temps, elle jetait un regard vers la devanture de sa boutique, grimaçant quand ses yeux se posaient sur la porte fracturée. Mille et une pensées se bousculaient dans son esprit d'ordinaire si joyeux. Qui avait bien pu faire ça ? Et pourquoi ? Enfin, un bruit de moteur la sortit de sa rêverie tandis qu'une moto se garait à quelques mètres d'elle. A son bord, un seul policier, dans sa tenue bleu nuit. Au moins les services compétents de la ville avaient-ils réagi rapidement, bien que le larcin ait sans doute été commis durant la nuit ou aux premières heures. La pâtissière n'espérait pas prendre le malfrat la main dans le sac. Si encore il s'était montré gourmand, peut-être aurait-il pu suivre les traces de chocolat, mais non... L'ancienne lionne n'en adressa pas moins un sourire ravi au policier qu'elle ne manqua pas de reconnaître : Adam. Un prince ou un roi, elle ne se rappelait plus trop. Les souvenirs remontaient à plus d'un an et elle n'aurait jamais pensé le recroiser. Pas dans ces circonstances, du moins. Tant bien que mal, elle cachait de masquer son étonnement de le savoir dans les forces de l'ordre mais se doutait que c'était peine perdue. Son visage l'avait toujours trahie quoi qu'elle fasse ou quoi qu'elle pense, dans ce monde comme dans l'autre. - Adam ! s'écria-t-elle en réponse à son interpellation. Oui oui, c'est bien moi qui ai appelé. Vous avez fait vite ! C'est super ! Vraiment très efficace votre service de police. Je suis déjà une cliente satisfaite. Mais je... eh bien, je suis un peu surprise de vous voir, avoua-t-elle en tordant ses mains. Je ne savais pas que vous étiez.... agent ? policier ? inspecteur ? C'est vraiment une belle vocation ! Bravo ! et puis je n'ai pas oublié, vous savez. Vous êtes assurément très fort. Amelia faisait allusion aux deux ou trois fois durant lesquelles Adam lui avait sauvé la mise alors qu'ils ne se connaissaient que depuis quelques heures et que le génie de la lampe les avait embarqués avec lui pour une aventure pour le moins dangereuse. Il était certain qu'Amelia ne repartirait pas en vacances avec ce Zoltan, probablement parce que cela avait été tout sauf des vacances. Même si Zoltan n'était pas un mauvais bougre, au fond. Tout comme Adam, en dépit d'un caractère... bien trempé et d'une propension au snobisme envers les petites gens. De toute façon, il ne devait même pas se rappeler de ces sauvetages à coups d'épée, de tapis volants et sans doute d'autres choses. Et il n'était pas venu pour ça, ce qui convainquit Amelia de se contenter de cette petite allusion qui ne mangeait pas de pain - tout en étant parfaitement inutile dans ce contexte. Peut-être aurait-elle dû s'en tenir à un "oui"... Elle n'en était pas certaine mais Adam n'avait pas l'air disposé à faire la conversation. Il observait la pâtisserie en s'étonnant de la situation. Peut-être que c'était le moment de commencer sa déposition ? Ou, au moins, d'expliquer ce qu'elle avait pu constater en arrivant ? - C'est la première fois que ça m'arrive, compléta Amelia. Comme quoi... on dit que ça n'arrive qu'aux autres et puis un jour... Mais ils n'ont pas pris de pâtisseries, je crois qu'ils se sont concentrées sur la caisse enregistreuse. Y avait pas grand chose dedans, juste de quoi rendre la monnaie aux clients, vous savez. J'y pense ! s'écria-t-elle soudain. Vous devez avoir faim, non ? Ou alors vous voulez juste un petit café ? Du thé, peut-être ? Ou alors du jus d'orange ? Il est encore assez tôt et je vous ai peut-être dérangé en plein petit déjeuner. C'est important, le petit déjeuner, vous savez. J'essaye de le faire comprendre à mes enfants mais... c'est pas évident, les jeunes. Enfin, ce sont des amours évidemment mais... vous voyez, non ? Alors ? Thé ou café ? Ou alors vous voulez commencer par un état des lieux ? Oh ! Vous pensez que le méchant est encore dedans ? Je ne suis pas allée plus loin que mon comptoir. Si ça se trouve l'arrière boutique est totalement dévastée. Mais il n'aura pas volé le café, pas vrai ? Amelia posa un regard plein d'espoir sur Adam. Elle pouvait certainement tolérer qu'on vole son argent mais... qui serait assez cruel pour voler ses moyens de travailler et de faire quelque chose d'utile pour Storybrooke ?
Et mince. Visiblement, elle me reconnaissait aussi de son côté… Bon, on allait faire avec. Je ne gardais pas un mauvais souvenir de cette personne, elle n’avait juste pas la langue dans sa poche et avait le don de se mettre dans des situations cocasses. Espérons juste qu’elle garderait ses jugements pour elle, le dernier avait jeté un sacré froid entre nous et avait mis du temps à se dissiper. Je crois. Je ne sais plus. Maxine parlait trop elle aussi à l’époque alors j’avais mis comme un filtre dans mon esprit, un de ceux pour couper les grésillements alentours et vous permettent de vous concentrer. Les nouvelles technologies valaient ce qu’elles valaient, mais sans la gamine je n’aurais jamais appris ce genre de vocabulaire.
Je la fixai une fois debout à côté d’elle, tâchant de faire abstraction de son enthousiasme paradoxal et de ses questions sur ma vie privée. Nous étions là pour une affaire de cambriolage, pas en train de nous retrouver pour partager quelques gâteaux autour d’une tasse de thé. J’avais vu quelque chose autour d’un rituel de ce genre sur une île de l’autre côté de l’océan… De l’eau chaude avec des plantes dedans. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre !
« Policier.» Répondis-je à sa question, continuant de l’observer en haussant un sourcil.
D’après Belle, il ne suffisait pas d’être fort pour entrer dans la police ; c’est vrai que lorsqu’on la regardait on ne pariait pas vraiment sur ses capacités physiques. Mais elle avait un mental particulier et organisationnel qui faisait que c’était bien pratique de l’avoir comme coéquipière. Et puis, avouons-le franchement, si elle ne m’avait pas poussé à faire ça je n’aurais jamais été employé par l’ancien shérif Méléon. Ça m’avait évité un petit séjour en prison mais je me trouvais obligé de mettre des PV ou de gérer des paysans aussi peu cortiqués qui grillaient des feux tricolores à vive allure. Pas de chance, je roulais plus vite qu’eux. Et moi, j’avais le droit.
Pendant que je penchai la tête à l’intérieur, Amelia recommença à parler. Quelque chose me soufflait qu’il fallait que je note ce qu’elle était en train de dire… Je fixai mon stylo d’un air désabusé, me mordant l’intérieur de la joue en me demandant comment est-ce qu’ils voulaient que je fasse ça. J’écrivais outrageusement lentement. Décidant de pallier ce manque par une autre technique – soufflée par Mrs Samovar – j’écrivis un 1 sur la première ligne. Puis je dessinai des ronds pour parler des pièces d’or dérobées. Ils avaient d’étranges papiers imprimés, des billets, qui avaient plus de valeur que le reste mais je n’en comprenais pas non plus l’intérêt. Rien ne valait la monnaie cliquetante à mes oreilles.
« Vous avez une idée du montant qu’on vous a dérobé ? »
Elle ne m’écoutait pas. Cette femme réfléchissait au même rythme de sa logorrhée ou bien ? Comment est-ce qu’on pouvait parler aussi vite et enchainer les sujets de cette manière ? Elle venait sans doute de débiter plus de paroles que je n’en prononcerai dans la journée entière. Singulier. Impressionnant ? J’espérais que son mari trouvait le temps d’en placer une de temps en temps. Ou ses enfants ? Elle avait des enfants ? Et elle arrivait à travailler ? j’avais l’impression d’être retourné à mon époque pour le coup, la toisant des pieds à la tête tandis qu’elle se penchait vers l’intérieur avec inquiétude.
Remettre les choses dans l’ordre. Avec tout son blabla, j’en oubliai les priorités : ma présence ici.
« Peu de chance qu’il soit encore ici. Ni qu’il ai dérobé le… »
Un bruit de bris de verre résonna soudain en provenance de l’intérieur, m’interrompant – décidément ! – et nous obligeant à tourner la tête vers son origine. Je serrai les dents en portant par réflexe la main sur mon flanc, frôlant l’arme qu’on m’avait autorisé à porter. J’étais très septique sur l’efficacité d’une chose aussi minuscule, à mes yeux rien ne valait mieux qu’une épée, mais je m’étais rendu compte que sa simple vue dissuadait pas mal d’importuns. Et les gens dans la télévisions semblaient s’amuser à l’agiter dans tous les sens en toutes circonstances… Etrange. En tout cas, l’effet était dévastateur et faisait suffisamment mal pour que je ne me mette pas dans la ligne de mire d’un de ces revolver.
Je levai la main devant Amelia, elle avait rouvert la bouche donc j’avais senti venir, et portai mon index devant mes lèvres pour lui intimer le silence. Il y avait visiblement encore quelque chose dans sa pâtisserie. J’attendis quelques secondes pour voir si cela recommençait et je m’apprêtai à conclure que non lorsque les bruits se firent de nouveau entendre ! Cette fois, pas vraiment de doute. M’engageant à l’intérieur, je fis attention aux éclats de verre éparpillés sur le sol et pénétrai dans la pièce principale. Des boîtes de chocolats et de gâteaux étaient exposées sur les diverses étagères, classées dans un ordre de couleurs frivole et dénué d’intérêt pour moi.
Le verre, projeté, s’avançait presque jusqu’au niveau du comptoir. Lorsque je le contournai pour me trouver à côté de la caisse enregistreuse, je remarquai des petites traces rouges espacées sur les carreaux. Ces dernières longeaient le meuble, disparaissaient pour s’imprimer le long du comptoir principal où étaient censés être proposés les pâtisseries, puis revenaient au sol et disparaissaient vers… La porte de derrière. Tournant la tête pour échanger un regard avec Amelia, je lui désignai du pouce la poignée.
« Qu’est-ce qu’il y a derrière ? » Chuchotai-je.
Pour un truc qui n’avait rien de très folichon, c’était en train de prendre un virage des plus intéressant. Il faudrait que je parte plus souvent dans les… Non en fait, que ça ne devienne pas une habitude !
Amelia Peters
« La vie c'est pas de la tarte ! »
| Avatar : Alyssa Milano
Propriétaire de La Pelle à Tartes : La vie, c'est pas du gâteau mais la pâtisserie, si !
| Conte : Le Roi Lion | Dans le monde des contes, je suis : : Diku
Ca y est. Ca lui revenait. Adam n'était ni spécialement bavard, ni spécialement souriant. Pour autant la jeune femme n'en perdit pas sa cordialité enthousiaste. Ce n'était pas parce que les autres ne voyaient que les nuages et pas le soleil qu'il fallait faire même, bien au contraire. Oui, elle avait été cambriolée et on avait abimé sa boutique. Mais personne n'était mort et cet événement lui permettait même de revoir son sauveur. Pourquoi pleurer ? Il était venu l'aider, en plus ! Et il fallait bien avouer que sa présence avait de quoi rassurer Amelia qui se rappelait très bien des prouesses d'Adam. Elle n'avait certes pas oublier son ton hautain et le mépris qu'il semblait avoir envers la classe inférieure, mais elle se rappelait également qu'il était fort et courageux et, au fond, probablement plus aimable que la bête humaine qu'il laissait voir à quiconque venait à croiser son chemin. D'ailleurs, c'était peut-être cette force insoupçonnée de bonté qui l'avait poussé sur le chemin des forces de l'ordre. Ou peut-être pas. Amelia n'avait guère envie de se lancer dans pareil débat et Adam lui en saurait probablement gré. Il n'y avait bien que la pâtissière pour apprécier ce genre de conversation. Alors elle recadra finalement - après une longue digression dont elle avait le secret, il faut bien l'admettre - son esprit sur ce qu'il importait réellement de dire : les faits du crime. - Le montant... Oh bah... quelque chose comme une centaine de dollars, pas plus. J'avais pas compté hier soir en partant. C'est grave, vous pensez ? Que je n'ai pas compté, je veux dire. J'aurais peut-être dû, à la réflexion... Amelia se mordit la lèvre, pensive et inquiète. Elle détestait mal faire les choses car quand elle était plus jeune, on arrêtait pas de lui dire qu'elle s'y prenait mal. Elle n'avait jamais eu l'impression d'être assez bien alors et, depuis qu'elle était adulte, elle faisait réellement de son mieux pour faire les choses comme il fallait. Cette fois-ci, elle avait tâché de se montrer accueillante et hospitalière en dépit des conditions. Mais elle aurait peut-être dû s'en tenir aux faits. Une chose était certaine : Adam était un policier consciencieux qui prenait ce qu'elle racontait en notes ! Amelia se sentait déjà aidée et prête à faire quelque chose en retour de toute cette aide. Peut-être des éclairs gratuits à vie ? Ou un gâteau à son honneur ? L'esprit d'Amelia avait déjà commencé à travailler l'idée quand un bruit de verre interrompit le fil de ses pensées, attirant son attention. Elle coula un regard emplit d'appréhension dans la direction d'Adam dont la main effleurait le revoler. La pâtissière déglutit. Les armes l'avaient toujours effrayée. Pas celle-ci en particulier, car on pouvait faire confiance à la police, mais de manière générale. Elle n'était d'ailleurs pas certaine d'être d'accord avec le second amendement mais garda cette réflexion pour elle. La jeune femme opina vivement du chef quand Adam posa son doigt sur ses lèvres. Pas question de parler. Pas avec ce bruit qui l'avait fait sursauter et la fit sursauter à nouveau quand il se répéta. La jeune femme suivit Adam du regard, se demandant si elle devait, ou non, le suivre à l'intérieur. Où pourrait-elle être le plus en sécurité ? Sans doute derrière le gentil avec le pistolet, conclut-elle mentalement avant de lui emboiter le pas. Ils étaient à hauteur du comptoir quand elle remarqua les traces rouges. Dans sa précipitation, elle ne les avait pas vues plus tôt, ce qui était probablement une bonne chose. Instinctivement, elle se rapprocha d'Adam, songeant à peine que cette proximité était en fait un peu gênante. L'instant d'après, son regard se portait sur la porte qui donnait vers l'arrière-boutique, cette partie du magasin interdite au public. Adam l'avait remarquée aussi, suivant sans doute les traces de tout comme elle car c'était ce que n'importe quel policier aguerri aurait fait. Or, Amelia ne doutait pas qu'il soit aguerri, en plus d'être brave. - C'est l'arrière-boutique. Y a le labo de pâtisserie, la réserve, les frigos, ce genre de choses et aussi des toilettes mais je ne sais pas du tout ce qu'un voleur irait faire là-dedans ! Y a rien à voler de précieux ! murmura Amelia à toute allure. Ca n'avait strictement aucun sens. - Vous allez entrer ? voulut-elle savoir, avec une pointe d'appréhension dans la voix. Je dois vous suivre ou je reste là ? Je peux me cacher sous le comptoir, s'il faut, suffit de me dire. Mais... si vous entrez il va peut-être vous tirer dessus et vous avez pas de gilet pare-balles ! Les yeux écarquillés, Amelia imaginait déjà le pire. Ce serait à la fois idiot et triste si quelqu'un mourait pour une pâtisserie.