« Quand les lions se mettent...

... à RUGIR ! »

Travailler au Rabbit Hole, ça avait ses bons côtés. Déjà, on avait ce qu'on pouvait appeler une bonne vue. Il suffisait de lever les yeux pour voir de jeunes femmes se déhancher à tout bout de champs. Ok, ce n'était pas le genre de choses à faire quand on était en couple, mais quand on était célibataire, ça faisait son petit effet. Là par exemple, c'était l'une de nos meilleures danseuses. Rousse, avec un corps pas si mal que ça. On pouvait dire qu'elle donnait tout ce qu'elle avait et qu'elle savait y faire. Parfois, il m'arrivait de me demander si elle ne faisait pas ça uniquement pour le boss. Dès qu'elle montait sur scène, il était là à la regarder. Je n'arrivais pas du tout à avoir un jugement neutre sur lui. Comment qu'on pourrait apprécier le dieu des Enfers ?

Le second avantage qu'on avait à bosser ici, c'était lui. Le dieu des Enfers. Car le fait qu'il était un dieu, signifiait aussi que l'argent n'avait aucune importance à ses yeux. On pouvait lui demander une augmentation quand on en avait envie. Soit il y répondait favorablement si il était dans un bon jour, soit il nous brûlait vif. Je l'avais vue faire une fois, c'était du sérieux. Pour ma part, je savais précisément quand l'accoster. C'était par exemple à un moment comme celui ci, quand il admirait une danseuse et qu'on pouvait l'interrompre prudemment, en glissant un petit mot sur notre salaire. Généralement, il n'était qu'à 50% opérationnel, bien trop concentré sur la danse, et par conséquent il acceptait absolument tout.

J'étais à deux doigts de me rendre jusqu'à lui, quand j'avais croisé le regard d'une jeune femme blonde, à la chevelure de lionne. On aurait dit Nala, mais en y regardant de plus près, on pouvait reconnaître de suite sa mère. Car oui, cette magnifique jeune femme était l'une des lionnes de notre clan. Et par clan, j'entendais le club des lions anonyme qu'avait monté ma mère. Depuis quelque temps, je prenais mes responsabilité en main et je tenais même avec elle le club. On avait dans le salon un tableau d'affichage avec des horaires, des plannings... c'était quelque chose de sérieux. Je pouvais même servir la citronnade quand on se réunissait tous les vendredi soir. D'ailleurs, Anita était là chaque semaine.

« Salut ! » m'exclamai-je en m'approchant de la jeune femme et en passant un coup de serviette sur sa table. « Quelque chose à boire ? »

J'aimais bien tenter de deviner ce que les clients allaient commander. En fonction de leur humeur, de leurs habits, de la raison de leur présence ici, on savait de suite si il leur fallait un truc hard ou soft. Là j'avais la sensation qu'elle allait demander le plus fort des alcool qu'on avait. Qu'est ce qui n'allait pas chez elle ? J'aimais pas voir une lionne triste, ou encore la mère de Nala dans un état pas proche de la perfection. En parlant de Nala ça faisait combien de jours que je ne l'avais pas croisé ? On n'était pas ensemble, ou du moins plus. Mais il arrivait qu'on se voyait. Après tout elle travaillait ici. Même si nos horaires n'étaient pas toujours les même. D'ailleurs ce soir, elle n'était pas de service.

« Quelque chose de fort ? Musclé ? »

Je venais de me rendre compte que ça pouvait aussi bien désiner une boisson que moi même. J'étais plutôt fort. J'étais plutôt musclé. Du coup, je lui avais souris, espérant qu'elle comprendrait la vanne. Il m'arrivait de l'utiliser pour draguer, même si là ce n'était pas du tout le but recherché.

Anita avait été dans un état de choc durant toute la journée ou presque. Son travail à l'hôpital s'en était ressenti, mais heureusement, personne n'avait osé lui faire de remarques. Sans doute que certains avaient peur de la faire sortir de son état étrange... Il fallait avouer que parfois, la lionne avait des réactions plutôt violentes si on la surprenait. Et il était certain que vu son état, ça aurait été vachement violent pour les gens autour d'elle si on l'avait fait chier. Mais ils avaient été sages. Et Anita n'avait pas pu laisser sa colère s'échapper. Qu'importe...

Pour comprendre la situation, il fallait revenir bien des années en arrière. À la fin de la Malédiction plus précisément. Anita avait fait une grosse déprime. Tout avait été confus dans sa tête durant longtemps et elle n'avait pas réussi à s'adapter et à accepter le fait qu'on l'avait arraché à sa terre et à sa vie à cause d'une stupide vengeance. Aussi avait-elle commencé à consulter. On lui avait recommandé Aloysius Black et la jeune femme n'avait pas cherché plus loin. Il était devenu son psychothérapeute. Et par la suite, il était devenu bien plus...

En cachette pendant un moment, Anita et Aloysius avaient couché ensemble. Jusqu'à ce qu'Anita apprenne la véritable identité de son psy et amant. Scar. Il n'était nul autre que Scar. Et pendant tout ce temps, elle lui avait confié plein de trucs... À lui, leur pire ennemi ! Ah on pouvait dire qu'il avait bien manœuvré le bougre ! Quand elle avait appris ça, la lionne avait giflé son désormais ex-amant et s'était barrée. Elle avait pris son poste comme d'habitude à l'hôpital, mais elle n'y était pas vraiment attentive... Toute la journée, la blonde avait ressassé sa découverte et ce qui l'y avait conduit...

Mais elle ne voulait plus être dépressive. Alors pour changer de façon de soigner tout ça, Anita décida d'aller au Rabbit Hole. Elle pourrait s'y bourrer la tronche et se trouverait sans doute un mec pour oublier tout ça. C'était tout ce dont elle avait besoin... D'oublier. Vêtue d'un chemisier blanc décolleté et légèrement transparent ainsi que d'un jean moulant, Anita s'installa au bar. Ce soir, sa fille ne travaillait pas et c'était une bonne nouvelle. Even était sortie normalement, mais la lionne aurait été bien incapable de dire avec qui et pourquoi.

La lionne venait à peine de s'installer quand Samuel vint vers elle. Le fils de sa meilleure amie. Celui qui aurait dû être leur Roi. L'ex de sa fille aussi. Pour ce qu'elle en savait en tout cas... Sam avait enfin commencé à prendre en compte ses responsabilités vis à vis des lions et Anita ne manquait aucune des réunions qui étaient organisées chez April le vendredi soir. La blonde ne fut pas très étonnée en le voyant venir vers elle pour lui proposer une boisson. Avec un petit sous-entendu au passage. Les lèvres de la trentenaire s'arquèrent en un fin sourire. Après tout...

- C'est sûr que j'aurais bien besoin de quelque chose de fort et musclé... Dit-elle avec un sourire en coin. Tu me proposes quelque chose de particulier ?

Anita commençait à s'amuser. Après tout, elle était là pour se changer les idées et elle n'avait clairement pas besoin de faire attention. Ni Samuel ni elle ne faisaient quelque chose de mal. Ils flirtaient, tout simplement. Et personne ne pourrait rien lui dire à ce niveau-là. Ils étaient tous les deux majeurs...

« Quand les lions se mettent...

... à RUGIR ! »

Pendant qu'elle me répondait, j'avais légèrement plongé mon regard dans son décolleté blanc. Quelle maman portait ce genre de choses ? Oh mon dieu... rien que cette pensée, me donnait la nausée. Non pas que je trouvais Anita écœurante ou quoi que ce soit. Mais j'étais en train de draguer la mère de mon ex ? C'était pas un peu... bizarre ? Voir même complètement ? Je brûlerai en Enfer... D'ailleurs en parlant d'Enfer, j'avais tourné la tête sur le côté pour voir Merida prolonger son chaud, bien plus proche du boss. Oh mon dieu... c'était donc ça les Enfers ! Je brûlais déjà.

D'ailleurs, quand elle m'avait répondu et à la manière dont elle m'avait répondu, je me sentais bouilloner. Mes joues étaient passées au rouge. J'avais l'habitude qu'on me draguait au Rabbit Hole, mais pas de cette manière là. Enfin pas par cette femme là. C'était vraiment dérangeant. Cela dit, elle semblait amusé par la situation. Peut-être que c'était juste un jeu ? Qu'elle voulait s'éclater avec à jouer au jeu de la drague, sans aucune arrière pensée. Du coup, j'étais entré dans le jeu une nouvelle fois. J'avais mis la serviette avec laquelle j'avais essuyé la table sur mon épaule, et j'avais croisé les bras, pour admirer la jeune femme.

« Tu penserais quoi d'un Kiss Gin ? » dis-je sûr de moi.

Il s'agissait d'un cocktail aphrodisiaque qui marchait pas mal au Rabbit Hole.

« Un mélange de cointreau, grand marnier, gin et citron, avec du salvetat. C'est un excellent remontant qui donne du punch ! »

J'étais sûr qu'elle dirait oui, mais je ne voulais pas prendre sa commande et m'en aller, la laissant seule derrière moi. Du coup, une idée m'avait traversé l'esprit.

« Ca te tente de venir au bar ? Tu pourrais me voir le faire ? »

J'avais accentué ma question d'un petit sourire amusé. Une fois qu'on s'était retrouvé devant le bar, j'avais fait le tour du comptoir, indiquant à la jeune femme qui s'y trouvait, que c'était bon, je gérais. Du coup, elle m'avait laissé faire. Une fois face à Anita, j'avais pris tous les ingrédients qu'il fallait et j'avais commencer par les mettre dans le shaker. Puis, après avoir ajouté quelques glaçons, j'avais secoué le récipient énergiquement.

« Je te fais la totale, verre compris. » dis-je sans attendre de réponse.

Une fois le shaker mis de côté, j'avais passé un peu de sucre sur le bord du verre givré. J'avais ajouté le contenu du récipient, puis du salvetat. Un petit zeste de citron ornait le verre, tandis que je glissais deux cerises confites à l'intérieur. Fier de moi, j'avais posé le verre devant la jeune femme, avec un grand sourire.

« Kiss Gin offert par la maison, pour la plus charmante des femmes de la soirée. »

J'adorais jouer à ce jeu. Pourquoi on n'y avait joué avec Nala ? Pourtant on travaillait tous les deux au Rabbit Hole.

Sans doute aurait-elle dû se sentir gênée de flirter ainsi avec l'ex de sa fille. Anita avait vu Simba naître après tout, ça pouvait paraître bien glauque. Mais ni l'un ni l'autre ne faisait rien de mal. Et puis ils étaient adultes... Et surtout, ils n'étaient plus sur la Terre des Lions. Aussi décida-t-elle de mettre le petit sentiment de culpabilité qui la taraudait de côté. La lionne était venue ici pour s'amuser, pas pour se prendre la tête. Le sourire d'Anita s'accentua quand elle remarqua que Samuel avait louché dans son décolleté. En s'habillant, elle n'avait pas cru que ça attirerait quelqu'un, mais finalement, heureusement qu'elle avait mis ce chemisier là et pas quelque chose de moins attractif visuellement parlant.

Samuel s'était mis à rougir légèrement, mais il ne tourna pas les talons comme Anita ne l'avait craint. Au contraire, il mit son torchon sur son épaule et croisa les bras sur sa poitrine. Cela faisait ressortir ses muscles et la lionne se demanda s'il l'avait fait de façon volontaire ou non. Dans tous les cas, la blonde ne perdit pas une miette du spectacle et se contenta de l'interroger du regard quand il lui parla du Kiss Gin. Déjà rien qu'au nom, on sentait qu'il s'agissait d'un cocktail très intéressant. Ou alors c'était juste la façon de Samuel de prononcer le nom du cocktail qui rendait celui-ci intéressant...

- C'est exactement ce dont j'ai besoin ! Répondit-elle toujours en souriant légèrement. Puis Samuel l'invita à venir derrière le bar pour le voir faire et le sourire d'Anita s'accentua. Mais avec plaisir... Je ne t'ai jamais vu en action, ce sera l'occasion... Accepta-t-elle en glissant un petit sous-entendu.

Jamais la lionne ne se serait crue aussi téméraire dans cet exercice. Mais elle s'amusait follement et Samuel était d'une compagnie agréable. Et puis lui aussi jouait avec elle, alors bon. Anita passa donc derrière le bar et s'installa à la place qu'il lui désigna. Puis la blonde observa avec intérêt, une légère lueur de gourmandise dans le regard, les gestes et la dextérité de Samuel. Quand il posa le verre devant elle avec un petit compliment, la trentenaire eut un petit rire.

- Tu n'es qu'un flatteur Samuel... Répondit-elle en riant doucement. Puis Anita attrapa l'une des cerises confites et la prit en bouche dans un geste très sensuel avant de boire une gorgée du cocktail. Huuuuumm... Gémit-elle légèrement. Je comprends pourquoi on l'appelle Kiss celui-là... C'est très bon. Déclara-t-elle.

Puis Anita se passa la langue sur les lèvres, curieuse de voir si elle allait retrouver le goût sur ses lèvres. Cela lui permit aussi de récolter un peu du sucre qui s'était transporté du verre à ses lèvres quand elle avait bu.

« Quand les lions se mettent...

... à RUGIR ! »

Je m'étais appuyé contre le comptoir, afin d'observer la lionne boire son cocktail. J'aimais bien savoir si il était bien fait ou pas. On ne pouvait pas dire que j'étais mauvais en préparation. Au moins un truc dans lequel j’excellai. Enfin, il devait en avoir beaucoup d'autres, surtout dans certains domaines, mais je n'aimais pas me vanter. Tout en observant la jeune femme, j'avais une vue sur la scène et sur Merida qui... oh mon dieu, elle avait vraiment retiré le haut et elle s'amusait avec devant le boss ? Je ne voulais vraiment pas voir ça. Personne ici devrait subir ça. Leur duo était vraiment trop bizarre.

Reportant intégralement mon attention sur Anita, j'avais pu l'observer prendre une cerise confite dans sa bouche avec un geste très sensuel. Je ne savais pas si c'était le lieu où on se trouvait, l'ambiance générale, ou Anita, mais je trouvais ça vraiment très... mignon. Mignon ? C'était le mot ? J'en avais un autre en bouche, mais là je trouvais ça mignon. Pourquoi mignon ? Ca faisait ringard. Et en plus, je ne pouvais pas trouver un geste aussi sensuel mignon, vue qu'il était fait par la mère de mon ex, n'est ce pas ? Qu'est ce qui ne tournait pas rond dans ma tête.

« C'est le meilleur. Il a un petit côté aphrodisiaque. »

Et pourquoi maintenant je précisai cela ? Pour me changer les idées, il me fallait quelque chose de frais à moi aussi. Je m'étais penché pour prendre sous le comptoir, dans un petit frigo, une bouteille de jus de kiwi. Puis, un verre dans lequel j'avais versé le contenu. C'était peut-être pas très viril, mais au moins ça rafraîchissait.

« Les tshirt ! Les tshirt ! Les tshirt ! »

Ca y est, ça se mettait à hurler dans le Rabbit Hole. Les habitués allaient entamer le jeu qu'ils trouvaient le plus marrant. Généralement, quand une stripteaseuse retirait le haut, on sélectionnait une dizaine d'hommes qui devaient retirer leur tshirt. C'était une manière de montrer qu'on était tous égaux et que pas seulement les femmes devaient enlever le haut. Même si c'était pas du même niveau, mais bon. Et voilà que déjà deux avaient joués le jeu et que le troisième était en train de retirer son haut à son tour.

« Ce sont de très grands enfants. Mais ça amuse généralement. D'ailleurs, tu viens rarement ici. Tu ne connais pas trop les habitudes de la maison, n'est ce pas ? »

Je la vis passer sa langue sur ses lèvres, sans doute pour tenter de récolter le sucre qui restait. Les clients faisaient souvent ça et c'était tout aussi mignon. Encore mignon... qu'est ce qui me prenait ?

« Hé ! Simba ! Le haut ! Le haut ! Le haut ! »

J'avais levé les yeux pour voir pourquoi Merida m'appelait, et en me rappelant qu'elle n'avait toujours pas de haut, j'avais regardé ailleurs.

« Ooooouuuuuh ! Il fait sa chochotte ! Allez, joue le jeu ! »

Le regard de Hadès n'était pas aussi amusé que cela. J'avais la sensation qu'il n'aimait pas trop la relation que j'entretenais avec la jeune femme qu'il convoitait. D'ailleurs il la convoitait réellement ou c'était juste pour s'amuser ? Quoi qu'il en soit, je devais entrer dans le jeu, sinon ça n'irait pas. Et j'avais du coup entrepris de retirer mon haut. Mes deux mains s'étaient posés sur le bas de mon tshirt et j'avais commencé à le retirer, le faisant passer au dessus de ma tête et... Non mais je rêvais... Pourquoi ça ne se retirait pas ? A croire qu'au niveau du cou ça bloquait. J'avais pas grossis du cou en une soirée ! Oh non... ok... je savais qui devait être derrière tout ça ! Et tandis que je tentais en vain de le retirer, j'étais sûr qu'au loin, Hadès devait être plié de rire... Le sadique !

La lionne avait eu le droit à un très beau spectacle alors que Samuel avait commencé à préparer son cocktail Kiss Gin. Anita l’avait ensuite goûté, déclarant qu’il était très bon. Elle s’était amusée de l’entendre lui dire que c’était un cocktail aphrodisiaque. Tiens donc… La blonde lui lança un regard en coin, se demandant s’il se rendait compte qu’il avait essayé de la mettre dans des conditions bien particulières… Sûrement que non… Puis les gens se mirent à scander une petite litanie pour que les tee-shirts tombent. Tiens donc…

- Ça arrive souvent ? Demanda-t-elle en souriant.

Après tout, la lionne n’avait franchement rien contre l’idée de voir des hommes retirer leurs tee-shirts… Cela pourrait même rendre la soirée encore plus intéressante que ce qu’elle avait imaginé ! Ceci dit, le plus intéressant ce fut quand la rouquine de la scène se mit à apostropher Samuel pour qu’il tombe le tee-shirt à son tour. Il fallut qu’elle insiste et Anita adressa un grand sourire en coin au jeune homme. Finalement, celui-ci se décida mais resta coincé au niveau du col.

Morte de rire, Anita eut tout de même un peu pitié de lui. Elle avisa un couteau posé sur l’évier et le prit pour découper en deux le tee-shirt et le col si récalcitrant. Puis avec une moue appréciatrice, la lionne remit le couteau dans l’évier, à sa place, sans vraiment détachée son regard de Samuel. Il était bien plus musclé qu’il n’y paraissait au final…

- Je crois que je commence à comprendre pourquoi les gens aiment faire tomber les tee-shirts ici… Dit-elle, taquine. Et je pourrais te dire que je suis désolée pour le tien, mais ça serait mentir… Ajouta-t-elle avec un sourire en coin.

Et mentir, c’était mal. Tout le monde savait cela, pas vrai ?

« Quand les lions se mettent...

... à RUGIR ! »

Je m'étais retrouvé très rapidement sans t-shirt et de la manière la plus originale qui soit. Anita était entrée à fond dans le jeu et elle m'avait libérée de l'emprise du col avec un couteau. Heureusement qu'elle savait l'utiliser, car sinon j'aurai pu y laisser la jugulaire.

« Merci ! C'est mieux comme ça ! » dis-je en me retrouvant torse nu devant tout le monde, tandis qu'au loin, Hadès me... mâter ?

Il faisait vraiment ça ? J'avais levé les yeux au ciel avant de me tourner vers Anita et de me concentrer uniquement sur elle.

« T'as pas envie de faire un tour dehors ? J'ai pas encore pris ma pause ce soir et là l'ambiance est un peu trop... bizarre. »

J'avais une nouvelle fois porté mon attention sur Hadès, qui était toujours en train de me dévisager. Qu'est-ce qui lui passait par la tête ? Sans prendre le temps de me poser d'avantage de questions, j'avais pris Anita par la main et je l'avais faite passer avec moi par une porte de sortie de secours. Je n'avais pas le temps de traverser tout le Rabbit Hole. Avec Hadès, on ne savait jamais de quoi il était capable. Une fois au dehors, je m'étais rendu compte que je n'avais pas du tout choisi la meilleur des sorties. Car c'était là que se trouvait les poubelles.

« Désolé d'être sortit rapidement, mais... le boss peut se montrer un peu trop original parfois dans ses idées. Et la fuite était la seule solution pour ne pas finir à poil sur la scène. »

Il aurait été réellement capable de faire ça. Je n'avais pas signé pour être stripteaseur, mais serveur ! Machinalement, mes mains s'étaient posées sur mon torse et je l'avais frotté par gestes vifs.

« J'aurai dû penser à prendre de quoi me vêtir avant de sortir. Fait froid le soir ! C'est dingue. C'est surement parce qu'il n'y a pas de soleil. »

Wouah ! J'avais pigé que c'était le soleil qui procurait de la chaleur. Elle allait me prendre pour une cruche c'était sûr.

Riant légèrement, Anita s’était fait un devoir de venir en aide à ce pauvre Samuel qui était resté coincé au niveau du col en essayant de retirer son t-shirt pour faire plaisir à la petite troupe qui se trouvait dans le bar. Elle lui offrit un sourire quand il la remercia et le fixa un moment, intriguée de le voir regarder quelqu’un avec insistance. En suivant son regard, la blonde se rendit compte que l’employeur du lion était entrain de mater celui-ci. La vache, c’était chaud en fait cet endroit…

- Eh bien… Commença-t-elle.

Mais Samuel fut finalement assez impatient ou trop inquiet par le regard de son patron et lui prit la main avant de l’entraîner vers une sortie de secours, sans prendre la peine de prendre un gilet ou autre chose pour se couvrir. Perchée sur ses talons, Anita le suivit tant bien que mal tout en souriant. Tiens donc, un peu d’intimité… La blonde déchanta plus ou moins rapidement quand elle se rendit compte qu’ils étaient du côté des poubelles. Bon… Le côté plus ou moins romantique de la chose, on pouvait oublier…

- Je comprends, j’ai vu le regard qu’il te lançait. Dit-elle doucement. C’était chaud d’ailleurs… Ajouta-t-elle À poils sur scène, vraiment ? L’interrogea-t-elle avec un sourire en coin.

Puis Simba se mit à se plaindre qu’il faisait froid et qu’il aurait mieux fait de prendre quelque chose pour se couvrir. Ça, sur le fond du moins, Anita était bien d’accord avec lui… Sauf que pour le coup, c’était plutôt arrangeant et qu’elle n’allait pas se priver. Au pire, elle mettrait ça sur le compte de l’alcool… S’approchant du jeune homme avec un sourire coquin, la lionne posa ses mains sur le torse de Samuel.

- Tu sais, j’aurais bien une idée pour te réchauffer… Susurra-t-elle à l’oreille du barmaid.

Mais la chose n’alla pas plus loin. Une idiote de serveuse venait de sortir et de les remarquer. Non contente de briser l’ambiance, la gamine s’approcha d’eux et leur demanda de lui réexpliquer le tri sélectif, expliquant qu’elle ne savait pas dans quelle poubelle jeter les bouteilles en verre vide…

- Le vert pour tout ce qui est en verre, le jaune pour le papier et le bleu pour les conserves et le marron pour le reste. Grommela-t-elle. Maintenant, magne ton cul avant qu’on ne dise à Hadès que tu n’es pas assez intelligente pour retenir un simple code couleur ! Exigea-t-elle en foudroyant la fille du regard.

Non mais ! On n’avait pas honte de les interrompre pour du tri sélectif !

« Quand les lions se mettent...

... à RUGIR ! »

Anita s'approchait de moi sans que je comprenne ce qu'elle veuille faire. Mais je l'avais laissé poser ses mains sur mon torse, sans réellement réagir. Car la seule réaction que j'avais eu, c'était de buger. Je ne pouvais plus parler, plus bouger et je tentais de limiter ma respiration, car à chaque fois que j’inspirais, mon torse se soulevait et ça rendait le contact avec les mains de la jeune femme, de plus en plus intense. Qui plus est, son sourire coquin aux coins de ses lèvres, ça me mettait terriblement mal à l'aise.

« Pour me... me... réchauffer ? »

Comment ça ? Elle ne se rendait pas bien compte qu'avec ce qu'elle venait de faire, j'étais déjà chaud bouillant ? Le contact de sa peau, sa façon de me regarder, l'odeur qui se dégageait d'elle... car oui, j'avais l'odorat beaucoup plus développé au fil des secondes qui passaient. Heureusement qu'on avait été interrompu par une serveuse, car j'étais à deux doigts de sortir le griffes. Et ce n'était pas pour la repousser...

Je tentais tant bien que mal de reprendre ma respiration, même maintenant qu'elle ne me touchait plus. La serveuse avait demandée si on s'y connaissait en tri et Anita lui avait répondu du mieux qu'elle pouvait et en étant la plus désagréable possible. Elle était même allée très très loin en l'insultant et en la menaçant de la dénoncer à Hadès. C'était normal que je trouvais sa façon de s'énerver, plutôt sexy ?

« C'est pas facile le tri... j'ai eu du mal à m'y faire. On a l'habitude de tout jeter comme ça et là faut faire attention au vert, au jaune, au bleu, au... »

Maintenant que la serveuse était partie, je n'avais plus besoin de combler les blancs en parlant du tri, si ? C'était pas que je voulais qu'elle repose ses mains sur mon torse, mais... qu'est-ce qu'elle avait voulu me faire comprendre par là ? Je m'étais gratté la tête, avant de la regarder de bas en haut et de regarder ailleurs. Qu'est-ce qu'elle essayait de faire ?

« Tu sais, si tu n'étais pas la mère de Nala, je pensais que tu me draguerai. Voir même que... enfin... j'ai pas l'habitude de venir avec une cliente dans le local poubelle. Ni nulle part ailleurs. »

Je ne savais pas où je voulais aller avec tout ça. Mais... bon sang, pourquoi elle continuait à me regarder de la sorte ? C'était mal de trouver la mère de son ex, véritablement canon ?

« Je crois qu'il pleut. » dis-je en sentant une goutte tomber sur moi.

Je ne transpirais pas. Il commençait réellement à pleuvoir et si on ne s'abritait pas, on allait finir tout tromper, et ses vêtements seraient totalement transparent vue qu'elle portait du blanc. Et je ne voulais pas que ce soit transparent. Ni elle. Personne voulait ça. C'était pas parce que je ne bougeais pas, que je ne voulais pas pour autant aller m'abriter.

« Tu... on rentre ? Enfin, la bar ? Il pleut. Je voudrai pas que tu te retrouves toute mouillée dehors. Et puis on peut attraper froid. Surtout sans haut, ni rien. Enfin, j'ai un bas. Toi aussi et un haut. »

Je ne comprenais plus les mots qui sortaient de ma bouche. Et j'avais aucune idée de pourquoi j'avais fait un pas vers elle...

Attiré l'attention de Samuel, c'était fait. Le pauvre ne savait plus trop sur quel pied danser et c'était assez drôle à voir... Samuel n'était toujours pas très dégourdi sur certains sujets apparemment, mais ça pourrait être très intéressant de continuer à flirter ainsi... Du moins ça aurait pu l'être... Une serveuse venait de faire son apparition et leur avait demandé des conseils sur le tri. La lionne n'avait pas mis très longtemps avant de lui répondre, de la rembarrer au passage et même de la menacer ! Elle voulait s'amuser et Samuel avait été un partenaire plus que convenable jusqu'à présent alors l'autre folle n'allait pas tout gâcher n'est-ce pas ?

Une fois la gamine partie, Samuel lui fit remarquer que si elle n'avait pas été la mère de Nala, il aurait cru qu'elle le draguait. Non mais... Pour le coup, Anita se recula d'un pas et lui lança un regard légèrement torve. Il était sérieux là ? Apparemment oui... Avait-il donc une opinion si tranchée sur les mères ? Pourquoi n'aurait-elle pas le droit de s'amuser à draguer quelqu'un ? Même s'il s'agissait d'un jeune et du fils de sa meilleure amie en plus de l'ex de sa fille ? Draguer, flirter, ce n'était pas mal... De toute façon, ils étaient adultes non ?

- Et si tu faisais comme si je n'étais pas la mère de Nala ? Lui répliqua-t-elle. Moi aussi j'ai le droit de m'amuser... Ajouta-t-elle ensuite, limite boudeuse.

Elle venait de se prendre un râteau et le savait parfaitement. C'était nul comme soirée ! En plus, la pluie s'était mise à tombée en fines gouttes. Samuel lui proposa donc de rentrer, ce qu'Anita n'avait pas tellement envie de faire. D'autant plus que ça n'était qu'une petite pluie...

- Tu veux vraiment rentrer ? Hadès ne fera rien en voyant ton torse ruisselant de petite pluie ? Demanda-t-elle en croisant les bras.

Puis ce fut un véritable déluge. La pluie se transforma en un rideau opaque et violent et la lionne se retrouva rapidement trempée. Son chemisier blanc et légèrement transparent ne cachait plus rien à présent. On voyait bien que la blonde n'avait pas de soutif. Elle n'en avait jamais eu besoin et ce n'était pas près de commencer apparemment, aussi profitait-elle avec bonheur de cette liberté là ! N'empêche que maintenant qu'elle était trempée, Anita se rapprocha de Samuel.

- Maintenant, c'est moi qui ai froid, tu veux bien m'aider ? Minauda-t-elle en se collant presque au jeune homme.

Il n'allait pas la laisser dans cet état, pas vrai ?