Anita avait sans doute raison. En tout cas, Marie semblait de son avis. Il était certain que les deux femmes étaient mieux placées pour se prononcer à ce propos. Anya devrait attendre une vingtaine d'années au moins avant d'en faire l'expérience. Et cela ne lui déplaisait pas du tout, bien au contraire. Elle avait déjà du mal à réaliser qu'Abigaëlle avait déjà un an quand il lui semblait que c'était hier encore qu'elle venait de naître, alors l'imaginer totalement femme et prête à voler de ses propres ailes, c'était trop pour Anastasia qui voulait garder son bébé le plus longtemps possible.
La rouquine oublia bien vite ces préoccupations grâce à Anita qui n'avait pas son pareil pour détendre l'atmosphère avec un peu d'humour. Anya sourit, voulant bien la croire.
- Tu sais ce que je dis toujours... Les hommes sont tous des bébés, affirma la jeune femme en relevant fièrement le menton.
Féministe, elle ? Sans doute. Mais elle était aussi encline aux plaisanteries, notamment envers Dimitri, le seul homme de la maison et sa première victime.
Quant à Marie, elle avait souri à cette remarque et ne put s'empêcher d'ajouter :
- C'est particulièrement vrai de ton Dimitri, ma chérie.
Anya fit alors les gros yeux, se demandant si sa grand-maman était, ou non, sérieuse. Elle savait, bien sûr, que Marie et Dimitri se ressemblaient un peu trop sur certains points - leur obstination, notamment - pour arriver à s'entendre réellement. Mais il avait gagné son respect, elle en était certaine. Et il la respectait, bien entendu. Marie n'oubliait cependant pas aussi facilement que sa petite-fille que Dimitri n'avait pas toujours assuré en tant que père et "mari".
Anya haussa finalement les épaules sans rien dire, préférant se tourner vers Anita :
- Il est... enfantin à ce point ? voulut-elle savoir, curieuse.
Anastasia ne connaissait pas Even - pas en dehors de ce qu'Anita avait pu lui en dire. De même, elle ne connaissait pas, a priori, son petit ami. En fait, elle connaissait peu de monde, et souvent des femmes plus âgées ou alors des personnages haut en couleurs. Elle aurait bien aimé avoir une meilleure amie de son âge mais ce n'était actuellement pas le cas. Elle avait cependant Anita, qui était une très bonne amie, en plus d'être de bons conseils et un peu plus âgée, donc d'autant plus avisée que le tempérament fougueux et spontané de la rouquine.
La conversation continua normalement. Des dessins d'Anya, elle passa au remariage de la pâtissière qui avait créé le bon gâteau d'anniversaire et qui allait se remarier. Anastasia pouffa :
- Elle est pas banale, ta copine pâtissière.
Puis elle agita sa main gauche pour faire scintiller la bague de fiançailles qu'elle portait depuis... deux ans ?
- Je ne suis toujours pas mariée, reprit-elle, amusée. Il a fait sa demande et on est pas encore allé plus loin, expliqua la jeune femme en haussant les épaules. Et dire que ton amie va se REmarier, c'est... c'est pas banal, oui.
Anastasia avala une nouvelle part de gâteau, écoutant la suite des confidences d'Anita.
- Des griffes ? Sérieusement ? C'est... waouh, c'est dingue ! s'exclama la jeune femme. Ca doit être pratique pour les ouvre-boîtes... Ou pour se battre mais... ça n'arrive quand même pas si souvent que ça par ici, si ?
Anastasia secoua la tête. Sa vie était tellement routinière qu'elle avait du mal à imaginer qu'on puisse se battre à coups de griffes à Storybrooke. Mais elle était aussi curieuse et après quelques instants demanda, malicieuse :
- Dis-moi Anita,... on peut les voir ces griffes ?

Les trois femmes s’étaient mises à parler maternité et lien de grand-mère. Puis la discussion dériva et Anita se garda bien de se joindre à la petite chamaillerie qui avait lieu entre Anastasia et sa grand-mère. C’était rassurant et franchement attendrissant de les voir se comporter ainsi. La lionne rit bien volontiers quand il fut question de Dimitri qui agissait en bébé et le rire de la blonde se transforma en une petite toux quand Anastasia lui posa des questions sur Samuel.

- Il l’est… Répondit-elle après s’être reprise. Dis-toi que si quelqu’un illustre bien ta petite phrase fétiche, c’est lui… Samuel n’a pas vraiment grandi… Et même s’il a quelques excuses, il serait temps pour lui de réagir. Mais cela tarde. Alors pour le moment, on dirige les lions avec sa mère… Raconta-t-elle.

Et c’était un sacré boulot, malgré le fait qu’ils ne soient plus sur la Terre des Lions… La discussion dériva ensuite sur Amelia et son remariage. Anastasia lui montra sa bague de fiançailles et lui annonça que cela faisait deux ans que les choses n’avaient pas bougé. La lionne ne parvenait pas trop à comprendre comment les choses pouvaient être aussi longues entre le couple… Depuis la sortie de prison, Dimitri aurait dû se précipiter pour l’épouser non ? Elle ne comprenait décidément pas les hommes…

- Il attend quoi ? Demanda-t-elle en faisant un signe de tête vers la bague de la jeune femme. Oh tu sais… Amelia a perdu son mari pendant la Malédiction… Ils ont été séparés longtemps, même s’ils n’ont jamais divorcé… Alors Wyatt et elle vont marquer le coup. Et faire un mariage qui ne soit pas issu de nos faux souvenirs… Expliqua-t-elle avec un petit sourire.

Puis la lionne leur parla de ses griffes et du rugissement qu’April avait retrouvé. Et bien évidemment, Anya se montra très curieuse.

- Oh si… Il arrive assez régulièrement que des portails s’ouvrent et que certains d’entre nous soient transportés dans le monde des contes. Et là-bas, il y a parfois besoin de se battre… Raconta-t-elle à son amie avant de se lever. Je me demandais quand tu allais poser la question ! Répliqua-t-elle en souriant.

Une fois certaine qu’Abigaëlle ne viendrait pas lui sauter dessus, Anita fit apparaître ses griffes à la place de sa main droite. Elle la montra un instant à Anastasia et sa grand-mère puis sa main reprit sa forme normale.

- C’est très pratique parfois… Dit-elle, taquine.

Anita avait effectivement les épaules d'un leader. Anastasia, du moins, était de cet avis. Elle avait bien plus d'expériences qu'elle-même pour diriger quoi que ce soit. Le clan des lions devait ainsi être entre de bonnes mains, entre les siennes et celle d'April King, une femme sobre et digne qu'elle avait une fois rencontré au journal quand Abigaëlle venait à peine de naître. C'était simplement amusant - ou désespérant - de voir que le fils de cette femme était... radicalement différent de sa mère. Cela voudrait-il dire qu'Abigaëlle ne serait pas comme ses parents . Qu'elle serait expansive avec ses sentiments et prête à régner sur une terre ? Pour le moment, leur fille était la douceur et la joie de vivre incarnées. Mais elle n'était qu'une enfant. Allait-elle changer ?
Anya avait avait chassé ces questions par un rire qui répondait au commentaire d'Anita. Elle était toujours un peu fière de voir que les hommes répondaient à ses préjugés. Anastasia aimait avoir raison. Ce qu'elle n'admettrait cependant jamais c'était que Dimitri, quand il le voulait bien, était loin d'être un bébé !
... Peut-être pas quand il s'agissait de s'engager, cependant.
Anastasia grimaça. Elle ne savait pas ce qu'il attendait et n'avait donc pas de réponse à fournir. En fait, ils n'en avaient pas reparlé et c'était gênant de l'admettre. Anya grimaça. Puis elle mit les pieds dans le plat, comme souvent, brute de décoffrage :
- On en a pas rediscuté. Mais ça viendra. Je ne sais pas s'il a oublié mais moi, je n'ai pas oublié, affirma la jeune femme. Tu sais... ça n'a pas été si simple de reprendre une vie normale. Je pense... qu'on avait plus urgent à faire.
Conclusion évasive s'il en est mais Anya préférait ne pas s'étendre sur le sujet. Anita, elle le savait, était suffisamment perspicace pour comprendre par elle-même.
Au fond, elle était bien contente qu'Anita déballe la vie de la lionne pâtissière du coin. C'était le moyen idéal de changer de sujet et ce ne serait pas elle qui cracherait dessus. Même si l'histoire d'Amelia Peters n'était pas des plus joyeuses, elle avait droit à sa fin heureuse - comme celle de Dimitri et Anastasia, non ?
- Ils ont raison, approuva simplement la rouquine.
La conversation sur les mariages était donc terminée, place à la curiosité.
Anastasia n'avait jamais envisagé Anita en guerrière - ou simplement en combattante. Les images d'elle qui lui venait en tête, se battant à coups de griffes dans des mondes enchantés, étaient surprenantes. Quant à Anita, celle dans son salon, l'image qu'elle renvoyait était celle d'une femme contente de pouvoir faire sa démonstration. Et ça tombait bien, Anastasia ne demandait qu'à voir ! Même Marie semblait intriguée. Elle s'était légèrement penchée en avant, comme pour mieux voir, discrètement mais sûrement.
La démonstration fut certes brève mais incroyable. Anya ouvrit des yeux ronds.
- Waouh... C'est... pratique, oui. C'est le mot, convint-elle avec un regard dans la direction de sa grand-maman.
Marie opina sobrement.
- Vous êtes pleine de surprises, commenta-t-elle. Je ne vous imaginais pas si... combattante, admit la vieille femme, devançant les pensées de sa petite-fille. Mais j'imagine que dans ce monde les femme doivent encore se battre.
Anya opina à son tour, plus vivement, ce qui amusa fortement Abigaëlle.
- On est féministes, dans la famille, commenta-t-elle inutilement. Et pourtant je n'ai jamais cherché à réclamer ma couronne. Ou mon trône. Ou le reste, d'ailleurs. Je n crois pas être faite pour ça. Toi, en revanche, tu as l'air d'avoir ça dans le sang.

(un dernier tour et on clot pour lancer un rp Greg, toi et moi ?)

Les hommes étaient tous des bébés… Cette maxime d’Anastasia fonctionnait pour la plupart des mecs. Dont Samuel, le fils de sa meilleure amie. Anita raconta quelques exploits de Samuel, très rapidement, mais elle en revint bien vite à Dimitri qui avait offert la bague et les fiançailles mais qui ne se bougeait plus les femmes depuis… C’était assez étrange. Sauf lorsqu’on savait que les derniers temps avaient été très compliqués pour le couple, notamment à cause du fait que Dimitri avait été en prison…

- Je sais… Dit-elle doucement. Ne t’en fais pas, un jour il s’en rappellera. Ou dans le pire des cas, tu lui rafraîchiras la mémoire. Ajouta-t-elle en lui faisant un clin d’œil à la fin.

La lionne raconta par la suite qu’Amelia, qui avait fait le gâteau d’Abigaëlle, allait se remarier. La blonde expliqua rapidement que c’était pour avoir un véritable mariage et surtout pour marquer le coup, vu qu’Amelia et Wyatt s’étaient retrouvés il y avait peu de temps au final. Comme quoi, Dimitri avait encore le temps avant de penser à organiser le mariage…

Puis les trois femmes parlèrent du monde des contes et Anita leur confia qu’elle avait retrouvé l’usage de ses griffes. Cela avait été un peu surprenant au départ, quand elles étaient réapparues, mais depuis, la lionne savait les manier à sa convenance et trouvait que c’était plutôt utile. Avec un sourire, elle taquina son amie et se leva avant de faire apparaître ses griffes puis de les faire disparaître.

- À dire vrai, je n’ai pas eu l’occasion d’être une combattante depuis que nous sommes ici… Mais j’étais une chasseresse avant… Alors forcément, ma nature combative reste malgré tout. Expliqua-t-elle en souriant. Tu trouves ? Je ne pense pas qu’un trône m’irait… Je n’ai aucune envie de régner sur tout un tas de gens… Mais c’est certain que ma nature protectrice y trouverait son compte…

Aux yeux d’Anita, un souverain devait protéger les siens. Et dans ce rôle, elle était très douée. Mais la trentenaire n’avait aucun besoin, aucune envie de régner sur qui que ce soit, alors la question était réglée pour elle…

Anastasia avait-elle seulement envie de se marier ? Oui, sans doute. A vrai dire, elle n'y réfléchissait jamais, ce qui ne l'empêchait pas de porter cette jolie et sobre bague autour de son annuaire gauche depuis plus qu'un an. Bientôt deux, sans doute.
Dimitri et elle n'avaient rien du prince et de la princesse de contes de fées qu'on pouvait rencontrer au détour d'une rue. Lui n'avait aucun titre et elle aucune envie de gouverner. Ils passaient plus volontiers leur temps à se chamailler comme des enfants qu'à se dire de jolies choses. Et pourtant, ils s'aimaient sincèrement. Elle n'avait jamais aimé que lui et n'imaginait pas en aimer un autre. Quant à lui... oui, il avait dû connaître d'autres femmes, peut-être des fausses Anastasia, d'ailleurs, mais Anya préférait ne pas y penser. Eux deux, c'était une évidence et le mariage n'aurait fait que sceller celle-ci. Mais ils pouvaient vivre sans. Un papier ne les rendrait pas plus amoureux l'un de l'autre. Je crois que j'ai envie de l'épouser, réalisa-t-elle néanmoins.
Puis la rouquine secoua la tête et revint au moment présent.
Anita. Sa grand-mère. Abigaëlle. L'anniversaire. Le thé et le gâteau. Et les capacités de l'ancienne lionne à gouverner.
Marie l'écoutait d'une oreille attentive et surprise. Elle aurait imaginé Anita plus attirée par l'idée de gouverner, de quelques façons que ce soit. Elle avait, en tout cas, des épaules plus à même de supporter une telle charge que celles de sa petite-fille.
L'impératrice avait toujours eu conscience que son fils Nicolas n'était pas spécialement attiré par le pouvoir, contrairement à sa belle-fille, Alix, qui avait pris le nom d'Alexandra une fois à la cour de Russie. Au fond, elle ne s'étonnait pas de constater que sa petite-fille ressemblait plus à son père qu'à sa mère. Anastasia lui avait toujours paru trop indépendante et têtue pour accepter de s'asseoir sur un trône et gouverner selon des règles précises tout en écoutant les avis avisés de quelques uns triés sur le volet.
Mais Marie Romanov ne fit aucun commentaire sur cette conversation que menaient les deux jeunes femmes et dont elle était simplement une spectatrice tolérée. Quant à Anastasia, opinant vivement du chef, elle ajouta :
- Tu pourrais fonder une nouvelle ère matriarcale. Ce serait parfait pour une ancienne lionne protectrice.
Et pour une féministe, compléta mentalement la rouquine.
Dimitri n'aurait peut-être pas été de son avis. Heureusement, Anya avait mis une fille au monde, ce qui donnait la majorité au beau sexe dans la maison. C'était tant mieux. Et cette petite, justement, venait d'avoir un an. 365 jours, pas tous heureux, mais des jours qu'Anastasia n'échangerait pour rien au monde.

Anita resta jusqu'à ce qu'après que la nuit soit tombée. La soirée commençait doucement quand elle s'en alla, bientôt suivie par Marie dans sa voiture avec chauffeur. Comme quoi, certaines choses ne changeaient pas, quel que soit le monde où l'on se trouvait.
Anastasia trouva la maison bien calme une fois que les deux femmes s'en furent allées. Elle n'était pas mécontente de ce calme retrouvé, qui sembla convaincre Dimitri de sortir de sa cachette pour la rejoindre. Il restait suffisamment de gâteau pour qu'il en ait sa part au dessert et même assez pour qu'Anya en reprenne en comptant sur son métabolisme pour ne pas reprendre ses kilos de femme enceinte.