« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
What if I were smiling and running into your arms?
❝ Would you see then what I see now? ❞
Cela commençait à devenir inquiétant. Depuis plusieurs jours déjà, Jeremiel m'évitait. Quand je me retrouvais au même endroit que lui, il partait. Si je tentais de le rejoindre, il fuyait. Que se passait-il ? Avais-je fait quelque chose de mal ? Plus le temps passait, et plus j'avais peur qu'il ne veuille plus jamais me parler. Je n'étais pas un petit dinosaure craintif : je voulais savoir ce qu'il lui arrivait et si c'était de ma faute, réparer mon erreur. Ne pouvions-nous pas redevenir proches comme avant ? Peut-être avait-il développé une allergie aux reptiles du jurassique ? Albert était aussi triste que moi car il n'allait plus lui rendre visite non plus, dans son enclos. Pourtant, il se rendait chaque soir au zoo, sans emprunter la porte principale. A la place, il entrait par un trou dans le grillage qu'il remettait ensuite correctement. Je l'avais suivi plusieurs fois afin de comprendre ce qu'il fabriquait.
Cette nuit-là, les étoiles étincelaient fort dans le ciel lorsqu'il pénétra dans le zoo fermé depuis plusieurs heures. Les cris paisibles des animaux nocturnes résonnaient tout autour de nous, depuis les enclos. Je me déplaçai le dos collé contre les différentes parois en verre, espérant que Jeremiel ne me remarque pas malgré son sixième sens sur-développé. Il ne tourna pas la tête une seule fois vers moi.
Rassurée par mes talents furtifs -après tout, il fallait savoir se cacher quand Dent Tranchante n'était pas loin, à l'époque- je trottinai sur la pointe des pieds pour me recroqueviller derrière un bac de poissons destinés aux otaries. Depuis ma cachette, je voyais très bien Jeremiel. Il s'était arrêté devant la porte du bureau principal. Bientôt, cette dernière s’entrebâilla et Lily apparut. Elle discuta un peu avec lui avant de lui donner un trousseau de clés. Il repartit aussitôt de sa démarche habituelle, à la fois lourde et désinvolte.
Fronçant les sourcils, je marchai à quatre pattes afin de ne pas me faire repérer. Lily avait déjà refermé la porte. Et de toutes façons, ce n'était pas elle que je souhaitais interroger. Je gardai les yeux rivés au sol tandis que je marchais par terre quand soudain, le haut de mon crâne heurta quelque chose. Surprise, je sursautai et renversai la tête en arrière, la bouche entrouverte. Jeremiel était tourné vers moi et m'observait d'un air impassible.
Il est vrai que ça devait être étrange de me voir avancer à quatre pattes en pleine nuit au beau milieu du zoo.
"Euh... j'essaie de retrouver mes origines." mentis-je. "Parfois, ça me fait du bien d'être sur quatre pattes au lieu de deux. Même si ma colonne vertébrale n'est pas du tout adaptée à cette position de façon prolongée."
Je grimaçai légèrement et me relevant, je titubai un peu avant de cligner des yeux et de faire une petite moue.
"Non, en fait... je veux savoir pourquoi tu m'évites depuis un moment et pourquoi tu vas voir Lily en cachette. A quoi servent ces clés ?" l'interrogeai-je en désignant les petits objets métalliques dans sa main. "Ca aide à ouvrir des portes, mais tu n'en as jamais eu besoin pour ta cabane... Ca veut dire que tu as une maison, maintenant ? Avec une serrure pour la fermer à clé ?"
J'étais sincèrement stupéfaite à cette idée. Jeremiel n'avait jamais vu l'intérêt d'avoir des clés. S'il en avait eu, il les aurait perdues. Alors, pourquoi ?
Tu me manques ! songeai-je si fort que je me demandais s'il avait entendu.
Je n'allais pas le dire à voix haute, même si c'était la vérité, car il ne faut pas trop montrer à un garçon qu'il nous plaît. Jezabel m'avait donnée ce conseil et je le conservais précieusement. Pourtant, tout ce que je voulais en cet instant, c'était me précipiter dans les bras de Jeremiel et lui lécher la joue. J'esquissai un pas vers lui mais écarquillai subitement les yeux et glapis un : "Non !" en réalisant que je devais être forte. Il me devait d'abord des explications.
.
Jeremiel Othrys
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : ➹ Norman Reedus
| Conte : ➹ Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Uriel
« C'est pas moi... Enfin, c'est... Euh... Il y a une salade fraîche sur la table. C'est pour Astrid. Je me suis dit que si je lui en apportais une, ça lui ferait plaisir. »
Le sourire de Lily en disait long sur le mensonge qui sortait de sa bouche. La salade qui se trouvait sur la table venait du jardin à l'arrière de la maison. Elle avait été fraîchement coupée. Je le savais, vue que c'était moi qui l'avait coupé et déposé sur la table de la cuisine.
« Il se pourrait que... Enfin... Faut pas me juger... » ajouta la jeune femme tout en s'appuyant contre le dossier de la chaise et en penchant la tête comme si de rien était, tout en fixant le bois.
J'avais regardé en direction de l'étagère où en entrant dans ma cabane, je l'avais surprise prendre quelque chose. Je m'y étais approché et après avoir passé ma main derrière une boite, j'en avais sortit un paquet à moitié froissé que j'avais amené près de la jeune femme. Elle avait levée les yeux vers moi, fait un sourire de comme si rien était, puis elle avait une nouvelle fois penchée la tête vers le sol. Je ne la jugeais pas. Mais je ne la comprenais pas pour autant. Je lui avais tendu le paquet.
« Ah ben non, faut pas. C'est... Faut penser à Apple. Elle ne peut pas la pauvre et... »
Elle s'était tout de même tenter. Je savais que le sachet se trouvait ici. Tout comme je savais que Lily venait pratiquement tous les jours dans ma cabane, incognito, afin de piocher dans ce paquet de Curly qu'elle avait sans doute elle même déposée ici. En la laissant seul, je devenais complice de ses actes. Est ce que j'étais une sorte de dealer de Curly à ses yeux ?
Les jours avaient passés et elle revenait chaque après midi quand je rentrai de dehors. Je m'assurai d'être toujours à la maison au même moment. Non pas que je souhaitai la surveiller, mais j'appréciai sa compagnie. Elle venait, elle mangeait, elle parlait. Ca lui faisait sans doute du bien et ça m'en faisait aussi. Depuis quelque temps, Astrid passait moins et elle n'habitait plus ici. J'avais la sensation au fil des jours, que quelque chose me manquait.
« Ca pourrait le faire ! Et ça serait notre petit secret. Comme ça on aurait tous les deux quelque chose dont seul l'autre aurait connaissance. » m'avait-elle dit lors de l'une de nos discussions, tout en hochant plusieurs fois la tête d'un air entendu. Je n'avais pas eu besoin de lui répondre, car la réponse devait se lire sur mon visage. Son idée me plaisait bien.
C'était pour cela que pendant plusieurs nuits, à chaque fois que le zoo en arrivait à la fermeture, je me déplaçai de ma cabane jusqu'à la maisonnette qui servait de bureau à Lily Olyphant. Elle me donnait toujours le même trousseau de clef et je quittait toujours l'endroit de la même manière, faisant le tour du Zoo et y entrant une nouvelle fois, mais par une zone un tant soit peu abandonnée.
« ... ça veut dire que tu as une maison, maintenant ? Avec une serrure pour la fermer à clé ? »
Cette fois ci, ça avait été différent. C'était le même moment de la journée, la même lune qui scintillait dans le ciel, mais je n'étais pas seul. Toute la différence était là. Quelqu'un m'avait suivi et n'étant pas sur mes gardes, je n'avais pas entendu la jeune femme qui s'était faite discrète pour l'occasion. Mais peut-être pas assez discrète, car elle avait fini par se faire repérer et pas de la meilleure des manières.
J'avais baissé les yeux pour voir ses jambes et si elle ne s'était pas faite mal en tombant. Tout semblait en place. Elle avait murmurée un "non" que je n'avais pas compris. Le trousseau de clef était toujours dans ma main et la jeune femme attendait une explication. Je m'étais contenté de hocher la tête et de me tourner pour poursuivre ma route. A comprendre par là qu'elle pouvait aisément me suivre jusqu'à un entrepôt au loin. Il n'était plus tout jeune, un peu comme moi et il y avait encore beaucoup de choses à rénover à l'extérieur. En enfonçant ma clef dans la serrure et en la tournant, juste après l'avoir forcé un peu, car elle bloquait encore et encore, même quand on la réparait, je m'étais dit que ce n'était pas qu'à l'extérieur qu'il y avait encore des rénovations à faire.
Une fois la porte franchie, on pouvait voir tout autour de nous des murs noircis par l'incident qui avait ravagé ce lieu. Mais face à nous, le comptoir scintillait une nouvelle fois comme dans sa jeunesse. Car oui, c'était la première chose que j'avais refait à neuf. Le comptoir et un tableau que j'avais mis juste derrière, présentant le nouveau lieu dans lequel on se trouvait. Il restait encore beaucoup de travail et je venais à peine d'entamer les aménagements des différents couloirs menant aux salles les jouxtons.
« Lily pensait que ça serait une bonne idée de faire autre chose que de couper du bois. » dis-je en observant les lettres gravées en haut du tableau. Il y en avait 9, séparées chacune par un petit espace et on pouvait y lire très précisément : "D I N O S A U R E".
« Elle compte ouvrir une aile sur les Dinosaures dans son zoo. » ajoutai-je sans préciser pour autant qu'elle m'avait demandée d'aménager cet endroit, voir de m'en occuper.
Quelque chose me manquait depuis qu'Astrid ne venait plus aussi souvent qu'avant dans la cabane. Et c'était pas faute d'avoir tenté de faire comme si de rien était. Mais je n'avais pas pu me résigner à arrêter de cueillir des salades dans le jardin, ou de ramener toujours le double de la quantité de bois pour le feu qu'il fallait pour une seule personne. Je pensais aussi, tout comme Lily que changer mes occupations journalières me feraient aller mieux, mais ils me rapprochaient encore plus de cette chose, qui me manquait et dont j'avais un mal fou à me passer.
