People can change, but not memories

Il était une fois un lapin intelligent et joyeux qui parcourait la Forêt Enchantée avec la mission de dessiner les sourires des enfants. Ils étaient ce qu'il y avait de plus important pour l'esprit de l'enfance. Mais ce bonheur ne pouvait être éternel, et il était destiné à l'oubli de chacun d'entre eux.
Un oubli qui s'effectuait au fil de l'âge qui était provoqué séchement et prématurément par un choc du pauvre enfant.

C'était l'histoire de ma vie. Et il y avait un sentiment acide qui se mêlait à la tristesse que j'avais ressenti à cette époque, c'était lorsque quelqu'un avait agi pour qu'un de mes amis juvéniles m'efface de sa mémoire.
C'était il y a très peu de temps avant que je connaisse Lily, et que je sois envoyé à Wasteland.
Je m'étais lié d'amitié à un petit garçon vif et adorable, qui était terriblement seul avant de me connaitre.
Un jour, très pluvieux, très orageux, j'avais parcouru la forêt pour le rejoindre, pour ne pas laisser l'humeur de la pluie déteindre sur son sourire.

Mais j'avais croisé le convoi de la reine. Regina m'avait trouvé. C'était la première adulte de toute mon histoire à m'avoir vu. Manifestement, elle avait été informé de mon existence et mon "rôle" semblait la déranger.
Elle m'avait retenu. Oh, j'ai pu me libérer, mais trop tard. Je n'étais pas avec ce petit garçon à temps. L'orage a détruit sa maison, et, ayant été loin de lui, je n'ai pas pu empêcher l'oubli.

Jusqu'à il y a encore quelques semaines, je ne me souvenais pas de ça. Le lac de Wasteland m'avait rendu mes souvenirs.
A partir du moment où j'ai été envoyé à Wasteland quelques mois après cet événement, Regina également m'a oublié, et aujourd'hui, elle n'avait certainement plus aucun souvenir de moi.
Mais les miens m'étaient revenus.

Lorsque j'étais rentré dans cette patisserie pour acheter quelque chose à mon fils, et que je reconnus la voix, puis le visage de celle qui m'avait accueillie, mon visage se ferma avec amertume.

Euh non... je ne veux rien.

People can change, but not memories

Les gens changent. Tout le monde le sait. Oui, les gens changent, les gens évoluent et moi la première. Depuis mon retour du monde sans limites, j’apprenais à dompter la Méchante Reine qui était ancrée au fond de moi, oui le combat final avait eu lieu et je savais dès le début que le bien vaincrait toujours, j’en avais fait les frais plus d’une fois. Les souvenirs…les souvenirs c’est quelque chose que l’on garde en nous. Certains s’effacent et d’autres demeurent. Parfois, il suffit d’une lumière pour que les souvenirs refassent surface et sans doute que la porte de la pâtisserie qui vient d’ouvrir en est une.

J’étais arrivée une heure plus tôt et très rapidement, j’avais enlevé ma veste et enfilé mon tablier que j’avais dû agrandir avec la magie pour qu’il puisse faire parfaitement le tour de ma taille car vu le ventre rond que j’avais désormais, je commençais littéralement à ne plus entrer dans mes vêtements. Enfin bref, j’avais donc travaillé un peu derrière en compagnie d’Amélia mais elle avait dû s’absenter une petit heure, je ne lui avais rien demandé de plus et donc je devais m’occuper seule de la boutique pendant une petite heure. Après avoir mis parfaitement les gâteaux et chocolats sur le présentoir, je retourna dans l’arrière boutique pour sortir la tarte aux pommes qui cuisait alors que j’entendis le tintement de la porte.

Je me dirigea donc vers la boutique et posa mon regard sur un jeune homme. Etrangement, je savais juste que c’était un psychologue mais le reste ? Il ne me disait rien.

« Je peux vous aider ? » dis-je simplement.

Je remarqua rapidement que son visage venait de se refermer et il me fis comprendre qu’il ne voulait rien.

« Je vous fais peur ? Vous n’avez pas de crainte à avoir hein, je ne vais pas vous manger. » dis-je simplement. Après tout, je suis Regina, juste Regina. Alors qu’il ne répondait rien, je passa de l’autre côté du comptoir et remis correctement les pancartes avant de poser une main sur mon ventre. Daniel bougeait beaucoup et je commençais vraiment à fatiguer plus vite. Enfin bref, je retourna de l’autre côté du comptoir avant de regarder le jeune homme « Vous voulez quelque chose finalement ou non ? »

People can change, but not memories

On dit que parfois, certaines souvenirs oubliés étaient mieux faits de rester oubliés. Que certaines malédictions étaient simplement de se souvenirs de choses douloureuses qu'on ne pouvait résoudre désormais.
Lorsque je revis le visage de madame Mills, la première fois depuis mon retour de Wasteland, beaucoup de choses m'étaient revenues.

Son sourire cruel jubilant de plaisir en ruinant des vies, les armes froides de ses gardes, ses prisons dans lesquelles elle me retenait par magie, et enfin les pleurs du petit garçon que je n'avais pas pu consoler.
Je connaissais, comme la grande majorité de la ville, ce qu'était devenue l'ancienne reine et maire. Elle avait évolué, grandement changé, elle était pâtissière, était heureuse dans une grande famille, enceinte...

Mais on ne pouvait rien faire aux souvenirs encore amers. Ca, ça n'avait pas pu changer. Et j'avais pas encore eu le temps nécessaire pour l'avaler. J'avais serré les dents en la voyant. Tout cela n'était pas dans mes habitudes, en temps normal, je l'aurai félicité pour ce qu'elle était devenue. Mais je ne pouvais pas ressentir autre chose que de l'hostilité pour elle. Cet enfant qui m'a oublié à cause d'elle, oui, ça allait finir par arriver, mais on aurait pu encore partager bien plus de choses.

Ces derniers temps, j'essaye vraiment de ne plus me tourner en arrière, mais tous ces derniers événements changeaient la donne. Et c'était compliqué.
Je ne pouvais rien y faire, j'étais toujours, malgré tout le temps, en colère contre elle.

Je n'ai pas peur de vous. Peut-être aurais-je du à l'origine.

Vous voulez quelque chose finalement ou non ?

Je ne suis pas motivé pour accepter quelque chose venant de vous, Votre Majesté

Je regardai toutes les pâtisseries, elles n'avaient rien à voir avec Regina, mais c'était elle qui les représentait en ce moment. Surtout si c'est pour mon garçon. Vous n'avez pas été une grande passionnée d'enfants à notre rencontre.

People can change, but not memories

Les souvenirs peuvent souvent nous jouer des tours mais qui pourraient croire que jadis j’avais été une odieuse personne qui ne se plaisait qu’à détruire la vie des autres ? Oui j’avais été cette personne, avant, maintenant j’étais juste Regina qui cherchait à être heureuse avec uniquement ce que la vie lui offrait et c’était tout ce qui importait mais comme on dit chasser le passé, il revient au triple galop ou quelque chose dans ce genre là. En tout cas, ce qui est certain, c’est que j’avais connu cet homme jadis mais il m’était impossible de dire où mais apparemment, il m’en voulait plus que je ne l’imaginais.

Je ne le quittait pas des yeux. Lorsqu’il m’appela votre majesté, je compris qu’il faisait donc bel et bien référence à l’époque de la Méchante Reine. Je respira longuement avant de finalement reprendre :

« Oh je… » répondis-je simplement.

Puis j’écoutais ses paroles. A l’époque, je n’étais pas une grande passionnée d’enfants…Alors il avait un lien avec les enfants dans le monde des contes. Je posa une main sur le comptoir et essaya de me souvenir, de me rappeler l’époque à laquelle nous nous étions rencontrés. Mais c’était quelque chose de compliqué mais finalement, cela me revint en mémoire. Les enfants…C’était…c’était un…Je fronça les sourcils avant de relever le regard vers lui :

« C’est vous le lapin que j’avais fait enfermer ? »

Vu son regard, apparemment, c’était bel et bien le cas. Je me mordis la lèvre avant de finalement reprendre :

« Sachez que je tente tant bien que mal de garder profondément cacher la méchante reine, je lutte pour rester lumineuse si je puis dire ça comme ça et sachez donc que je suis désolée de vous avoir enfermer cette fois-là. Je connaissais votre rôle et je vous ai empêcher de faire ce que vous aviez à faire. »

A présent, il ne restait plus qu’à savoir ce qu’il allait me répondre car après tout, je me souvenais, avec difficultés mais je me souvenais. J’avais entendue parler de lui et je l’avais fait capturé avant de l’enfermer dans mes cachots, l’empêchant de faire ce pour quoi il vivait. C’est-à-dire venir en aide aux enfants, à cause de moi, il avait sans doute eu des problèmes et à dire vrai, je m’en voulais. Oh y’avais peut être les hormones qui jouait mais je m’en voulais sérieusement pour tout ça. Je ne le quittais pas des yeux avant de lever le regard vers lui :

« Si je pouvais faire quoi que ce soit pour me racheter, je vous jure que je le ferais… »

People can change, but not memories

Si il y avait plein de choses qui me permettaient de rester concentré sur la vie que j'ai désormais, plein de choses qui me permettent de l'apprécier, autant les anciens amis retrouvés à la maison, bien que déroutant de changer de style de vie comme ça, que les jumeaux, agaçants, mais adorablement agaçants, Lukas par dessus-tout, des amis autour de moi, je vivais tout de même chaque jour avec le même vide dans mon âme, ce même vide qui me hantait pendant toute la malédiction. Etre celui que j'étais me manquais, bien qu'aujourd'hui je n'étais pas pour autant certain de troquer ma vie actuelle pour celle d'avant. Mais sans doute aurais-je préféré qu'elle se termine mieux, sans doute aurais-je préféré qu'elle se déroule mieux.
Chaque erreur me rongeait. Ne pas avoir réussi avec Lily, avec tant d'autres enfants. Et pour l'un d'entre eux, ce n'était pas moi que je blâmais.

Et alors que j'étais face à elle désormais, laissant parler ma colère, je ne savais même plus quoi faire. Je me retrouvai face à l'un des éléments qui m'avaient empoisonné pendant si longtemps, ne sachant que faire. La vie sous cet angle paraissait si misérable. Mais connaitre la mort du Savant Fou à Wasteland n'avait en rien répondu à ma colère.

Laisser parler ma colère face à Regina qui n'a plus rien à voir au cas du Savant Fou, n'y répondrait certainement pas. Mais elle continuait de s'exprimer. Etre humain, je l'avais appris pendant trois décennies, c'est être si ambigu, c'en est parfois épuisant.

Elle s'excusait, et quelque part, je l'avais déjà pardonné avant cela. Mais le poison qui se libérait.

Ce garçon a sans doute eu une vie triste. Peut être très, très triste, dis-je sur un ton sévère.

Son regard triste et coupable soutenait le mien. C'est lorsque je comprenais cela que je finis par pousser un soupir.
Excusez-moi, ça ne me ressemble pas.

Je finis par dessiner un sourire, en excuse. La vie que vous menez aujourd'hui est très honorable, je vous en félicite. Vous vous êtes assez battue pour vous racheter pour que j'en rajoute une couche n'est-ce pas ? Je n'ai pas envie de raviver les démons d'un passé que vous souhaitez voir oublié.

Je sortais un papier de ma poche. On est beaucoup à avoir du mal avec le passé je suppose. J'en ai avec le mien, également. Tenez, même si vous semblez bien heureuse et établie dans cette vie, parler c'est, j'espère, quelque chose pour laquelle je peux aider. Et j'ai un fils, si jamais vous avez besoin de quoique ce soit pour le votre, lui dis-je en lui tendant mon numéro.

Je soutenais son regard. Cet enfant, il aurait finit par m'oublier, c'était la loi de mon existence. J'aurai pu le laisser heureux, je n'ai pas pu finir, le remplir de joie comme je voulais. Mais j'ai appris récemment que même avec ceux pour lesquels j'ai réussi, certains n'ont pas été épargnés d'une triste vie. Au fond, vous n'êtes pas tant responsable si on réfléchit.
Avec ces mots, je me consolais davantage que je tentais de ne pas la faire culpabiliser.

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Je restais là, ne le quittant pas des yeux. Je m’étais excusée. Mes paroles étaient sincères. Je m’en voulais atrocement de ce que j’avais pu lui faire vivre dans le monde des contes et apparemment, il l’avait compris. Lorsqu’il me dit que ce petit garçon avait dû avoir une vie très triste, je ne répondis rien. Je ne savais pas quoi répondre en réalité. Je lui souris lorsqu’il me félicita d’avoir réussi à en arriver ici, malgré mon passé peu honorable.

« Merci. Oui vous avez sans doute raison, il est préférable de ne pas raviver mes vieux démons. » dis-je avec un sourire.

Je m’empara du papier qu’il me tendait et le rangea dans ma poche en posant mon regard sur lui.

« Merci. Je n’hésiterais pas, c’est promis. »

Ça me rassurait de savoir qu’il ne m’en voulait pas tant que ça en fait. Je l’écoutais sans rien dire, soutenant son regard. C’était difficile de savoir qu’on n’arrivait pas à tout réussir. Je le laissa finir et repris finalement.

« Oui c’est vrai, je n’ai été qu’une petite part de tout cela. » lui dis-je simplement « Vous savez, je pense vraiment que j’aurais besoin de venir vous voir, je ne suis pas au mieux de ma forme en ce moment. Ce n’est pas par rapport à ma grossesse qui se passe très bien mais disons que…eh bien je me retrouve à nouveau seule pour élever cet enfant comme je le fut jadis pour élever ma fille et mon fils. Et il semblerait également que j’ai quelques soucis avec mon passé peu glorieux… »

Je me mordis la lèvre et ne dis rien de plus.

« Enfin ici, n’est pas le lieu. Je prendrais rendez-vous pour en parler. » lui dis-je avec un sourire. « Vous voulez quelque chose au final alors ? » lui dis-je avec un nouveau sourire « Si je peux vous conseiller, je vous propose nos chaussons aux pommes qui sont divins… », je croise son regard « Sans poison, c’est juré » lui dis-je riant légèrement « Sinon, les traditionnelles viennoiseries ou les chocolats qui sont délicieux aussi. »

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Même après le pardon le plus sincère il y a toujours du chemin à faire avant de noyer la colère, et la laisser gérer sa propre vie et empoisonner ses pensées jusqu'au cœur n'est pas la meilleure solution. C'était un des conseils que j'avais l'habitude de donner à mes patients. Je le confrontais dès à présent.
Mais il n'était pas si difficile lorsque l'on se confronte à quelqu'un qui a déjà marché bien loin pour ne plus se faire reprocher son passé. La Regina devant moi me surprenait, elle avait tant accompli qu'elle me paraissait distincte de la Méchante Reine.

Je fus piqué par la compassion qui ne pouvait être davantage compréhensible que la mienne lorsqu'elle me parlait de sa peine à devoir élever un troisième enfant de la même façon que les deux premiers, sans père. Mon fils n'a pas de mère. Génétiquement si, bien sûr, mais n'a jamais vu son visage, même aux premières secondes de sa vie. C'est dur, autant pour soit que pour l'enfant, mais ce n'est pas pour autant qu'un tel enfant est voué à la déception et la tristesse. J'ai pu le faire, alors que ma nature première ne le permettait pas, vous l'avez déjà fait pour deux, vous réussirez une troisième fois. Un parent ne cesse jamais de l'être.

Je lui rendis son sourire. Bien sûr, je pense que ça nous aiderait tous les deux.

Mettant les mains dans les poches et prenant une grande respiration, je tournai le regard pour observer la pièce dont les odeurs valaient les présentations. Un chausson aux pommes m'ira très bien.

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Un sourire naquis sur mes lèvres, oui il avait sans doute raison. Après tout, il avait réussi à élever son fils alors qu’il n’était même pas destiné à être humain ni à être parent et moi, j’avais parfaitement élevée Alexis et Henry alors pourquoi, je n’y arriverais pas avec Daniel ?

« Oui vous avez raison. Après tout, ma fille et mon fils sont exceptionnels, j’ai dû faire du bon boulot. » dis-je avec un sourire. « Espérons que je fasse de même avec le troisième. » dis-je simplement.

Je pense que parler me ferais du bien et au fond, je faisais confiance à Dyson alors que je lui avais fait du mal dans le monde des contes, il n’avait pas hésité à me pardonner pour ce que j’avais fait. Je lui souris et finis par lui proposer de merveilleux chaussons aux pommes. Un sourire naquis sur mes lèvres lorsque ce dernier me dit qu’un chausson aux pommes lui plairait.

« Très bon choix. » lui dis-je avec un sourire.

Je me saisis d’un sachet et y glissa le chausson aux pommes, avant d’y ajouter une poignée de chocolat et tendis le paquet à Dyson.

« Et voilà, les chocolats sont offerts. » dis-je avec un sourire.

Il me donna la somme nécessaire et quitta la boulangerie avant que je ne retourne à mes occupations, heureuse d’avoir pu prouver que je n’étais plus la méchante de l’histoire et surtout d’avoir trouver quelqu’un à qui parler.