The sun is going down. You'll be alright. No one can hurt you now.
Come morning light. You and I'll be safe and sound.
Tout le monde avait dansé -ou presque. Tout le monde avait ri et s'était bien amusé. C'était ce que je demandais. En somme, pas besoin d'aller au muséum de New York pour passer un bon moment ! Il me semblait que notre voyage en bus s'était déroulé
des mois plus tôt...
Le fait d'avoir failli tous mourir nous avait fortement rapprochés les uns
des autres. J'adorais cette ambiance festive mais hélas, elle ne dura pas suffisamment longtemps. Je comprenais l'empressement
des autres à vouloir partir au plus vite. Après tout, rien ne disait qu'ils allaient garder leurs pouvoirs si on s'attardait un peu trop. Il n'empêche que j'étais triste de laisser mes momies. Elles étaient très serviables même si elles sentaient mauvais. En plus, être considérée comme une reine était une expérience
des plus agréables.
"Vous promettez d'être sages ?" leur demandai-je en me plantant devant elles.
"Vous promettez de ne pas agresser les villageois et de toujours les protéger ?"Elles hochèrent la tête d'un même élan et pour illustrer leur bonne volonté, se placèrent aussitôt en arc de cercle autour
des quelques habitants qui ne fangirlaient pas autour d'Arès. J'esquissai un sourire et voulus reprendre le téléphone qui avait diffusé la musique
des mains d'une momie, mais cette dernière articula alors d'un air presque ému :
"Reliiiique saaaacrée..." Je compris qu'elle souhaitait le garder en souvenir. Elles allaient vite déchanter dès que le smartphone serait déchargé, mais je n'avais pas le temps de demander à Ellie de créer une installation électrique dans le village. En plus, les habitants risquaient de s'y électrocuter comme ils n'avaient aucune connaissance en ce domaine.
"Vous allez me manquer." avouai-je, même si ça me faisait bizarre de dire ça à une bande de morts vivants embaumés.
Les momies surent rester dignes, plaquant d'un même élan leur main droite contre l'emplacement où aurait dû se trouver leur coeur. Une seule sanglota de nouveau et je tournai les talons.
Je rejoignis tonton Arès à la sortie du village, qui avait extirpé son vaisseau du sable. Nous montâmes à bord et décollâmes. La sensation était inouïe. Je n'étais jamais montée dans aucun manège pour de vrai, alors passer tout de suite à l'hyperespace, c'était quelque chose ! Je me cramponnai à mon siège, m'étant octroyée la place de co-pilote et souriais de toutes mes dents à tonton qui manoeuvrait comme un pro.
Le voyage ne dura pas extrêmement longtemps, et trop surexcitée pour dormir, je n'en avais pas loupé une miette. Nous fîmes escale sur Mars, à Fort Noir et une nouvelle fois, je fus éblouie par la beauté
des paysages célestes.
De là, on nous téléporta jusqu'à Storybrooke, qui me parut incroyablement banale mais familière après tout ce que j'avais vu en si peu de temps. J'avais pris machinalement la main d'Anatole mais je la lâchai aussitôt d'un air gêné. Oh... pourquoi cela devenait-il si compliqué ? J'avais imaginé que les histoires de coeur seraient plus simples.
"Apple, si t'as envie de venir bouffer un truc qui vaut le coup, faut venir à ma pâtisserie. T'es toujours mon padawan aux dernières nouvelles, donc t'as plutôt intérêt à ramener tes fesses."J'adressai un grand sourire à Robyn, qui venait de m'inviter dans son sanctuaire, en quelque sorte. J'étais partante pour y aller de suite mais en faisant quelques pas, je m'aperçus que je chancelais. C'était comme si toute la fatigue accumulée me rattrapait subitement. Je jugeai donc plus prudent d'attendre un peu.
Ils partirent tous chacun leur tour, dans une direction différente. Ellie s'avança vers moi, la mine soucieuse tandis qu'elle m'observait. Pourquoi fallait-il toujours qu'elle ait l'air si dramatique ? Ca lui allait bien mais c'était énervant à force.
"Rentrons." dit-elle.
"Elliot n'a pas cessé de me harceler mentalement pour savoir si tu allais bien. Il veut s'en assurer lui-même."
"Tant qu'il ne me fait pas un check-up complet en me branchant des câbles USB partout, ça va." répondis-je avec ironie.
Elle eut l'ombre d'un sourire et après une hésitation, me prit la main. Ce n'était plus comme avant entre elle et moi. Etait-ce de la jalousie que j'éprouvais à son égard ? Jusqu'à maintenant, je n'avais pas imaginé une seule seconde qu'elle puisse s'intéresser à Anatole. Mais... et si je me trompais ? Et s'il avait vraiment une chance avec elle ? Ca, plus le fait qu'il m'ait repoussée quand j'avais essayé de l'embrasser...
A cette pensée, mon coeur se serra de nouveau. Le temps d'un battement de paupières, nous étions dans l'atmosphère chaleureuse de notre salon. Vif comme l'éclair, j'aperçus Elliot qui poussa une exclamation tendue en écartant Ellie pour se précipiter vers moi et me serrer très fort en me décollant du sol.
"Bon sang, qu'est-ce qui vous ait arrivé ?" fit-il en mangeant la moitié de mes cheveux.
Il s'éloigna un peu en gardant ses mains posées sur mes épaules et subitement, me décocha un regard interloqué.
"Et c'est quoi cette tenue ?" Oh, c'est vrai... je portais toujours la robe blanche un peu trop décolleté imaginée par tonton Judah.
"J'étais la reine des momies !" m'écriai-je, ravie et heureuse de le revoir.
"Mais laisse tomber, je t'expliquerai tout demain. Je suis trop crevée, là." En me tournant, je vis Lily et Ellie étroitement enlacées. Ma grande soeur avait les yeux fermés et un air parfaitement serein que je ne lui connaissais pas, alors qu'elle entortillait lentement une mèche de Lily autour de son index, sûrement sans même y penser.
J'entendis Elliot émettre une quinte de toux agacée et comprenant que j'étais de trop, je m'éclipsai dans ma chambre. Ca faisait du bien de revenir chez soi, même si quelque chose de lourd et douloureux oppressait toujours ma poitrine. On n'oublie jamais un premier chagrin d'amour. Quelqu'un l'avait dit ou chanté, je ne savais plus. S'il disait vrai, alors j'allais sacrément morfler.
Je montai les marches lentement, en tenant le bas de ma robe et me réfugiai dans ma chambre. Je posai mon sac à dos abîmé dans un coin et en sortis le formulaire d'adoption que Diane m'avait rendu. La feuille était froissée et déchirée par endroits, et l'encre avait coulé. Je l'abandonnai sur mon bureau. Je réfléchirai à tout ça plus tard. Elle avait dit qu'il faudrait qu'on ait une discussion, elle n'avait pas précisé si elle était d'accord pour m'adopter. Du coup, j'anticipai en me disant qu'elle était okay. Ca me paraissait logique.
J'enlevai ma robe "reine
des momies" et filai sous la douche. J'y restai un sacré moment et en sortis vêtue d'un long tee-shirt portant le logo
des Beatles en train de traverser Abbey Road. Je me glissai ensuite sous les couvertures mais ne parvins pas à fermer l'oeil. Toutes mes aventures prirent une nouvelle teinte derrière mes paupières closes et je les revivai une nouvelles fois avec un sourire un peu nostalgique.
Après un moment, brusquement, j'entendis un accord de guitare. J'ouvris les yeux et me redressai sur un coude. Anatole se tenait au pied de mon lit, debout, tenant une merveille entre ses mains. Mes yeux s'écarquillèrent alors que je lançai, le souffle coupé :
"C'est une Yamaha oriental blue burst ! J'en ai toujours voulu une comme ça ! je croyais qu'elles étaient introuvables !"Il esquissa un léger sourire tout en me tendant la guitare. Je me levai d'un bond sur le lit et me précipitai pour la prendre, avant de m'asseoir en tailleur au milieu
des couvertures. Mes doigts caressèrent les cordes et aussitôt, un son parfait jaillit de la rosace. Je manipulai un peu la mécanique et passai la main sur la table d'harmonie bleu océan. Melody allait sûrement flasher dessus aussi. Puis, je levai les yeux vers Anatole, bouche bée.
"Tu... tu l'as prise pour moi ?"C'était insensé ! Il avait fait les magasins le jour-même de notre retour !
"Hum... en fait, je pensais te la reprendre." dit-il, amusé.
Par réflexe, je la serrai contre moi avec un air boudeur. Les larmes me montèrent presque aux yeux tellement j'étais touchée. J'avais une nouvelle guitare et c'était lui qui me l'avait offerte !
"Il y a même un pré-ampli et une trappe pour la relier à du matériel de mixage !" m'écriai-je, subjuguée.
Je restai tout sourire quelques secondes, réalisant qu'il semblait aller beaucoup mieux. Il était presque rayonnant. Puis, quelque chose me traversa l'esprit :
"Tu n'étais pas obligé, tu sais..."Je l'évitai brusquement du regard pour fixer mon affiche Teen Wolf accrochée juste au-dessus de mon bureau. Trouvant le courage d'achever mes paroles, je repris à voix basse :
"Je n'ai pas besoin de cadeau pour compenser le fait que tu... enfin... j'ai compris. Je suis grande."Je me mordis les lèvres et lâchai la guitare pour attraper mes orteils et les serrer. C'était une attitude que j'avais lorsque j'étais anxieuse. Anatole m'observa et eut un petit sourire en voyant mes mains sur mes pieds. Il contourna le lit pour venir s'asseoir au bord, juste à côté de moi.
"J'étais parti chercher ta guitare dans le désert bien avant notre léger malentendu, grande fille."Je me mordis les lèvres de plus belle.
"Je ne t'ai jamais caché mes sentiments pour Ellie, mais il est vrai que j'aurais dû être plus précis concernant les nôtres." Il se saisit de la guitare posée sur mes jambes et je le laissai faire. Il l'observa à la verticale avant de pincer quelques cordes et de l'incliner légèrement vers moi. Sur le dessous était gravé en jolies lettres :
Une étoile est née,
Elle brille à mes côtés tel un soleil.
J'effleurai les lettres du bout du doigt, à la fois émue et touchée. Les mots me manquaient. Je ne savais toujours pas ce qu'on était l'un pour l'autre, mais c'était quelque chose de beau.
"Le duo improbable." précisa-t-il à la question que je n'avais pas posée.
"Je serai toujours là pour toi. A jamais."
Un sourire illumina mon visage et je reniflai pour ne pas pleurer bêtement. J'étais toujours épuisée mais je ne m'étais jamais sentie aussi bien de toute ma vie. Comme si un poids m'avait définitivement quittée. Un grand bâillement me saisit et je ne parvins pas à le repousser. Anatole haussa un sourcil avant de rire un peu.
"Même les grandes filles ont besoin de se reposer." souligna-t-il.
Il se leva en gardant la guitare et je tendis le bras pour la récupérer.
"Tu peux la poser à côté de moi ?" demandai-je, presque suppliante.
Elle était trop belle pour la laisser seule, ne serait-ce que pour quelques heures. Il la posa à la verticale contre la table de nuit, si bien que quand je m'allongeai sur le ventre, ma main pouvait effleurer le manche. J'avais ramené pêle-mêle les couvertures sur moi mais je sentis bientôt qu'Anatole avait entrepris de me border correctement. Un sourire rêveur passa sur mon visage. Il était vraiment trop.
"Dors, maintenant." dit-il d'une voix douce.
Je fermai les yeux et le sommeil me gagna rapidement, si bien que je sentis à peine la main de l'homme effleurer mes boucles d'or.