« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Ah oui, ça, Klaus était un homme. Et de la pire espèce. Le genre à se foutre de la trombine d'une fille, parce qu'elle lui dit qu'elle n'a jamais couché avec un garçon. Ce n'était pas Maya qui me l'avait dit. C'était Meeko. Je me souviens encore que j'avais passé, une dizaine de minutes à faire les cent pas dans ce qui leur servait de salon, déblatérant tout ce que je rêvais de lui faire terminant par lui arracher ce qui lui servait d'organe reproducteur avec un tisonnier et le lui faire bouffer. Chipeur, avait soudainement pâlit, et quand je lui avait demandé -avec un peu d'agressivité certes- ce qu'il y avait, il s'était contenté de répondre « rien, rien. Rappel moi de ne jamais te mettre en colère ». J'étais pas si terrible que ça d'habitude. Mais là, eh bien la mayonnaise était un peu trop monté, et j'avais tout simplement explosé. C'était plutôt rare que ça arrive. J'aimais pas montrer à tout le monde, que j'étais furieuse. Je préférais dans ces cas là, allé courir, avec de la musique sur les oreilles. Ah on dirait pas comme ça, mais ça a franchement une utilité de dingue. Courir avec mes écouteurs vissé sur les oreilles, faisait que je revenais beaucoup plus détendue après, et que je n'avais en fait plus du tout envie de m'énerver.
Mais de toute façon, j'avais pas envie de me prendre la tête aujourd'hui, avec lui et Anya semblait du même avis. Et puis, on avait déjà embrayé sur le sujet Hoover, et Abigaëlle. J'éclatais d'ailleurs franchement de rire, devant la manière qu'avait Anya de tenter de se rattraper aux branches en me parlant maternité. Moi, je trouvais ça plutôt amusant. Même si, ce n'était clairement pas à l'ordre du jour. J'avais bien trop de choses à faire, et je m'imaginais mal en tant que maman. De toute façon, je ne vivais limite que pour Maya. Je devais peut-être apprendre à lui lâcher la bride de temps en temps :
- T'en fais pas, tu m'as pas découragé. Pas plus que ce que je savais déjà plaisantais-je mais on en rediscutera si un jour je t'annonce que je veux des enfants. C'est pas vraiment ma priorité pour le moment, et je suis même pas sûr d'en avoir un jour.
J'avais jamais pensé à avoir des enfants. Quand j'étais petite, comme toute les petites filles je suppose. C'était en quelque chose dans l'ordre des choses. Les hommes, partaient se battre, les femmes s'occupaient du village. Même si, notre société était mieux organisé. Chaman, par exemple, n'était pas réservé qu'à ses messieurs. Et je sais, que j'aurais voulu le devenir. Je ne m'étais jamais fait d'illusions avec Kocum, en nous imaginant tous les deux, fiers parents devant notre progéniture qui gambaderait joyeusement devant nous. Il ne m'aimait pas comme je l'aimais fin de l'histoire.
- En tout cas à toi, une chose est sûr ça te va bien. Même si tu deviens affreusement laxiste avec Abigaëlle et qu'elle finira pourrit gâté jusqu'à ce qu'elle parte de chez vous ris-je
C'était toujours amusant de parler avec Anya. Et encore plus maintenant, que les choses semblaient s'être définitivement arrangé pour elle. Oui, mon amie semblait bien plus radieuse que lorsque je l'avais connus. J'en étais heureuse pour elle. Avec tout ce qu'elle avait douillé, cette petit bulle de bonheur elle ne l'avait pas volé et amplement mérité. Même si je ne connaissais pas « monsieur », le fait qu'il soit revenu, semblait comme qui dirait avoir chassé toutes les idées noir d'Anya.
- Et sinon, quoi de neuf dans ta vie ? Hormis le pouponnage bien sur demandais-je avec un petit sourire amusé
Avoir une famille avait toujours été la priorité d'Anastasia. Retrouver son passé et construire un avenir. Du temps où elle n'était qu'une orpheline, elle avait imaginé bien des fois comment serait sa famille. Petite ou grande ? Riche ou pauvre ? Dans toutes les configurations possibles et imaginables, elle avait toujours aimé sa famille imaginaire plus que tout. Et puis un jour le rêve était devenu réalité. Anastasia avait retrouvé la mémoire, dans ce monde comme dans l'autre, pour se rappeler qui elle était véritablement : la dernière fille des Romanov, l'héritière disparue. Elle avait eu deux parents : Nicolas, un père aimant plus apte à s'occuper de ses enfants qu'à régner, et Alexandra, une femme de poigne très influente. Elle avait eu trois sœurs aînées : Olga, Tatiana et Maria, toutes disparues également. Elle avait eu un petit-frère, le tsarévitch Alexis, un autre fantôme de son passé. Et puis elle avait eu une grand-mère affectueuse parfumée à la menthe poivrée, seul vestige de ce passé disparu. Marie Romanov habitait en ville en rendait fréquemment visite à sa petite-fille et son arrière-petite-fille. C'était une femme sévère qui ne manquait pas de prestance. Elle dégageait quelque chose de presque fascinant qui allait bien au delà de l'odeur de son huile pour les mains. A présent, puisque seul le présent comptait réellement, il y avait Dimitri et Abigaëlle, les deux trésors de l'ancienne princesse. La plupart des jeunes filles de son âge n'aspirait pas à la vie de famille et encore moins à la maternité si bien qu'Anastasia se sentait parfois en marge de la société à laquelle elle aurait pu appartenir - les errances de Dimitri ne faisant qu'ajouter à tout cela, sans doute. A l'âge où les femmes de cette époque rêvaient de voyages, de carrières prometteuses et d'aventures, elle était tombée enceinte, un peu malgré elle, sans l'avoir cherché. Enfin... n'était-elle pas coupable par le simple fait de s'être adonnée à cet acte charnel dont elle connaissait les conséquences ? Elle n'avait pu se résoudre à abandonner l'enfant. Après l'avoir tant cherchée, Anastasia vivait par et pour sa famille, passée comme future. Elle n'avouait jamais que faire un bébé n'avait pas été une priorité. Bien que cela avait un jour été vrai, Abigaëlle était devenue une priorité absolue dès la découverte de sa conception. - Je comprends, commenta t-elle simplement suite aux confidences d'Ava. Tu as tes études et d'autres choses, c'est bien aussi. L'époque où nous vivons n'exige plus de nous que nous procréions dès nos vingt ans, tu as le temps de voir venir, c'est juste moi qui suis vieux jeu, ajouta t-elle en roulant ostensiblement des yeux. Vieux jeu, elle l'était assurément, et les bonnes manières jadis enseignées par Vladimir et Dimitri ne faisaient qu'ajouter à ce côté décalé de la jeune femme rousse. - Oh je ne sais pas si ça me va bien ou pas mais oui, elle est gâtée, poursuivit Anastasia en prenant Abigaëlle sur ses genoux pour poser un baiser sur l'une de ses joues dodues et roses. Une chance que je ne sois plus duchesse sinon elle vivrait dans un palais... Je vais peut-être créer un monstre... Noooon... C'est pas possible, se reprit Anya, elle est juste trop adorable et pas encore assez capricieuse pour que j'aie à m'énerver, voilà tout. Est-ce que tous les parents essayaient de se convaincre de la même chose ? Et comment l'aurait-elle su ? Ses rares souvenirs d'enfance étaient ceux d'une enfance dans le faste de la cour tsariste, auprès de parents aimants et de grandes sœurs aussi embêtantes qu'elles sont sensées l'être. - Et sinon, quoi de neuf dans ta vie ? Hormis le pouponnage bien sûr, demanda Ava avec un sourire malicieux, tirant par là même Anastasia de ses réflexions de jeune parent. Anya sourit. Quelque chose lui disait que son amie ne la lâcherait plus avec cette histoire de pouponnage. Elle qui aurait voulu être la femme forte et indépendante que nous vendait le XXIe siècle, c'était raté. Elle travaillait depuis chez elle et consacrait le plus clair de son temps à sa fille. Un vrai cliché et pas une once d'aventure à l'horizon. - Dans ma vie de quasi mère au foyer, tu veux dire ? Rien de bien palpitant, j'en ai peur. Un bébé. Un fiancé. Trop de chiens. Beaucoup de poils à nettoyer ça et là. Des traducteurs. Un ordinateur. Et des livres. Voilà ma vie en résum... Anastasia fut interrompue par la sonnette de la porte d'entrée. Elle s'excusa puis quitta la pièce pour ouvrir au nouveau visiteur. Ce n'était décidément pas souvent qu'elle recevait autant de monde le même jour ! Sur le pas de la porte, elle reconnut Marie Romanov, sa grand-mère, élégante dans sa robe marine en velours. Les deux femmes s'étreignirent puis Anastasia l'introduisit au salon. - Ava, voici ma grand-mère, présenta la jeune femme. Marie se chargea ensuite du reste : - Marie Romanov, se présenta t-elle en tendant sa longue main ridée vers la jeune indienne. Les deux femmes échangèrent quelques propos cordiaux puis Ava prit congé pour laisser.