« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Dans sa panique, il ressemblait presque à Wall-E... On avait bien dit "presque". Il semblait aussi tout chétif, ses yeux étaient tout grands, son rythme cardiaque s'était considérablement accélérés, tout comme le flux sanguin. Elle pouvait le sentir tout cela. Sauf qu'elle ne l'aimait pas. C'est pour ça que c'était "presque" Wall-E. Elle avait envie de lui faire un câlin et de lui taper dans le dos avec toute la douceur dont elle était capable pour le calmer mais elle n'avait pas non plus envie de lui faire des bisous !
Jaimie semblait en proie à une panique telle que la future maman commençait à douter de sa question. C'était peut-être pas une bonne chose finalement qu'elle lui faisait... il n'en avait peut-être pas envie et il ne savait pas comment lui dire sans lui faire du mal ? Un peu comme lorsqu'il lui rabâchait qu'elle ne pouvait pas se contenter de dire tout ce qu'elle pensait comme ça, sans se soucier de la forme ? Le visage en proie à la perplexité, elle le regardait se débattre avec ses propres pensés tout en lui attrapant la main, terrorisée à l'idée qu'il puisse péter un boulot si fort que l'Apocalypse commencerait dès à présent. C'était juste une histoire de parrain, c'était "traditionnel" qu'elle avait lu, pourquoi il réagissait si fort ? Elle s'apprêtait à lui dire qu'il n'avait finalement plus besoin de dire quoi que ce soit, qu'elle comprenait, lorsqu'il objecta enfin : il n'avait pas de famille, il n'avait jamais connu ça. En sommes... il avait peur de ne pas être à la hauteur. Un sourire se mit à grandir sur les lèvres d'EVE, grand, plus grand, encore plus grand et soudain, elle éclata de rire. D'un rire si particulier qui était le sien : un peu métallique et robotique, quelque peu étrange mais chaleureux.
- Tu as peur de devenir parrain parce que tu n'as pas de famille ? Moi je n'ai pas peur.
Elle s'était approchée de lui, pour lui faire bien face.
- ON est une famille Jaimie ! On est une famille et moi ça me suffit pour elle.
Elle avait eu un sourire tendre et avait baissé les yeux vers son vendre encore mince tout en le caressant avec douceur.
- Regarde-moi ! J'ai jamais eu de papa ni même de maman ! Et je ne te parle pas de créateur ou de scientifiques là pour te remonter les boulons de temps à autres et t'assembler, non non je parle de vrai papa et de vraie maman qui te donnent la vie, qui t'élève. Les robots n'ont pas cette chance ! Mais dans ce monde, on a la chance de savoir enfin ce que c'est d'être un papa et une maman. Bon je n'en ai toujours pas moi-même mais c'est pas génant parce que je me dis que l'histoire commence avec nous. Alors si on a eu le courage de faire un petit bébé sans rien savoir de la famille, c'est normal que tu deviennes le parrain tu ne crois pas ? On va découvrir tout ça tous ensemble.
Courage ou inconscience, la barrière était parfois mince entre les deux mais la blondinette était loin d'avoir peur. Elle avait confiance en eux et en l'avenir qui les attendait. Elle serait un peu plus la main de Jaimie, un sourire joyeux sur ses lèvres tandis qu'elle voyait les yeux du jeune homme s'emplirent d'humidité. Allait-il pleurer ? De joie ou de tristesse ? Elle avait toujours un peu de mal avec ça, il fallait bien l'avouer... mais le merci qui en résultat lui fit comprendre que c'était bien plus de la gratitude que de la tristesse. Haussant les épaules d'un air serin, elle lui répondit simplement :
- Y'a pas de quoi.
C'est vrai, pour elle il n'y "avait pas de quoi". C'était une évidence, un choix logique qui n'avait pas demandé une longue réflexion. Elle pouvait pas même toucher du bout des doigts tout ce que signifiait ce "merci", préférant bouger ses pieds et les regarder avec amusement, les jambes tendues devant elle. Et voilà qu'il parlait du bébé... elle n'allait plus pouvoir s'arrêter.
- Oh oui on a un prénom ! Deux mêmes ! Enfin, Wall-E veut qu'on en ai deux : un pour la fille et un pour le garçon mais moi je sais que ce n'est pas nécessaire vu que c'est une fille. mais comme je ne veux pas lui dire... il faut bien que je joue le jeu, n'est-ce pas ?
Elle avait souri une nouvelle fois avant de reprendre.
- Elle va s'appeler Iris. C'est beau Iris, non ? C'est un prénom qui est aussi le nom d'une fleur. Parce que les plantes sont la plus belle chose qui existe sur cette terre, c'est grâce à cela qu'elle est viable pour toutes les espèces animales... et quand je dis espèces animales, j'inclus les êtres humains qui sont des animaux aussi tu sais ? Mais ce n'est pas la question. Au départ je voulais lui donner le nom latin de l’Iris, son véritable nom, tu vois ? Mais Wilson m’a dit que ce n’était pas joli et pas commun chez les humains… sans compter qu’il aurait fallu choisir une espèce particulière d’Iris et que ce n’est pas simple car elles sont toutes différentes : couleur, lieu de reproduction, forme… mais en même temps je trouve que « Iris », ce n’est pas assez précis. Tu trouves que c’est bien, toi ?
Elle l’avait regardé d’un air soucieux, vraiment décidée à avoir son avis. Il était le parrain après tout, lui aussi avait le droit de donner son avis. Ses peurs avaient repris de plus belles et Evelyn avait hoché la tête de gauche à droite d’un air déterminé :
- Ne crois pas ce que les autres ont pu dire de toi. Tu es quelqu’un de bien, moi je le sais. Il faut que tu le comprennes tout au fond de toi. Sarah était ta maman n’est-ce pas ? Mais tu m’as dit qu’elle n’était pas là… alors comment pouvait-elle savoir ? Moi, si je veux un jour dire à Iris qu’elle n’est pas quelqu’un de bien, je m’assurerais d’avoir passé toute ma vie à ses côtés d’abord. La vérité par la preuve, comme en biologie et dans les sciences dans l’absolu. Tu n’es pas mauvais tant que tu n’as pas pu prouver le contraire. Si tu étais mauvais, tu serais content d’être cavalier, tu n’en aurais pas peur… donc tu n’es pas méchant.
CQFD. Pouvait-on plus argumenter avec EVE ?
- Et nous aussi on est malade. Alors c’est pas grave… peut-être que c’est elle qui nous soignera.
Elle avait de nouveau baissés les yeux vers son ventre en le caressant de sa main droite, un sourire sur les lèvres. Il avait ensuite expliqué les problèmes qu’il avait eu avec sac opine et EVE l’avait regardé avec un air triste et concerné avant de lui dire :
- Ne t’en fais pas. Si vous êtes faits pour être ensemble, ça s’arrangera. Tu trouveras la force si elle est vraiment ton amoureuse, j’en suis sûre… C’est aussi pour ça que je comprends à quel point ma réaction a été stupide envers Wilson… je dois réparer le mal… je dois trouver le courage. Merci Jaimie.
Elle avait eu un petit sourire avant de le prendre dans les bras. Elle avait attendu quelques minutes après son départ pour retourner dans son lit. Il fallait qu’elle trouve le courage, c’était vrai. Mais c’était encore un peu trop tôt… il faudrait sans doute attendre le miracle de Noël…