« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
J'espère que cette lettre te trouvera moribond et couvert de pustules. Ici tout se passe pour le mieux. Je suis établie dans un lieu que tu ne trouveras jamais ! Ah ah ah ah ! Je vis une seconde jeunesse. J'aimerais beaucoup savoir comment tu vis ta transformation en femme. Cela doit être éprouvant et diablement amusant à voir ! Qui c'est, le destin nous réunira peut-être un jour ?
Avec toute ma haine, Yzma.
Je signai d'un trait rageur et relus ce que j'avais écrit au dos de la carte postale. Un sourire sardonique étirait mes lèvres minces rehaussées de rouge. C'était tout de même dommage de ne plus être au courant de ce qui se passait à Storybrooke. J'aurais dû prévoir un espion à ma botte. Mais tant pis. Je ne manquais jamais de donner des nouvelles à mon ennemi de toujours. Chaque semaine, il recevait une carte postale d'un lieu différent. Pour l'instant, j'étais établie à Sydney, en Australie, mais qui sait où le vent me porterait le mois suivant ?
Je mettais un point d'honneur à ne pas préciser où je me trouvais. Je n'étais pas sotte : je savais que le maire s'empresserait d'appeler un de ses toutous divins pour venir me chercher. Finir mes jours derrière des barreaux n'était pas acceptable pour une dame de ma condition. J'étais la plus machiavélique de tous les méchants de la terre, j'avais été une impératrice et le serai de nouveau un jour ! Ce n'était pas une menace, mais une promesse !
Oh, très bien cette phrase. Il fallait que je la note pour plus tard.
Pensive, je tapotai le stylo bille contre ma joue, hésitant à ajouter quelques mots sur la carte postale. Oui, il fallait mettre le paquet, le rendre fou de jalousie. Je lui avais pris sa virilité et en retour, j'avais le monde à mes pieds, ou peu s'en faut. Je me jetai sur la feuille cartonnée et écrivis d'un geste frénétique :
Je mène une existence de pacha. J'ai quarante-deux domestiques à mon service jour et nuit. J'ai confectionné une nouvelle série de Kronks, plus performants, mieux apprivoisés. Je me complais dans un monde de luxe et de volupté, et...
"Popochimalt, bouge ton popotin et plus vite que ça ! C'est ton tour dans une minute !"
Une voix grogna ces paroles et je me renfrognai. Je crispai mes doigts autour du stylo avant de lancer un regard mauvais au type bedonnant qui se tenait dans l'encadrement de ma loge.
"J'te paye pas pour que tu te tournes les pouces !" maugréa-t-il en tapotant sur la montre à son poignet. "Sinon j'te préviens, tu finis à la plonge !"
Je me mordis les lèvres jusqu'au sang et repoussai la carte postale. Je résistai à l'envie de changer ce type en cafard depuis plusieurs jours. J'enverrai la carte dès que j'aurai fini mon... service. Chaque jour était de plus en plus pénible. En plus, je n'avais toujours aucune nouvelle d'Eric. Il m'avait dit de le retrouver à Sydney et que là, toute ma vie changerait. Sauf que j'attendais toujours son appel. Je commençais à croire qu'il m'avait menti. Oser me mentir à moi ! Ma vengeance serait terrible. Je me moquais qu'il soit le dieu des océans, j'étais la GRANDE Yzma ! J'avais survécu à la maladie et la vieillesse par mes propres moyens, je valais au moins dix dieux !
Comme j'avais lapidé toutes mes économies en me rendant jusqu'en Australie, je n'avais pas d'autre choix que de travailler comme danseuse dans un bar minable. Heureusement que mes potions gardaient mon corps en bonne santé -même si mon arthrose me faisait de plus en plus souffrir.
La tête haute, je me relevai, ajustai mon boa autour de mes épaules, jetai un coup d'oeil à mon reflet. J'étais diablement irrésistible dans cette guêpière. Je ne craignais absolument rien : les messieurs qui avaient voulu toucher mon corps parfait d'un peu trop près s'étaient retrouvés changés en limaces le soir-même, dans la rue. Il faut toujours vérifier qu'on ne verse rien dans son verre... Un accident est si vite arrivé.
Oui, j'avais touché le fond, mais je me relèverai. Après tout, j'avais encore de nombreuses années devant moi. Et mieux valait me faire oublier pour l'instant, car...