« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Le monde de la nuit était son domaine. Plus particulièrement, celui du sommeil et… des rêves. Des songes. Les Hommes endormis avaient, depuis très longtemps, bercés son quotidien et occupés chacune de ses nuits éveillées. Sab ne dormait pas, jamais ou alors, vraiment plus par fatigue morale que physique ; de ce fait, Sebastian avait pris l’étrange manie de se laisser guider par les pensées des gens endormis à travers la ville de Storybrooke. Il commençait toujours de la même manière, par un petit rituel lorsqu’une petite libellule dorée se faufilait par sa fenêtre et venait doucement lui tapoter la joue. Il souriait en reconnaissant la marque de son jeune voisin d’en face, un garçon d’environ six ans qui adorait collectionner les insectes. C’était le signal. Un appel silencieux. Le marchand de sable éteignait alors les lumières de sa maison, fermait la porte à son perron, puis s’élançait en direction du premier étage d’en face.
La nuit, il pouvait voler. Un pouvoir qui lui permettait encore un peu de s’échapper de la terrible réalité qui lui était tombé dessus ces derniers mois. Il avait été kidnappé par un mystérieux inconnu, engagé alors une étrange course poursuite en compagnie de Kris et d’Adam qui s’était soldée par la révélation… Que tout ceci n’était qu’une grande et vaste supercherie. Alors, lui qui d’ordinaire adorait les plaisanteries et n’était pas le dernier à créer de petites farces, n’avait pourtant absolument pas rit dans la conclusion de leur terrible aventure. Il n’aimait pas la foule. Il n’aimait pas les mensonges et la fourberie. Il n’aimait pas qu’on utilise les autres pour satisfaire à des besoins primaires dans le seul but de se moquer d’eux. Sab préférait les doux amusements comme ceux qu’il pouvait échanger avec Jack Frost – lorsque celui-ci se décidait à rester éveillé à des heures tardives. Il restait terriblement enfantin quand il le voulait ; une innocence qui lui permettait, le plus souvent, de traverser les épreuves sans trop mal s’en sortir.
Il observa la libellule posée sur son doigt et, d’un petit mouvement de l’index, la fit s’élancer en direction de l’enfant endormi en travers de son lit. Assis près de la fenêtre ouverte, il vit un petit cercle d’autres insectes mordorés voler au-dessus de son visage. Un sourire se dessina sur ses lèvres en le voyant se mettre à ronfler, alors que les bestioles s’occupaient de rendre ses rêves agréables. Il resta quelques instants à l’observer puis fut interpellé par des longues suites de sable brillant en train de se déplacer à travers les rues. S’élevant un peu plus haut, il porta un regard sur la ville avant d’entamer d’étranges mouvements de ses bras. Une direction. Puis une autre. Un nuage de sable doré s’abattit peu à peu autour des maisons et s’engouffra en silence dans le moindre interstice, provoquant le sommeil des uns et les songes des autres. Aussitôt, des centaines et des centaines d’images lui apparurent en tête à toute vitesse. Des rêves. Des espoirs. Des idées. Des envies. Il parvenait encore à rire de cela, à s’émerveiller de l’imagination des enfants, ou tout simplement à apprécier les situations doucereuses de certains. Les rêves étaient le plus beau des trésors à ses yeux et il en était le gardien. Affrontant chaque soir comme si c’était une nouvelle expérience unique.
Il parcouru doucement les allées, se sachant pour la plupart des gens totalement invisible. Les humains de ce siècle étaient exclusivement tournés sur eux-mêmes ou leurs téléphones, cela ne lui avait jamais paru aussi aisé de se déplacer parmi eux sans que personne n’ai rien à redire. Sab atterri dans une allée tranquille et silencieuse, appréciant tout particulièrement l’endroit depuis quelques jours. Une allée de haies plus ou moins bien taillées, des maisons aux devantures colorées, des boîtes-aux-lettres exubérantes et pourtant, tout respirait le calme et la simplicité. C’était un endroit très agréable de nuit. Vraiment. Quand le silence n’était pas entrecoupé par de petites respirations rapides qui le tirèrent de sa rêverie. Il leva le nez en l’air, cherchant d’où elles pouvaient provenir. Il savait ce que cela signifiait : un cauchemar. Quelqu’un était en train de sombrer du côté obscur et ça ne lui disait rien de bon. Un coup d’œil à chaque fenêtre avant de reconnaître la bonne. Elle était toujours ouverte, pour permettre à l’air de circuler dans un doux courant d’air estival. Il se laissa porter jusqu’à sa hauteur.
Sebastian se pencha un peu en avant, passant sa tête par l’encadrement en suivant les étranges petites formes qui voletaient dans la pièce. Plissant le regard, il ne tarda pas à trouver le responsable de ces légers gémissements : une créature sombre s’amusait à terroriser d’autres plus petites, en les pourchassant contre les murs dans l’unique but de les effrayer. Secouant la tête d’un air mécontent, il se hissa sans mal à l’intérieur dans un silence feutré et se mit doucement à souffler sur sa main. Des volutes d’un sable doré s’échappèrent de ses doigts, se transformant en d’adorables petits éléphants rondouillets qui s’élancèrent à la poursuite de la créature de sable noire. Il les observa l’encercler et l’attraper de leurs petites trompes pour la secouer dans tous les sens. Puis ils tirèrent. Tirèrent. Tirèrent encore jusqu’à ce que… Elle explose dans une gerbe dorée et soit remplacée par une petite souris munie d’un grand chapeau haut de forme. Sebastian sourit en découvrant cette image, bougeant la main pour désigner le lit sur sa gauche. Après un instant d’hésitation, les petites formes ensablées galopèrent joyeusement dans une file d’éléphants se tenant par la queue, afin d’aller survoler le visage d’une jeune femme endormie.
Il l’avait déjà vue. Plusieurs fois. Une peau pâle encadrée par des cheveux sombres, des cernes bleutés se devinant sous des yeux fatigués et rougit. Elle pleurait parfois, Sab l’avait surpris sans rien dire, restant en retrait. Mais la plupart du temps elle dormait profondément. Il y avait toujours des petits éléphants dans ses rêves. Le marchand de sable trouvait cela particulièrement adorable et il n’hésitait jamais à rester pour assister à la représentation qu’ils lui offraient. La respiration se fit plus lente à mesure que le sable dorée envahissait les traces sombres, rendant un air plus serein à la demoiselle. Il prit un air satisfait devant le résultat et s’apprêtait à repartir lorsque les images changèrent. La souris à chapeau laissa la place à un étrange dinosaure au long cou qui s’amusait avec une girafe, tournoyant sur eux-mêmes jusqu’à disparaitre dans une gerbe d’étincelles qui amusèrent beaucoup les éléphants. Ils attendaient la suite, qui ne tarda pas : deux silhouettes commencèrent à se former, virevoltantes au même rythme des animaux, jusqu’à révéler un homme et une femme. Ceux-ci joignirent leurs mains pour entamer une valse lente, douce. Rassurante et, pourtant… Sebastian se senti terriblement triste à les regarder. Un sentiment lourd, pesant, qui lui enserra le cœur et le corps. Il voyait les images qui se formaient dans la tête de la jeune femme. Il avisait les créatures en sable. Et il ne parvenait pas à en détacher son regard. Ces songes étaient agréables mais fatalement tristes. Comme un souvenir auquel on se raccroche mais qui n’existe plus depuis longtemps. Que s’était-il passé dans sa vie pour qu’elle se sente à ce point… seule ?
Sab ne s’était senti dans un tel état qu’une seule fois. A cause d’un homme, Sewen, qui avait accouru quand il avait su que Sebastian n’allait pas bien… Puis qui avait fui hors de la ville seulement quelques jours plus tard. Un mot, un seul, et toute la vie de du marchand de sable à Storybrooke s’était effondrée. Ses repères. Ses habitudes. Sa sûreté. Sa routine. Tout. Dire qu’on ne s’attache pas aux gens sous prétexte qu’on est âgé de plusieurs millénaires était une fable bien mauvaise… Il poussa un soupir en essayant de chasser ce sentiment de culpabilité, remarquant qu’il s’était laissé tomber sur le sol en bois de la chambre. S’adossant au mur, il papillonna du regard avant de rester là, simplement. Purement. Les genoux relevés et les bras posés dessus, ses doigts entremêlés.
Il continua d’observer les rêves de la dénommée Lily… Sans remarquer que quelqu’un venait d’entrer dans la pièce.
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Laurie venait d'avouer à Jo qu'il brûlait d'amour pour elle lorsqu'un courant d'air parcourut mon échine. Je remuai légèrement dans le lit et m'enfonçai davantage sous la couverture. C'était la dixième fois que je relisais les Quatre Filles du Docteur March mais je ne m'en lassais pas. Cet ouvrage me transportait. A partir du moment où il y avait des robes élégantes, une époque distinguée et un style d'écriture irréprochable, il ne m'en fallait pas davantage pour rêver. D'ailleurs, je ne savais quel terme accorder au mot "rêve" car je n'avais jamais dormi. J'étais née par accident des fruits du hasard. Mon corps n'avait pas les mêmes besoins que celui des mortels. Mes lectures m'aidaient énormément à ressentir ce qui m'échappait. Le sommeil, la sensation de faim... toutes ces choses qui m'étaient inconnues. Il m'arrivait de manger comme tout le monde, car certains aliments étaient incroyablement exquis, mais si j'étais seule, je pouvais sauter des repas sans ressentir de manque. Pour en avoir discuté avec Artémis, apparemment, c'était tout à fait normal. Cette notion m'avait fait sourire, car l'origine de ma création était impossible. Par conséquent, qu'avais-je de normal ?
Même si je ne dormais jamais, j'avais découvert à quel point il était agréable de s'enfoncer dans un lit à la nuit tombée, juste pour dévorer quelques romans. Je savourais tout particulièrement ces précieuse heures où je pouvais lire tout mon saoûl sans être sollicitée par quelqu'un. Il n'y avait plus que moi et les mots qui faisaient naître des images, des idées et des histoires dans ma tête.
Lily m'avait dit plusieurs fois que c'était comme une drogue, que j'avais l'air d'une détraquée lorsqu'elle me sortait de ma lecture. Pour ma part, j'avais davantage l'impression d'être un poisson hors de l'eau. Les mots étaient mon oxygène. Quel mal y avait-il à ça ? Lily se moquait un peu mais jamais méchamment. En fait, il lui arrivait même de passer son temps à m'écouter lire des passages qui me plaisaient tout particulièrement.
Concentrée dans ma lecture, une onde parasite me perturbait pourtant. Tout d'abord, je me redressai quelque peu dans les sables du lit, rehaussai mon oreiller, mais rien n'y fit. Quelque chose me dérangeait. Je relus plusieurs fois la même phrase sans en comprendre le sens, car mon esprit était accaparé ailleurs.
Agacée, je refermai l'ouvrage d'un coup sec. Replongeant dans la réalité, je m'aperçus qu'il s'agissait d'une alarme mentale. Une présence étrangère dans la maison. J'aurais dû la percevoir de suite mais je m'en allais bien trop loin dans mes pensées quand je lisais un roman captivant. C'était une erreur. J'aurais dû être plus vigilante. La sécurité de Lily dépendait entièrement de moi. Depuis qu'elle était sortie de l'hôpital, je la couvais presque trop. Je craignais qu'il ne lui arrive malheur, mais je n'avais pas pensé qu'on choisirait le moment où je m'isolais dans ma lecture pour agir.
Que lui voulait-on ? Pourquoi ? Peut-être s'agissait-il de quelqu'un qui m'était inconnu mais que la jeune femme connaissait ? C'était fort peu probable, surtout à une heure indue. De plus, je savais qui étaient les gens qui formaient son entourage, car j'avais toute la mémoire d'Elliot. Rien ne m'échappait, ou presque. Et avec les évènements récents, j'imaginais toujours le pire.
Abandonnant la chaleur moelleuse du lit, je me téléportai jusque dans la chambre de Lily. Dans l'embrasure de la porte, pour être exacte. Je ne souhaitais pas me montrer importune au cas où effectivement, elle aurait eu la visite nocturne d'un ami.
Je me raidis en voyant un homme l'observer. A moitié noyé dans la pénombre, il était adossé au mur, les mains serrées autour des genoux. Son visage lunaire ne m'évoquait personne en particulier. Je ne le connaissais pas. Et je n'appréciais pas la façon dont il regardait Lily endormie.
Afin de ne pas la réveiller, je décidai d'aller jusqu'à lui à pas de loup. Il se redressa légèrement en me décochant un regard surpris. Je vais te donner de quoi t'étonner, nigaud...
Sans prévenir, je le saisis par la manche de sa chemise et le téléportai avec moi dans le couloir. Je profitai de son ébahissement pour le plaquer contre le mur et bloquer ses bras. J'étais peut-être petite en apparence, mais ma force n'en était en rien amoindrie. J'eus besoin de lever fortement la tête pour planter un regard glacial dans le sien et demander dans un chuchotement :
"Alors comme ça, on espionne les filles pendant qu'elles dorment ?"
J'accentuai la pression de mes mains contre ses poignets, au point presque de les entendre craquer. On ne plaisante pas avec Lily. Elle est sous ma responsabilité.
"Que lui veux-tu ? Réponds !"
Je le fixai un moment d'un air implacable avant de le relâcher de me reculer sans le lâcher des yeux. Les bras croisés, je repris d'un ton faussement désinvolte :
"Je n'ai pas besoin de te toucher pour te faire du mal alors si j'étais toi, je m'expliquerais et tout de suite."
Qui était-il ? Son aura n'était pas divine. Il ne m'évoquait vraiment personne. Je n'avais pas vu d'esquisse de lui dans les livres de la bibliothèque d'Olympe. Je jetai un bref coup d'oeil vers la porte entrebâillée de la chambre de Lily avant de le fixer de nouveau pleinement.
Méfiante et courroucée, je songeai qu'il avait l'air bien trop ingénu pour être tout à fait honnête. Qui passerait son temps dans la chambre d'une femme sans avoir des idées derrière la tête ? En tous cas, il avait très mal choisi sa cible.
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Sebastian Dust
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Lily venait de se retourner dans le lit, poussant un soupir endormi qui tira légèrement Sebastian de ses sombres pensées. Il l’écoutait respirer, un rythme lent et délicat qui ne trahissait absolument pas les remous internes qu’elle semblait être en train de vivre. Lui ne pouvait rien y faire, il n’influençait pas le libre arbitre ou les ressentis personnels. Mais il pouvait au moins offrir à quelques personnes le plaisir d’un sommeil tranquille et sans nuages. Il ne la connaissait pas au grand jour. Il ne se rappelait même pas l’avoir croisée ne serait-ce qu’une fois. Mais il se rappelait chaque minute passée en sa compagnie, chaque petit souvenir auquel elle avait bien voulu le laisser accéder, et ce qu’elle voyait au cours de ses sommeils agités. S’il avait eu une seule once de méchanceté, Sab en aurait sans doute outrageusement profité : manipuler ou faire chanter autrui aurait été aisé pour lui, que personne ne voyait jamais. Pitch était devenu comme cela et, avec le sable noir, il avait failli parvenir à ses fins. Heureusement que ce ne fut pas le cas. Heureusement qu’il était encore en vie pour s’en assurer.
Il était un modèle de respect et de pacifisme. Alors pourquoi est-ce que cette étrange et jeune demoiselle le fixait avec un air aussi sérieux, presque… accusateur ? Sebastian avouait volontiers s’être laissé surprendre, ne l’ayant absolument pas entendue approcher. D’ordinaire il pouvait pressentir les enfants à des kilomètres à la ronde, une part de lui connaissait même inconsciemment l’existence de chacun d’entre eux… alors pourquoi est-ce qu’il n’avait eu aucune idée de la présence de l’un d’entre eux parmi ces murs ? Surprise. Etonnement. La jeune fille venait de le tirer de sa rêverie, comme un enfant prit en faute, et il ne savait absolument pas quoi faire pour le coup. D’ordinaire il serait resté calme et aurait attendu qu’elle lui parle des formes dansantes et dorées qui se promenaient un peu partout… Mais elle ne le fit pas. Elle n’avait même pas tournée la tête vers ces dernières, concentrée sur lui.
Et avec vivacité, elle s’empara de sa manche avant de le faire littéralement disparaître de la chambre ! Un soupir étouffé s’empara de lui quand il sentit brutalement le mur dans son dos et ses jambes sur le sol, se rendant compte qu’il ne se trouvait plus dans la chambre de Lily. Ses yeux parcoururent rapidement les environs pour retrouver la familiarité de la porte. Un couloir ? Sans doute. Mais comment est-ce qu’elle… A nouveau elle le prit par surprise, appuyant avec une force insoupçonnée sur ses bras pour l’immobiliser. Sab n’opposa aucune résistance, se contentant de la fixer de ses grands yeux clairs et intrigués. Elle avait l’air furieuse. Il ne comprenait pas pourquoi.
« Alors comme ça, on espionne les filles pendant qu'elles dorment ? » Il avait sa réponse. Un déglutissement plus tard et il secouait vivement la tête, refusant d’être pris pour un pervers ! Non mais quelle idée… Il ne venait pas observer la demoiselle comme cela voyons, il avait des principes et des manières tout de même. Enfin, il le pensait… Elle avait l’air de penser le contraire. Une douleur vive lui vrilla les poignets et il se mordit l’intérieur de la joue, peu habitué à devoir subir pareil traitement. Encore moins de la part d’un enfant. C’était tout à fait inhabituel et très dérangeant en y regardant bien ; les enfants avaient toujours été ses plus précieux alliés, pourquoi est-ce que soudain l’une d’entre eux retournait sa veste ? Avait-il réellement fait quelque chose de mal ?
Il ne répondit pas à ses questions. Pas tant qu’elle ne le lâcha pas pour se reculer, bras croisés. Et sa phrase fut pire qu’un couperet sur une nuque étendue… « Je n'ai pas besoin de te toucher pour te faire du mal alors si j'étais toi, je m'expliquerais et tout de suite. » Comment est-ce que de tels mots pouvaient sortir d’une bouche aussi adorable et innocente ? C’était à n’y rien comprendre. Il avait déjà eu affaire à des jeunes gens récalcitrants, des incompris ou des revanchards refusant d’y croire. Mais jamais, au grand jamais, ils n’étaient passés par la force brute et les menaces pour obtenir ce qu’ils voulaient. D’ailleurs, elle possédait une poigne des plus inhabituelles pour une fillette de son âge et de son allure. Cela continua d’ajouter des inconnus dans l’étrange équation qui se formait sous ses yeux.
Sebastian massa doucement son poignet gauche à l’aide de sa main droite, retrouvant peu à peu la sensibilité qui y était liée. Quelque chose clochait. Une enfant. Une demoiselle. L’allure. La voix. Mais le regard aussi dur que la glace et une aura singulière. Toute l’apparence portait à croire qu’elle n’était âgée que d’une dizaine d’années, mais ses gestes et son tempérament révélaient une conscience bien plus profonde. Le marchand de sable prit un peu de temps pour la fixer dans les yeux, l’étudiant bien malgré lui alors qu’il reprenait peu à peu possession de ses sens. La première surprise passée, il osa s’avancer un peu à sa hauteur. Observer son visage d’un peu plus près, l’air curieux et non menaçant.
« Qui êtes-vous ? »
Il n’avait pas parlé. Il n’avait même pas ouvert la bouche. Mais un bruissement singulier avait retenti alors que des arabesques discrètes les avaient rejoints. Silencieuses et dansantes, elles venaient de tracer dans les airs, entre leurs deux visages intrigués, les lettres trahissant sa pensée. Qui était-elle ? Qu’est-ce qu’elle était ? Mais elle avait posé la question la première et c’était impoli de la laisser dans le flou… Mais comment lui expliquer sans passer pour quelqu’un de totalement fou ? Il l’était déjà de toute façon. Un peu.
« Je suis venu parce que j’ai vu des cauchemars entrer par la fenêtre. »
C’était spontané, mais sans doute un poil trop irrationnel pour cette jeune personne qui semblait avoir besoin de faits et d’indications plausibles. Sebastian s’en rendit compte alors que les lettres de grains dorés s’écrivaient dans le vide, et il posa ses doigts sur son menton pour essayer de réfléchir à un argument plus convaincant…
« Pourquoi cette apparence de petite fille ? » La pensée avait dépassée d’un peu trop loin la raison. « Lily sait que vous n’êtes pas une enfant comme les autres ? »
Mais, allaient-elles cesser à la fin ? Trahissant les innombrables questions qui s’emparaient de lui, il n’eut d’autre choix que de chasser le sable d’un geste de la main pour le faire s’éparpiller. La respiration un peu plus rapide sous la perte de contrôle qu’il venait de faire, il joignit ses paumes entre elles et inclina un peu la tête en direction de l’inconnue. Un signe d’excuses pour lui. Il savait reconnaître les enfants, il savait quand l’un d’eux était en face de lui, et il savait par-dessus tout que jamais ils ne s’en seraient pris à lui. Alors pourquoi elle si ? Qu’est-ce qui la rendait si différente du reste ?
Vivait-elle dans cette maison, seule avec la jeune femme ? Elle n’apparaissait pas beaucoup dans les songes de Lily. Pas en tant que fillette en tout cas, il n’avait pas vraiment le souvenir de l’y avoir vu tel quel… Ah si, une fois. Il haussa un sourcil, pointant un index dans sa direction sous le souvenir de cette vision. Elle portait un sac à dos étrange et un aspirateur, chassant des formes sombres qui terrifiaient les rêves de Lily afin de laisser place à une mer dorée qui recouvrait tout sur son passage.
« Vous êtes… Un sorte de chasseuse de fantômes ? »
Kris lui avait montré le film une fois, c’était assez drôle. Mais sans doute pas assez pour la situation. Il s’excusa d’un nouveau geste de la tête et s’apprêtait à reprendre un peu de sérieux lorsqu’il entendit un léger gémissement provenir de la chambre. Un soupir étouffé, comme si quelqu’un était en train de sombrer dans un mauvais rêve. Déglutissant, son regard se posa sur l’entrebâillement. Puis à nouveau sur la petite fille. Il sut à son regard qu’elle ne le laisserait pas avancer sans une excellente raison. Une très, très bonne raison.
Et il n’en avait qu’une. Invraisemblable.
« Je suis le marchand de sable et le gardien des songes... C'est pour ça que j'étais à côté de Lily. Elle fait des cauchemars. Et c'est... triste. »
Pas autant que cette misérable réponse. Mais Sab partait du principe que sa sincérité suffisait, généralement, à le tirer d'un bon nombre de mauvais pas.
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Il tardait à me répondre et cela m'agaçait fortement. J'appréciais les explications rapides et concises. Son silence ne jouait vraiment pas en sa faveur. Peut-être croyait-il qu'il m'était supérieur puisque j'avais l'air d'une enfant, mais j'allais vite lui apprendre que la taille ne compte pas. Je renversai la tête en arrière alors qu'il avait le toupet de s'avancer d'un pas dans ma direction. Il était vraiment très très grand. Même avec ma taille adulte, j'étais certaine qu'il me dépasserait tout de même d'une tête, au moins. En tous les cas, il ne m'impressionnait pas.
Son regard curieux me fit plisser des yeux. Un bruissement étrange se fit entendre et la seconde d'après, des lettres dorées se dessinèrent dans l'air, juste entre nous. Perplexe, j'entrouvris la bouche alors que je lisais sa question. Ainsi, il ne parlait pas mais avait trouvé un autre moyen de s'exprimer. Malgré moi, je ne pus m'empêcher de penser que c'était très joli. Je secouai légèrement la tête alors que les mots s'effritaient comme du sable et que d'autres prenaient leur place. Je trouvai son explication un peu mince. Depuis quand entrait-on chez les gens à cause de cauchemars intempestifs ? C'était très effronté. De quoi se mêlait-il ?
Je faillis répliquer quelque chose mais d'autres questions se formulèrent entre nous, si nombreuses que le jeune homme s'empressa de balayer les grains dorés d'un air embarrassé. Je croisai les bras tout en l'observant d'un air presque inquisiteur. Malgré tout, j'étais surprise qu'il se montre aussi loquace. Il s'était aperçu que je n'étais pas une enfant à proprement parlé.
Puis, il fit une chose étrange qui parvint presque à m'arracher un sourire : il joignit les mains et s'inclina brièvement comme pour s'excuser. Il aurait dû le faire depuis longtemps. Il me semblait un peu long à la détente.
"J'ai pris cette apparence pour passer inaperçue, mais rien ne s'est déroulé comme je l'avais prévu." répondis-je d'un ton sec. "Lily se moque bien de ce à quoi je ressemble. Apprenez que l'apparence n'est rien de plus qu'une boîte : en aucun cas elle ne dévoile les trésors qu'elle renferme."
Je haussai un sourcil à sa nouvelle question. Une chasseuse de fantômes ? Pourquoi pensait-il cela ? Je ne comprenais vraiment pas.
Un gémissement se fit entendre depuis la chambre de Lily. Je tournai brièvement la tête vers la porte entrebâillée avant de lancer un regard perçant au jeune homme, comme pour le défier d'avancer.
C'est alors qu'il se présenta. Je clignai des yeux, me demandant s'il plaisantait.
"Toi aussi tu es un Sandman ?" demandai-je, indécise.
Je fronçai les sourcils, perdue dans mes pensées. Il ne faisait pas partie de ma famille même si son attribution portait le même nom. Je décidai de m'adoucir quelque peu et de le croire. Après tout, à Storybrooke, plus rien ne pouvait me surprendre. Même si j'étais étonnée d'apprendre que le Marchand de Sable existait. Je pensais que ce n'était qu'une légende. La curiosité m'envahit graduellement tandis que je l'observais d'un oeil neuf.
"Je m'appelle Ellie Sandman." annonçai-je en lui tendant la main. "On va repartir de zéro si tu veux bien. J'accepte d'envisager que tu sois le vrai marchand de sable."
Je retirai ma main avant qu'il la serre et levai le doigt d'un air menaçant.
"Si jamais tu me mens, tu le regretteras. Alors j'espère que tu es honnête."
L'instant d'après, j'avais retrouvé une expression cordiale et lui faisais signe de me suivre dans la chambre. J'ouvris la porte et entrai à pas de loup afin de ne pas réveiller Lily. Elle remuait dans les sables du lit, le front plissé, l'air tourmenté. Je m'approchai en me mordant les lèvres, hésitant à lui prendre la main. Je craignais de la réveiller, mais elle avait l'air tellement mal...
Je m'assis au bord du lit et posai ma petite main sur la sienne. Elle frémit légèrement et se tourna vers moi... en m'agrippant le bras. Je souris légèrement et levai la tête vers Sebastian.
"Elle est très... affectueuse." expliquai-je dans un murmure.
Je posai mon autre main contre son front très doucement.
"Je crois qu'elle a un peu de fièvre. Est-ce que les cauchemars peuvent causer de la fièvre ?" demandai-je, anxieuse.
J'étais persuadée que non jusqu'à maintenant, mais qu'en était-il en réalité ? Après tout, le Marchand de Sable existait et je n'en savais rien. Le monde est un enfer pavé de mystères.
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Sebastian Dust
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Les cauchemars étaient tout ce que Sab avait toujours chassé, même s’il ne s’y intéressait pas spécialement au départ. Il poursuivait les rêves et nettoyait les étoiles de l’univers pour les rendre plus heureuse, c’était donc tout naturellement que l’homme de la lune l’avait nommé gardien des songes. Il s’était alors attelé à sa nouvelle tâche avec passion et imagination, découvrant un univers encore plus florissant que tout ce que pouvaient raconter ces astres lumineux : celui des enfants. Des humains, réfugiés sur une petite planète, qui pouvaient offrir un accès direct à leur inconscient quand ils dormaient, révélant alors des trésors d’ingéniosité au marchand de sable. Univers décalés. Aventures euphorisantes. Innocente dévorante et un cruel besoin de réponses à toutes leurs questions ou leurs angoisses. Et si Sebastian n’avait aucun pouvoir sur les formes que prenaient leurs rêves, il pouvait les influencer dans une direction bien plus agréable et voir ce que cela allait donner. Un jeu continuel, aux apparences répétitives mais source de multiples surprises.
Comme celle qu’il venait de rencontrer ce soir.
Il était rarement bavard, surtout pas avec des adultes ou des inconnus. Pourtant, devant la petite fille il n’avait su retenir le sable de ses pensées, à la fois surpris de sa présence et intriguée de son existence. Elle ressemblait à une jeune fille, mais il se doutait clairement qu’elle n’en était pas une ; il savait les reconnaître depuis des siècles. L’allure ne faisait pas tout, les mentalités évolutives non plus, pourtant il était clair que quelque chose clochait. Elle le confirma enfin, dans des propos aussi étranges qu’intéressants : « J'ai pris cette apparence pour passer inaperçue, mais rien ne s'est déroulé comme je l'avais prévu. » Oh ? Etait-elle une sorcière ? Une de ces créatures de contes à la peau changeante ? De quel univers pouvait-elle bien provenir ? Une débutante ou une confirmée qui s’était fait avoir ? Tellement de questions à la fois pour si peu de possibilités d’expression. Mais au moins, un obtenait une réponse : elle n’était pas une enfant. Un petit sourire satisfait pointa à la commissure de ses lèvres, satisfait que son instinct ne l’ai pas trompé.
« Lily se moque bien de ce à quoi je ressemble. Apprenez que l'apparence n'est rien de plus qu'une boîte : en aucun cas elle ne dévoile les trésors qu'elle renferme. » Les yeux de Sab s’agrandirent et son expression se fit tendre. Cette doctrine n’était pas nouvelle, mais l’entendre de la bouche d’un enfant – enfin, de quelqu’un à l’apparence enfantine – avait quelque chose de profondément rassurant. Ils étaient nombreux à ne pas s’accorder sur cette idée, cherchant sans cesse à plaire à autrui ou à rentrer dans le moule de la société ; et ce n’était pas faute d’essayer de le faire comprendre que leur bien être intérieur devait aussi compter dans l’équation. Il ne put donc qu’acquiescer doucement, comprenant alors un peu pourquoi elle avait choisi cette apparence plutôt qu’une autre. Qui jugerait un enfant ? On se permettait de donner des conseils à ses parents sur son éducation ou son apparence, mais c’était toujours en considérant qu’il était sourd malgré sa proximité. A lui, on ne disait pas grand-chose. A lui, on imputait une compréhension qu’il développait pourtant bien plus que n’importe quelle personne plus mature.
Sebastian s’alarma lorsqu’il entendit Lily geindre dans la chambre. Il fit un pas mais s’arrêta devant l’expression de cette jeune personne, lui offrant alors la seule solution qui lui paraissait sincère… Allait-elle le croire ? Pour lui, l’honnêteté était une valeur sûre et certaine. Il ne savait pas mentir, ou alors il se faisait prendre directement, mais c’était bien rendu compte que pas grand monde ne comprenait cette façon de faire. Ils cachaient, mentaient, dissimulaient ; en un sens, l’apparence de la fillette était une tromperie, mais il préféra passer outre ce domaine et accepter le fait qu’elle était ce qu’elle était. Ne venait-elle pas de donner la meilleure raison à cela, elle aussi ? Un partout. Balle de match.
Elle sembla hésiter. Il croisa les doigts en espérant qu’elle finirait par céder… Et finalement, ses traits se relâchèrent et elle poussa un soupir discret comme celui de quelqu’un qui prenait une décision. Serait-ce une gifle ? Elle tendit la main. « Je m'appelle Ellie Sandman. » Ellie. C’était un très joli prénom à l’origine double, dont l’une d’elle pouvait signifier elfe en anglo-saxon… Ou bien être le diminutif d’un autre prénom. Eleonor ? Helène ? Trop pompeux pour elle. Elisabeth ? Elisabeth, ça glissait tendrement dans la bouche et cela rappelait un certain destin à la fois grandiose et tragique. Et puis Sandman. Il ne put s’empêcher de sourire à nouveau, son visage soudain illuminé d’intérêt à l’encontre de la petite personne malgré l’angoisse d’avoir entendu Lily.
« Sebastian. »
Se présenta-t-il poliment. Il fixa ses doigts, s’apprêtant à les serrer contre sa paume lorsqu’elle la retira pour le menacer. Sab poussa un léger soupir réprobateur mais ne répondit rien de plus, affrontant son regard sans sourciller. Si elle l’accusait de la duper, elle n’avait pas affaire au bon coupable. Il n’était pas là pour s’amuser et lui brouiller les sens, bien au contraire ; et Ellie l’apprendrait sans doute assez tôt si elle se décidait à lui faire confiance.
Ils retournèrent dans la pièce obscure, où Sab alla doucement fermer la fenêtre pour éviter des courants d’air indésirables. Si lui passait par les fenêtres en toute discrétion, il n’était pas de même pour tous les éléments de cette planète. Son regard vert se posa alors sur Ellie qui, près du lit, venait de poser une main sur le front de l’endormie et semblait inquiète. La jeune femme brune s’agrippait à elle dans son sommeil troublé, se rattachant visiblement à quelqu’un de rassurant pour elle. C’était tout à l’honneur de la fillette. « Je crois qu'elle a un peu de fièvre. Est-ce que les cauchemars peuvent causer de la fièvre ? » Elle semblait inquiète sur le sujet, pourtant son ton laissait penser qu’elle connaissait sans doute la réponse. Il n’y avait pas de miracles en matière d’inconscient.
Sebastian suivi du regard les petites formes dansant dans la pièce, reconnaissant les éléphants volants mais ils n’avaient plus l’air aussi forts et joyeux que précédemment. Quelque chose les effrayait, tapie dans l’ombre, les empêchant de complètement s’amuser à leur juste mesure. Il secoua la tête d’un signe négatif en s’écartant de la fenêtre, s’approchant des deux jeunes femmes pour se pencher par-dessus l’épaule d’Ellie. Du bout des doigts, il écarta une mèche brune de l’endormie et capta des images de son songe troublé.
« L’inquiétude et l’angoisse provoquent de la chaleur. »
Répondit-il sans la regarder, fixant soigneusement le visage de Lily où une ride nerveuse barrait son front. Le rictus sur ses lèvres laissait deviner que quelque chose n’allait pas… Les formes dorées se rassemblèrent autour de son crâne, tapotant de leur petite trompe comme pour essayer de la rassurer. Mais elle continuait de gémir doucement, la respiration un peu plus lourde que précédemment. Sa main toujours prise dans ses cheveux, il resta un moment silencieux alors qu’il se laissait envahir par l’esprit de la dormeuse.
Elliott avait disparu, à la place il y avait une jeune femme qui semblait inaccessible pour Lily. Il l’avait déjà vue, elle s’appelait Neil. Des sentiments très forts la décrivaient quand elle apparaissait dans les songes, quelqu’un de proche voir de la même famille. Une fille ? Mais elle semblait bien âgée pour cela. Lily gardait ses mains tendues en avant comme pour l’attraper, mais jamais elle n’y parvenait. Courir. Il la sentait courir et essayer de la rejoindre sans que cela ne soit possible. Sebastian l’observa grimper des marches à toute vitesse, glissant sur l’une et s’entaillant le genou dans un cri douloureux, avant de se redresser fièrement pour reprendre sa course. Agrippée à la rambarde, plus elle montait et plus la distance du sommet semblait augmenter. La tension était palpable, surtout quand des silhouettes commencèrent à apparaître au fil des marches. Des hommes. Des femmes. Une blonde avec une batte de baseball qui brisa littéralement une partie de l’escalier.
Lily continuait sa route, mais Neil semblait toujours inaccessible. La vision de Sab se brouilla au même rythme que les ombres commençaient à envahir l’espace visuel de la jeune femme. Elles grimpaient et avalaient les marches derrière elle, la forçant à s’élancer encore plus vite pour ne pas être aspirée. Elle chuta encore et se releva dignement. Son souffle était court, ses cheveux humides collant à sa nuque transpirante. Elle avançait. Neil ne bougeait pas, fixant simplement Lily alors que des ombres commençaient à s’approcher d’elle. La brune cria quelque chose, mais aucun son ne sorti de sa gorge. Elle sembla pester et couru le plus vite qu’elle put. Qu’elle pouvait. Qu’elle devait.
A la troisième chute, elle bascula en arrière alors que le sol disparaissait sous ses pieds.
Une main retint soudain son poignet, l’empêchant de disparaître complètement dans les ténèbres. Sebastian venait de l’attraper et, s’élevant à quelques mètres du sol avec elle, il la déposa un peu plus haut. En sécurité. Elle le dévisagea mais les rêves n’avaient jamais de justifications plausibles, y compris pour sa présence. Elle l’aurait sans doute oublié au réveil... Il tendit la main et toucha son visage, avant de lui tourner le menton en direction de Neil qui disparaissait peu à peu. Puis il la poussa en avant pour qu’elle reprenne sa course, dessinant de nouvelles marches à l’aide du sable qui apparaissait sous leurs pieds. Lily sembla hésiter avant de les emprunter, grimpant plus vite pour rejoindre l’autre jeune femme avant qu’elle ne soit à son tour aspirée.
Sab observa les ténèbres restées en retrait à son niveau, leur lançant un regard de défi. Qu’elles essayent de passer pour voir… De franchir sa limite. Il n’était pas le maître des rêves pour rien et savait très bien se servir de son pouvoir. Il leva le nez pour observer la jeune femme arriver au dernier pallier. Elle se rua sur Neil et elles basculèrent lorsqu’elle la toucha. Lorsqu’elle l’attrapa entre ses bras. Et la vision s’évanouit.
Papillonnant du regard, le marchand de sable se retrouva à nouveau dans la petite chambre. Les formes avaient changées, d’éléphant elles étaient devenues des petites silhouettes enfantines s’amusant sur une rambarde d’escalier. Certaines dansaient. D’autres couraient après des ballons. Il retira sa main du front de Lily et se rappela alors qu’Ellie était là. Passant sa main dans sa nuque, il soutint son regard… Et vit que les formes dorées ne s’y reflétaient pas. Elle ne pouvait pas les voir. Etait-ce parce qu’elle était une entité dans un corps trop jeune ? Ou bien le côté terre à terre qu’elle avait précédemment montrée prenait-il le pas ? La psychée était importante en matière d’imagination… Il ne suffisait pas de lire des livres, il fallait les vivre. Elle n’était plus une enfant, plus du tout.
« Elle a peur de la séparation. »
Ecrivit-il, comme pour s’obliger à détourner son regard de ses yeux clairs et envoutants. C’était comme une couverture qu’il ne fallait pas juger, une apparence innocente qui renfermait bien des secrets. Un ouvrage à la couverture trompeuse. Une boîte sans écritrures. Ellie. Elle provoquait mille questions et chaque réponse renflouait encore la demande. Il ne la connaissait pas, mais elle connaissait Lily. Sans aucun doute mieux que lui, même s’il avait énormément appris de chose en la côtoyant endormie ; alors c’est que c’était une personne de confiance. Quelqu’un d’important.
Et Lily venait de perdre quelqu’un de très important…
« Lily a des rêves très tristes en ce moment… »
Il prit un air désolé alors qu’il mettait peut-être les pieds dans le plat, s’accroupissant à sa hauteur pour ne plus avoir à baisser la tête. Il posa un coude sur le lit et appuya son visage dans la paume, observant dans un dernier coup d’œil Lily avant de reporter son attention sur Ellie.
« Si vous n’êtes pas un chasseur de fantôme, vous êtes… Une sorte de bonne fée ? »
Elle veillait la nuit sans dormir. Elle s’inquiétait pour elle. Elle la défendait. Tout d’un parfait chevalier… Dans un corps de princesse.