Le souffle de Wilson se coupa, au moment où enfin elle parut le voir. Il ne pensa même pas à remercier Arès sur le moment, trop chamboulé par ses retrouvailles... Depuis combien de temps déjà ? Il l'avait retrouvé au bout de plusieurs mois, pour la perdre à nouveau et maintenant... elle était là. Encore. Et malgré tout ce qui avait pu se passer lorsque le cavalier le possédait, elle ne semblait pas le regarder différemment, le juger pour ces actes, non c'était tout comme la première fois. Différent, pourtant. Dans le ton de sa voix, dans ses gestes, comme si depuis leur dernière séparation, elle avait apprit à ressentir un peu plus les choses. Il le ressentait même.

Son corps tout entier tremblait et il ne put que poser sa main sur la sienne lorsqu'elle vint le toucher. Plus rien n'avait d'importance autour de lui, elle était là et c'était ce qui comptait. Peu importe les discussions des dieux, elle passait avant tout. Sa question le fit tiquer, le mit dans un état de totale incompréhension... Alors, elle le pensait mort ? Personne ne lui avait dit ? C'est vrai que peu connaissait leur histoire d'avant Storybrooke. Qui aurait donc prit la peine de la mettre au courant que le robot n'avait pas été enterré et s'était réveillé en tant que nouveau dieu ? Personne... La culpabilité l'envahit à cet instant. Il aurait du agir plus tôt. Aller la voir, même s'il ne se sentait pas encore prêt à lui parler, lui donner un signe de son existence, lui faire comprendre qu'il était bien présent et qu'il reviendrait vers elle lorsque le moment serait venu... Non, il était stupide de penser ainsi. EVE ne lui en aurait jamais voulu, elle l'aurait comprit, elle l'aurait aidé à aller mieux. Elle aurait pu aider Jamie aussi, leur faire comprendre qu'ils n'étaient pas seuls... Tout aurait été tellement plus simple s'il avait agit ainsi... A la place, il la faisait pleurer, là maintenant. Alors qu'il avait juste voulu lui épargner ses problèmes et sa peine. Sa main libre vient effacer la larme qui s'était dessinée sur le visage de la jeune femme, doucement, alors que peu à peu, il arrivait de nouveau à respirer sans risquer de suffoquer.

« Je suis tellement... tellement désolé... Je voulais venir te voir. Je... Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu étais aux enfers aussi ? Tu vas bien ? Tu n'as rien ? » La panique s'emparait de sa voix. Jamais il ne se pardonnerait si elle avait souffert par sa faute. « Tu m'as tellement manqué. J'aurai du venir plus tôt. J'aurai du tout t'expliquer, tout te dire, j'aurai du... Tu es la seule qui me comprenne vraiment. »

Il ne savait pas comment exprimer ce sentiment qui l'envahissait à chaque fois qu'elle était là, à ses côtés, ou même à chaque fois qu'il pensait à elle, tout simplement. Il avait cru au départ, que ce n'était que de l'admiration, pour ce qu'elle était, parce que toujours elle le surpassait et l'émerveillait. Mais son absence de sa vie avait pesé bien plus qu'il ne pouvait se l'avouer et pas une journée ne se passait sans que son visage ne s'immisce dans ses pensées. Était-ce donc ça, alors ?

« Je crois que peut-être... certainement... » Il baissa les yeux, incapable de la regarder en face, sentant la chaleur monter à ses joues. « Je ne veux plus jamais qu'on se quitte. Jamais. Parce qu'on est, hum, à deux on est plus forts non ? C'est totalement stupide... En fait, je t'aime bien... Enfin, même... Pas juste bien. Je t'ai- »

Sa main avait disparut. Il l'avait senti à la seconde. Wilson eut beau regarder tout autour de lui mais elle s'était évanouie.

« Qu'est-ce qui se passe bordel ? »

Sa voix grondait, bien différente du ton qu'il employait quelques secondes plus tôt. Il n'en pouvait plus de tous ses tours qu'on leur jouait, à chacun. Serait-il seulement un jour tranquille ? Il se rappelait l'espérer avec Jamie, espérer retrouver un train de vie normal, mais c'était se leurrer. Parce que même en étant de simples habitants de cette petite ville perdue, il y aurait toujours quelqu'un pour se mettre en travers du chemin des anciens personnages des contes, parce qu'ils n'étaient pas comme tout le monde et ça, ils ne pourraient rien y changer.

Le décor clignotait devant ses yeux et il dut les fermer pour ne pas commencer à perdre les boulons. C'était à ne plus rien y comprendre. Arès n'était même plus là, parmi toutes les silhouettes qui s'amusaient à apparaître et disparaître. La gorge de Wilson se serra soudain lorsqu'il comprit ce qui avait pu se passer. S'il avait fait le vide autour de lui, son esprit avait gardé une petite once de concentration sur le reste de l'action et des brides lui revenaient... Comme l'explosion du dieu qu'il n'avait pas directement vu mais clairement entendu, sans oublier le cri d'Athéna, sur le moment l'ayant laissé indifférent mais dont il pouvait clairement percevoir les émotions à présent.

En très peu de temps, il se retrouva de nouveau devant ce qui était censé être la ville. Son cœur battait la chamade et il observa tout autour de lui, toutes les personnes de nouveau stable et... Evelyn aussi. Non plus à côté de lui, mais à l'opposé, près de la déesse et de Pégase, alors que lui... et bien il était un peu hors du champ de vision du sorcier, derrière cet homme.
Will resta stoïque lors de la conversation entre ce Yen Sid et Athéna, sachant que ce n'était pas le moment d'intervenir et ne le souhaitant de toute façon pas vraiment. Lorsque le sorcier s'évanouit on ne sait où, le calme sembla reprendre son règne dans cette forêt surnaturelle. Lui ne faisait que fixer Eve, mais du bien réagir lorsque Athéna vint le voir. Il aurait aimé retourner vers son amie, être sur que tout allait bien pour elle, la protéger du mieux qu'il le pouvait...

Il pensait que tout était terminé maintenant. Ce n'était pourtant que le début.

« Je... Je peux essayer... » Il semblait dépité. Il voulait que tout s'arrête. Alors autant faire de son mieux lui aussi pour mettre un terme à tout cela. « Avec Cassandre. Je ne sais pas si ça va marcher, vraiment, je ne veux pas donner de faux espoirs. Mais elle est divine alors j'ai sans doute plus de chance avec elle... Je serai au moins si elle est en sécurité. »

Il se frotta la nuque, incertain de son choix. Il avait donné naissance à cet enfant en quelque sorte, ou du moins son corps avait été le premier que ce bébé ait pu toucher. Il y avait certainement une trace présente, qu'il pourrait suivre... Tout comme elle, Wilson était à moitié divin, à moitié du monde des contes, à présent. Rien ne pouvait lui faire penser que sa tentative serait fructueuse, mais rien ne lui disait le contraire non plus...
Il ferma les yeux et se concentra sur ce petit être, se le visualisant. Peu à peu, en y mettant toute son énergie, il parvint à créer comme... un lien... Très faible, très instable, mais quelque chose. Plus il cherchait à suivre ce chemin, plus il ressentait une pression sur son crâne, l'écrasant de toutes ses forces. Cette pression lui arracha une grimace mais il tenta de creuser plus loin, autant qu'il le pouvait. Il y avait quelque chose, c'était certain. De la peur. Pas juste du monstre qui se cache sous le lit ou parce qu'il fait noir. Non, c'était plus que ça. De la peur dont on ne peut mesurer la grandeur, de quelque chose... C'était encore même bien différent. Elle avait peur, mais cette peur n'émanait pas d'elle, c'était le sentiment qui l'envahissait simplement. Tout s'embrouillait, s'était insensé, cela venait d'ailleurs, sous le dôme... Il ne comprenait rien et ça tapait dans sa tête, ça tapait, ça tapait...

Il préféra lâcher, prenant sa tête dans ses mains et retenant des râles de douleurs. Le dôme faisait barrière et il ne pouvait se permettre d'aller plus loin, il en étant physiquement incapable. Il avait déjà l'impression d'avoir beaucoup trop poussé en faisant si peu de choses. Il parvint à se retourner vers Athéna, se redressant et sentant les battements dans sa tête s'évanouirent petit à petit mais laissant néanmoins un écho de leur passage. Et ce sentiment qu'il avait ressenti... Si étrange et...

« Elle... Elle est en vie. » C'était déjà bien, mieux valait le préciser avant de passer au reste. « Mais c'est très étrange. Elle a peur, je crois, je n'en suis pas sure parce que ça semble venir d'ailleurs... Ce n'est vraiment pas net. C'est proche. Non, non, ce n'est pas proche de Cassandre mais... C'est proche d'ici. Sous le dôme. » Il pointa du doigt l'autre côté du dôme, à l'opposé d'Emma, où semblait se placer la frontière qu'ils ne pouvaient traverser. « Peut-être qu'une personne se trouve là et tente aussi quelque chose contre cette barrière, mais qu'elle a peur ? Je n'en sais vraiment rien... Je suis désolé... Je ne peux rien faire d'autre, c'est trop douloureux pour que je le retente. »

Mais il espérait au moins que le peu qu'il avait fait suffirait à Athéna. Il était encore tout perturbé et rien de ce qui s'était produit ne l'avait rassuré. Cela ne semblait pas bien parti et cette peur, il l'avait encore entre les tripes. Il y avait aussi cette histoire de pouvoir à matérialiser, non ? Il avait encore assez d'énergie... Sans doute... Il s'agissait de son côté divin, ça ne s'épuisait pas, ces choses là, n'est-ce pas ? En tout cas il n'en avait jamais fait l'expérience.
Emma avait la capacité, certainement, de détruire le dôme. Athéna avait demandé à Wilson de lui aussi tenter, après tout... Ne restait-il pas encore une part de Chronos en lui ? Une trace de titan ? Il ignorait l'effet que son pouvoir pourrait avoir contre le dôme. A vrai dire il n'avait pas beaucoup d'espoir. Il se disait que ça ne ferait que faire trembler le sol et puis pouf, plus rien. Il n'était pas magique mais divin, en quoi serait-il de la moindre utilité contre un sort ?

Sauf qu'il fallait bien tenter le coup... Il fallait qu'il condense toute l'énergie qu'il avait canalisé chez les autres pour la projeter, non plus pour la garder en lui. Ce qui ne semblait pas si difficile, mais ça l'effrayait. Pas parce qu'il ne l'avait jamais fait, il visualisait très bien la manière de procéder. Plus parce que tout ce qu'il avait en lui risquait de l'étouffer... La colère d'Arès, celle d'Apollon, celle de Jamie qui avait été l'une des premières que Wilson avait pu calmer... Tout cela, il allait devoir le laisser sortir. Il en ignorait les conséquences. Son regard dévia vers Eve, son regard plein d'interrogation et de crainte, ne sachant pas ce qui se produirait et pas non plus ce qu'elle pensait de ce qu'il avait pu dire...
Wilson prit une grande inspiration. Lorsqu'il « aspirait » le surplus des émotions chez quelconque individu, il pouvait presque en percevoir le flux qui se déversait alors en lui, au lieu de finir par exploser chez les autres. Chez lui, c'était donc comme un réservoir, formé juste là, dans son cœur. Tout restait à l'intérieur. Il ne pouvait faire disparaître les sentiments, simplement les contenir. Et il n'avait qu'à tout ouvrir. Sans se tourner, fixant le paysage droit devant lui, il s'adressa à Athéna.

« Je vais essayer. Contre le dôme, avec mon pouvoir. Je ne sais pas trop comment je vais réagir en le... matérialisant, comme vous dites. Donc si jamais y'a besoin... Assommez moi. »

Puis en un battement de cil, tout se déversa à l'intérieur de Wilson. Il se sentit soudainement poussé par l'adrénaline, ressentant dans ses veines cette rage, celle d'Hippolyte lors de leurs entraînements, la haine de Jamie, l'énervement d'Apollon lorsque sa sœur avoua ses crimes, la frustration d'Arès et cette pression sur ses épaules, même le peu de peur qu'Athéna avait pu ressentir...

Lorsqu'il releva la tête, Wilson n'était plus vraiment lui. Il était là, sous le tas qui le noyait, sous la tonne de sentiments qui l'étouffait, mais incapable de vraiment dire s'il contrôlait tout ce qui se passait. Pour l'instant, c'était encore flou, emmêlé, il était capable d'en faire ce qu'il voulait, il espérait simplement que ça durerait. Se redressant, sans un mot, le visage dénué d'expression, il tendit son bras vers la limite à ne pas franchir, que Yen Sid venait de défendre d'Emma. Ses yeux, loin d'être vides, étaient parcourus de milliers de teintes différentes, toutes sombres, défilant à une vitesse folle. Une onde s'échappa de sa paume et violemment vient frapper ce qui se trouvait devant, invisible, se divisant en plusieurs filaments qui semblèrent faire le tour de ce mur que personne ne voyait. Wilson se recula suite à cet impact, qui avait résonné tout autour d'eux pendant plusieurs secondes et, levant les yeux au ciel, il admira son travail. Petit à petit, la vitre descendait devant eux, se formant et se montrant finalement.

S'il était encore impossible de voir quoi que ce soit derrière, ils pouvaient quand même visualiser ce fameux dôme qui les séparait de Storybrooke.

Je venais de quitter Arès tout en ignorant si c'était la meilleure chose à faire. Et si c'était un piège ? Je ne pouvais adhérer à cette hypothèse, tout simplement parce qu'il s'agissait de l'Oracle et que ce dernier ne pouvait être trompé. Il ne pouvait faire partie d'une quelconque manigance. Et j'avais confiance en mes hommes, en ce soldat qui était venu me chercher. Dans ce cas, une toute autre question était à se poser : qu'avait-il à me dire, pour avoir une telle réaction ?

Arrivés au temple, c'est à cet instant seulement que je remarquai la présence de l'hydre à mes côtés, ce qui m'arracha un sourire. Arès n'avait pas voulu me laisser partir sans protection de sa part. J'espérais juste que pendant ce temps là, tout se passerait bien de leurs côtés... Je leur faisais confiance. Peut-être moins à Athéna, mais elle avait aussi des problèmes à régler avec Yen Sid et notre frère saurait gérer la situation. Je devais laisser cette bataille dernière moi, être hors du combat pour cette fois, je sentais que quelque chose de bien plus important se profilait là, face à moi. Sans attendre une seconde de plus, je commençais à me diriger vers le centre du temple. Mes soldats étaient présents, tout autour, semblant à moitié inquiets et curieux. Eux non plus ne savaient pas ce qui se passait et je devais lutter pour ne pas me mettre à poser mille questions aux érudits également présents. Ils étaient chargés d'étudier les prophéties et... le moment était venu, apparemment.

L'Oracle était toujours aussi impressionnant et un sentiment de plénitude m'envahit, comme lorsque je l'avais pour la première fois rencontré. C'était un honneur que d'être à ses côtés. Il répétait sans cesse les mêmes paroles, comme s'il marmonnait, sans s'adresser à qui que ce soit en particulier. A mon arrivée, il se tut soudainement et un frisson me parcourut. Tout autour de moi, d'un regard, je vis tout le monde s'agenouiller, un par un, autour de l'entité. D'abord les prêtres, puis les soldats, l'Hydre également suivit le mouvement. L'atmosphère est solennelle, le silence règne en maître et on évitait même de respirer pour ne pas briser l'instant. C'était loin d'être la fin. Chacun le sentait, le savait. Il ne s'agissait que du début. Ce qui allait être dit en cet instant, il s'agissait de tous les temps réunis, ne formant plus qu'un. Ce que l'Oracle disait n'était pas simplement une direction qu'il donnait... Il s'agissait d'une certitude. D'écrits qu'on ne pouvait changer. Ce dernier ne se soucia plus de tous ceux qui se trouvaient dans cette immense pièce. Son message, c'est à moi qui le faisait passer.

« Trois hivers sans soleil se succéderont, suivi d'une grande bataille sur la plaine de Vigrid. Le soleil s'obscurcira, la terre sombrera dans la mer, les étoiles resplendissantes disparaîtront du ciel. La fumée tourbillonnera, le feu rugira et les hautes flammes danseront jusqu'au ciel. Ainsi serra scellé le Destin des Puissances. »

Puis plus rien. Mais ces simples phrases, ces mots sortis comme une évidence, inéluctable, pesaient alors à présent sur mes épaules et je me sentais perdu. Ne le lâchant pas du regard, des milliers d'explications se bousculaient dans ma tête, comme un automatisme. Il s'agissait là de mon rôle de trouver le sens de ces paroles. C'était inné chez moi mais toujours difficile, puisqu'il suffisait d'une mauvaise interprétation pour que plus rien n'ait de sens. Quelques parties cependant me semblaient évidentes et je n'avais pas besoin de chercher très loin pour en trouver la source.

Trois hivers sans soleil... Il ne pouvait s'agir que de bataille où aucune victoire n'a été prononcée. La première, je l'avais vécu, elle s'était terminée dans un trou noir. Celle d'Olympe. Quant à la seconde, elle se déroulait au moment même... Les habitants de Storybrooke qui défiaient les divinités. Et si je n'en connaissais pour l'instant pas l'issue, je ne pouvais imaginer qu'Arès détruirait la ville, ni que le maire réussirait à détruire les dieux. Un autre ennemi commun venait de se profiler et entre ces deux camps, personne ne gagnerait donc vraiment... Quelle était la troisième, dans ce cas ? Elle n'avait pas encore eu lieu...

Quant à Vigrid, il s'agissait davantage d'une légende. Une planète perdue, inconnue de tous, sur laquelle des histoires couraient... Sur ces terres résiderait l'arme la plus puissante ayant jamais existée. C'était peut-être mieux que personne n'ait jamais pu mettre la main dessus... Mais si l'Oracle avait fait présage de cet endroit, alors c'est qu'un jour, on ne sait quand, une bataille s'y produirait. Ce monde oublié allait être découvert. Et j'ignorais si je devais être euphorique à l'idée de le découvrir ou bien... effrayé.

Pour le reste, je ne restai que dans le flou, ignorant si je me posais les bonnes questions. Le soleil, la terre, la mer, le feu... Tout cela me rappelait certains des mes frères et sœurs. Les éléments dont ils étaient les divinités se déchaîneraient suite à ce qui se passerait sur Virgid. Des catastrophes en série se produiraient-elles sur terre ? Comme pour un Renouveau ? Ou s'agissait-il plus précisément de mes frères en question qui aurait une importance à cet instant ? Trop de possibilités pouvaient être déduites. Beaucoup trop.
Quant au destin scellé, il paraissait que c'était évident, il ne pouvait s'agir que du nôtre. Celui des Dieux. Je me souvenais encore mot pour mot de l'autre prophétie, celle concernant notre destruction par – certainement – le Dieu de la Renaissance, Elliot... Y'avait-il un lien, même minime ?

Mon cœur battait à cent à l'heure. J'avais une envie folle de questionner l'Oracle à nouveau, de lui demander des éclaircissements, une aide, mais c'était vain. Il avait dit ce qu'il avait à dire. Je n'étais pour autant pas frustré, au contraire, j'avais eu beaucoup. J'en avais presque oublié la présence des autres qui, petit à petit, se relevaient, comprenant également que plus rien ne serait dit. Je poussais un soupir, passant une main sur mon visage. Je devais aller à Olympe, me poser, penser à cela, partager avec Arès. Nous ignorions si cela se produirait bientôt ou dans très longtemps... mais nous devions être prêts. Ce qui pour moi ne voulait pas dire que nous devions tout faire pour éviter la fin. Mais que nous devions nous y préparer, préparer les nôtres, préparer les autres. Parce qu'on ne pourrait rien changer à ce que l'Oracle avait annoncé.

Faisant signe à l'Hydre de m'accompagner, sans prononcer le moindre mot, je laisse le reste de la troupe continuer ses propres tâches, me préparant à retourner près des miens. Je n'ai pu faire que quelques mètres que la voix profonde et lointaine se manifeste à nouveau, me stoppant net, me faisant écarquiller les yeux.

« Ragnarök. »

Impossible.

« Ragnarök. »

Tournant rapidement la tête, je me rend compte qu'il ne s'agit pas d'une hallucination, c'est bien l'Oracle qui parle.

« Ragnarök. »

Puis plus rien. Encore. A nouveau.

Ce simple mot m'atteint d'avantage que toutes les autres phrases qu'il a pu prononcer, me faisant douter, remonter dans mes souvenirs. Ce n'est pas la première fois que je l'entend, j'en ai même rêvé, il y a des années et des années. Il s'agissait du langage titan, sur lequel je m'étais penché à l'époque, mais j'avais arrêter d'y prêter attention, m'en éloignant, puisque ce mot n'avait pas de sens. Il ne pouvait du moins pas être prédit... Sauf que cela venait d'être fait.

La fin de tout...

J'étais bouche bée, immobile, tandis que l'Hydre se demandait ce que je foutais et attendait que je bouge mes fesses. Je m'en contrefichais. Plusieurs personnes me fixaient mais j'étais incapable de dire le moindre mot. Secouant la tête, je me sentais soudainement lourd, après tant de révélations. Et, n'étant plus seulement inquiets pour ma famille, j'étais inquiet pour chaque être vivant peuplant la Terre.

Alors que je reprenais ma marche, toutes les informations qui venaient de s'emmagasiner dans ma tête se bousculaient. Des doutes commençaient à naître, des craintes, des pensées pour Artémis dont je ne pouvais imaginer la « fin », mais parmi tout ça, un écho s'éleva dans ma tête, dont je pouvais ressentir le moindre timbre et qui, étrangement, me rassura, fit naître l'espoir d'une aide. Elles étaient douze. Douze voix. Douze voix rassemblée en une seule et unique, s'exprimant à l'unisson.

Trouve nous.