« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Contre l'avis du guérisseur, j'étais montée à cheval. J'avais galopé sans me retourner une seule fois vers le château. Si j'avais pu, je me serais enfuie. Je ne voulais plus voir ce désastre constant. Dun Broch était sauvé, vraiment ? Pourquoi personne ne souriait ? Pourquoi les domestiques ne chantaient plus ? Pourquoi l'air était-il si lourd, si chargé ?
Toute l'envergure de ce problème répondait au nom d'Elijah. C'était à cause de lui si plus rien ne tournait rond. Et pourtant... on lui devait le respect, les honneurs et tout le reste car il avait su repousser les Macintosh. Cette idée me révulsait. Il fallait prêter allégeance au meurtrier de Judah, vraiment ? J'avais chevauché longtemps, longtemps, jusqu'à arriver au cercle de pierres. Je voulais retrouver mes origines, renouer avec le passé qui filait sans cesse entre mes doigts.
J'étais descendue de ma monture, lui avait flatté l'encolure et m'étais placée au centre du cercle de pierres en boitant. Ma blessure au pied avait un mal fou à guérir. C'était surement du au fait que je ne me reposais pas suffisamment. J'aurais tout le temps quand mon royaume serait sans danger. Pour le moment, je devais me battre. Affronter la guerre la plus sournoise de toute mon existence.
J'avais fermé les yeux, réclamant des réponses sans formuler aucune question. Je les attendais. J'étais persuadée qu'ils viendraient. Ils ne m'avaient jamais fait faux bond, pas même à Storybrooke. Ils avaient été plus forts que la malédiction. Peut-être pourraient-ils venir à bout d'un dieu ?
J'avais entendu un murmure suivi d'un soupir étouffé. J'avais soulevé les paupières, esquissant un vague sourire en voyant trois Feux Follets flotter devant moi. Ils ne souhaitaient me montrer aucun chemin, ils se contentaient de se laisser porter par le vent. "Que dois-je faire ?" avais-je demandé d'un ton misérable.
Leurs tout petits yeux à peine tracés me fixaient. Ils ne parlaient pas, ils se contentaient de gazouiller, de répéter inlassablement le même murmure. Brusquement, je m'étais souvenue de ce que Judah m'avait dit, quand nous étions encore à Storybrooke. "Ils répètent sans arrêt la même chose, tu ne les entends pas ? Hadès... Hadès... Hadès..."
"Oui, c'est ça !" m'étais-je écriée, traversée par une force nouvelle. "Merci, vous êtes cool !"
Les Feux Follets avaient soupiré avant de disparaitre, tandis que j'étais remontée à cheval pour une folle traversée jusqu'au château. Dès lors, je savais précisément ce que je devais faire.
Hadès était bel et bien la solution au problème, mais nous n'avions pas le bon. C'était très simple : il fallait éjecter Elijah pour récupérer Judah. J'aurais pu me donner des claques tant le raisonnement était facile. Je talonnai ma monture afin d'arriver plus vite. Une fois dans l'écurie, je boitai jusqu'à mes appartements. Je soufrais horriblement mais cela en valait la peine. J'étais contrainte de me tenir aux murs pour ne pas tomber, étant donné que je n'avais plus de béquille et que je n'en avais pas voulu d'autre. Inutile de montrer sa faiblesse face à un imposteur.
Une fois dans ma chambre, j'abandonnai mes défroques pour choisir une tenue des plus élégantes, une robe de velours cramoisi. Je tentai de discipliner un peu mes cheveux et fis même l'effort d'y coincer une pince représentant un cygne en argent ou un moineau, enfin bref un truc à plumes. Dans le même temps, je demandai aux domestiques de préparer un repas royal, des cailles farcies accompagnées d'un vin vieilli en fut (piqué dans la cave de Papa mais de toutes façons, vu qu'il était encore faible, mieux ne valait pas qu'il y touche), et de sommer Elijah de venir. Il allait adoré être appelé comme un laquais. Je savourais par avance.
Lorsque le repas et la boisson arrivèrent, je congédiai les domestiques et pris une fiole de poison de mon corsage pour le verser dans l'un des verres de vin. J'avais gardé une dose de ma période de vagabondage, quand j'avais seize ans. Je m'étais toujours dit que ça serait utile. Comme quoi, il ne faut jamais rien jeter.
Je fis disparaitre le flacon vide dans un vase et époussetai ma robe en entendant la porte grincer. Je posai nonchalamment les mains sur le dossier du fauteuil qui me faisait face. J'étais placée dans l'angle exact de la porte. Cette dernière s'ouvrit sur Elijah et ses lunettes de soleil. Je tentai de me composer un visage radieux et ouvert et pris même sur moi pour faire une rapide révérence devant "Sa Sainteté". Me redressant, je lui adressai un sourire avenant et déclarai : "Vous vous demandez surement ce que je veux vous demander pour vous faire venir jusqu'à moi, mais en fait... rien du tout !"
Je lui désignai alors le repas prodigieux étalé sur la table. "Je pense qu'il est temps de faire la paix." dis-je d'un ton sincère. "Nous sommes partis sur de mauvaises bases, mais je suis sure qu'en faisant un petit effort, nous pourrons nous entendre."
Tout en parlant, je pris les deux verres de vin et lui en tendis un avec un regard enjôleur.
"C'est sans nul doute le meilleur breuvage de tout le pays. Mon père le garde sous clé dans sa cave, mais j'ai un double sur moi depuis longtemps..."
Mutine, je désignai le creux de mon décolleté qui servait à ranger quantité de choses, finalement. Puis je portai mon verre à mes lèvres sans le lâcher de mon regard intense. Il suffisait qu'il boive une gorgée pour que le poison agisse. Alors, il mourrait, Judah reviendrait et Dun Broch serait sauvé pour de bon.
Je tentais de contrôler les palpitations de mon coeur et pour ne plus l'entendre, j'engloutis tout le verre d'une traite. J'eus aussitôt le tournis. Je n'avais rien mangé depuis que je m'étais levée, et j'en ressentais les effets. Je m'appuyai contre la table avec un sourire un peu vitreux.
"Wow... ça cogne fort, dis donc !"
Je fixai son verre à lui, toujours plein. Il allait le boire de lui-même ou j'allais devoir le lui faire ingurgiter avec un entonnoir ?
Elijah Snake
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : ➹ Robert Downey Jr.
✲ Amuse toi bien douce enfant...
...pendant qu'il en est encore temps. ✲
✲ Car à l'aube du temps...
...tout prendra fin. ✲
| Conte : ➹ Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Hadès, l'unique dieu des Enfers. ϟ
C'est quand on atteint les 200 km/h qu'on sent véritablement toute la puissance d'une voiture. Du haut de ses 4 cylindres, de ses 270 chevaux, la Peugeot RCZ R ( ici ), était une véritable merveille. Elle venait tout juste d'être présentée au mondial de Paris, une petite ville de France. Je l'avais achetée immédiatement et comme je pouvais faire apparaître tout ce que je voulais, je l'avais faites arriver ici, à Dun Broch. C'était jouissif d'être le seul pocesseur d'une voiture dans ce monde et de pouvoir rouler sans rencontrer qui que ce soit en face. J'avais failli renverser un groupe de soldats qui ne s'attendaient pas à me voir débarquer, mais bon, ça aurait été des dommages colatéraux, rien de plus.
De retour au château, on m'avait annoncé que la Princesse Merida souhaitait me voir. Elle avait jugée utile de faire appeler un soldat plutôt que de me prier. J'adore qu'on me prie, qu'on vénère mon nom, mais elle ne semblait pas enclin à suivre le protocole. Pourtant son père s'était plié à mes exigences, tout comme la plupart des peuples voisins. Elle finira bien par s'y faire et suivre le mouvement.
Quand elle s'était penchée pour me faire la révérance, j'avais jeté un coup d'oeil dans son décolleté avant de lever les yeux au ciel et de soupirer. Qu'est ce qu'il pouvait bien lui trouver ? Puis, elle m'avait annoncée la couleur. Elle voulait faire la paix. Je n'avais pas l'impression qu'on était en guerre. A dire vrai, pour moi, une guerre c'était quand deux peuples s'affrontaient. Là, j'avais gagné. Par conséquent, il n'y avait pas de batailles, donc pas de guerre. Juste la paix, imposée par mes soins. Je venais d'imposer la paix au monde des contes. Qu'est ce que j'étais merveilleux !
N'empêche, ça m'amusait bien de jouer le jeu. J'avais donc pris le verre de vin qu'elle me tendait et je l'avais porté à mes lèvres. Puis, je l'avais rabaissé, la regardant bien droit dans les yeux. Déjà, elle ne semblait pas tenir très bien l'alcool. Encore une fois, je me demandais pourquoi Judah la trouvait à notre goût. Ensuite, elle semblait vraiment pas très à l'aise en ma présence, même si elle voulait montrer le contraire.
J'avais posé mon verre sur la table et j'avais retiré mes lunettes de soleil pour les ranger. Puis, je m'étais avancé vers elle et je l'avais une nouvelle fois regardée dans les yeux. J'avais pris son verre que j'avais posé à son tour sur la table. Elle n'avait plus rien dans les mains.
"Une robe, un bon repas, le meilleur vin de tout le pays... Tu me gâtes vraiment. Et moi en retour, je ne t'offre rien."
J'avais secoué la tête en faisant une petite moue triste. J'aurai pu être bien plus gentil avec elle. Elle semblait si enclin à vouloir la paix, à satisfaire mon bon vouloir.
"Qui plus est, j'ai l'impression que tu es prête à m'offrir bien plus qu'un simple repas."
J'avais regardé une nouvelle fois vers son décolleté, tout en me mordant les lèvres et en reportant mon regard dans ses yeux.
"Je suppose que la prochaine étape c'est me proposer les plus belles femmes du pays ? Elles attendent dans une pièce voisine ?" avais-je dit en indiquant d'un geste de la main une porte au loin.
"Quoi qu'il en soit..."
J'avais pris mon verre sur la table.
"...Je suis véritablement flatté et honoré d'un aussi grand nombre d'attention à mon égard. Et je t'en remercie Merida." avais-je dit en portant mon verre à mes lèvres, juste avant de le redescendre à nouveau. Je sentais son agacement, pourtant elle essayait de garder bonne figure.
"Tu sais, j'aurai pu te tuer. J'aurai pu tous vous tuer et réduire en cendres Dun Broch. Au lieu de cela, je vous met bien haut dans la longue lignée des grands peuples du monde des contes. Je respecte beaucoup ta nation et je n'ai aucune envie de la voir disparaître."
Je m'étais éloigné de Merida pour m'approcher de la fenêtre et regarder au dehors.
"J'aimerai beaucoup faire de ce pays, mon Olympe. On règnerait ensemble, on gouvernerait toutes les contrées et on créerait un nouvel Eden. Ca ne serait pas merveilleux ? Une floppée de créatures à la place de nos soldats, histoire que chacun puisse rentrer au sein de sa famille et vivre heureux, dans la paix et le bonheur que chaque personne mérite d'avoir."
J'étais revenu vers elle en faisant tourner mon verre dans ma main, sans en faire tomber le moindre goutte. Une fois à sa hauteur, j'avais tendu ma main vers son menton, pour la poser dessus et la faire remonter le long de sa joue.
"Il t'aimait beaucoup." avais-je dit en faisant des vas et viens sur sa joue, avant d'emmener ma main vers ses cheveux.
"Il m'arrive encore de l'entendre dans ma tête. La régénération c'est quelque chose qui prend du temps. Et même quand il n'est plus là, il reste toujours une trace de lui quelque part. Tout comme quand c'est moi qui ne suit plus là."
J'avais posé mon verre, pour pouvoir prendre sa tête entre mes deux mains et la regarder bien droit dans les yeux avec un air compatissant.
"Il serait tellement fier de toi. La future Reine de Dun Broch. Tu as réussis à venir à bout d'une sorcière, à sauver tes amis, à me donner envie de sauver ton père, juste pour te plaire. Tu as accomplis tellement de choses en si peu de temps. Et encore aujourd'hui..."
Je m'étais reculé après lui avoir fait un petit sourire pour lui montrer que je la respectais, que j'étais tout comme lui fier d'elle. Puis, j'avais pris mon verre en main une dernière fois.
"...encore aujourd'hui tu te comportes comme une Reine. Comme la femme forte, admirable et rebelle, que tu es !"
J'avais levé le verre vers elle pour l'acclamer.
"A Merida de Dun Broch, la femme qui a..."
Puis, j'avais porté le verre à mes lèvres et bu l'intégralité du contenu. J'avais grimacé en rabaissant ma main. Puis, j'avais eu un air de dégoût. Mes yeux s'étaient posés sur le contenu du verre. Il était vide. Je l'avais posé sur la table, juste avant de me tourner vers Merida.
"Je disais quoi? Ah oui... A Merida, la femme qui aurait fait n'importe quoi pour les siens."
Puis, je m'étais approché et je lui avais pris la main. Je l'avais regardée quelques instants, tout en lui souriant. Je le sentais. Il était là, tapis dans l'ombre, il l'observait à travers mes yeux et il pouvait y lire de très nombreuses choses. Et s'il avait été là, s'il avait été réellement présent dans cette pièce, il m'aurait sans doute... Oui, il m'aurait sans doute... supplié de ne pas lui faire de mal.
"A dire vrai, je suis un peu perdu. J'aurai sans doute besoin d'un conseil, d'un peu d'aide de ta part. Tu vois, j'ai..." avais-je dit en serrant un peu plus sa main tout contre la mienne, puis en la relevant au niveau de mon visage et en la caressant avec mon autre main.
"Comment dire? J'ai... ou plutôt je suis insensible à toute forme d'empoisonnement, vue que je suis un dieu. Mais je sais reconnaître quand un verre est empoisonné. Alors je me dis que soit ton père a voulu nous tuer et a empoisonné cette bouteille qui vient de sa cave personnelle. Soit c'est... Quelqu'un qui aurait mis le poison après avoir ouvert la bouteille. Mais ne va pas me faire dire ce que je n'ai pas dit, je ne t'accuserai jamais d'un acte pareil. Tu n'aurais jamais tentée de me tuer. Car tu sais que ça impliquerait la mort de toutes les personnes que tu aimes, les unes après les autres et dans les plus horribles souffrances. Et si ça peut te rassurer, je ne détecte pas de poison en toi. Donc tu n'as rien à craindre. J'étais la seule et unique cible."
Je lui avais dit cela avec un air véritablement compatissant. Je ne voulais pas qu'elle pense que je l'accusais. Ce n'était pas du tout le cas. J'avais tourné la tête et le garde qui se tenait au loin s'était approché. Une fois à ma hauteur, je l'avais regardé, tout en maintenant serré la main de Merida et je lui avais simplement posé une question.
"Est ce vous qui avez tenté d'empoisonner votre sauveur?"
Il avait fait non de la tête, ne sachant pas quoi répondre. Puis, il était tombé en cendres par terre. J'avais une nouvelle fois serré un peu plus la main de Merida, tout en reportant mon attention sur elle.
"Je me doutais bien que ce n'était pas lui. Ni les autres." avais-je dit en tournant un petit peu la tête en direction des trois autres gardes qui étaient tombés en cendres à leur tour.
"Peut être le cuisinier ? Ou alors la femme de chambre ? Je devrais aller les interroger. Je sais quand quelqu'un me ment. A moins que tu puisses m'aider ? Tu sais qui aurait pu faire ça ? Qui je devrais réduire en cendres à la place de tous ces innocents ?"
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“Il était une fois un lapin grognon et une princesse rebelle qui décida de lui rendre le sourire.”
| Conte : Rebelle | Dans le monde des contes, je suis : : Merida
Il avait l'air... content. Ce qui ne m'enthousiasmait pas spécialement, car un Elijah heureux, c'était un Elijah dangereux. Il l'était peut-être même plus que quand il était en colère. Je me composai une expression impassible mais me laissai aller à sourire un peu pour accompagner sa bonne humeur. Comme si j'allais cacher des nanas dans un placard rien que pour lui. Il avait vraiment un sens de l'humour particulier. Au moins, quand Judah plaisantait, c'était navrant, mais cela n'avait rien de vicieux. Non. Je devais arrêter de les comparer. Ils n'étaient pas la même personne.
Puis il commença à me raconter ses plans pour le monde des contes. Il voulait faire de Dun Broch son nouveau Mont Olympe. Mais bien sur... Tout ça c'était bien joli, mais j'avais quelques doutes sur le fait qu'il nous garde tous sains et saufs jusqu'à la fin. Lorsqu'il n'aurait plus aucun royaume à incendier, il s'en prendrait à ceux que j'aime, à ma famille, mes amis. Pour quelqu'un comme lui, le monde ne suffisait pas. Son appétit de destruction était insatiable.
Il marcha jusqu'à moi pour prendre mon menton dans sa main et me faire lever la tête. Il prononça des paroles qui me ravagèrent le coeur et je détournai les yeux. Qu'est-ce que j'en avais à faire que Judah m'aimait ? A quoi ça servait à l'heure actuelle ? A rien du tout.
Enfin, il porta le verre à ses lèvres et le bus cul-sec. J'écarquillai les yeux, peinant à croire à ma chance. Il allait crever en me faisant un compliment. C'était à la fois jouissif et inespéré. Son visage se tordit en une grimace. Je serrai les poings dans les replis de ma jupe. Mes ongles s'enfoncèrent dans mes paumes au point de me faire mal, mais je n'osais pas relâcher la pression. J'y croyais tellement... Merida de Dun Broch, la princesse qui mit fin au règne de la peur.
Et la réalité. L'épouvantable réalité qui m'étrangla aussi surement qu'un étau. Je n'étais qu'une idiote. Comment avais-je pu croire qu'un simple poison viendrait à bout d'un dieu ?
Il me prit la main et la serra dans son autre main en la portant au niveau de son torse. J'aurais voulu me dégager mais je ne le pouvais pas. Je le fixais avec un mélange de crainte et de détermination. Tu ne peux pas m'atteindre, tu ne peux pas... J'avais beau me répéter ça mentalement, j'avais de plus en plus de doutes...
Le ton de sa voix était mielleux. Il voulait me faire croire que j'étais innocente ? Pfeu... tu parles ! Il cherchait simplement un nouveau moyen de me torturer. Le couperet ne tarda pas à tomber. La lame était extrêmement bien affutée.
Un garde s'approcha en nous voyant si étroitement serrés. Elijah lui demanda s'il était coupable du poison dans son verre. Il balaya son innocence d'un revers de main, le changeant instantanément en cendres. Un son semblable à un glapissement étouffé s'échappa de ma gorge. Je ne pouvais toujours pas m'écarter de lui. Sa main enserrait la mienne, la broyait presque.
Les trois autres gardes tombèrent en poussière à l'entrée de mes appartements. Je me mordis les lèvres jusqu'au sang, terrorisée par la mort qui hantait ces lieux, avant de m'écrier :
"Arrêtez ça ! Vous savez très bien qui a tenté de vous empoisonner ! Ne vous faites pas plus bête que vous l’êtes !"
Je parvins enfin à me dégager de son emprise. Je jetai un bref coup d'oeil à ma main tremblante qui avais pris une teinte violacée, avant de la secouer rageusement, restant sourde à la douleur.
"Vous n'allez condamner personne à ma place ! Si vous voulez prendre la vie de quelqu'un, allez-y ! Je suis là !"
J'étendis les bras, provocante. Puis, constatant qu'il ne faisait rien, je les baissai, un sourire mauvais aux lèvres. "Ah... alors c'est ça. Il est toujours là, vous l'avez bien dit. Vous ne pouvez pas me réduire à néant car vous savez que ça le pousserait à vous anéantir, n'est-ce pas ? Vous savez qu'il serait suffisamment fort pour vous terrasser."
Je le fixai d'un oeil hautain, savourant la maigre supériorité que j'avais sur lui en cet instant. Subrepticement, je sortis un poignard bien aiguisé que j'avais caché dans les replis de ma jupe, dans ma poche -oui, j'ordonne aux couturières d'ajouter des poches à mes robes, c'est nettement plus pratique, et gardai ce dernier plaqué contre mon dos. "Vous aimeriez me donner le coup de grâce, mais vous ne pouvez pas." murmurai-je, farouche. "Vous êtes tellement mauvais avec tout le monde parce qu'en réalité, vous êtes son 'prisonnier'. Vous allez devoir attendre longtemps, très longtemps avant que son écho ne s'efface. Mais ne vous en faites pas, je vais couper court à tous vos problèmes."
Mon visage s'adoucit alors que je posai ma main libre contre son torse, au niveau de sa chemise ouverte. Je levai les yeux vers lui et les plongeai dans les siens, m'abreuvant de sa faiblesse que je venais de découvrir. Judah était son talon d'Achille.
Avec lenteur, je le fis reculer contre le mur de pierres et là, je n'hésitai qu'un instant avant de me mettre sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Je fermai les yeux. Pendant un bref instant de douce illusion, j'eus l'impression que ces lèvres étaient celles de Judah. Cette douceur inattendue accompagnée d'intensité... mais il était nettement plus vorace. Il allait me dévorer.
Ma main glissa de son torse à son cou sur lequel j'exerçai une légère pression sans arrêter le baiser. Mon autre main remonta lentement jusqu'à ce que la lame rencontre la pulsation de sa carotide.
Alors, je soulevai les paupières. Un éclair de triomphe passa dans mes pupilles alors que faisais glisser la lame du poignard contre sa gorge. Le sang gicla sur mon visage et entra dans ma bouche ouverte tandis que je poussai un cri enragé.